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- Fédérations d’escalade : un modèle à bout de souffle ?
L’info n’a pas encore filtré jusqu’aux chaussons des grimpeurs lambda, mais dans les bureaux des clubs affiliés à la FFME , c’est déjà la discussion du moment : les licences pourraient grimper de 10€ . Un courrier officiel, tombé le 18 mars dans les boîtes mail des président(e)s de clubs, annonce la couleur : une hausse soumise au vote lors de l’Assemblée Générale début avril. Pendant ce temps, la FFCAM, fraîchement pilotée par Charles Van der Elst , s’apprête à dégainer une "contribution environnementale" obligatoire pour ses licenciés . L’objectif affiché ? Financer la transition écologique et la rénovation des refuges. Deux hausses, deux visions. Mais une question qui dérange : jusqu’à quand les licenciés seront-ils la seule variable d’ajustement ? © David Pillet FFME : une augmentation qui coince, mais nécessaire Depuis plusieurs années, la FFME fait de la comptabilité acrobatique, et l’équilibre repose largement sur les licences . Quand le budget tangue, le réflexe est toujours le même : revoir les tarifs à la hausse. Cette année, l’augmentation s’explique par l’inflation, des réserves en baisse et la fin du partenariat avec Blank, qui représentait un soutien financier de poids. Pour mieux comprendre les rouages financiers de la fédération, nous avons échangé avec Alain Carrière, président de la FFME. Selon lui, 50 % des recettes de la fédération viennent des licences , un chiffre qui grimpe à 65 % si l’on inclut l’assurance, reversée à un organisme externe. Les formations et autres ressources propres comptent pour 20 %, les subventions plafonnent à 10 %, et les partenariats stagnent à 5 %, un chiffre ridiculement bas comparé à d’autres sports. « Les subventions ont certes augmenté avec l’entrée de l’escalade aux JO, mais elles restent largement inférieures à celles d’autres disciplines », explique Alain Carrière. « Elles ont été définies à une époque où l’État était moins regardant sur ces budgets, et aujourd’hui, il est difficile d’imaginer faire marche arrière. » Dans ce contexte, la hausse fait grincer des dents, mais elle semble aujourd’hui être la seule solution pour éviter que la fédération ne se retrouve en difficulté financière . Les clubs seront partagés : certains voudront défendre leurs licenciés et éviter de leur faire porter ce fardeau, tandis que d’autres reconnaîtront que sans cet ajustement, la FFME risque d’avoir encore moins de marge de manœuvre à l’avenir. L’alternative serait de repenser entièrement le modèle économique de la fédé, mais ça prend du temps. Et le temps, justement, la FFME n’en a pas. FFCAM : écologie ou cache-misère budgétaire ? De l’autre côté, la FFCAM adopte une autre approche, mais le constat de départ est le même : les finances sont tendues. Avec Charles Van der Elst aux commandes, la fédération affiche son ambition écologique et annonce une contribution environnementale obligatoire sur les licences . L’idée : financer la rénovation des refuges et des actions pour la préservation de la montagne. Sur le papier, l’intention est louable. Mais pour l’instant, rien ne dit que cet argent sera strictement fléché vers ces projets, et non absorbé dans d’autres postes budgétaires. D’autant que la FFCAM tire l’essentiel de ses revenus des refuges, mais ce sont aussi eux qui pèsent le plus lourd dans ses dépenses . Chaque rénovation coûte une fortune, malgré les recettes générées. Un équilibre fragile, où chaque chantier devient un casse-tête financier. Si cette contribution environnementale est bien utilisée, elle pourrait être un levier puissant pour inscrire l’alpinisme et l’escalade dans une dynamique plus durable. Mais si elle manque de transparence, elle risque d’être perçue comme une hausse de licence camouflée sous un vernis écolo. Grimpeurs de haut niveau : système D et appel aux dons Pendant que les fédérations tentent de boucler leur budget, les grimpeurs de haut niveau, eux, doivent toujours jongler pour financer leurs saisons. En France, la FFME ne peut pas envoyer tous ses athlètes sur chaque étape du circuit international . Certaines compétitions, notamment celles à l’autre bout du monde, restent inaccessibles faute de budget. Les grimpeurs doivent alors choisir : autofinancer leur déplacement ou faire une croix sur leur participation. Et ce problème ne concerne pas que la France. L’escalade de haut niveau manque de financements partout. L’Allemagne en est un exemple criant : Alex Megos a récemment lancé un appel aux dons pour permettre à ses compatriotes de participer aux compétitions internationales , faute de soutien suffisant de leur fédération. Une initiative qui en dit long sur la précarité du modèle économique de la discipline. Ce paradoxe est frappant : l’escalade se professionnalise, mais son financement reste du bricolage. Salles privées et marques : un angle mort du financement ? Pendant que les fédérations comptent leurs centimes, l’escalade commerciale explose. Les salles privées ouvrent à un rythme effréné, les marques élargissent leurs gammes, et les chaussons s’arrachent en magasin. À première vue, tout roule pour le business de la grimpe. Mais le lien entre cet essor et le financement du sport fédéral reste quasi inexistant. Certes, certaines salles sont affiliées à la FFME et un représentant des salles privées siège au sein de la fédération. Mais leur contribution reste marginale, loin d’être un véritable levier économique pour le haut niveau ou le développement de l’escalade compétitive. Ailleurs, le modèle est plus structuré. En ski, les stations participent au financement des équipes nationales . En athlétisme, les sponsors privés sont un pilier du budget fédéral. En escalade, on est encore loin d’une telle structuration. Mais avant de pointer du doigt les salles privées, il faut regarder leur réalité économique. Ces dernières années, elles aussi ont dû augmenter leurs tarifs pour encaisser l’inflation : coûts énergétiques en hausse, loyers qui flambent, prix du matériel qui explose. Leur équilibre est fragile, et certaines cotisent déjà à la FFME, mais sans que cela suffise à créer un véritable modèle de financement mixte. L’enjeu n’est pas de leur imposer un financement direct, mais de réfléchir à la manière dont l’essor commercial de l’escalade pourrait mieux profiter à son développement sportif . Vers un big wall budgétaire ? 2025 s’annonce comme un tournant. Si la FFME valide sa hausse de tarifs, les grimpeurs paieront encore un peu plus. À la FFCAM, la contribution environnementale viendra alourdir la note. Individuellement, ces ajustements pourraient sembler anodins. Mais mis bout à bout, ils révèlent une fragilité structurelle . Ce n’est pas uniquement une question de manque de moyens, c’est aussi une question de gestion et d’anticipation budgétaire. Le Club Alpin Suisse (CAS) en a fait les frais : après avoir organisé les Championnats du Monde d’escalade 2023 à Berne, la fédération s’est retrouvée avec un déficit abyssal de 1,8 million d’euros . Mauvaise anticipation des coûts, ambitions mal calibrées… Résultat, le CAS a dû puiser dans ses réserves pour colmater la brèche, et l’impact financier continue de peser sur ses activités. Loin de dire que toutes les fédérations gèrent mal leur budget, cet épisode montre à quel point une gestion approximative peut avoir des conséquences lourdes sur des finances déjà fragiles . Les fédérations sont prises entre deux écueils : d’un côté, un financement structurel insuffisant, de l’autre, des prises de risque dont l’ampleur est parfois sous-estimée. Quand un sponsor se retire ou qu’un budget se resserre, la seule variable d’ajustement reste souvent les licenciés. Ce modèle tient encore, mais il ne fait que repousser l’inévitable. Tant qu’il reposera sur des financements instables et des ajustements de dernière minute, chaque turbulence deviendra une crise. Et si rien ne change, ce ne sont pas seulement les fédérations qui risquent de tomber… c’est toute la structuration du sport qui pourrait décrocher.
- Grimpeurs et « baisodromes » : Marianne en pleine sortie de route éditoriale
En qualifiant les salles d'escalade de « baisodromes » , Marianne voulait peut-être simplement attirer le clic. Résultat : une avalanche de réactions indignées chez les grimpeurs, et une question de fond qui mérite d'être posée : peut-on tout simplifier au nom du sensationnalisme médiatique ? Quand on a partagé ce fameux article dans nos stories Instagram ce week-end, on imaginait certes réveiller quelques susceptibilités, mais pas déclencher un tel déluge d’indignation. Rapidement, toute une communauté s’est insurgée, réagissant face à un média dont la subtilité reste malheureusement souvent au vestiaire. Et cette fois, c'est la grimpe qui en fait les frais. Marianne dans le vide, la colère des grimpeurs Dès sa publication, le titre de Marianne a suscité une indignation unanime et immédiate chez les grimpeurs. Sur Reddit , plateforme d’expression certes parfois piquante, mais souvent juste dans son diagnostic, une grimpeuse résume clairement la colère collective : « Associer ces lieux presque à des lieux de prostitution ou de clubs échangistes est scandaleux. Même si c’est une citation, comment peut-on en faire un titre ? Au nom de quelle éthique ? » La question, aussi brutale que pertinente, fait mal parce qu’elle touche à l’essentiel : derrière une apparente légèreté, Marianne choisit sciemment de simplifier une discipline complexe, riche, et porteuse de valeurs fortes, à une formule racoleuse. Certes, efficace. Mais profondément injuste. Plus loin, un autre utilisateur de Reddit, avec une pointe d’agacement teintée de lucidité, souligne le problème de fond : « Ce qui me choque le plus, c’est l’ignorance totale de ce qu’est l’escalade. Si c’était simplement pour parler d’amour, le titre aurait pu rester simple. Mais il fallait évidemment choquer pour attirer le clic. » Touché. Car derrière le choix de ce terme cru, presque grotesque, se dessine un problème journalistique majeur : la tentation permanente d’attirer le clic facile au détriment d’un propos juste, précis et respectueux. Une démarche initiale pourtant bienveillante Le plus troublant dans cette histoire, c’est que l’intention première semblait à mille lieues du racolage final. Quelques jours avant la sortie de son article, la journaliste de Marianne publiait sur son compte LinkedIn un appel à témoignages d’une douceur presque naïve, cherchant à mettre en lumière les rencontres amoureuses permises par le sport. On était alors loin, très loin, de l’ambiance sulfureuse du « baisodrome » final. Que s’est-il passé en trois jours pour transformer cette jolie histoire potentielle en une caricature aussi maladroite ? Probablement rien d’autre qu’une réunion éditoriale, où la nécessité d’un titre accrocheur a pris le pas sur l’éthique d’un sujet. Une histoire d’amour douce-amère entre l’audience et le respect des pratiques qu’on raconte. L’escalade, victime facile du cliché médiatique Bien sûr, personne ne nie l’évidence : les salles d’escalade, comme tous les lieux où se croisent des êtres humains, sont propices à des rencontres. Mais résumer ce sport à cette seule dimension mondaine et sentimentale, qui plus est dans un hebdomadaire d'information politique et générale largement diffusé, est une erreur d’appréciation qui révèle une méconnaissance profonde de ce milieu. Certes, nous-mêmes à Vertige Media ne sommes pas toujours exempts de ce reprochable péché mignon éditorial, notamment quand nous publions des micro-trottoirs humoristiques sur la drague en salle ou des contenus légers à l’occasion de la Saint-Valentin. Mais précisément parce que nous connaissons la tentation de ce type de raccourci, nous savons à quel point la frontière est subtile entre un clin d'œil amusé et une réduction brutale du sujet traité. Un internaute, toujours sur Reddit, pointe intelligemment ce glissement : « L’escalade, c’est avant tout une question de confiance et de respect mutuel. Réduire cela à des rencontres amoureuses, c’est passer à côté de l’essence même de cette discipline. » Voilà précisément ce qui dérange le plus profondément les grimpeurs : le manque de compréhension, d’attention au réel, de finesse dans le regard porté sur leur pratique. Comme si l’escalade ne méritait pas mieux qu’un trait d’esprit bancal et provocateur pour exister médiatiquement. Le clic à tout prix : un symptôme plus profond Évidemment, la facilité consisterait à jeter l’opprobre uniquement sur Marianne. Mais soyons honnêtes : cette tentation du raccourci facile, tous les médias la connaissent. Vertige Media inclus. Et si nous veillons à éviter ces pièges, c’est précisément parce que nous en connaissons l’existence et la séduction permanente. Il serait naïf de nier que le paysage médiatique actuel pousse chaque média à toujours plus de surenchère pour attirer l’attention du lecteur. Mais justement, cette réalité ne peut être une excuse permanente à la déformation, au raccourci blessant, à la caricature facile. Au contraire, elle exige une vigilance accrue, une conscience aiguë des limites à ne jamais franchir. Cette polémique rappelle aussi une évidence : la responsabilité particulière d’un hebdomadaire d’Information Politique et Générale (IPG) tel que Marianne, dont la mission première est précisément de ne pas déformer ou biaiser les sujets sociaux ou sportifs dont il se fait l’écho . À ce titre, cette dérive éditoriale n’est pas seulement maladroite, elle contredit l'essence même du journalisme IPG : éclairer la complexité plutôt que céder au raccourci simpliste. Le choix des mots, entre élégance et responsabilité Si cette polémique a provoqué autant de réactions, c’est justement parce qu’elle rappelle une vérité fondamentale : en journalisme, le choix des mots est un acte de responsabilité, une prise de position éthique. Ce n’est jamais un acte anodin. Chaque formule employée dessine une vision du sujet abordé, chaque terme choisi révèle le respect – ou l’absence de respect – que l’on porte à son lecteur. À Vertige Media, cette affaire nous conforte dans une conviction forte : oui, nous aimons les titres intelligents, incisifs, qui suscitent la curiosité. Mais jamais en sacrifiant la dignité du sujet abordé. Car nous pensons qu’il est possible, et même nécessaire, de conjuguer efficacité éditoriale et exigence intellectuelle. Sans vouloir donner de leçon, Marianne aurait peut-être pu se souvenir d’une règle d’or : à force de vouloir attraper l’attention à tout prix, on finit parfois par perdre ce que l’on voulait raconter. Autrement dit, mieux vaut un titre qui ouvre une réflexion, plutôt qu’une formule qui ferme définitivement le débat.
- Boycott massif chez Touchstone : la révolte des adhérents américains
Après les grèves des ouvreurs, les bras de fer juridiques et les négociations bloquées, le conflit social chez Touchstone Climbing prend un tournant inédit. Cette fois-ci, ce ne sont plus seulement les salariés qui se mobilisent, mais les abonnés eux-mêmes, ces grimpeuses et grimpeurs réguliers qui font tourner économiquement les salles californiennes. En lançant un vaste boycott de leur propre réseau, ils viennent de transformer radicalement la dynamique du conflit. © Touchstone Workers United Un boycott inédit lancé par les membres Ces dernières semaines, des centaines d’abonnés, parmi lesquels figurent des grimpeurs historiques, ont décidé de suspendre ou de résilier leur abonnement à Touchstone Climbing. Cette mobilisation n’est pas anodine : elle frappe directement au cœur du modèle économique d’une des entreprises les plus importantes du secteur, en pleine expansion sur la côte ouest des États-Unis. « Ce n’est pas une décision facile , explique une grimpeuse fidèle. On aime nos salles, nos habitudes, et cette communauté qu’on a construite au fil du temps. Mais on ne peut plus cautionner une entreprise qui refuse d'écouter ses employés et maintient délibérément une stratégie antisyndicale . » Ce mouvement de boycott intervient après l’échec répété des tentatives de médiation entre Touchstone Workers United, le syndicat représentant les salariés, et la direction de l'entreprise. Face à ce blocage, ce sont désormais les clients qui ont choisi d'agir pour faire pression sur la direction. Les revendications claires des abonnés Les abonnés en boycott n'agissent pas seulement par solidarité symbolique. Leur action est structurée autour de revendications précises : La reprise immédiate et sincère des négociations avec Touchstone Workers United, bloquées depuis des mois. L’arrêt définitif des pratiques antisyndicales dénoncées par les salariés. Le rétablissement des avantages sociaux récemment supprimés par Touchstone. Une amélioration rapide des conditions de travail, notamment sur la sécurité, la charge de travail et la rémunération des ouvreurs. Quand la confiance se fissure Cette crise traduit surtout une rupture profonde entre Touchstone et sa communauté. Depuis plusieurs années, les salles californiennes se sont développées autour d’un discours axé sur l'éthique, la convivialité et l'esprit communautaire. Mais à mesure que les affaires grossissent, ces valeurs semblent de plus en plus éloignées de la réalité vécue par les salariés. Aujourd'hui, le boycott révèle que la confiance s’est fissurée , et que les adhérents ne sont plus disposés à fermer les yeux sur les contradictions de l'entreprise. En frappant directement au portefeuille, ils rappellent que les clients ont le pouvoir de peser sur les décisions stratégiques des réseaux de salles. Ce phénomène dépasse d’ailleurs le cas Touchstone. À travers les États-Unis et même ailleurs, comme en France récemment chez Climbing District ou Climb Up Aubervilliers , les crises internes liées aux conditions de travail dans les salles d’escalade se multiplient. L’escalade indoor devient ainsi progressivement un nouveau front dans les conflits sociaux contemporains. Touchstone face à un choix décisif Concrètement, pour Touchstone, l’enjeu est désormais stratégique. L’entreprise peut-elle continuer à ignorer les revendications combinées de ses salariés et de ses propres clients ? Pour l’instant, la direction reste silencieuse sur la question du boycott, semblant miser sur l’essoufflement rapide de la mobilisation. Mais les abonnés ne comptent pas relâcher la pression. Des initiatives en ligne se multiplient, entre pétitions, appels au don pour soutenir les travailleurs en grève, et campagnes de communication visant à sensibiliser largement sur les réseaux sociaux. Vers un modèle d’escalade indoor plus responsable ? Au-delà de ce conflit localisé, cette mobilisation soulève une question essentielle pour l'avenir de l’escalade indoor, en pleine explosion : quel modèle économique et social veut-on privilégier dans les années à venir ? L’exemple de Touchstone montre clairement que les grimpeurs, désormais sensibilisés à ces enjeux, pourraient bien être prêts à privilégier les salles qui respectent réellement leur discours éthique. Face à cette évolution, tous les grands réseaux, aux États-Unis comme en Europe, devront tôt ou tard se poser cette même question : peut-on durablement développer la grimpe indoor sans placer les conditions de travail des salariés au cœur du projet ? Le boycott massif chez Touchstone pourrait finalement devenir le point de départ d'une prise de conscience collective dans toute l'industrie. Un avertissement sérieux pour tous les acteurs qui pensaient pouvoir ignorer durablement ces enjeux sociaux, pourtant bien présents derrière chaque volume, chaque prise, chaque voie ouverte.
- Trump dépeuple les rangers : les parcs nationaux en péril
Si les parcs nationaux sont les poumons des États-Unis, alors l’administration Trump vient de leur coller un bon coup de hache. Pendant que les visiteurs affluent comme un ruisseau après la fonte des neiges – plus de 325 millions en 2023 –, les effectifs, eux, fondent comme neige au soleil. En quinze ans, le National Park Service (NPS) a perdu 20 % de son personnel, et voilà que des milliers de travailleurs saisonniers viennent de voir leurs offres d’emploi pour 2025 purement et simplement annulées . Un coup dur supplémentaire pour des effectifs déjà exsangues. Un plan de sauvetage… version tronçonneuse Le Wall Street Journal et le LA Times le rapportent : la saison 2025 s’annonce sèche . Des milliers d’offres d’emploi, saisonnières et permanentes, viennent d’être balayées d’un revers de décret. Un grand ménage qui ne touche pas les latrines des campings – encore que, vu la situation, ça ne saurait tarder – mais bien les effectifs du NPS. Les intérimaires, habituellement la colonne vertébrale du dispositif, se retrouvent sans poste, alors même que leur rôle est crucial : premiers secours, gestion des feux, entretien des sentiers, accueil des visiteurs… bref, tout ce qui permet aux parcs de ne pas se transformer en Battle Royale pour randonneurs mal préparés . « C’est inimaginable de faire tourner un parc sans les saisonniers », confie un employé au LA Times , sous couvert d’anonymat. L’inimaginable, pourtant, est en train de devenir réalité. Le vert en berne, le gris en rade Dans ce paysage en décomposition programmée, le National Park Service ressemble de plus en plus à un organisme sous respirateur. La situation n’est pas nouvelle : sous-financé depuis des décennies, son budget peine à suivre la courbe ascendante de la fréquentation . L’institution a longtemps tenu grâce à son personnel dévoué – et sous-payé. Phil Francis, ancien ranger et président de la Coalition to Protect America’s National Parks , le dit avec amertume : « On plaisantait en disant qu’on était payés en couchers de soleil. Plus la pause dure, plus la réouverture des parcs devient improbable. » En clair : moins de rangers, moins d’entretien, plus de sentiers laissés à l’abandon, et une expérience de visite qui risque de ressembler à un épisode post-apocalyptique de Into the Wild (sans la BO d’Eddie Vedder pour compenser). Derrière les chiffres, une vision à court terme La purge actuelle n’est pas seulement une coupe budgétaire, c’est un choix politique . Un choix qui rappelle la vieille idée du Project 2025 , ce programme piloté par la Heritage Foundation , visant à remplacer une bonne partie des fonctionnaires fédéraux par des employés nommés sur critères politiques . Un retour à l’époque où les emplois fédéraux s’échangeaient comme des bons pour une dinde gratuite avant Thanksgiving. Le problème ? Gérer un parc national, ce n’est pas juste poster un selfie devant El Capitan. Ça demande des connaissances pointues en écologie, en gestion des ressources naturelles et en prévention des risques. Quand on sabre dans ces postes, on joue avec le feu – parfois littéralement, vu la recrudescence des incendies dans l’Ouest américain. Entre idéologie et économie : qui ramasse les pots cassés ? Si l’administration Trump pousse pour une réduction du rôle de l’État, elle oublie un détail : l’économie locale dépend directement des parcs nationaux . Chaque été, des millions de visiteurs viennent camper, randonner, escalader , et surtout consommer dans les petites villes aux abords des parcs. Restaurants, hôtels, magasins de matériel outdoor… Tous ces acteurs économiques vivent grâce aux flux touristiques régulés par les infrastructures des parcs. Moins de personnel, c’est moins d’accès, moins de services, et donc moins de visiteurs prêts à lâcher leurs dollars sur place. Et que dire des bénévoles, qui, depuis des années, comblent déjà les brèches laissées par le manque de moyens ? À force de leur demander de porter la baraque à bout de bras, même les plus passionnés finiront par plier bagage. Le risque d’un terrain à l’abandon La nature a horreur du vide, mais les randonneurs encore plus. Le danger n’est pas seulement économique ou politique : il est écologique et sécuritaire . Un parc mal entretenu, ce sont des sentiers envahis, des sites non surveillés, et des comportements à risque multipliés. Ajoutez à cela l’augmentation de la fréquentation, et vous obtenez un cocktail explosif. « C’est effrayant de voir à quel point les choses peuvent mal tourner quand ces lieux sont abandonnés, sans personne pour les surveiller », avertit une employée du NPS. Des visiteurs livrés à eux-mêmes, sans briefing ni sensibilisation, c’est le jackpot pour les accidents – et les braconniers. Sans parler des infrastructures qui se dégradent, faute d’entretien. Et maintenant ? Pour l’instant, aucune solution ne semble se dessiner. Des sénateurs tentent d’interpeller le secrétaire à l’Intérieur pour lever le gel des embauches, mais rien ne garantit que l’appel sera entendu. Pendant ce temps, le compte à rebours continue, et les parcs se dirigent lentement mais sûrement vers une saison catastrophique . L’avenir du National Park Service se joue maintenant. Soit on choisit de préserver ces joyaux, soit on les abandonne à leur sort. Et si certains, à Washington, semblent prêts à les sacrifier sur l’autel de la rigueur budgétaire, il faudra peut-être leur rappeler que la nature n’attend pas – et qu’un parc laissé à l’abandon est bien plus long et coûteux à reconstruire qu’à entretenir. Reste à voir si, cette fois, le cri d’alarme sera entendu. Ou s’il se perdra, une fois de plus, dans le vent.
- Climb Up Aubervilliers : grève sur prises
Grève inédite chez Climb Up : une vingtaine de salariés de la salle d’Aubervilliers ont cessé le travail pour dénoncer des conditions qu’ils jugent dégradées. En cause : six licenciements controversés, une direction locale perçue comme hors-sol, et une absence de dialogue avec le siège. Le mouvement s’inscrit dans un climat tendu pour le secteur, en France comme à l’étranger. © Vertige Media Ce matin, devant la salle que Climb Up revendique comme la plus grande d’Europe, le calme inhabituel a quelque chose de paradoxal. Aucun cliquetis métallique, pas de rires nerveux devant un bloc rebelle, seulement le silence déterminé d'une vingtaine de salariés : ouvreurs, moniteurs, hôtes d'accueil. Sur le bitume glacé d'Aubervilliers, l'ambiance n'est pas à la conquête verticale mais à l'affirmation horizontale d'un collectif . Vertige Media était là pour comprendre les ressorts intimes d’un conflit qui raconte bien plus qu’une simple histoire de prises. « Cette grève, c'est parce qu'on n'a pas été écoutés » La phrase, prononcée par un ouvreur en CDI à Aubervilliers, pourrait résumer à elle seule le malaise. Mais c'est précisément parce que derrière elle s’empilent les récits, les griefs, et les demandes sans réponse, qu’elle résonne si fort. « On a essayé. On a tenté des discussions. Et la direction, notamment le directeur de la salle, a fermé toutes les portes. » À ses côtés, une hôtesse d’accueil en CDD abonde, voix fatiguée mais ferme : « On est traités comme des exécutants, pas comme des personnes. On demande juste de la considération. » Cette notion revient comme un leitmotiv chez les grévistes : malgré les multiples tentatives pour alerter sur les conditions de travail, les mails envoyés et les dialogues réclamés, rien ne bouge . Ou plutôt si : les portes se ferment une à une. © Vertige Media Des genoux, un siège, et une dignité Dans cette grève où les visages racontent autant que les mots, une salariée à l'accueil raconte son histoire comme une synthèse amère : « Ils m'ont flingué les genoux. J'ai dû pleurer, faire des recours, passer des IRM pour espérer juste avoir un siège. » Le siège, symbole dérisoire et essentiel, ne lui est arrivé que trop tard. La solution proposée par son directeur ? Une rupture conventionnelle : « On m'a toujours dit : si ton patron te propose une rupture co, c'est qu'il veut te dégager. » Elle quittera la salle la semaine suivante, mais sa présence ce matin-là témoigne d’un soutien sans faille à ceux qui restent. 42,20 euros : le prix d'une confiance brisée Ce qui a mis le feu aux poudres ? Six licenciements soudains, motivés par des faits que la direction qualifie de « vols », mais que les salariés contestent fermement . Selon plusieurs témoignages recueillis par Vertige Media, ces accusations porteraient en réalité sur des gestes commerciaux jugés anodins par les employés, comme des boissons offertes à la clientèle et non enregistrées dans le système. Une sanction vécue comme disproportionnée par les grévistes interrogés : « Certains étaient là depuis longtemps. Ils ont tout donné pour Climb Up. On les remercie comme ça, pour 42 euros. » Cette gestion brutale, vécue comme une violence gratuite, a mis le feu à des poudres déjà bien sèches. © Vertige Media Un management hors-sol Talal Darwish, à la tête de la salle depuis décembre 2024, cristallise les tensions. Ancien responsable chez Kiloutou, il ne vient pas de l'escalade, ce qui en soi ne poserait pas de problème si cela ne nourrissait pas une forme d’incompréhension radicale avec ses équipes . Un moniteur le souligne avec ironie : « Ça fait deux mois qu'on se dit bonjour, mais il ne sait même pas qui je suis. Il ne sait même pas faire un assurage en cinq temps. » Sollicité sur place par Vertige Media, Talal Darwish a refusé de répondre à nos questions . Un contraste avec la démarche de Marc Paoli, directeur de Climb Up Cergy, présent ce matin-là. Lui parle volontiers, tente une médiation : « À Cergy, il y a un dialogue constant. Ce n’est pas un modèle vertical, chaque salle a ses réalités. » Une manière de dire en creux qu’à Aubervilliers, le dialogue n’a pas pris racine. L'Amérique en miroir Hasard du calendrier ou symptôme global ? La même semaine, aux États-Unis, les ouvreurs de Touchstone Climbing, le principal réseau américain, déclenchaient eux aussi une grève sur des motifs très similaires : conditions de travail, salaires, reconnaissance. Comme à Aubervilliers, ils pointent du doigt un secteur en pleine croissance mais qui oublie parfois l’humain en chemin . « Ce n’est pas juste chez nous, confirme un moniteur. C’est profond. On sent que c'est général. » Le parallèle dit quelque chose de l’évolution d’un secteur qui s’est construit sur une promesse sportive, mais flirte désormais dangereusement avec la surchauffe économique. La rentabilité en tension : la racine du problème ? Marc Paoli ne le cache pas : économiquement, le contexte est délicat . Dettes héritées du Covid, concurrence accrue, marché saturé : « On est très endettés, la rentabilité n'est pas là. On doit faire très attention. » Cette précarité économique n’excuse rien, mais elle explique sans doute en partie le durcissement des méthodes, la pression commerciale accrue, comme la priorité mise sur le fun climbing, très lucratif mais aussi très critiqué pour les questions de sécurité : « On encadre des groupes d’enfants sans vraie formation. C’est dangereux, mais ça rapporte gros. » © Vertige Media Et maintenant, quel dialogue ? Si les grévistes tiennent à clarifier que ce n’est pas la guerre mais un appel urgent au dialogue , ils affirment aussi que leur détermination est entière. Ils réclament une reconnaissance simple, humaine, un traitement digne des conditions de travail, sans grandiloquence mais sans naïveté non plus. « On ne veut pas cramer la boîte. On veut juste qu’elle fonctionne mieux. Qu’on arrête de nous infantiliser. » Le mot « infantiliser » revient d’ailleurs souvent dans leurs propos, et sur les pancartes, comme pour dire que le conflit est moins économique ou salarial que profondément humain . En réclamant une discussion directe avec la direction du groupe, les grévistes veulent sortir d’une impasse devenue intenable : « Tant qu'on n’aura pas un vrai dialogue adulte, on ne s’arrêtera pas. » À Aubervilliers, ce matin-là, la parole a enfin été libérée. Il reste désormais à voir si elle sera écoutée, ou à défaut, si elle trouvera écho ailleurs. Car au-delà d’un conflit local, c’est la question même du modèle de croissance accélérée des salles d’escalade qui se pose ici . Les murs continuent de pousser, les hommes et les femmes qui les font vivre, eux, ont décidé de ne plus se taire.
- Cotation assistée par IA : la grimpe sous algorithmes
La cotation en escalade n’a jamais été une vérité absolue. Tout juste un arrangement tacite, une interprétation collective. Alors forcément, quand deux chercheurs américains proposent qu’une intelligence artificielle vienne y mettre son nez, ça pique la curiosité… et un peu l’orgueil. Coter une voie, c’est à peu près aussi objectif que donner une note à un film d’auteur ou choisir son vin préféré chez un caviste bio. Il y a l’instinct, le contexte, l’humeur du moment et, bien sûr, cette fameuse « sensation subjective de difficulté » qui rend la cotation aussi imparfaite qu’indispensable. Que celui qui n’a jamais pesté contre un 7a "offert" par une salle complaisante ou un 6b+ mythique qui en vaut trois fois plus me lance la première prise. Mais voilà : à force d’attirer un public toujours plus nombreux et toujours moins familier des subtilités locales, le milieu de la grimpe s’interroge sur ses propres critères. Et si l’on pouvait enfin définir une cotation universelle, juste, impartiale ? Si ce Saint-Graal de l’équité verticale se trouvait non pas chez les ouvreurs, mais quelque part entre un serveur et une carte graphique ? C’est précisément le terrain glissant sur lequel Blaise O’Mara et Shaad Mahmud, chercheurs en machine learning à l’Université du New Hampshire, ont décidé de faire grimper leur intelligence artificielle . Objectif affiché : corriger les biais, standardiser les cotations, rationaliser une discipline qui jusque-là faisait surtout confiance au feeling et au bouche-à-oreille. L’intention est louable. Mais à quel prix ? La cotation, ce mythe fondateur D’abord, rappelons que la cotation n’est pas née pour être exacte. Elle est née pour être partagée. C’est une langue vivante, imparfaite, dialectale, avec ses accents régionaux et ses subtilités morphologiques. On ne cote pas seulement une difficulté physique ; on cote aussi un mouvement, une intention, parfois même un caractère. Dire d’une voie qu’elle « vaut bien 6b+ », c’est comme raconter une anecdote : ça dépend autant du conteur que de l’auditeur. Mais avec la démocratisation de l’escalade, l’avènement des salles commerciales et la compétition olympique , la cotation s’est retrouvée prise au piège de la nécessité marketing et sportive. Plus question de poésie. Il faut du chiffre, du repère clair, de la lisibilité. Les grimpeurs consommateurs veulent savoir exactement ce qu’ils achètent quand ils s’abonnent à une salle . Et les plateformes numériques veulent des données fiables pour nourrir leurs algorithmes. C’est là qu’arrive l’IA, avec la promesse de mettre tout le monde d’accord. Mais attention : l’objectivité technologique pourrait aussi nous priver d’une partie de ce qui fait l’âme de la grimpe. Comme remplacer un récit épique par une fiche technique. Le MoonBoard comme laboratoire Les chercheurs américains ne sont pas tombés de la dernière voie ouverte : pour entraîner leur intelligence artificielle, ils ont choisi un support parfait, standardisé à l’extrême, déjà massivement documenté : la fameuse MoonBoard. Ce pan incliné à 40°, doté d’un set fixe de prises numérotées, représente pour l’IA ce que la drosophile est à la génétique : un terrain d’expérience idéal. Blaise O’Mara et Shaad Mahmud y ont testé trois approches. Une centrée sur la voie elle-même, une autre sur les grimpeurs, et une troisième mixant les deux, façon « simulateur virtuel » de mouvements. Résultat ? Sur la MoonBoard, la machine devine la cotation exacte d’un bloc avec une précision inquiétante : jusqu’à 85 % à une demi-cotation près. Autrement dit, mieux qu’un débutant qui hésite entre 6b et 6c, et au moins aussi bien qu’ un ouvreur un peu pressé. La prouesse technique impressionne autant qu’elle interroge : qu’est-ce qui se joue quand un algorithme « voit » mieux une voie que celui qui l’ouvre ou la grimpe ? Et quelle place reste-t-il au débat, à la nuance, à l’humain tout simplement ? Trois approches, trois regards L’IA route-centric est efficace, mais froide : elle lit une voie comme une équation. L’IA climber-centric mesure plutôt la performance, mais reste subjective : elle dépend entièrement du grimpeur qu’elle observe. Quant à l’approche par simulation, si elle promet d’imaginer des grimpeurs virtuels aux capacités idéales, elle peine encore à reproduire la fluidité et les incertitudes des mouvements humains réels. Finalement, la meilleure solution serait probablement hybride : utiliser l’IA comme un partenaire d’entraînement ou un assistant d’ouverture, capable de pointer les biais ou les incohérences, mais sans lui céder totalement le dernier mot. Car c’est précisément l’arbitraire assumé d’une cotation qui permet à l’escalade de rester un jeu. L’IA ou la fin du débat ? C’est là toute l’ambivalence de cette étude. Oui, l’intelligence artificielle peut rendre service, éviter certains excès, pointer du doigt les cotations trop sévères ou trop indulgentes. Elle pourrait rassurer les débutants et permettre aux ouvreurs de mieux calibrer leurs voies. Mais elle pourrait aussi tuer quelque chose d’essentiel : le plaisir du débat, de l’incertitude, de la mauvaise foi parfois. Ce petit grain de sable qui fait que le 7a du jeudi ressemble à un 6c le samedi suivant, parce qu’il pleut dehors, que les potes sont là, ou simplement parce qu’on a mieux dormi. C’est exactement là qu’il faut décider : voulons-nous une escalade hyper-rationalisée, calibrée au micron par des algorithmes sans âme ? Ou préférons-nous garder notre bazar imparfait, certes frustrant parfois, mais infiniment vivant ? Demain, l’IA partout en salle ? Car au-delà de la cotation, l’intelligence artificielle pointe déjà son nez ailleurs. Surveillance des auto-assureurs par caméras intelligentes, murs connectés qui évaluent ton effort en direct, applis qui te proposent des blocs sur mesure… L’avenir se dessine déjà en salle. Un avenir connecté, mesuré, anticipé. Utile sans doute. Nécessaire peut-être. Mais avec ce risque permanent de transformer un sport intuitif et sensoriel en une discipline totalement sous contrôle . Une escalade où tout serait lu d’avance, où l’imprévu n’aurait plus sa place. Un peu comme grimper avec une canne à pêche en clippant les dégaines à l’avance : pratique, sûr, mais où est passé le frisson ? À nous de garder la main Au fond, cette étude nous rappelle surtout que la cotation reste un choix. Pas un verdict. Un choix humain, culturel, historique. L’intelligence artificielle peut nous aider à mieux comprendre ce choix, mais elle ne devrait jamais nous l’imposer. Car après tout, ce qu’on aime en escalade, c’est aussi cette incertitude-là : essayer, se tromper, recommencer. Et si la voie qu’on croyait dure finit par nous sembler facile, tant mieux. C’est le signe qu’on progresse – ou qu’on s’habitue aux erreurs des autres. Ce n’est pas une IA qui nous apprendra à lire une ligne. Tout au plus pourra-t-elle nous montrer un chemin. Mais la manière de le parcourir, de l’apprivoiser ou de le rejeter, restera toujours humaine. Imperfectible, imparfaite. Et c’est tant mieux. Parce que oui, la cotation, c’est comme une bonne histoire : ça dépend surtout de celui qui la raconte.
- Marco Scolaris reconduit à la présidence de l’IFSC : l’escalade prolonge son règne
Sans surprise mais non sans débat, Marco Scolaris décroche un ultime mandat à la tête de l’IFSC. Réélu à l’issue d’un scrutin serré, le président historique a désormais quatre ans pour ancrer définitivement l’escalade dans la cour des grands sports olympiques. © IFSC Le 12 avril dernier à Larnaca (Chypre), les coulisses feutrées de la XXIIe Assemblée Générale de l’ IFSC avaient des allures de déjà-vu. Après une campagne discrète mais tendue, Marco Scolaris, président emblématique et inamovible depuis 2007, a été reconduit pour quatre années supplémentaires à la tête de la fédération internationale. Face à lui, un challenger crédible et structuré, Tijl Smitz, président de l’IFSC Europe, dont la candidature portait implicitement un appel au renouvellement. Mais l’appel n’a pas suffi : avec 48 voix contre 35 pour son adversaire, Marco Scolaris repart donc pour un dernier tour de piste. Si cette victoire nette valide une continuité rassurante, elle rappelle également que le règne du président italien n’est plus aussi incontestable qu’auparavant. L’escalade sportive, engagée dans un défi historique pour s’ancrer définitivement aux Jeux Olympiques , vient peut-être de choisir la prudence plutôt que l’audace. Reste à savoir si elle ne risque pas de perdre, dans ce choix confortable, une opportunité unique de renouveler profondément ses ambitions. Il faut dire que le président italien a des arguments solides à faire valoir. Sous sa présidence, l’escalade sportive a confirmé sa présence aux Jeux Olympiques, avec un programme ambitieux à Los Angeles en 2028. Là-bas, la discipline atteindra enfin son format rêvé : fini le combiné imposé, place désormais à trois médailles distinctes ( vitesse, bloc, difficulté ). Cerise sur le gâteau : l’IFSC obtient même huit quotas supplémentaires , portant à 76 le nombre total de grimpeurs olympiques contre 68 prévus pour Paris. De quoi justifier largement le maintien d’un président qui sait visiblement très bien parler olympisme aux oreilles du CIO . Le vieux lion tient encore la corde Avec près de deux décennies aux commandes, Marco Scolaris connaît les rouages comme personne . Sa réélection confirme une évidence : l’IFSC préfère miser sur l’expérience plutôt que sur un pari neuf. La campagne de l’Italien a frappé juste en jouant sur les attentes concrètes du milieu : un calendrier international mieux maîtrisé, un investissement réel pour la para-escalade , et une place olympique enfin gravée dans le marbre . Le tout enrobé dans un discours rassurant sur le « bien-être des athlètes », indispensable caution morale face à des grimpeuses et grimpeurs qui réclament de plus en plus fort d’être entendus. 57,83 % des voix, c’est confortable, mais pas triomphal. Derrière la victoire, perce la nécessité pour Marco Scolaris de ne pas seulement gérer ses acquis, mais de réinventer un peu l’avenir s’il veut laisser une trace plus nette qu’un simple record de longévité. Un casting sans grande surprise, mais avec une nouveauté américaine Côté vice-présidences, les élections ont reconduit en majorité des visages familiers : Naomi Cleary (Australie), Pierre You (France) et Toru Kobinata (Japon) restent en place. Seule petite révolution : l’arrivée remarquée de l’Américaine Anne-Worley Moelter. Un changement qui rappelle subtilement l’importance stratégique de l’Amérique du Nord pour l’avenir olympique de la grimpe . Exit Joachim Driessen (Pays-Bas) et Jan Bloudek (République tchèque), qui n’ont pas réussi à convaincre. Pour les représentants continentaux, là aussi pas de tremblement de terre : Christopher Naude pour l’Afrique, Li Guowei en Asie (au nez d’Anthony Seah, pourtant crédible challenger), Burghilda Beste en Europe, Stephane David en Océanie, et René Sepulveda pour la zone Pan-Américaine. Un board globalisé mais sans véritables outsiders, fidèle à l’esprit IFSC. Au-delà des personnes, c’est aussi sur les projets annoncés que ce dernier mandat sera jugé. Parmi les ambitions affichées, certaines tranchent plus franchement que d’autres : création prévue pour 2027 d’une équipe internationale d’athlètes réfugiés , un nouveau logo pour moderniser l’image de l’IFSC, et surtout un engagement écologique accéléré avec un objectif clair : réduire de moitié les émissions carbone opérationnelles d’ici 2028 , soit deux ans avant l’échéance initialement fixée . Moins symbolique mais stratégiquement clé : l’Assemblée Générale a aussi validé l’intégration de deux nouvelles fédérations nationales, le Congo et l’Irak , portant à 101 membres le nombre total de pays représentés à l’IFSC. Un signe clair que sous la gouvernance Scolaris, la fédé continue à étendre méthodiquement son terrain de jeu géographique. Virage numérique et nouvelle frontière Autre nouveauté passée sous les radars mais potentiellement majeure : l’IFSC officialise désormais l’eClimbing et l’ePara Climbing comme disciplines officielles . Derrière ce jargon très eSport se cache une réalité stratégique assumée : coller aux tendances sportives mondiales pour élargir son audience et se positionner habilement dans la course à l’intégration au Comité International Paralympique (IPC). Une manœuvre bien sentie. Enfin, la révélation finale : Riyad accueillera l’Assemblée Générale 2026. Yasmin Gahtani, visage féminin fort du sport saoudien, a présenté une candidature habilement validée par les délégués. Un choix qui, à l’heure où l’IFSC brandit les valeurs d’inclusion et de progrès, ne manquera pas de susciter débats et grincements de dents en coulisse. Marco Scolaris repart donc pour un tour. L’homme est à l’image de l’escalade olympique elle-même : installé mais pas tout à fait assouvi, solide mais toujours sous tension. Reste à savoir si son dernier mandat sera celui du changement ou de la prudence, celui de l’innovation ou de l’immobilisme confortable.
- Escalade et leadership : Emmanuel Faber, l’engagement corps et âme
Respirer pour ne pas tomber, s’engager sans pouvoir reculer, assumer ses chutes : invité par Vertige Media au Salon de l’Escalade , Emmanuel Faber, ancien patron de Danone, est venu raconter comment la grimpe a façonné sa vision du leadership. Une conférence sans parachute doré, mais avec du vide sous les pieds. Emmanuel Faber © Le Cinoche C’était sans doute l’invité le plus inattendu de ce Salon de l’Escalade 2023 . Emmanuel Faber, ex-PDG de Danone, autant habitué aux salles de conseils d’administration qu’aux salles d’escalade, venait expliquer devant un public de grimpeuses et grimpeurs avertis pourquoi l'escalade a été déterminante dans sa façon de diriger. Cette conférence, organisée par Vertige Media, promettait un dialogue inhabituel entre deux mondes souvent éloignés : celui de la grande entreprise et celui de l’engagement vertical. Accompagné de Charlie Buffet, directeur littéraire chez Guérin , Emmanuel Faber s’est prêté au jeu avec une sincérité qui a parfois surpris, souvent touché, mais surtout rappelé à quel point grimper peut être bien plus qu'un sport : une véritable école de vie. Respirer pour survivre : grimpe ou entreprise, même combat Pour Emmanuel Faber, grimper n’est pas qu’une métaphore sympa à glisser en séminaire de management. Au-delà de l’image facile, la respiration est littéralement devenue pour lui une bouée de sauvetage en entreprise . La scène racontée est limpide, presque cinématographique : dans l’ascenseur, quelques secondes avant de passer en direct à la télévision pour annoncer une réorganisation douloureuse chez Danone, il n’y a plus que ce geste primaire. Respirer. « Dans ce moment précis, la seule chose qui comptait, c’était la respiration, exactement comme avant un pas compliqué ou engagé en grimpe. » Et l’image se précise, concrète, fragile, presque intime. Ce n’est plus l’ex-patron, mais l’homme habituellement derrière le costume qui parle. « Si je pense à ma prochaine réunion quand je grimpe, je tombe. En entreprise, si je ne suis pas totalement présent mentalement dans un moment critique, je me plante aussi. » L’aveu est fort, cru, sans détour : respirer pour lui, c’est un acte de survie, ni plus ni moins. Revenir au réel : la grimpe comme antidote à l’illusion corporate Emmanuel Faber ne cache pas son regard critique sur l’univers de la grande entreprise : « On vit dans des avions, on passe d’une réunion à l’autre, on oublie même dans quel fuseau horaire on est. On se coupe du réel. » Et c’est là précisément que grimper prend tout son sens, loin des clichés d’une grimpe idéalisée façon « dirigeant branché ». « Quand je grimpe, je suis entièrement engagé : si mon esprit, mon désir, mes muscles, mes réflexes ne sont pas totalement focalisés sur la prochaine prise, je tombe. » Ce qu’il dit en filigrane, c’est que la grimpe lui permet d’être lui-même, sans le masque du dirigeant, sans le poids de l’image, sans les faux-semblants du monde corporate. Un réel brut, concret, immédiat : diriger comme grimper, c’est choisir d’être présent à soi-même ou disparaître dans le vide . Emmanuel Faber © Le Cinoche Le Queyras, trois semaines pour une décision existentielle Le moment clé où Emmanuel Faber décide d’accepter (ou pas) la direction générale de Danone révèle toute la dimension existentielle de son propos. L’anecdote semble légère au premier abord — trois semaines dans le Queyras pour réfléchir, ça sonne presque comme une publicité pour un séminaire nature. Mais l’enjeu est tout sauf anodin : « Était-ce juste pour multiplier encore mon salaire, accumuler du pouvoir ? » En vérité, c’est son identité même qui est en jeu. Il ne parle pas seulement d’une décision de carrière, mais d’un choix de vie. « Je n’aurais accepté qu’à une seule condition : aller au bout de mes convictions sociales et environnementales. Sinon, ça n’aurait eu aucun sens. » Accepter la chute : ce que l’escalade n’évite pas Mais attention à ne pas tomber dans la caricature facile : non, l’escalade n’est pas une recette miracle pour patrons perdus en quête de sens. Emmanuel Faber le rappelle sans complaisance : en mars 2021, il est éjecté brutalement de chez Danone. Une chute nette, sans ambiguïté, douloureuse. Mais justement, c’est là que la grimpe a une autre leçon à offrir : « Parfois, une chute en grimpe, c’est exactement ce qu’il faut pour comprendre ce qui n’allait pas. Chez Danone, cette chute m’a permis de me réengager ailleurs, de façon encore plus radicale. » Ce nouvel ailleurs, c’est l’ISSB, l’organisme international qu'il pilote aujourd’hui pour fixer des normes comptables climatiques mondiales. Un défi immense, dont l’ampleur rappelle ces moments suspendus sur une paroi où chaque décision, chaque geste peut tout changer. « Si on réussit, 4 000 milliards de dollars par an pourraient financer la transition écologique », rappelle-t-il avec lucidité, sans chercher à enjoliver la complexité. Le climat : du confort du bureau à la dureté de la montagne La réalité climatique qu’il décrit rappelle l’urgence concrète, loin du confort des métaphores : « À 3500 mètres au col du Midi, il ne gèle plus la nuit en été. Ça arrivera bientôt au printemps ou à l’automne. » Cette vérité est brutale, froide, sans échappatoire possible. Il poursuit d’ailleurs en évoquant la Californie, où les assureurs cessent progressivement de couvrir les maisons contre les incendies. « Soit on agit clairement et immédiatement, soit on est emporté par la réalité brutale. » La prochaine longueur : assumer l’incertitude Emmanuel Faber conclut sur une image subtile : sa nouvelle mission à la tête de l’ISSB s'apparente à une deuxième longueur en conditions hivernales. Derrière la légèreté apparente, c’est toute la dimension existentielle de l'escalade qui refait surface. Grimper ou diriger, c’est avant tout apprendre à évoluer dans l’incertitude, accepter de ne pas tout contrôler, assumer que chaque décision, chaque geste a un prix. 📽️ Vidéo complète de la conférence : 🔗 Retrouvez toutes les conférences du salon ici .
- Inoxtag et Mathis Dumas : Kaizen 2 ?
Les deux potes de Kaizen ont repris le chemin des sommets et viennent de gravir l’Aiguille Verte, un sommet emblématique du massif du Mont-Blanc situé à 4122 mètres d’altitude. La cordée 3.0 @ Mathis Dumas Mathis Dumas l’avait annoncé au détour d’une conversation à Paris avec Vertige Media : « Ce sera moins ronflant que l’Everest mais plus technique ». Après quelques jours de préparation dans les Alpes, le guide de haute montagne et le Youtubeur star Inoxtag viennent tout juste de gravir un des plus hauts sommets des Alpes. Quelques jours avant cette nouvelle croix, le dimanche 31 mars dernier, c’est Inoxtag qui choisit d’épaissir le mystère sur son compte Instagram : « Je repars à la montagne pour un projet qu'on a envie de faire depuis l'Everest ». Une façon à peine masquée de prévenir que cette fois, leur aventure ne se mesurerait pas en likes ou en mètres de dénivelé, mais en engagement brut, sans filet, loin de la montagne à spectacle. Après l'Everest, sommet mythifié autant que banalisé, il semblait que les deux potes cherchaient désormais autre chose : un sommet moins haut, mais une ascension plus technique. Le leurre des Drus, l’évidence de l’Aiguille Verte Certains avaient cru deviner leur terrain de jeu : l'Aiguille des Drus, ce totem brutal et fascinant, situé à 3 754 mètres, rocher instable chargé d’histoire dramatique, symbole indétrônable d'un alpinisme exigeant. Un choix audacieux qui sonnait comme une déclaration de guerre au cliché des sommets convenus. Mais Mathis Dumas et Inoxtag aiment brouiller les pistes, jouer avec les attentes du public. Alors, ils surprennent : aujourd’hui, c’est l’Aiguille Verte – géante de glace et de roche à 4 122 mètres d’altitude – qu’ils annoncent avoir domptée. L’Aiguille Verte, pour qui connaît un peu la montagne, c’est l’antithèse d’une ascension spectacle. Ici, rien à vendre, aucun sommet marketing à exploiter. Juste un monstre froid, une ascension ciselée comme un poème de Mallarmé, minimaliste, complexe et glaçante. Choisir la Verte, c’est embrasser volontairement l’alpinisme sans concession : engagement intégral, solitude absolue, et aucun joker pour vous rattraper si vous ratez une prise. Ils précisent qu’ils ont fait l'ascension sans corde fixe, comme l'exige le style alpin . Pour ceux qui voient encore l'alpinisme comme un joli trek de week-end, il convient de préciser ce que ça signifie : zéro assistance préinstallée, aucune sécurité artificielle, juste leurs propres décisions, leur expérience et leur sang-froid face au vide. À la différence de leur expédition himalayenne et à l'heure où les sommets se vendent au kilo, cela ressemble furieusement à un manifeste discret. Inoxtag et Mathis Dumas viennent rappeler avec finesse mais fermeté que l'alpinisme vrai – celui qui fait trembler, celui qui fait réfléchir – existe encore. Et que, parfois, il se cache précisément là où on ne l'attend plus. Naissance d’une cordée 3.0 Prévue sur huit jours, leur expédition n’a pourtant pas encore tout dévoilé. Chaque jour, une distillation précise et minimaliste de leur aventure nourrit leurs comptes Instagram. Mais derrière cette stratégie digitale affûtée, quelque chose de plus essentiel s’est formé entre ces deux personnages que tout semblait opposer au départ : une véritable cordée. Une complicité forgée par l’exigence commune, par le choix radical de la montagne sans filet. Ils ne jouent plus seulement devant une caméra, ils évoluent désormais ensemble sur une corde tendue, une relation profonde qui échappe totalement aux logiques habituelles du star-system numérique. Cette ascension annonce-t-elle une révolution subtile dans l’univers parfois trop marketé de l’alpinisme moderne ? Inoxtag et Mathis Dumas prouvent en tout cas que même à l’ère du numérique, il reste possible de défendre une montagne exigeante, authentique, et peut-être même poétique . À voir ce que les deux « frérots » feront de leurs nouvelles aventures verticales. Pour l’instant, une simple story . Demain, Kaizen 2 ? Une chose est sûre : Mathis Dumas et Inoxtag ont ouvert la voie à une nouvelle forme de récit alpin, capable d’allier l’impact médiatique à la pureté du geste. Et ça, c’est peut-être leur plus belle dinguerie.
- Jeux Olympiques LA28 : l’escalade s’offre une vue sur l’océan à Long Beach
Exit les salles aseptisées aux faux airs de hangars industriels. En 2028, à Los Angeles, l’escalade olympique pose ses valises à Long Beach, face au Pacifique, avec promesse de sunsets instagrammables à l’infini. De quoi donner aux athlètes une bonne raison de tomber, ne serait-ce que pour admirer la vue. L’info, lâchée par l'IFSC avec son enthousiasme olympique habituel, confirme le spot provisoire du Convention Center Lot comme arène officielle de la grimpe. Trois disciplines olympiques — Difficulté, bloc et vitesse — auront droit à leur scène perso , le tout adossé à un décor naturel qui ressemble à s’y méprendre à une pub pour une marque de surf californienne. « Une vue spectaculaire sur l’océan », claironne l'IFSC. Traduction : les stories Instagram de juillet 2028 auront toutes la même couleur pastel, et tant pis pour ceux qui préfèrent le béton gris. Il faut croire que le Comité olympique a définitivement basculé en mode West Coast. Après le show XXL de la clôture parisienne (souvenez-vous, Billie Eilish, les Red Hot et le grand Snoop himself en maître de cérémonie), c’est désormais l’esprit surf-skate et chill californien qui infuse jusque dans les choix sportifs. L’escalade, en quête perpétuelle de reconnaissance, s’offre ainsi une dose supplémentaire de hype en s’associant à l’image légendaire de Long Beach, berceau du gangsta rap et temple des sports nautiques. Mais au-delà du décor, LA28 offre surtout une montée en gamme bienvenue à l’escalade. Trois épreuves distinctes (exit les combinés discutables), 76 athlètes au lieu des 68 de Paris 2024 , et enfin, pour la première fois dans l’histoire des Jeux, la para-escalade officiellement invitée à la fête . De quoi renforcer encore davantage le statut d’un sport qui rêve toujours de devenir plus qu’une simple parenthèse verticale dans l’olympisme. Bref, à Los Angeles, la grimpe muscle son jeu autant qu’elle soigne sa mise en scène. On imagine déjà Snoop Dogg, roi autoproclamé de Long Beach, venir squatter les gradins, lunettes noires vissées sur le nez, en train de commenter avec une désinvolture contagieuse la chute malheureuse d’un Adam Ondra trop distrait par la beauté du cadre. Parce qu’entre un crux délicat et le spectacle d’un dauphin passant au loin, le dilemme pourrait être cruel. Rendez-vous donc dans trois ans pour vérifier si les embruns salés auront un effet apaisant sur les nerfs des grimpeuses et grimpeurs olympiques. Quelque chose nous dit que non, et c’est tant mieux.
- Brno 2027 : l’Europe refait surface, sans tambour ni drapeau
Avec 53,25 % des voix, Brno accueillera les Championnats du monde d'escalade 2027. Un choix tout sauf anodin, qui marque moins un retour nostalgique vers les racines européennes du sport qu’un subtil rééquilibrage diplomatique face au tropisme asiatique des compétitions internationales. © David Pillet Europe-Asie : pourquoi Brno l’a emporté sur Pékin À 53,25 %, la victoire de Brno face à Pékin est nette, mais sans emphase. Juste assez pour qu'on se demande pourquoi la ville tchèque, deuxième cité du pays, l'a emporté sur la capitale chinoise, pourtant rodée aux grands événements. La Chine était un choix évident : infrastructure prête, financement solide, expérience des circuits mondiaux. Mais précisément, cette évidence a peut-être fini par jouer contre elle. Depuis quelques années, l’escalade internationale penche fortement vers l’Asie. Après les JO de Tokyo et bientôt les Championnats du monde de Séoul en 2025, le circuit IFSC semblait inexorablement attiré par l’Orient. Face à ce mouvement, Brno apparaît moins comme une rupture que comme un contrepoids subtil mais efficace. Car Brno n’est ni Chamonix ni Innsbruck : aucune nostalgie alpine ici. Ce choix est plus médian, plus politique. Une ville européenne capable d’accueillir sans saturer, de porter un événement mondial sans céder à la démesure. En clair, Brno est l’Europe raisonnable, une sorte de solution diplomatique dans un contexte sportif devenu géopolitique. Brno, ou l’art tchèque de l’équilibre discret Avec sa toute nouvelle Arena Brno , multifonctionnelle et subtilement high-tech, la Tchéquie propose exactement ce que le circuit international attend aujourd’hui : une infrastructure impeccable, sobre, efficace, sans excès scénographique. Le pays n’est pas novice en la matière : Prague accueille déjà régulièrement des étapes de la Coupe du monde, preuve que les Tchèques savent organiser sans éblouir inutilement. © Arena Brno Brno n’a pas gagné par hasard : elle a été choisie pour sa capacité à rassurer, tout simplement. Elle offre une promesse réaliste, une organisation fiable, et une vision claire du rôle qu’elle peut jouer sur l’échiquier sportif mondial. Derrière cette discrétion assumée, il y a une vraie lucidité : en 2027, on ne choisit plus une ville pour éblouir, mais pour garantir. Ce que dit Brno, finalement, c’est que l’Europe n’a pas vraiment reconquis son influence. Elle la réaffirme sans tambour ni drapeau. Le choix de cette ville tchèque est un moyen intelligent de rappeler qu’entre les nouvelles puissances asiatiques et les vieilles places fortes européennes, il existe encore une troisième voie. Ni tradition poussiéreuse, ni modernité tape-à-l’œil, mais quelque chose de moins visible, de moins attendu. Et peut-être, justement, de plus durable.
- Découvrez les athlètes des Olympic Qualifier Series 2024 en escalade sportive
Dans l'univers de l'escalade sportive, l'anticipation monte à l'approche des Olympic Qualifier Series 2024, un jalon crucial sur la route vers les Jeux Olympiques de Paris 2024 . Cet événement emblématique mettra en vedette plus de 160 grimpeurs et grimpeuses d'exception, tous unis par un même objectif : se qualifier pour les JO et réaliser leur rêve olympique. Les épreuves, prévues pour se dérouler entre mai et juin 2024 , sont promises à être des moments phares pour les enthousiastes et les professionnels de l'escalade olympique. Crédit : David Pillet La Fédération internationale d'escalade sportive (IFSC) orchestre ce défi avec précision, distribuant les places convoitées : dix pour chacune des spécialités de l'escalade , à savoir le bloc, la difficulté, et la vitesse. Ces disciplines testeront non seulement la force et l'agilité des compétiteurs mais aussi leur détermination et leur stratégie face aux défis. Les Olympic Qualifier Series offrent une scène mondiale où les athlètes des quatre coins du globe convergent vers Shanghai et Budapest pour partager leur passion de l'escalade et leur esprit de compétition. Shanghai, du 16 au 19 mai, et Budapest, du 20 au 23 juin, se transformeront en épicentres de l'escalade, accueillant ces talents dans des lieux spectaculaires. En plus de l'escalade, cet événement multidisciplinaire célèbrera d'autres sports urbains tels que le BMX freestyle, le breaking, et le skateboard, enrichissant ainsi l'expérience olympique. On vous partage la liste des athlètes qui brilleront lors des Olympic Qualifier Series 2024 et qui pourraient se qualifier pour l'escalade sportive aux Jeux Olympiques de Paris 2024 : Grimpeuses confirmées pour participer aux Olympic Qualifier Series 2024 - Vitesse femmes Australie Grace CROWLEY Chine Di NIU Shaoqin ZHANG Yafei ZHOU Shengyan WANG Corée du Sud Jimin JEONG Hanareum SUNG Heeju NOH Équateur Andrea ROJAS Espagne Leslie Adriana ROMERO PÉREZ Carla MARTÍNEZ VIDAL France Capucine VIGLIONE Victoire ANDRIER Manon LEBON Lison GAUTRON Allemagne Franziska RITTER Indonésie Rajiah SALLSABILLAH Nurul IQAMAH Narda Mutia AMANDA Iran Mahya DARABIAN Italie Beatrice COLLI Giulia RANDI Japon Ai TAKEUCHI Fumika KAWAKAMI Karin HAYASHI Natsumi HAYASHI Kazakhstan Tamara ULZHABAYEVA Pologne Natalia KALUCKA Aleksandra KALUCKA Patrycja CHUDZIAK Anna BROZEK Afrique du Sud Tegwen OATES Grimpeurs confirmés pour participer aux Olympic Qualifier Series 2024 - Vitesse hommes Australie Hayden BARTON Chine Peng WU Xinshang WANG Liang ZHANG Jianguo LONG Équateur Carlos GRANJA Isaac ESTEVEZ Espagne Erik NOYA CARDONA France Pierre REBREYEND Guillaume MORO Allemagne Leander CARMANNS Sebastian LUCKE Indonésie Veddriq LEONARDO Kiromal KATIBIN Aspar ASPAR Raharjati NURSAMSA Iran Reza ALIPOUR SHENAZANDIFARD Italie Ludovico FOSSALI Gian Luca ZODDA Alessandro BOULOS Japon Jun YASUKAWA Ryo OMASA Kazakhstan Rishat KHAIBULLIN Amir MAIMURATOV Corée du Sud Euncheol SHIN Yongjun JUNG Pologne Marcin DZIENSKI Ukraine Yaroslav TKACH Hryhorii ILCHYSHYN États-Unis John BROSLER Zach HAMMER Noah BRATSCHI Grimpeuses confirmées pour participer aux Olympic Qualifier Series 2024 - Bloc et Difficulté femmes Argentine Valentina AGUADO Australie Maya STASIUK Autriche Franziska STERRER Belgique Chloe CAULIER Bulgarie Aleksandra TOTKOVA Canada Alannah YIP Chine Luo ZHILU Corée du Sud Chaehyun SEO Jain KIM Yejoo SEO Sol SA République Tchèque Eliska ADAMOVSKA Michaela SMETANOVA France Hélène JANICOT Manon HILY Fanny GIBERT Zélia AVEZOU Allemagne Hannah MEUL Lucia DÖRFFEL Roxana WIENAND Sandra HOPFENSITZ Grande-Bretagne Molly THOMPSON-SMITH Erin MCNIECE Iran Elnaz REKABI Israël Ayala KEREM Noa SHIRAN Italie Laura ROGORA Camilla MORONI Giorgia TESIO Japon Miho NONAKA Futaba ITO Nonoha KUME Ryu NAKAGAWA Pays-Bas Lynn VAN DER MEER Slovénie Vita LUKAN Mia KRAMPL Sara COPAR Lucka RAKOVEC Serbie Stasa GEJO Suisse Petra KLINGLER Islande Svana BJARNASON États-Unis Brooke RABOUTOU Anastasia SANDERS Kyra CONDIE Kylie CULLEN Ukraine Levgeniia KAZBEKOVA Afrique du Sud Tegwen OATES Grimpeurs confirmés pour participer aux Olympic Qualifier Series 2024 - Bloc et Difficulté hommes Autriche Nicolai UZNIK Jan-Luca POSCH Stefan SCHERZ Australie Dylan PARKS Belgique Hannes VAN DUYSEN Simon LORENZI Nicolas COLLIN Bulgarie Nikolay RUSEV Canada Sean MCCOLL Oscar BAUDRAND République Tchèque Adam ONDRA Martin STRANIK Chine Yufei PAN Espagne Alberto GINÉS LÓPEZ France Mejdi SCHALCK Sam AVEZOU Paul JENFT Mickael MAWEM Allemagne Alexander MEGOS Yannick FLOHÉ Yannick NAGEL Grande-Bretagne Hamish MCARTHUR Maximilian MILNE Jack MACDOUGALL James POPE Hongrie Nimród Sebestyén TUSNÁDY Indonésie Ravianto RAMADHAN Raviandi RAMADHAN Israël Nimrod MARCUS Alex KHAZANOV Yuval SHEMLA Geva LEVIN Italie Stefano GHISOLFI Filip SCHENK Marcello BOMBARDI Giorgio TOMATIS Corée du Sud Dohyun LEE Jongwon CHON Yunchan SONG Lettonie Edvards GRUZITIS Slovénie Luka POTOCAR Anze PEHARC Martin BERGANT Zan LOVENJAK SUDAR Espagne Alberto GINÉS LÓPEZ Suède Hannes PUMAN Suisse Sascha LEHMANN Jonas UTELLI Afrique du Sud Christopher COSSER