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  • Découvrez les athlètes des Olympic Qualifier Series 2024 en escalade sportive

    Dans l'univers de l'escalade sportive, l'anticipation monte à l'approche des Olympic Qualifier Series 2024, un jalon crucial sur la route vers les Jeux Olympiques de Paris 2024 . Cet événement emblématique mettra en vedette plus de 160 grimpeurs et grimpeuses d'exception, tous unis par un même objectif : se qualifier pour les JO et réaliser leur rêve olympique. Les épreuves, prévues pour se dérouler entre mai et juin 2024 , sont promises à être des moments phares pour les enthousiastes et les professionnels de l'escalade olympique. Crédit : David Pillet La Fédération internationale d'escalade sportive (IFSC) orchestre ce défi avec précision, distribuant les places convoitées : dix pour chacune des spécialités de l'escalade , à savoir le bloc, la difficulté, et la vitesse. Ces disciplines testeront non seulement la force et l'agilité des compétiteurs mais aussi leur détermination et leur stratégie face aux défis. Les Olympic Qualifier Series offrent une scène mondiale où les athlètes des quatre coins du globe convergent vers Shanghai et Budapest pour partager leur passion de l'escalade et leur esprit de compétition. Shanghai, du 16 au 19 mai, et Budapest, du 20 au 23 juin, se transformeront en épicentres de l'escalade, accueillant ces talents dans des lieux spectaculaires. En plus de l'escalade, cet événement multidisciplinaire célèbrera d'autres sports urbains tels que le BMX freestyle, le breaking, et le skateboard, enrichissant ainsi l'expérience olympique. On vous partage la liste des athlètes qui brilleront lors des Olympic Qualifier Series 2024 et qui pourraient se qualifier pour l'escalade sportive aux Jeux Olympiques de Paris 2024 : Grimpeuses confirmées pour participer aux Olympic Qualifier Series 2024 - Vitesse femmes Australie Grace CROWLEY Chine Di NIU Shaoqin ZHANG Yafei ZHOU Shengyan WANG Corée du Sud Jimin JEONG Hanareum SUNG Heeju NOH Équateur Andrea ROJAS Espagne Leslie Adriana ROMERO PÉREZ Carla MARTÍNEZ VIDAL France Capucine VIGLIONE Victoire ANDRIER Manon LEBON Lison GAUTRON Allemagne Franziska RITTER Indonésie Rajiah SALLSABILLAH Nurul IQAMAH Narda Mutia AMANDA Iran Mahya DARABIAN Italie Beatrice COLLI Giulia RANDI Japon Ai TAKEUCHI Fumika KAWAKAMI Karin HAYASHI Natsumi HAYASHI Kazakhstan Tamara ULZHABAYEVA Pologne Natalia KALUCKA Aleksandra KALUCKA Patrycja CHUDZIAK Anna BROZEK Afrique du Sud Tegwen OATES Grimpeurs confirmés pour participer aux Olympic Qualifier Series 2024 - Vitesse hommes Australie Hayden BARTON Chine Peng WU Xinshang WANG Liang ZHANG Jianguo LONG Équateur Carlos GRANJA Isaac ESTEVEZ Espagne Erik NOYA CARDONA France Pierre REBREYEND Guillaume MORO Allemagne Leander CARMANNS Sebastian LUCKE Indonésie Veddriq LEONARDO Kiromal KATIBIN Aspar ASPAR Raharjati NURSAMSA Iran Reza ALIPOUR SHENAZANDIFARD Italie Ludovico FOSSALI Gian Luca ZODDA Alessandro BOULOS Japon Jun YASUKAWA Ryo OMASA Kazakhstan Rishat KHAIBULLIN Amir MAIMURATOV Corée du Sud Euncheol SHIN Yongjun JUNG Pologne Marcin DZIENSKI Ukraine Yaroslav TKACH Hryhorii ILCHYSHYN États-Unis John BROSLER Zach HAMMER Noah BRATSCHI Grimpeuses confirmées pour participer aux Olympic Qualifier Series 2024 - Bloc et Difficulté femmes Argentine Valentina AGUADO Australie Maya STASIUK Autriche Franziska STERRER Belgique Chloe CAULIER Bulgarie Aleksandra TOTKOVA Canada Alannah YIP Chine Luo ZHILU Corée du Sud Chaehyun SEO Jain KIM Yejoo SEO Sol SA République Tchèque Eliska ADAMOVSKA Michaela SMETANOVA France Hélène JANICOT Manon HILY Fanny GIBERT Zélia AVEZOU Allemagne Hannah MEUL Lucia DÖRFFEL Roxana WIENAND Sandra HOPFENSITZ Grande-Bretagne Molly THOMPSON-SMITH Erin MCNIECE Iran Elnaz REKABI Israël Ayala KEREM Noa SHIRAN Italie Laura ROGORA Camilla MORONI Giorgia TESIO Japon Miho NONAKA Futaba ITO Nonoha KUME Ryu NAKAGAWA Pays-Bas Lynn VAN DER MEER Slovénie Vita LUKAN Mia KRAMPL Sara COPAR Lucka RAKOVEC Serbie Stasa GEJO Suisse Petra KLINGLER Islande Svana BJARNASON États-Unis Brooke RABOUTOU Anastasia SANDERS Kyra CONDIE Kylie CULLEN Ukraine Levgeniia KAZBEKOVA Afrique du Sud Tegwen OATES Grimpeurs confirmés pour participer aux Olympic Qualifier Series 2024 - Bloc et Difficulté hommes Autriche Nicolai UZNIK Jan-Luca POSCH Stefan SCHERZ Australie Dylan PARKS Belgique Hannes VAN DUYSEN Simon LORENZI Nicolas COLLIN Bulgarie Nikolay RUSEV Canada Sean MCCOLL Oscar BAUDRAND République Tchèque Adam ONDRA Martin STRANIK Chine Yufei PAN Espagne Alberto GINÉS LÓPEZ France Mejdi SCHALCK Sam AVEZOU Paul JENFT Mickael MAWEM Allemagne Alexander MEGOS Yannick FLOHÉ Yannick NAGEL Grande-Bretagne Hamish MCARTHUR Maximilian MILNE Jack MACDOUGALL James POPE Hongrie Nimród Sebestyén TUSNÁDY Indonésie Ravianto RAMADHAN Raviandi RAMADHAN Israël Nimrod MARCUS Alex KHAZANOV Yuval SHEMLA Geva LEVIN Italie Stefano GHISOLFI Filip SCHENK Marcello BOMBARDI Giorgio TOMATIS Corée du Sud Dohyun LEE Jongwon CHON Yunchan SONG Lettonie Edvards GRUZITIS Slovénie Luka POTOCAR Anze PEHARC Martin BERGANT Zan LOVENJAK SUDAR Espagne Alberto GINÉS LÓPEZ Suède Hannes PUMAN Suisse Sascha LEHMANN Jonas UTELLI Afrique du Sud Christopher COSSER

  • Jeux Olympiques 2028 : l’escalade décroche enfin ses trois médailles olympiques

    Jusqu’ici, aux Jeux Olympiques, l’escalade ressemblait à une cohabitation forcée entre trois disciplines qui n’avaient jamais vraiment rêvé de vivre ensemble. Après un combiné discutable à Tokyo et un semi-combiné à Paris, Los Angeles 2028 sonne enfin l’heure de la libération . Le CIO vient d’annoncer que la Vitesse, la Difficulté et le Bloc auront chacune leur podium dédié , avec autant de médailles pour les hommes que pour les femmes. Et franchement, ce n’était pas du luxe. © IFSC Tokyo 2020 : le combiné ou le « trois en un » forcé Petit retour en arrière : en 2020, l’entrée en scène olympique de l’escalade à Tokyo ressemblait à un drôle d’exercice imposé. Une seule épreuve pour trois disciplines, le fameux « combiné » : un peu comme si l’on demandait à un athlète de courir le 100 mètres, puis le 10 000 mètres, avant de conclure par un saut en hauteur. Spectaculaire, certes, mais absurde . Résultat : des athlètes comme Alberto Ginés López ou Janja Garnbret s’étaient imposés grâce à leur polyvalence extrême, plus qu’à leur spécialisation. On saluait l’exploit, mais avec ce goût amer d’avoir assisté à un spectacle où la véritable excellence était bridée par les compromis. Paris 2024 : un pas timide vers l’émancipation Quatre ans plus tard, à Paris, le CIO décidait de faire un premier pas vers une séparation tant attendue, en attribuant deux jeux de médailles  : un pour la Vitesse, indépendante désormais, et un autre pour un combiné réduit à la Difficulté et au Bloc. Moins improbable qu’à Tokyo, certes, mais toujours inconfortable. Ce semi-combiné parisien restera probablement dans les mémoires comme une transition nécessaire, mais insuffisante, laissant encore dans l’ombre des athlètes qui excellent sur une seule discipline, mais peinent à briller sur deux à la fois. Los Angeles 2028 : la fin du mariage forcé La cité du cinéma aime les scénarios clairs, nets et précis. À Los Angeles, pas question de continuer à brouiller les pistes. Le CIO a décidé que chaque discipline aurait enfin droit à son propre podium olympique . La nouvelle a fait l’effet d’un véritable soulagement pour toute la communauté de l’escalade. Le président de l’IFSC, Marco Scolaris, a salué cette décision en affirmant : « Depuis le début de notre aventure olympique, notre objectif était clair : trois disciplines, trois podiums. À Los Angeles, chacun pourra enfin découvrir leurs spécificités. »  Autrement dit, finies les combines douteuses. Chacun son jeu, chacun ses règles, chacun ses héros. Trois podiums, trois histoires différentes Concrètement, qu’est-ce qui change ? L’essentiel. L’escalade pourra enfin dévoiler clairement ses trois visages distincts : La Vitesse  : c’est l’épreuve la plus simple à saisir pour le grand public. Ici, pas de subtilité à outrance, seulement une course verticale effrénée contre la montre. Le sprint en chaussons , pure adrénaline, où le chrono règne en maître. La Difficulté (Lead)  : épreuve reine pour les puristes, où chaque mouvement est calculé, réfléchi, presque méditatif. Ici, les athlètes montent très haut, très longtemps, et chaque prise devient une réflexion en soi. Une lutte mentale autant que physique , digne d’un film d’auteur où chaque silence compte. Le Bloc (Boulder)  : la plus explosive des trois disciplines. Courts problèmes, haute intensité, mouvements radicaux. Entre stratégie pure et force brute , cette discipline impose un jeu d’échecs physique où chaque erreur peut coûter le podium. Trois disciplines, trois façons de raconter une histoire. Trois scènes séparées, pour trois spectacles différents. Plus d’athlètes, plus d’opportunités ? Le CIO en profite pour augmenter légèrement le quota d’athlètes : 38 femmes et 38 hommes , soit 76 places à répartir sur trois disciplines. Jusque-là, tout est clair. Mais côté détails, on nage encore en pleine zone grise : la répartition précise des places entre la Vitesse, la Difficulté et le Bloc sera finalisée ultérieurement dans le futur système de qualification olympique . Seule certitude, et elle n’est pas anodine : le CIO envisage ouvertement la possibilité pour certains athlètes de participer à plusieurs disciplines . Une nuance subtile mais capitale, qui ouvre la porte à toutes les combinaisons stratégiques possibles… et aux spéculations les plus savoureuses. En attendant ce fameux règlement, chacun pourra donc s'amuser à imaginer ses scénarios favoris. L’enjeu derrière cette séparation Avec ces trois podiums clairement distincts, l’escalade entre enfin dans une ère de lisibilité olympique totale. L’idée est simple : mieux mettre en lumière chaque spécialité, rendre le sport plus clair, plus accessible au grand public sans le dénaturer. Car soyons francs : à force de vouloir mélanger les styles, l’escalade olympique menaçait d’en perdre son identité profonde. Désormais, chaque discipline pourra pleinement exprimer ses qualités spécifiques  et attirer un public différent, offrant une visibilité accrue à la richesse de ce sport aux multiples facettes. Los Angeles : un tournant pour la grimpe olympique En attribuant trois podiums, le CIO offre enfin à l’escalade la chance d’écrire clairement sa propre histoire olympique, discipline par discipline. Après Tokyo, après Paris, Los Angeles pourrait bien être le vrai point de départ  d’une escalade olympique pleinement assumée, où les athlètes ne seront plus contraints à l’équilibrisme permanent entre polyvalence et spécialisation. Chacune des trois disciplines aura enfin droit à son heure de gloire. Rendez-vous donc pris pour un triple show olympique inédit  à Los Angeles, en 2028. C’est sans doute là, sur ces trois podiums enfin séparés, que l’escalade pourra véritablement conquérir le grand public. Et ce ne sera pas trop tôt.

  • Annot à Bloc 2025 : La grimpe sauce grès, de retour pour une 12ᵉ édition

    Annot à Bloc, c’est comme Fontainebleau, mais avec l’accent du Sud.  Moins de Parisiens en doudoune Patagonia, plus de short-sandales et de rosé bien frais. Depuis douze ans maintenant, Annot, village tranquille des Alpes-de-Haute-Provence, se transforme chaque printemps en capitale de la grimpe sur grès. Et ce qui se prépare pour les 24 et 25 mai 2025  promet une nouvelle fois d'envoyer du lourd. @ Marielle Laubie Grès, pastis et convivialité Reprenons du début : Annot à Bloc est né en 2011 avec l’idée folle de faire grimper ensemble, au milieu de la forêt, champions et débutants, enfants et anciens, puristes et amateurs de fêtes villageoises.  La recette marche tellement bien que chaque année, on en redemande. Sauf en 2020-2021 évidemment, quand tout le monde faisait du bloc dans son salon. L’édition 2023, celle des 10 ans, était déjà mémorable : 220 grimpeurs chauffés à bloc, dont une marraine d’exception, Solenne Piret, triple championne du monde de para-escalade.  L’an dernier, le compteur est monté à plus de 350 participants. Annot à Bloc s’est installé dans le paysage grimpe français comme une valeur sûre. Et pas uniquement parce que c’est l’occasion parfaite pour se balancer des blagues entre potes entre deux blocs, un verre à la main. 2025 : Nouveaux blocs et vieilles recettes Pour 2025, les organisateurs annoncent une centaine de nouveaux passages , tout juste sortis de la mousse, à découvrir dans un secteur inédit à cinq minutes à pied du centre du village. Il y en aura pour tous les niveaux, du 3 pour les néophytes jusqu’au 8 pour les mutants. Oui, même toi, le grimpeur parisien à la casquette Arc'teryx flambant neuve, tu vas te faire rouster sur du grès provincial. Le samedi, la tradition reste la même : contest amical toute la journée, à la cool, avant les finales explosives en plein cœur du village.  Le mur artificiel des finales, dressé sur la place du marché, attirera comme toujours la foule – et peut-être quelques cris de joie ou de frustration quand les meilleurs tomberont sur le dernier mouvement. Mais Annot à Bloc ne s’arrête jamais à la grimpe pure : animations, tests matos, concerts et DJ sets prolongeront la fête jusque tard dans la nuit.  Parce qu’ici, l’esprit festif compte autant que les réalisations sur le caillou. © Marielle Laubie Urban Boulder : grimper sur les murs du maire (avec son accord, promis) Le dimanche matin, une autre tradition incontournable reprend du service : l’ Urban Boulder . Cette épreuve improbable consiste à transformer Annot en une gigantesque salle d’escalade urbaine. On grimpe sur tout : façades, fontaines, ponts, même le fronton de la mairie. Et les autorités locales adorent ça, promis-juré. En parallèle, un concours de jeté  viendra agrémenter la journée, histoire de se démonter les épaules avec style, suivi d’une tombola pour gagner du matériel, parce que ce serait dommage de repartir sans cadeau. L’impact : Annot devient incontournable À force de constance et d’originalité, Annot à Bloc a transformé ce petit village provençal en véritable épicentre de l’escalade du sud de la France. Chaque année, plusieurs centaines de visiteurs débarquent, remplissant campings, gîtes et terrasses, donnant un sérieux coup de fouet économique à la commune.  Annot, ce n’est pas Chamonix, mais pendant un week-end, le village vibre comme une capitale de montagne – avec davantage de bonne humeur et de pastaga. Au-delà du business, Annot à Bloc, c’est aussi des centaines de blocs nettoyés, ouverts, et rendus accessibles durablement aux grimpeurs.  L’événement laisse un héritage concret, palpable, utile aux locaux et à tous les grimpeurs de passage, qui repartent forcément avec l’envie de revenir grimper dans ce décor hors norme. © Marielle Laubie Un événement populaire, jamais populiste Depuis ses débuts, Annot à Bloc a toujours refusé la surenchère élitiste, préférant rester accessible à tous les niveaux. Pas question ici de séparer pros et amateurs : tout le monde grimpe, tout le monde partage, et tout le monde se retrouve le soir autour de la même bière tiède et du même barbecue fumant.  C’est l’esprit Annot, celui d’une grimpe populaire mais jamais populiste. Alors, que vous soyez capable de plier un 7C pieds nus ou juste curieux de tâter du grès pour la première fois, la date est à bloquer dès maintenant. Annot à Bloc 2025, ce sera encore une fois de la grimpe, du rire et du plaisir, en toute simplicité.  Bref, exactement ce dont on a besoin après une année entière passée à râler contre l’affluence à Bleau. Rendez-vous donc les 24 et 25 mai prochains à Annot, avec vos chaussons et votre bonne humeur.  En attendant, vous pouvez toujours bosser vos placements de pieds – ou pas, après tout c’est Annot : ici, personne ne juge. Toutes les informations et inscriptions sont à retrouver sur leur site .

  • Brooke Raboutou retire l’épée du rocher : première femme à briser le mythe du 9b+

    Certains mythes attendent patiemment d’être pulvérisés, d’autres demandent qu’on leur règle brutalement leur compte. Brooke Raboutou, elle, vient simplement d’exécuter les deux opérations en même temps. Le 8 avril 2025, l’Américaine de 23 ans s’est attaquée au monument Excalibur , voie mythique cotée 9b+, près d’Arco, dans les Dolomites italiennes.  Elle en sort victorieuse, devenant ainsi la toute première grimpeuse à franchir cette frontière symbolique – presque sacrée – du très haut niveau féminin.  Autrement dit : le plafond de verre vient d’exploser en mille éclats calcaires, et c’est Brooke Raboutou qui tient le marteau. © Crimp Films Excalibur, cette histoire impossible « Excalibur », tout était écrit dans le nom. Stefano Ghisolfi, qui avait équipé la ligne en 2023 , ne s’y était pas trompé : ici, c’est une légende en gestation, un mythe en devenir, pas juste un bout de caillou pour touristes de la résine en mal d’aventures verticales. Excalibur, c’est court, mais violent ; précis, mais brutal.  Les Adam Ondra, Jakob Schubert ou Will Bosi ont bien tenté d’apprivoiser la bête, mais jusqu’à présent, ils n’avaient réussi qu’à l’agacer. Cette ligne, techniquement redoutable, leur résistait comme un cauchemar persistant. Brooke, elle, en a fait une affaire personnelle. À tel point que sa relation avec cette voie semble tout droit sortie d’une séance de psychanalyse grandeur nature. Sur Instagram , dans un monologue introspectif aussi intense que ses méthodes de talon impeccables, elle explique : « Dès le début, j’ai été attirée par toi – quelque chose dans ton intensité implacable. Notre relation a fluctué au fil du temps. Certains jours ressemblaient à une harmonie sans effort ; d’autres, nous nous sommes affrontés, nos voix s’élevant. Tu m’as appris à argumenter avec le doute jusqu’à ce qu’il commence à douter de lui-même.  » Traduction pour les non-initiés : elle en a bavé, s’est fait mal, a douté, mais elle a gagné. Dynastie verticale et destin implacable Mais la grimpeuse américaine ne vient pas de nulle part. Brooke appartient à une sorte de dynastie verticale : fille de Robyn Erbesfield-Raboutou, légende vivante du circuit des années 90, et de Didier Raboutou , grimpeur de haut vol, Brooke a grandi entre prises de résine et morceaux de falaise.  La génétique était bonne, mais encore fallait-il tracer sa propre voie. Médaillée d’argent aux JO de Paris 2024 , habituée des podiums en compétition comme des blocs monstrueux dans la nature, Brooke avait le pédigrée idéal pour relever ce défi inédit. En passant au 9b+, elle ne fait pas qu’écrire une nouvelle page : elle en change complètement l’encre, le papier et la couverture. Brooke a-t-elle tué la cotation féminine ? Parce que jusqu’à hier, le « plafond de verre » du 9b semblait figé dans l’histoire de l’escalade féminine. Angela Eiter, Julia Chanourdie, Laura Rogora ou Anak Verhoeven avaient déjà taquiné la limite sans jamais pouvoir franchir le seuil supérieur. En claquant la porte du 9b+ d’un coup de pied assuré, Brooke force désormais à repenser entièrement les standards du sport. Ce n’est plus une histoire de genre ou de barrière symbolique.  Non, c’est une histoire de talent, de détermination, de brutalité mentale et d’élégance physique. Une histoire où, désormais, Brooke impose le tempo. L’insolence tranquille des surdoués En décrochant cette première féminine dans le 9b+, Brooke Raboutou secoue sans complexe les conventions, comme ces élèves surdoués au fond de la classe qui résolvent une équation compliquée en deux coups de craie, un sourire espiègle au coin des lèvres. Mais son style n’est ni bravade gratuite ni provocation adolescente : c’est juste le naturel insolent des gens talentueux qui ne s’excusent pas de réussir.  Avec Excalibur , Brooke oblige chacun à reconsidérer les limites qu’on avait prises pour acquises.  C’est tout l’intérêt des grands exploits : derrière l’effort, ils révèlent toujours une part d’irrévérence salutaire.

  • Membranes sans PFAS : la révolution écologique ou l’art délicat du compromis ?

    L’histoire du textile outdoor est d’abord celle d’un fantasme : celui de s’extraire, par la magie discrète d’une veste imperméable, des caprices climatiques qui entravent nos envies d’exploration. Ce fantasme, Gore-Tex l’a longtemps incarné avec brio, grâce à une membrane technique miraculeuse et jusqu’à récemment indiscutable : les PFAS. Or voilà que cette solution de facilité, si longtemps adulée, s’effondre brusquement sous le poids d’une vérité scientifique embarrassante : les PFAS, substances fluorées quasi indestructibles, ne sont pas seulement durables, elles sont éternelles . Trop éternelles, même. À tel point qu’elles polluent irréversiblement sols et eaux souterraines, transformant la promesse initiale d’éternité en dystopie environnementale incontrôlable. Récemment invité par Gore-Tex à découvrir l'intégration de la membrane ePE, innovation sans PFAS destinée à remplacer l'ancienne membrane fluorée sur leur tissu le plus technique, le Gore-Tex Pro, Vertige Media a pu mesurer l’ampleur de la tâche à laquelle s’attaque désormais l’industrie outdoor : jongler entre impératifs écologiques, exigences techniques et attentes d’un marché peu habitué à tant de nuances. La fin d’un miracle toxique : adieu aux PFAS « Forever chemicals » : sous cette formule saisissante se cachent les PFAS, substances fluorées d’une redoutable efficacité, capables d’offrir simultanément imperméabilité et respirabilité sans exiger le moindre effort d’entretien. Mais derrière cette performance presque surnaturelle se trouve un lourd tribut écologique et sanitaire .  Extrêmement persistants, ces composés s’accumulent silencieusement dans l’environnement, contaminant irrémédiablement sols, cours d’eau, nappes phréatiques, et par extension la chaîne alimentaire. Leur persistance dans le corps humain suscite aujourd’hui une inquiétude sanitaire majeure , plusieurs études ayant mis en évidence leur rôle dans l’apparition de cancers, la perturbation endocrinienne et des troubles de fertilité. Le textile outdoor n’est d’ailleurs qu’un des nombreux secteurs concernés : on retrouve aussi ces composés toxiques dans des domaines aussi variés que l’industrie cosmétique, l’emballage alimentaire, ou encore les mousses anti-incendie utilisées massivement par les services de sécurité civile et l’armée. Face à cette menace désormais bien documentée, l’Union Européenne s’apprête à déployer une réponse réglementaire sans précédent par son ampleur : à partir de 2026, près de 10 000 substances chimiques classées dans la famille des PFAS pourraient être interdites dans les textiles grand public. Toutefois, l’ambition politique se heurte à une réalité complexe : certains usages professionnels critiques (pompiers, militaires, industries stratégiques) bénéficieront vraisemblablement d’une dérogation temporaire faute d’alternatives techniques crédibles à ce jour.  Un constat qui montre bien que derrière les annonces spectaculaires se dissimulent des défis techniques et économiques considérables. Pour Gore-Tex et ses concurrents, cette évolution réglementaire radicale n’offre ainsi plus aucun choix : il faut désormais se réinventer en urgence, en misant sur des technologies comme la membrane ePE , en espérant parvenir à concilier performance, sécurité sanitaire, durabilité écologique et réalité économique. Patagonia et Gore-Tex : une réconciliation pragmatique Cette urgence écologique est d’ailleurs à l’origine d’une histoire industrielle singulière : en 2018, Patagonia, champion incontestable de l’éthique environnementale, annonce bruyamment son intention d’abandonner définitivement les PFAS . Cette décision publique résonne comme une critique frontale adressée à Gore-Tex, alors partenaire historique de la marque californienne. Face à cette rupture symbolique, Gore-Tex réagit en lançant la recherche intensive d’une alternative crédible. La membrane ePE (polyéthylène expansé), sans PFAS, voit finalement le jour quatre ans plus tard. Patagonia, pragmatique malgré son idéalisme militant, revient alors vers Gore-Tex en 2022, consciente qu’aucune autre solution technique ne pouvait pleinement satisfaire ses exigences. © Sports Shoes Toutefois, ce retour vers Gore-Tex n’est pas exempt d’interrogations : en effet, la membrane ePE impose un entretien régulier et minutieux aux utilisateurs , une dimension nouvelle de responsabilité individuelle qui dépasse le simple acte d’achat. Patagonia devra désormais convaincre ses adeptes les plus fervents que la durabilité réelle dépend autant de leur implication quotidienne que du choix initial du produit.  Un défi subtil, discret mais majeur pour l’avenir de la marque. Garantie Gore-Tex : la responsabilité change de camp Cette question de responsabilité individuelle résonne fortement lorsqu’on évoque la célèbre garantie « Guaranteed to Keep You Dry » de Gore-Tex. Historiquement, celle-ci représentait une promesse facile à tenir pour l’entreprise, dans la mesure où l’imperméabilité durable dépendait presque exclusivement de la membrane elle-même, ne nécessitant aucun entretien particulier de la part du consommateur. Mais l’arrivée de la membrane ePE modifie profondément la donne : la garantie reste certes en vigueur, mais elle est désormais conditionnée par un entretien méticuleux du produit (renouvellement fréquent du traitement déperlant, lavage régulier, réactivation thermique obligatoire). © Gore-Tex Or, les marques partenaires de Gore-Tex, dont Arc’teryx, Millet ou Mammut, ne semblent pas spécialement enclines à intégrer dans leur stratégie de communication cette pédagogie d’entretien pourtant indispensable. Ce transfert subtil de responsabilité place aujourd’hui Gore-Tex devant un défi inédit : celui d’éduquer directement l’utilisateur final, là où elle pouvait auparavant se limiter à une communication axée uniquement sur la performance technique inconditionnelle. Le paradoxe esthétique : un blanc fragile pour une nature salissante À ce défi d’éducation s’ajoute un paradoxe esthétique singulier : les membranes sans PFAS sont particulièrement sensibles aux taches grasses (sébum, crème solaire, sandwichs maladroits). Pourtant, l’industrie outdoor persiste à produire des vestes immaculées — blanches ou pastel — comme si ses designers ignoraient superbement les réalités de l’usage quotidien. La responsable du développement durable de Gore-Tex rappelait justement, lors de notre rencontre, un point crucial : « Le vêtement qui pollue le moins est celui que l’on garde longtemps. »  Mais alors, après avoir imposé à ses clients des normes techniques strictes, parfois en conflit avec les requêtes esthétiques ou marketing des marques, Gore-Tex ne risque-t-elle pas de se retrouver face à une contradiction délicate : devoir recommander, voire fortement inciter ses partenaires à éviter certaines couleurs particulièrement vulnérables aux taches ? Du progrès technique au progrès moral : changer notre rapport au vêtement Cette révolution des membranes sans PFAS révèle un enjeu culturel profond : passer d’une logique de performance passive à une logique active, où la durabilité réelle dépend autant du comportement individuel que de l’innovation technologique.  La garantie Gore-Tex n’est plus seulement une promesse commerciale facile à honorer, elle devient un contrat moral complexe entre la marque, ses partenaires industriels, et chaque consommateur. Face à toutes ces contraintes nouvelles, certains utilisateurs se montrent ouvertement sceptiques. Lors même de la présentation organisée par Gore-Tex, un confrère d’un média spécialisé nous glissait discrètement, entre ironie et provocation : « Moi, je vais garder ma Gore-Tex en PFAS. »  Derrière cette boutade assumée se cache une vérité embarrassante : le confort de l’ancien monde reste tentant, et abandonner une efficacité sans effort exige un véritable changement culturel et moral. Car finalement, la vraie révolution ne réside pas tant dans une membrane miraculeuse que dans notre capacité collective à comprendre que la durabilité réelle ne s’obtient plus simplement en échange d’une étiquette rassurante. Elle repose désormais sur un engagement continu, exigeant, où chaque geste compte et où l'acte même d'entretien devient une responsabilité écologique à part entière.

  • Coupe du monde d’escalade IFSC 2025 à Keqiao : comment suivre l’épreuve de bloc en direct

    Du 18 au 20 avril , Keqiao (Chine) ouvre la saison 2025 de la Coupe du monde d’escalade IFSC , spécialité bloc. Trois jours durant lesquels les meilleurs grimpeurs mondiaux vont batailler sur des blocs créés pour départager ceux qui visent le titre mondial. Voici comment suivre les épreuves en direct depuis la France , avec tous les liens et horaires utiles. © IFSC Où regarder le direct de Keqiao 2025 ? YouTube IFSC : gratuit, mais bloqué en France pour les finales L’IFSC retransmet habituellement les demi-finales et finales gratuitement en direct sur sa chaîne YouTube officielle . Cependant, pour la France et le reste de l'Europe, les finales seront bloquées  pour des raisons de droits TV exclusifs détenus par Warner Bros Discovery. Discovery+ et Eurosport : accès officiel en France En France, Discovery+ et Eurosport détiennent officiellement les droits de diffusion jusqu’en 2028 . Toutes les phases clés, demi-finales et finales, seront donc visibles sur ces plateformes. Un abonnement payant est requis. Replays gratuits sur Olympic Channel Si vous ratez le live, les replays des finales seront accessibles gratuitement 24h plus tard  sur Olympic Channel. Une alternative pratique sans abonnement ni restriction. Résultats en direct sur le site IFSC Pour les qualifications (non filmées) et pour avoir les résultats instantanés, rendez-vous directement sur le site officiel IFSC . Tops, zones, classements actualisés en temps réel. Programme complet (heure française) (Heures indiquées en heure de Paris UTC+2, Keqiao est en UTC+8, soit +6h) Vendredi 18 avril – Qualifications 03h00  : qualifications femmes (pas de streaming vidéo) 10h00  : qualifications hommes (pas de streaming vidéo) Résultats live sur IFSC. Samedi 19 avril – Femmes 06h00  : demi-finale femmes (Discovery+ en direct, YouTube hors restriction) 13h00  : finale femmes (Discovery+ en direct, YouTube hors restriction) Dimanche 20 avril – Hommes 06h00  : demi-finale hommes (Discovery+ en direct, YouTube hors restriction) 13h00  : finale hommes (Discovery+ en direct, YouTube hors restriction) Les cérémonies de podium suivent immédiatement les finales. Suivre l’événement sur les réseaux sociaux L’IFSC partage aussi en direct les coulisses, photos et résultats via Instagram , Twitter/X  et Facebook . De quoi vivre pleinement l'événement tout au long du week-end. En résumé, les infos clés pour suivre Keqiao 2025 Coupe du monde escalade IFSC Keqiao 2025, spécialité bloc, du 18 au 20 avril Discovery+ et Eurosport diffusent les demi-finales et finales en direct en France Finales bloquées sur YouTube en France à cause des droits exclusifs Résultats en temps réel sur le site officiel de l’IFSC Replays disponibles gratuitement sur Olympic Channel le lendemain Ce week-end, préparez-vous à vous lever tôt. À Keqiao, le spectacle se vit en direct, au petit matin, quand les champions attaquent les premiers blocs. Pour retrouver l'ensemble du calendrier des compétitions de l'IFSC 2025, rendez-vous ici .

  • Kirsty Coventry à la tête du CIO : la révolution douce des sports émergents ?

    Une femme, une Africaine, une ex-championne olympique à la tête du CIO.  Le 20 mars, à Costa Navarino, Kirsty Coventry a été élue présidente du Comité international olympique, dès le premier tour. Une image forte. Une rupture symbolique. Et peut-être, pour les disciplines jeunes comme l’escalade, le signe d’une bascule attendue. © IOC/Greg Martin Une championne du monde réel Sept médailles olympiques. Une légitimité forgée dans le bassin.  Mais Kirsty Coventry, 41 ans, ne s’est pas arrêtée là. Depuis 2013, elle siège au CIO. Elle a présidé la commission des athlètes, été vice-présidente de la Fédération internationale de surf, et ministre des Sports au Zimbabwe. Un parcours où le sport de haut niveau croise le pouvoir politique. Sa trajectoire impressionne, mais elle n’échappe pas aux débats.  D’un côté, certains soulignent son rôle dans un gouvernement zimbabwéen accusé de violations des droits humains. De l’autre, plusieurs observateurs s’interrogent sur la part de symbole dans son élection : première femme, première Africaine, élue dès le premier tour.  Une rupture ? Ou une stratégie de communication bien huilée ? Thomas Bach, son prédécesseur, a balayé ces soupçons d’un revers de main : « Ce n’est pas une question de genre. C’est une question de compétence. » Une alliée naturelle pour l’escalade ? Marco Scolaris , président de l’IFSC , ne s’y est pas trompé. À peine l’élection annoncée, il publie un communiqué enthousiaste : « Une jeune mère, une championne, une voix du Sud, élue dès le premier tour. Quel message d’unité et d’espoir ! » L’IFSC voit en Kirsty Coventry une partenaire de long terme.  Quelqu’un qui comprend les besoins des fédérations jeunes, qui a défendu des sports en quête de légitimité, qui sait qu’un public de 20 ans ne consomme pas le sport comme il y a trente ans. L’escalade a tout intérêt à parler ce langage. Kirsty Coventry a déjà prouvé qu’elle pouvait faire avancer ces causes — notamment au sein du surf, également sport additionnel au programme olympique. Elle défend une vision plus souple, plus inclusive , et orientée vers les nouvelles générations. Ce que l’escalade incarne, sans toujours parvenir à le capitaliser. L’après-Bach se joue maintenant Le mandat de Kirsty Coventry démarre officiellement en juin. Et il commence avec une liste de sujets chauds : calendrier olympique saturé, pression des diffuseurs, coût des Jeux, attentes générationnelles, compétition entre disciplines. Pour l’escalade, il ne suffira pas d’avoir coché les cases Tokyo, Paris et Los Angeles . Il faudra montrer que ce sport a trouvé son public, qu’il peut se réinventer, séduire, se structurer — sans perdre son âme. C’est tout l’enjeu des prochaines années. Et si Kirsty Coventry n’est pas là pour renverser la table, elle pourrait au moins redessiner les places autour.  À chacun, désormais, de s’assurer qu’il en aura une. Pour découvrir des contenus dédiés aux professionnels de l’escalade, rendez-vous sur www.vertigemedia.fr/pro , votre espace exclusif pour tout savoir sur le marché de l’escalade.

  • Euroholds s’offre le classement général des Coupes du monde 2025

    Le geste est aussi stratégique que symbolique.  Pour la saison 2025, Euroholds devient Presenting Partner  du classement général des Coupes du monde IFSC . Autrement dit, la marque espagnole de prises inscrit son nom tout en haut de l’échiquier mondial , là où s’écrivent les récits d’une année entière de compétition. © Euroholds Bloc, difficulté, vitesse : quelle que soit la discipline, les classements porteront désormais la signature d’Euroholds.  Un branding assumé, visible à chaque remise de prix, à chaque mise à jour du général. De quoi imprimer la marque dans les rétines et les esprits , à la faveur d’un circuit international en expansion constante. Ce partenariat n’est pas une première incursion pour Euroholds dans le giron fédéral. Déjà fournisseur agréé par l’IFSC, la marque s’est illustrée ces dernières années en équipant de nombreuses étapes avec des prises au design affûté. Mais en gravissant ce nouveau palier, elle transforme une relation de sous-traitance en un partenariat d’image, à la croisée du politique et du marketing. « Nous avons toujours été là, d’une manière ou d’une autre, à collaborer et soutenir l’IFSC.  Ce sponsoring formalise cette relation de façon plus directe et professionnelle », explique Toni Llopis, fondateur et CEO d’Euroholds. « Notre engagement dépasse la fabrication de produits : nous voulons participer activement au développement de l’escalade à l’échelle mondiale.  » Derrière cette déclaration d’intention, un enjeu plus large se dessine : celui de la consolidation du marché des fournisseurs, à l’heure où les compétitions deviennent une vitrine centrale de l’escalade moderne.  Être partenaire du classement, c’est non seulement accompagner les athlètes, mais aussi façonner l’esthétique et les standards d’une discipline en pleine institutionnalisation. Marco Scolaris, président de l’IFSC, ne s’y trompe pas : « Remporter une Coupe du monde, c’est l’aboutissement d’une saison de travail et de persévérance.  Euroholds en a conscience, et je suis heureux – et reconnaissant – de les voir à nos côtés pour accompagner les athlètes. » Les gagnants et gagnantes du général – dans chaque discipline – recevront un trophée signé Euroholds.  Un objet de reconnaissance, mais aussi de design, qui viendra matérialiser la convergence entre performance et partenariat industriel. Le lancement de la saison est prévu du 18 au 20 avril à Keqiao, en Chine, avec une première étape de bloc.  Elle sera suivie de près par Wujiang pour la difficulté et la vitesse. La bataille des points, des prises… et des marques est officiellement lancée.

  • Grimpeuses en France : derrière les prises, une histoire de prises de position

    Dans l’escalade, les statistiques ressemblent à ces prises qu’on pensait connaître par cœur jusqu’au jour où elles glissent sous nos doigts. Prenez ce chiffre : 37 %. Voilà la proportion actuelle des femmes parmi les grimpeurs français. Pas encore la parité, mais largement de quoi secouer les vieilles représentations d'un sport historiquement "entre barbus" . Chez Vertige Media, on aime les prises fuyantes. On s’est donc penché sur ce chiffre, pour découvrir qui sont ces grimpeuses qui, à l’ombre des prises en résine, font doucement bouger les lignes. Une nouvelle vague féminine (et enthousiaste) Premier constat : les femmes sont en train de prendre la main sur la génération néo-grimpeurs. Parmi ceux qui découvrent l’escalade depuis moins de deux ans, elles représentent désormais 56 %. Pas besoin de chercher midi à quatorze heures pour comprendre que l’image du grimpeur solitaire à barbe longue prend du plomb dans l’aile. Et ces nouvelles grimpeuses ne se contentent pas de venir en salle, elles adorent ça. Elles affichent une satisfaction de 4,84/5 lorsqu'elles débutent, soit plus élevée que leurs homologues masculins . C’est une lune de miel verticale. Mais jusqu’à quand ? Une génération charnière Cette vague féminine est jeune, mais pas seulement. Plus de 70 % des grimpeuses françaises ont moins de 35 ans , avec un vrai pic entre 25 et 34 ans. La grimpe attire donc une génération particulièrement dynamique, active et sociale, une génération pour qui le mur est autant un espace sportif qu’un lieu de rencontre et de sociabilité. Mais ne réduisons pas tout à la jeunesse : les femmes entre 35 et 44 ans représentent également une part significative des pratiquantes . Actives, installées, souvent engagées dans leur vie pro et familiale, elles font de l’escalade un point d’équilibre entre leurs multiples vies. Quant aux grimpeuses de plus de 45 ans, elles sont certes plus discrètes, mais elles sont bel et bien là, et surtout, elles sont très engagées. Un exemple éclairant ? Chez les 55-64 ans, la proportion de femmes pratiquant régulièrement en extérieur est proportionnellement plus élevée que chez les plus jeunes. Comme un pied de nez tranquille à tous les clichés sur l'âge et l'audace. Mais l'expérience creuse parfois l’écart Avec l'expérience, le paysage change un peu. Si les débutantes affichent un enthousiasme presque inconditionnel, celles qui cumulent quelques années de grimpe deviennent légèrement plus exigeantes . La satisfaction moyenne passe ainsi de 4,84/5 pour les débutantes à 4,73/5 pour celles qui pratiquent depuis plus de 5 ans. Rien d’alarmant, mais de quoi interroger ce qui, avec le temps, peut rendre une salle moins excitante : ouvertures trop répétitives, ambiance en berne, sentiment d’uniformité ? Parmi les autres éléments étudiés, l’accès à l'extérieur reste un nœud : 30 % des grimpeuses interrogées ne grimpent jamais dehors (contre 23 % chez les hommes) . Et pour celles qui franchissent le pas régulièrement, l’écart s’agrandit : seulement 19 % des femmes contre 30 % des hommes. Question de réseau, de matériel, ou d'autonomie ? Le mystère demeure, mais la barrière existe bel et bien. La fidélité : une histoire de genre ? Les chiffres nous disent aussi que les femmes affichent une fidélité plus marquée à leur salle habituelle . Parmi les 25-34 ans, la tranche phare de la grimpe actuelle, seulement un tiers des grimpeuses se montrent très mobiles, contre presque la moitié chez les hommes. Fidèles ? Prudentes ? Ou simplement attachées à un lieu qui leur ressemble ? Toujours est-il qu’elles papillonnent beaucoup moins. Ce qu’on apprend en creusant encore Chez Vertige Media, on aime se compliquer la vie. Alors, on a creusé encore un peu plus loin. Moins fréquentes, mais plus heureuses ? Derrière une apparente contradiction, on découvre que les femmes fréquentent moins souvent les salles que les hommes , notamment celles qui y vont trois fois par semaine ou plus. Pourtant, leur satisfaction globale reste supérieure, surtout chez celles qui n’ont jamais grimpé dehors (4,82 contre 4,71 pour les hommes). Moins de séances, mais une expérience mieux vécue ? La qualité primerait-elle sur la quantité ? Fidèles en falaise, fidèles en salle Autre subtilité : les femmes qui pratiquent régulièrement dehors restent davantage attachées à leur salle habituelle que leurs homologues masculins . Parmi les pratiquantes assidues de l'extérieur, 43 % restent fidèles à une seule salle ou n’en fréquentent qu’une occasionnellement, contre 34 % des hommes. Être nomade dehors ne signifie pas forcément être nomade dedans. Au contraire, cela renforcerait même leur besoin d’un lieu fixe, d’un cocon où reprendre leurs marques. Téléchargez l’étude et creusez les chiffres Cet article n’est qu’un échantillon des enseignements que révèle notre étude sur les grimpeurs en France. Au-delà du portrait des femmes grimpeuses, elle explore qui sont -dans leur globalité - les grimpeurs en France, où et comment ils pratiquent, ce qui influence leur fidélité à une salle, et comment varie leur rapport à l’extérieur. Vous y trouverez aussi des analyses croisées entre les différents profils : Les différences de pratiques entre hommes et femmes Comment l’ancienneté influence la fréquence et la satisfaction Pourquoi certains restent fidèles à une salle et d’autres papillonnent Pour découvrir toutes ces tendances et leurs implications, il vous suffit de télécharger l’étude complète sur les grimpeurs en France. 📥 Télécharger l’étude complète sur les grimpeurs en France

  • TFP MESA : nouveau diplôme ou nouveau modèle ?

    Sous ses airs techniques, le nouveau TFP Moniteur d’escalade sur structure artificielle (MESA) , concocté par la FFME et l’UDSE, raconte bien plus qu’une simple histoire de formation. Il raconte un secteur en pleine poussée de croissance, un métier au bord de la crise de nerfs, et une fédération qui cherche (peut-être) à sauver sa place au bal des acteurs privés. Diplômes pro : pour vivre heureux, vivons codés ? À chaque époque ses dialectes. L’église parlait latin, l’administration parle sigles. CQP AESA, DEJEPS, BPJEPS, RNCP… Et voilà que le TFP MESA entre dans la danse. Un diplôme, certes, mais surtout un révélateur , celui d’une discipline qui semble découvrir qu’en devenant populaire, elle devenait aussi économique, politique, presque malgré elle. L'escalade est passée des marges sportives aux marges bénéficiaires. Forcément, ça bouscule les codes — linguistiques et sociaux. Pourquoi ce nouveau diplôme arrive maintenant ? Le 27 mars 2025, France Compétences officialise la création du TFP MESA.  Son but officiel : répondre à un besoin précis des salles d’escalade privées, confrontées à un marché en pleine expansion. Avec des centaines de salles commerciales ouvertes en quelques années et une demande toujours plus forte, l'escalade indoor est devenue un secteur économique à part entière, porté par une croissance soutenue. Le gâteau grossit ; il fallait bien inventer une recette adaptée. Dans ce contexte, le CQP AESA (266 heures de formation) devenait aussi léger qu’un baudrier en papier crépon , et le DEJEPS (1200 heures), aussi lourd à porter financièrement qu’un crashpad lesté de plomb. Le TFP MESA arrive donc comme un juste milieu, avec ses 742 heures modulables entre alternance et apprentissage, calibré au millimètre pour répondre à la logique économique actuelle. Le pragmatisme, cette forme élégante d’un capitalisme qui ne dit pas son nom. Tableau comparatif : le diplôme idéal, au centre de gravité ? Diplôme Niveau RNCP Durée approx. Prérogatives Structures visées CQP AESA Niveau 3 ~266h Initiation SAE Clubs, petites salles TFP MESA Niveau 4 742h Initiation + perfectionnement SAE Salles privées, clubs professionnels DEJEPS Escalade Niveau 5 ~1200h SAE + sites naturels sportifs (une longueur) + entraînement Coaching, structures fédérales, SAE et falaises école DEJEPS Escalade en milieu naturel Niveau 5 ~1200h Tous sites naturels (grandes voies, terrain d’aventure…) + SAE Structures outdoor, grandes voies, professionnels polyvalents BPJEPS + CS Escalade Niveau 4 ~900h SAE + sites naturels sportifs d'une longueur Bases de plein air, éducateurs mixtes Brevet fédéral bénévole Non pro Variable Encadrement bénévole SAE / falaise Clubs affiliés Le TFP se cale confortablement dans une logique presque parfaite : assez formé pour rassurer le public, suffisamment rentable pour séduire le privé. Le risque, c’est qu’à force de trouver l’équilibre parfait, on finisse par oublier ce qu’on cherchait à équilibrer au départ : un métier. Pourquoi le TFP plaît (beaucoup) aux salles privées ? La réponse tient en un mot : apprentissage.  Grâce aux aides directes de l’OPCO (Opérateur de compétences) et aux exonérations de charges associées, embaucher un apprenti TFP coûte sensiblement moins cher qu’un titulaire classique du DEJEPS. Résultat ? Un coût horaire global sensiblement inférieur à celui d’un titulaire expérimenté du DEJEPS.  Si les montants précis varient selon les situations, les aides à l'apprentissage rendent clairement l’équation économique très favorable. Le calcul devient alors presque irrésistible, et on imagine aisément les tableaux Excel clignoter en vert : plus besoin de trancher entre pédagogie et rentabilité, le TFP promet de concilier les deux. Le risque ?  Que ce qui devait être une solution temporaire devienne la nouvelle norme économique. Autrement dit, une précarisation déguisée en opportunité pédagogique. Les moniteurs actuels : précaires aujourd’hui, oubliés demain ? Dans ce ballet économique, les titulaires actuels du CQP AESA risquent de jouer les figurants silencieux. Une grande partie des titulaires du CQP AESA occupent aujourd’hui des postes précaires : contrats courts, fractionnés, souvent cumulés.  Et demain ? Aucune passerelle directe n’est prévue vers le TFP, si ce n’est une Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), démarche aussi engageante qu’une traversée du désert sans camelbak. Le paradoxe cruel : les moniteurs d’hier, précarisés aujourd’hui, seront-ils simplement invisibles demain ? FFME–UDSE : une alliance stratégique ou un mariage de raison ? Voir la FFME et l’UDSE collaborer pour créer ce diplôme interpelle d’autant plus quand on se souvient de la virulence avec laquelle ces deux acteurs s’affrontaient autour de Karma La Villette en 2023 . À l’époque, l’UDSE dénonçait à grands cris une « concurrence déloyale financée sur fonds publics ». Deux ans plus tard, ils dansent bras dessus, bras dessous. Ce rapprochement stratégique, plus qu’un simple réalignement, révèle un changement de rôle profond de la fédération : régulatrice hier, coproductrice assumée aujourd’hui . Un glissement aussi silencieux que radical, dont les effets sont encore difficiles à anticiper clairement. Une annonce en pleine crise sociale ? Timing, timing… Le TFP arrive dans un contexte particulier : celui d'une crise sociale qui éclate au grand jour avec la grève à Climb Up Aubervilliers .  Si ce nouveau diplôme n'a évidemment pas été créé en réponse directe à ce conflit — sa préparation remonte bien avant — il n'empêche qu'il semble désormais constituer une solution économique toute trouvée face à un malaise dont les racines sont plus profondes et anciennes. Un hasard malheureux du calendrier, en somme, où la réponse institutionnelle pensée initialement pour structurer un marché en croissance pourrait être perçue, à tort ou à raison, comme une rustine économique posée sur une crise sociale bien plus large. Perspectives : demain, tous apprentis ? À moyen terme, si le modèle TFP s’impose massivement, le DEJEPS pourrait bien devenir un luxe réservé à une minorité d'encadrants spécialisés dans la pratique en extérieur ou le coaching de haut niveau.  Pendant ce temps, l’essentiel du marché indoor tournerait autour d’apprentis peu coûteux, interchangeables et précaires. Une uniformisation rampante, avec pour conséquence possible une baisse progressive des standards sociaux et pédagogiques dans les salles d'escalade. Le risque ?  Un marché indoor qui, à force de privilégier les solutions économiques à court terme, réalise trop tard qu'il a confondu apprentissage avec précarité. Transmettre, c’est plus qu’un diplôme Le TFP MESA ne ressemble ni tout à fait au CQP, ni complètement au DEJEPS. Il se pose comme une alternative pragmatique, efficace, économique — mais au prix d’un non-dit : la potentielle précarisation de toute une profession. Car transmettre l’escalade, ce n’est pas seulement enseigner une pratique sportive, c’est aussi construire un métier digne, reconnu et valorisé. La vraie richesse d’un moniteur ne s’inscrit ni sur un diplôme ni sur un tableau Excel. Elle se mesure en lien humain, en passion transmise, en respect professionnel. Attention, donc, à ne pas confondre simplification économique et appauvrissement social. Le TFP pourrait être le remède économique dont le secteur a besoin… à condition qu’il ne devienne pas, en chemin, son poison social. Édit (mise à jour du 2 avril 2025)  : Suite à la publication de cet article, Alain Carrière, président de la FFME, a souhaité apporter des précisions importantes sur l'origine et les objectifs du TFP MESA : « Ce diplôme a d'abord été pensé pour répondre à une attente forte de nos clubs. Ils estimaient le CQP AESA trop limité en matière de progression technique, et faisaient face à un réel manque de titulaires du DEJEPS disponibles. Le TFP MESA vient précisément combler cette pénurie », explique-t-il. Concernant l'UDSE, Alain Carrière précise : « À l'époque de nos échanges au sujet de la création d'un nouveau diplôme, l'UDSE envisageait plutôt un modèle de type BAFA escalade, situé sous le CQP, pour gérer notamment les anniversaires ou les espaces de fun climbing. Cette proposition n'a finalement pas eu de suite de leur côté, et ne correspondait pas au besoin exprimé par nos clubs d'une formation plus poussée. » Il ajoute enfin : « Les retours des clubs sont hyper positifs. Même si certains regrettent que les titulaires du TFP ne puissent pas encadrer en extérieur. »

  • Warner Bros Discovery et IFSC : l’escalade vendue à la télé ?

    C’est désormais officiel : Warner Bros Discovery reconduit pour quatre ans son union exclusive avec l’IFSC , la Fédération Internationale d’Escalade Sportive. Une prolongation logique, presque banale, tant le sport vertical semble grimper irrésistiblement les échelons médiatiques. Mais derrière les poignées de mains radieuses et les chiffres triomphants, l’ombre d’une question plane : l’escalade, en gagnant le salon du grand public, ne risque-t-elle pas de perdre un peu de son âme au passage ? L’ascension tarifaire : gare aux prises glissantes Outre-Manche, on grimpe plus qu’on ne zappe. Depuis le 1er mars 2025, les spectateurs britanniques doivent aligner 30,99 livres par mois (environ 36 €) pour accéder aux retransmissions sur TNT Sports , contre 6,99 livres auparavant (environ 8 €). Soit une hausse sèche, sans bac ni parade — un envol de 343 %. Le prix, bien sûr, n’est pas indexé sur l’amour du crux mais sur un bouquet de disciplines pensées pour rentabiliser chaque pixel. Et tant pis pour ceux qui ne suivent que l’escalade : il leur faudra payer pour tout le reste.  La logique est simple, commerciale, assumée : un sport grandit, ses droits s’envolent, l’accès devient un privilège. Ce qui grince, ce n’est pas tant l’inflation que le moment choisi pour la mettre en place.  Car au Royaume-Uni, l’élan populaire autour de l’escalade n’a jamais été aussi fort : des médailles olympiques , une génération montante, un engouement palpable. Et pourtant, voilà que la discipline, au lieu de capitaliser sur sa dynamique, se retrouve cantonnée à un abonnement haut de gamme, partagé avec des sports sans lien ni corde. Pour l’instant, le phénomène reste insulaire. En France, Eurosport propose encore les compétitions autour de 9,99 € par mois, un tarif modéré, presque doux au toucher.  Mais la tectonique des modèles économiques laisse peu de doute : si l’escalade continue de séduire les audiences, les tarifs suivront la pente. Et pas en dalle. Le risque n’est pas seulement économique : il est symbolique.  À force d'empiler les surcoûts pour capter les regards, l’escalade pourrait finir par s’éloigner de ceux qui, jusqu’ici, la regardaient avec envie, sans avoir à (trop) compter. Jeux Olympiques : de Tokyo à L.A, l’escalade en quête d’elle-même Entrée aux JO de Tokyo dans un format « combiné » un peu bancal, l’escalade avait divisé autant qu’elle avait fasciné. À Paris 2024 , les organisateurs ont heureusement affiné le trait, détachant la vitesse du bloc et de la difficulté, permettant ainsi une meilleure lisibilité de la discipline auprès du public. Une preuve que l’escalade olympique peut évoluer intelligemment, si elle accepte de remettre en question ses propres règles du jeu. Pour Los Angeles 2028 , tout reste à inventer, ou presque. De nouvelles améliorations sont attendues, espérées même. Mais soyons lucides : plus l’escalade gagne en popularité, plus la tentation est forte de l’adapter aux contraintes médiatiques. Le bloc comme exercice cérébral, la difficulté comme métaphore existentielle pourraient vite se diluer dans un format calibré pour les pauses pub et le zapping compulsif. Standardisation ou démocratisation : le faux dilemme Oui, la montée en puissance médiatique de l’escalade fait craindre une forme de nivellement : une grimpe lissée, standardisée, calibrée pour plaire au plus grand nombre plutôt que pour honorer la complexité du geste . Un risque réel — mais peut-être aussi le prix à payer pour qu’un sport longtemps marginal puisse enfin s’adresser à tous. Car il faut bien distinguer deux accessibilités : celle des images, et celle des pratiques. L’escalade devient visible — c’est indéniable. On la découvre sur des écrans, dans des formats grand public, au cœur de bouquets télévisuels autrefois réservés aux poids lourds du sport. Et cette visibilité, quoi qu’on en dise, est une forme de démocratisation. Ce qu’on voit devient envisageable. Ce qu’on comprend devient praticable. Mais l’accessibilité économique, elle, suit une autre logique. Quand la diffusion passe derrière un mur d’abonnement à 36 € par mois, ce ne sont pas les masses qu’on atteint, mais les mieux équipés.  Et l’on peut alors s’interroger : faut-il vraiment passer par la case "premium" pour que l’escalade soit enfin considérée comme un vrai sport de masse ? Ce fossé-là — entre escalade d’intérieur et d’extérieur, entre grimpe authentique et spectacle algorithmé, entre large public et ticket d’entrée — n’est pas forcément une trahison. Il est, peut-être, une étape. Une mue. Un passage obligé pour permettre à la discipline de se réinventer sans se renier. L’enjeu n’est peut-être pas de devoir choisir entre pureté et popularité, mais de tenir la corde entre les deux. L’escalade en haut de l’affiche, mais pas au prix de son âme Alors oui, l’escalade a fait le choix de la médiatisation. Et ce choix est sans doute irréversible. Elle s’expose, se raconte, se vend parfois — mais elle s’ouvre aussi.  Elle entre dans les foyers, dans les imaginaires, dans les scrolls d’algorithmes. Elle devient possible pour celles et ceux qui n’en connaissaient ni le nom, ni la voie. Mais ce mouvement vers l’écran, s’il veut tenir dans le temps, devra éviter de confisquer ce qu’il promet d’élargir.  Car rendre visible une discipline, ce n’est pas la rendre accessible si l’accès devient un luxe. La médiatisation ne peut pas être une vitrine fermée. La réussite ne sera donc pas seulement de séduire le plus grand nombre, mais de le faire sans exclure ceux qui ont porté la discipline jusqu’ici.  Celles et ceux qui grimpent sans podium, sans sponsor, sans abonnement premium. Celles et ceux pour qui grimper, c’est encore et toujours une manière de se relier au réel, à soi, au monde. L’escalade peut devenir universelle. Mais à condition de rester plurielle. Car au fond, grimper a toujours été une histoire de lignes : lignes de fuite, lignes de force, lignes d’horizon. Il serait dommage qu’en devenant une ligne de programme, elle perde de vue l’essentiel.

  • Montagne en Scène 2025 : Toujours plus haut, toujours plus fort ?

    Tous les six mois, Montagne en Scène refait surface comme une marmotte sous stéroïdes : grosse tournée, grosses images, grosses émotions, et un public toujours plus nombreux. Un rendez-vous incontournable pour les mordus de montagne, mais aussi une machine bien huilée qui tourne à plein régime.  La 23e édition Summer débarque du 7 avril au 23 mai 2025 , avec son lot de films qui donnent envie de tout plaquer pour une vie de bivouac suspendu. Comme à chaque édition, les organisateurs dégainent du lourd : de la grimpe en apnée, du kayak suicidaire, de l’alpinisme borderline et des tranches de vie où l’homme se confronte à des éléments qui se fichent bien de son ego. La montagne comme laboratoire du dépassement de soi, avec un soupçon de contemplation esthétique pour la route. Mais soyons honnêtes : si l’événement en lui-même tient toujours la corde, le concept a peu évolué depuis ses débuts. Les projections XXL, les images spectaculaires, les rencontres avec les athlètes... Tout est là, bien rodé. Peut-être un peu trop bien rodé ? Pas sûr que cette édition 2025 révolutionne la formule, mais tant que l’adrénaline coule à flot, on ne va pas bouder notre plaisir. Un décollage au Grand Rex avant une tournée marathon Comme à son habitude, Montagne en Scène démarre les festivités au Grand Rex à Paris , ce cinéma-cathédrale où l’on vient communier devant des avalanches de pixels ultra-HD. Le 7 avril, les fans se presseront pour une première soirée qui s’annonce aussi chargée qu’un bivouac mal optimisé. Ensuite, place à la grande boucle : 23 pays, 250 villes, des salles pleines à craquer et une tournée qui trace plus vite qu’une cordée lancée dans les Drus avant l’orage. La recette est éprouvée, efficace, et ça marche. Les films : la vraie raison de s’asseoir dans une salle obscure Parce que soyons clairs : ce qui fait le sel du festival, c’est avant tout la sélection de films. Et cette année encore, il y a du gros calibre. 🎥 LA RUBIA – Les nerfs à vif dans la grotte andalouse 📌 Durée : 30 minutes 🎬 Réalisation : Bronwyn Hodgins & Julia Cassou ⭐ Avec : Bronwyn Hodgins Bronwyn Hodgins n’est pas du genre à se laisser dicter la gravité. Adepte des big walls, elle a traîné ses chaussons de la Baffin aux parois les plus folles du Groenland. Sauf que cette fois, c’est son mental qui a lâché avant ses doigts. Épuisée par une année d’expéditions enchaînées, elle atterrit en Andalousie avec un seul but : se remettre en selle sur un projet qui l’effraie. Son défi ? "La Rubia" (8C+), une ligne démente de 55 mètres qui monte aussi raide qu’un plan de relance économique. Une lutte où chaque mouv’ est une bataille entre la fatigue, le doute et cette obsession un peu dingue qui fait que certains ne savent pas lâcher prise. 🎥 BIG WATER THEORY – Pagayer au bord du précipice 📌 Durée : 60 minutes 🎬 Réalisation : Emile Dominé ⭐ Avec : Nouria Newman, Jules Dominé, Maël Nguyen On sait que le kayak de gros volume est une discipline de cinglés. Mais là, on passe carrément dans une autre dimension. Nouria Newman, qu’on ne présente plus dans le milieu (multi-médaillée, pionnière du kayak extrême féminin, et capable de survivre à un rapide sans gilet de sauvetage...), embarque avec ses potes Jules Dominé et Maël Nguyen pour la descente de la Gorge Rondu de l’Indus au Pakistan. Un labyrinthe liquide où une erreur de lecture peut coûter plus cher qu’un aller-retour en première classe pour Islamabad. Un film sur l’instinct, l’amitié et cette étrange pulsion qui pousse certains à sauter dans des torrents qui ne leur ont rien demandé. 🎥 BURDEN OF DREAMS – Quand l’obsession devient un art martial 📌 Durée : 30 minutes 🎬 Réalisation : Gilles Charlier, Léopold Renié et Cyril Salomon ⭐ Avec : Simon Lorenzi Certains cherchent les sommets, d’autres traquent les cailloux parfaits. En 2021, Simon Lorenzi entre dans la légende en libérant " Soudain Seul ", un 9A bloc à Fontainebleau. Un niveau de difficulté à la limite de l’absurde, où chaque prise semble avoir été dessinée pour briser des rêves. Son prochain défi ? " Burden of Dreams ", le tout premier 9A bloc de l’histoire, en Finlande. Un mur de pure agonie, cinq mouvements impossibles, et des mois de combat pour un enchaînement qui dure moins de dix secondes. Un film qui déconstruit le mythe du grimpeur "cool" pour montrer l’envers du décor : obsession, frustration et acharnement pur. Parce qu’à ce niveau, la victoire ne tient pas à la force des bras, mais à un état d’esprit quasi monastique. 🎥 CRYSTAL SHIP – Premier de cordée à l’autre bout du monde 📌 Durée : 40 minutes 🎬 Réalisation : Oliviero Gobbi ⭐ Avec : Jérôme Sullivan, Christophe Ogier et Victor Saucède Loin des foules et des classiques, Jérôme Sullivan, Christophe Ogier et Victor Saucède sont de ceux qui cherchent les lignes que personne n’a encore osé toucher. Cette fois, direction le Pakistan, sur le glacier Hispar, pour une première sur le Pumari Chhish Est (6 850m). Les mecs partent avec un objectif simple : ne pas mourir et si possible arriver en haut.  Résultat : une ligne de malade, une première qui décroche un Piolet d’Or et un film qui sent la sueur, la glace et les nuits sous zéro. De l’alpinisme comme on l’aime : brut, engagé, et sans paillettes. Montagne en Scène : une institution bien huilée Difficile de critiquer un festival qui, depuis 2013, fait un boulot monstrueux pour populariser l’aventure sur grand écran. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 📍 12 ans d’existence 📍 23 pays couverts 📍 250 villes sur la tournée 📍 230 000 spectateurs chaque année Reste que la mécanique est bien huilée, peut-être un peu trop. Montagne en Scène déroule son format avec l’efficacité d’un relais mille fois répété : un enchaînement de films bien calibrés, des images léchées, un public conquis d’avance. Mais à force de rester dans les rails, on se demande si le festival ne mériterait pas un petit coup de vent de face, une prise de risque, une secousse qui viendrait bousculer le cadre. Moins de prévisible, plus d’instinctif. Moins de polissage, plus de chaos. En attendant, soyons honnêtes : si vous aimez les frissons, les grands espaces et les histoires où la montagne ne fait pas de cadeaux, vous trouverez votre compte. 📆 Rendez-vous en avril 2025 Que vous soyez grimpeur, alpiniste, kayakiste ou simple voyeur de l’extrême, Montagne en Scène 2025 est dans les starting-blocks. À vous de voir si vous embarquez.

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