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  • Arkose rachète Vertical'Art Chevaleret

    Nous vous annoncions hier que Vertical'Art Pigalle fermait ses portes , aujourd'hui c'est le rachat de leur salle Vertical'Art Chevaleret qui marque le retrait complet du réseau du marché parisien pour concentrer ses efforts sur le développement de l'escalade dans d'autres régions de France. Une stratégie qui vise à rendre l’escalade plus accessible, en élargissant leur présence au-delà de la capitale, où la concurrence s'est intensifiée ces dernières années . Un nouveau départ sous le nom d'Arkose Vertical'Art Chevaleret devient donc Arkose Chevaleret. Un changement qui permet aux grimpeuses et grimpeurs détenteurs d'un accès Vertical'Art Chevaleret (abonnement, cours, carte de 10 entrées) de bénéficier immédiatement d'un accès à l’ensemble du réseau Arkose . Les cours et stages de la salle seront maintenus aux mêmes horaires, tarifs et conditions, garantissant une continuité pour tous les inscrits. L'ensemble des abonné(e)s ont reçu un e-mail détaillant la procédure à suivre pour personnaliser leur nouveau compte Arkose. Les réactions des grimpeurs et grimpeuses de Vertical'Art Chevaleret sont nombreuses et teintées de tristesse. Beaucoup expriment leur attachement profond à cette salle et à la communauté qui s'y est formée . Pour nombre d'entre eux, Vertical'Art Chevaleret n'est pas seulement un lieu de sport, mais un véritable espace de convivialité et de partage. Une transition qui marque évidemment la fin d'une époque pour cette communauté et pour le réseau mais, contrairement à celle de Pigalle qui ferme définitivement, cette salle continuera d'exister dans le cadre de ce rachat . Il nous paraît également nécessaire de rappeler que c'est aussi ça d'entreprendre : prendre des décisions difficiles pour assurer la pérennité d'une entreprise . La fermeture de la salle de Pigalle et la transformation de Chevaleret en Arkose illustrent bien la nécessité d'adaptabilité et de vision stratégique qui sont plus que jamais nécessaires dans l'univers mouvementé de l'escalade en salle. Arkose : Une expansion en région parisienne Arkose renforce ainsi sa présence avec douze salles en région parisienne : Didot Issy-les-Moulineaux Montmartre Montreuil Nanterre-Arboretum Nation Pantin bloc Pantin voie Pont de Sèvres Strasbourg Saint-Denis Massy Chevaleret Autant de salles qui s'ouvrent donc comme des opportunités pour les grimpeuses et grimpeurs, mais aussi un challenge de taille pour Arkose qui devra réussir à accueillir cette communauté et des salarié(e)s attachés à Vertical'Art .

  • Escalade aux JO de Paris 2024, toutes les informations essentielles

    L'escalade sportive se prépare pour sa deuxième apparition aux Jeux Olympiques lors des Jeux de Paris 2024 . Après ses débuts à Tokyo en 2020, le format olympique intègre des modifications essentielles pour améliorer la compétition . Voici tout ce que vous devez savoir sur les règles, les formats, les dates, le système de points et autres détails importants des épreuves d'escalade à Paris 2024. © Jan Virt Le système de qualifications Pour garantir la participation des meilleures grimpeuses et grimpeurs à Paris 2024, plusieurs voies de qualification ont été mises en place : 1. Championnats du Monde IFSC 2023 : Les meilleur(e)s finalistes se sont qualifié(e)s pour les Jeux Olympiques. 2. Championnats Continentaux : Les gagnant(e)s de chaque continent se sont qualifié(e)s. 3. Événements de Qualification Olympique : Des événements spécifiques organisés par l'IFSC ont offert des places de qualification supplémentaires. Pour comprendre dans le détail le fonctionnement des Olympic Qualifier Series (OQS) rendez-vous sur cet article . Le changement du format et discussions À Tokyo 2020, le format combiné qui incluait Bloc, Difficulté et Vitesse a suscité des débats parmi la communauté des grimpeuses et grimpeurs et les athlètes eux-mêmes. Beaucoup ont estimé que combiner des disciplines aussi différentes ne reflétait pas correctement les compétences des athlètes . En réponse à ces critiques, le Comité International Olympique (CIO) et la Fédération Internationale d'Escalade (IFSC) ont décidé de séparer la Vitesse du combiné Bloc et Difficulté pour Paris 2024, visant à offrir une compétition plus équitable et spécialisée. © Jan Virt Les règles et formats des compétitions À Paris 2024, l'escalade sportive comprendra deux épreuves distinctes : une pour le combiné Bloc et Difficulté et une autre pour la Vitesse. C'est un changement important par rapport à Tokyo 2020, où les athlètes concouraient dans un format combiné incluant les trois disciplines : Bloc, Difficulté et Vitesse. 1. Combiné Bloc et Difficulté : Bloc : Les grimpeuses et grimpeurs tenteront de résoudre une série de problèmes sur un mur de 4,5 mètres dans un temps limité. Les points sont attribués en fonction du nombre de blocs réussis et des tentatives effectuées. A chaque nouvelle tentative l'athlète perd des points, et à noter que des zones intermédiaires sur chaque bloc rapportent également des points. Difficulté : Les grimpeurs tenteront d'atteindre le point le plus haut possible sur un mur de 15 mètres en un temps limité de six minutes. Les points sont attribués en fonction de dernière prise tenue, un seul essai est possible. Plus l'athlète monte haut, plus les prises rapportent des points. Une grimpeuse ou un grimpeur de l’épreuve combinée peut récolter au total un maximum de 200 points. C'est le score combiné de ces deux épreuves qui déterminent le classement final et donc les athlètes qui iront sur le podium. 2. Vitesse : Pour cette épreuve, les athlètes se mesurent sur un mur standardisé de 15 mètres avec 5% d'inclinaison. La grimpeuse ou le grimpeur atteignant le sommet avant son adversaire remporte la manche. Les athlètes les plus rapides avancent à travers des rondes éliminatoires jusqu'aux finales. Le programme pour les JO Paris 2024 d'escalade Les compétitions d'escalade sportive se dérouleront du 5 au 10 août 2024. Le calendrier est le suivant : Lundi 5 août 10h00 : Demi-finale masculine de bloc 13h35 : Qualifications féminines de vitesse Mardi 6 août 10h00 : Demi-finale féminine de bloc 13h35 : Qualifications masculines de vitesse Mercredi 7 août 10h00 : Demi-finale masculine de difficulté 12h35 : Phases finales féminines de vitesse (quarts de finale, demi-finales et finale) et remise des médailles Jeudi 8 août 10h00 : Demi-finale féminine de difficulté 12h35 : Phases finales masculines de vitesse (quarts de finale, demi-finales et finale) et remise des médailles Vendredi 9 août 10h15 : Finale masculine de bloc 12h35 : Finale masculine de difficulté et remise des médailles Samedi 10 août 10h15 : Finale féminine de bloc 12h35 : Finale féminine de difficulté et remise des médailles © David Pillet Les athlètes à suivre Plusieurs grimpeuses et grimpeurs d'élite sont très attendus pour cette édition des Jeux Olympiques de Paris 2024. Parmi eux : Janja Garnbret (Slovénie) : Championne olympique en titre en escalade sportive féminine, elle excelle en bloc et en difficulté. Adam Ondra (République Tchèque) : Une légende de l'escalade, détenteur de nombreux records en escalade en extérieur. Samuel Watson (États-Unis) : Dernier détenteur du record du monde de vitesse, avec un chrono de 4'79. Pour retrouver la liste complète des 68 athlètes, classé(e)s par épreuve, genre et pays, qui participeront aux épreuves d'escalade à l'occasion des Jeux Olympiques 2024, rendez-vous sur cet article . Vous trouverez également sur ce lien les grimpeuses et grimpeurs qui représenteront la France à cette occasion. © Olympics Où se dérouleront les épreuves d'escalade ? Les épreuves d'escalade pour les JO de Paris 2024 auront lieu au Bourget, dans des infrastructures entièrement remises à neuf et avec des murs d'escalade flambants neufs . Un espace prévu pour accueillir plus de 6 000 spectateurs par jour. L'installation prévue pour ces épreuves prévoit une immense couverture permettant de créer de l'ombre aux athlètes , mais qui peut également servir de protection contre la pluie si la météo l'oblige. Pour tout savoir sur les infrastructure du Bourget, rendez-vous sur cet article . Comment suivre l'escalade en live ? France Télévisions a lancé « france.tv Paris 2024 » accessible depuis le 8 mai, cette plateforme permet de suivre en direct et gratuitement des disciplines comme le BMX, le break dance, le skateboard, le surf, et l'escalade . La création d'un compte est obligatoire mais aucun abonnement n'est nécessaire, il suffit de se rendre sur ce lien pour en profiter. Les Jeux Olympiques de Paris 2024 promettent d'être une vitrine particulièrement captivante pour l'escalade sportive, avec un nouveau format mettant en lumière les divers défis de ce sport. Ça démarre lundi et on a déjà hâte d'y être !

  • OneTopo : La nouvelle application qui révolutionne les topos d’escalade

    Depuis des décennies, les topos papier ont été les fidèles compagnons des passionné(e)s d’escalade , qu’ils soient adeptes de bloc, de couenne ou de grandes voies. Mais aujourd'hui, avec l'évolution des technologies et l'arrivée de nouvelles générations, il est possible de repenser cet outil pour le rendre plus facile d'accès. OneTopo, une toute nouvelle application mobile, propose une solution moderne et pratique , adaptée aux grimpeuses et grimpeurs d’aujourd’hui. Une appli pensée pour toutes les pratiques OneTopo a été conçue pour répondre aux besoins des grimpeuses et des grimpeurs modernes. Plus besoin de chercher des topos papier en rupture de stock ou de trimballer une pile d’ouvrages sur le terrain . Désormais, grâce à cette appli, tout est à portée de main, directement accessible sur votre smartphone. L'application offre différents avantages : Des topos disponibles immédiatement : pas besoin d'attendre une livraison ou de vous rendre en librairie. L’équivalent d'une bibliothèque dans la poche : tous vos topos regroupés dans une seule appli. La possibilité de marquer et commenter les voies/blocs effectués : idéal pour ne pas refaire 10 fois les mêmes voies ou retrouver celles que vous travaillez. Des topos à jour et participatifs : les informations évoluent en permanence, avec l’aide des contributions de la communauté. Orientation simplifiée : avec des cartes interactives et la géolocalisation, vous ne vous perdrez plus lors des approches. Trouver une voie devient un jeu d’enfant. Soutenir les falaises et les ouvreurs Mais OneTopo va plus loin qu’un simple outil numérique. En achetant des topos via l’application, vous soutenez directement le développement et l’entretien des sites d’escalade . Une partie des bénéfices est reversée aux ouvreurs locaux, permettant ainsi de financer l’équipement de nouvelles voies et la préservation des falaises existantes. Un modèle vertueux qui combine modernité et respect des valeurs de l’escalade. L’histoire derrière OneTopo Derrière OneTopo, il y a Emile et Ivann, deux ingénieurs passionnés d’escalade. Tombés dans l’escalade il y a une dizaine d’années, ils ont rapidement constaté que les topos papier, bien qu’indispensables, n’étaient plus adaptés aux usages modernes. Ils ont alors décidé de créer une solution numérique pour répondre aux besoins des grimpeuses et des grimpeurs, tout en préservant l'esprit de la discipline . Emile a d'abord co-fondé Boolder, une application gratuite dédiée aux topos de blocs de Fontainebleau , qui a rencontré un succès immédiat avec plus de 40 000 téléchargements . L’appli est rapidement devenue incontournable, avec des retours enthousiastes d'utilisateurs du monde entier, y compris de grimpeurs de renom comme Alex Honnold, qui a déclaré : "Boolder est génial ! Ça m'a aidé à faire tout le circuit blanc d'Isatis. C'est tout ce que j'utilise maintenant." Ce succès a renforcé sa volonté de créer OneTopo, une application plus complète et dédiée aux sites de falaises. Leur objectif est simple : offrir aux grimpeuses et grimpeurs un outil moderne, tout en collaborant étroitement avec les acteurs locaux pour développer un projet respectueux des communautés et des sites. Un projet collaboratif au service des sites d’escalade OneTopo s’appuie sur des collaborations locales pour proposer des topos de qualité . Parmi leurs premiers partenaires, on retrouve le Cosiroc pour le viaduc des Fauvettes, Sud-Oise-Escalade pour l'ancienne carrière de St-Maximin, ainsi que le CT FFME de l’Eure pour les falaises des Andelys. L’appli permet aussi d’enregistrer ses ascensions, de commenter les voies et de partager ses retours avec la communauté . De nouveaux topos sont déjà en préparation, comme celui du site de Brezellec dans le Finistère, où Hugo Parmentier et Benjamin Bouissou ont récemment ouvert et équipé plusieurs voies. Avec OneTopo, les grimpeuses et grimpeurs disposent d’un outil à la fois moderne et respectueux de l’éthique de l’escalade . Fini les topos papiers usés et encombrants : cette appli rassemble toutes les informations nécessaires pour vos sorties, tout en soutenant le développement de nouveaux sites d’escalade. Que vous cherchiez à découvrir un nouveau spot ou à préparer votre prochaine ascension, OneTopo est là pour vous accompagner à chaque étape. Pour télécharger gratuitement OneTopo sur l'App Store. Pour télécharger gratuitement OneTope sur Play Store .

  • La Coupe du Monde IFSC à Briançon disparaît du calendrier 2025 : une étape historique non renouvelée

    La nouvelle est tombée discrètement, sans véritable communication officielle : Briançon ne figure plus sur le calendrier de la Coupe du Monde IFSC pour 2025 . Bien que l'IFSC ait dévoilé hier son programme , qui inclut 12 étapes réparties entre avril et septembre, la mythique ville alpine ne fait pas partie de la liste. En revanche, l'étape de Chamonix, autre rendez-vous clé du circuit français, est bien maintenue pour juillet. © David Pillet Une étape historique qui disparaît Briançon, qui accueillait chaque année depuis 14 ans la Coupe du Monde d’escalade, était un rendez-vous incontournable pour les passionné(e)s d'escalade. Avec un tout nouveau mur inauguré en 2023, surnommé "Le Nid", la ville avait renforcé son statut dans le circuit en offrant un cadre unique, alliant modernité et tradition. Conçu par l'architecte Grégory Poles , ce mur emblématique est le fruit de neuf ans de travail. Malgré les difficultés rencontrées lors de la construction, il avait su attirer l’attention par son design inspiré de la canopée et ses matériaux en bois locaux Cette absence soulève des questions quant à l'avenir de Briançon sur la scène internationale de l’escalade . Alors que le mur était encore tout récent, il semble que l’IFSC ait préféré se concentrer sur d'autres destinations, dont certaines nouvelles comme Curitiba au Brésil, ou un retour attendu à Bern, en Suisse. Les raisons d’une disparition silencieuse L'IFSC n'a pas explicitement communiqué sur les raisons de cette disparition , mais il semblerait que des ajustements stratégiques, probablement pour des raisons financières, et la recherche de nouvelles destinations, aient pesé dans la balance. La concurrence accrue entre les villes hôtes et l’évolution du calendrier international ont pu jouer un rôle dans cette décision. De plus, l'ajout de nouvelles destinations comme Curitiba au Brésil et Klagenfurt en Autriche pourrait indiquer une volonté de diversifier les événements . Briançon perdrait non seulement une source de visibilité internationale, mais aussi un événement qui rassemblait chaque été des milliers de passionné(e)s autour de performances d'élite. Reste à savoir si cette absence sera temporaire ou si la ville pourra faire son retour. Edit 01/10/2024 à 14:11 Depuis la publication de cet article, il est apparu que le calendrier de la Coupe du Monde IFSC 2025 n’est pas encore totalement finalisé. L’IFSC a annoncé qu’une sixième étape pour les disciplines de vitesse et de difficulté est encore en cours d’évaluation. Nous suivrons de près les prochaines annonces pour vous tenir informés des dernières évolutions. Pour consulter le programme complet 2025, rendez-vous sur cet article .

  • Un nouveau cycle démarre : l'IFSC dévoile le calendrier des compétitions 2025

    L'IFSC (International Federation of Sport Climbing) a annoncé hier le calendrier officiel de la saison 2025, qui promet d'être particulièrement riche en nouveautés. Avec 12 étapes de la Coupe du Monde et deux championnats majeurs, cette saison, qui s'étend d'avril à septembre, s'annonce très diversifiée. Plusieurs nouvelles destinations intègrent le circuit mondial, tandis que des villes historiques font leur retour . © David Pillet Un programme varié et international La saison débutera en avril avec une première étape à Keqiao, en Chine, pour la deuxième année consécutive. Wujiang accueillera ensuite une compétition combinée de difficulté et de vitesse. Parmi les nouveautés marquantes de cette saison, Curitiba, au Brésil, accueillera pour la première fois une étape de Coupe du Monde en Amérique du Sud, une ville polonaise encore à définir sera ajoutée, et Klagenfurt, en Autriche, proposera une compétition de vitesse en juillet. Berne, en Suisse, fera également son retour après avoir accueilli les Championnats du Monde en 2023 . Ce retour dans le circuit mondial est très attendu, la dernière Coupe du Monde y ayant eu lieu en 2008. Le point culminant de la saison sera le 19e Championnat du Monde de l'IFSC, qui se tiendra à nouveau à Séoul, en Corée du Sud, en septembre 2025. Briançon : une absence remarquée Bien que Briançon ait été un lieu emblématique pour la Coupe du Monde d’escalade ces dernières années, la ville française ne figure plus sur le calendrier 2025 . Cette décision laisse place à de nouvelles destinations, comme Curitiba et Klagenfurt, ainsi qu'à un retour de Berne. Néanmoins, Chamonix conserve sa place en tant qu’étape clé pour les compétitions de difficulté et de vitesse . Un sport en pleine expansion Avec ces ajouts, l’IFSC continue de promouvoir l’escalade dans de nouveaux territoires tout en renforçant son programme pour la jeunesse , avec des championnats du monde à Helsinki, en Finlande. La diversification des lieux montre la volonté de l’IFSC de toucher un public plus large et d'accroître la visibilité mondiale de l'escalade. Cette nouvelle saison s’annonce donc riche en compétitions de haut niveau, avec des grimpeuses et grimpeurs du monde entier prêts à se mesurer sur des murs de plus en plus variés. Le calendrier de la grimpe complet à retrouver ici.

  • Seb Bouin et le free solo : malaise Total ?

    Le 28 septembre dernier, Seb Bouin s'est embarqué dans son premier free solo sur la tour de l'entreprise Total Energies, à la Défense. Lorsqu'il se place au pied du colosse de verre, il est bien loin de se douter que cette ascension urbaine en compagnie de la star du genre, Alain Robert, alimentera une immense polémique . © Piet pour Vertige Media Tout a commencé par un choix. Celui de prendre comme terrain de jeu, l’édifice de l’entreprise la plus critiquée de France sur son impact environnemental : la Tour Total. Un gratte-ciel de 190m, planté en plein cœur du quartier de la Défense, à Courbevoie. Les discussions ont rapidement pris de l’ampleur, opposant ceux qui considéraient cette ascension comme problématique à cause de la symbolique du bâtiment, et ceux pour qui l'importance du symbole se dilue dans le cadre de la pratique de l’escalade urbaine . Cet évènement révèle en réalité autant les points de convergence que les tensions entre l’escalade traditionnelle, plus connectée à la nature, et l’escalade urbaine, perçue comme marginale et transgressive. Total Recall Il faut dire que le projet avait tout d’un blockbuster . Sur un côté de l’affiche, Alain Robert, 62 ans, surnommé « Le Spiderman Français » qui s’est accroché librement à toutes les grandes tours vitrées de la planète. De l’autre, Seb Bouin, 31 ans, l’un des trois meilleurs grimpeurs de l’escalade sportive à avoir ouvert un 9c. Le synopsis ? La grande première sans baudrier d’un jeune trentenaire cornaqué par un vieux loup de la discipline pour une virée verticale au cœur du plus grand quartier d’affaire de France. Sauf qu’il n’a pas fallu attendre longtemps après la fin du film pour que les premières critiques fusent. La première mèche est allumée par le média en ligne Fanatic Climbing. D’abord « surpris » par l’engagement de Seb Bouin dans ce type d’ascension, son éditorial pointe surtout une opération de communication malheureuse allant même jusqu’à se demander si les grimpeurs n’auraient pas fait la publicité indirecte de Total Energies. « Je lui ai demandé de me proposer une tour facile pour un premier solo urbain à ses côtés, et c’est celle-ci qu’il m’a suggérée » Seb Bouin, quant à lui, n’avait pas anticipé la polémique. « Je ne pensais pas que cela prendrait une telle ampleur. Je cherchais simplement à rencontrer Alain Robert et à vivre cette expérience ». Nous explique t'il lors de notre échange téléphonique à ce sujet. Concernant le choix de la tour, Seb Bouin explique qu’il n’a pas été motivé par des considérations politiques ou économiques : « Je lui ai demandé de me proposer une tour facile pour un premier solo urbain à ses côtés, et c’est celle-ci qu’il m’a suggérée. Jusqu'au bout je n'étais pas certain que j'allais réussir à le faire ». Leo Urban, qui se réjouit de voir Seb Bouin mettre l’univers de l’escalade urbaine en lumière, nous confirme d'ailleurs que c'était une proposition raisonnable : « Cette tour est accessible, particulièrement pour Alain Robert qui a 62 ans. Et pour une première expérience dans cet univers pour Seb c'est un choix de survie ». Seb nous a d’ailleurs confirmé qu'il avait prévenu Alain qu'il pourrait très bien redescendre à 15 mètres s'il ne se sentait pas à l'aise, ce qui est loin d'être une option possible sur toutes les ascensions de ce type. Seb Bouin et Alain Robert sur la tour Total © Jan Virt Écologie à géométrie variable Le choix, toujours le même, d’escalader la tour Total a soulevé un véritable débat sur la responsabilité écologique des sportifs. Le site Fanatic Climbing a rappelé que Total est responsable de 68 % des émissions de gaz à effet de serre en France en 2018. Seb Bouin s’est alors vu reproché une association malvenue avec un géant des énergies fossiles , lui dont l’image est pourtant souvent liée à une pratique proche et respectueuse de la nature. Cela dit, à rebours des critiques, les grimpeurs urbains que nous avons contactés balayent d'un revers de main une controverse qui n'a pas lieu d'être. Alexis Landot , qui connaît bien la tour pour l’avoir escaladée à plusieurs reprises, nous explique d’ailleurs que les options ne sont pas nombreuses : « Des tours appartenant à des entreprises aux agissements très critiquables, il n'y a que ça. Si Greenpeace avait son siège dans une tour gigantesque, on l’aurait escaladée ». « L’escalade urbaine, c’est avant tout un défi personnel, pas une déclaration politique » Ce point soulève un paradoxe intéressant. D’un côté, on reproche à Seb Bouin d’avoir mis en lumière un bâtiment controversé - De l’autre, on oublie que la très grande majorité des grimpeurs urbains se lancent dans des projets sans vraiment tenir compte de la symbolique des lieux qu’ils escaladent . « L’escalade urbaine, c’est avant tout un défi personnel, pas une déclaration politique », insiste Alexis Landot. Ce point de vue est partagé par Leo Urban, autre grimpeur urbain reconnu, qui était présent lors de l’ascension : « La tour Total, c'est un grand classique pour le free solo urbain, et à mon avis, ça doit plus leur casser les pieds qu'autre chose de voir autant de monde risquer leur vie sur les fenêtres de leurs bureaux ». Seb Bouin et Alain Robert sur la tour Total © Jan Virt La France offre pour l'instant un terrain de jeu relativement permissif quant à ce genre de défi, puisqu’un flou juridique empêche les autorités de décourager ces pratiquants. Pour l’instant du moins puisque Leo Urban nous explique aussi que de nouvelles réglementations vont être prochainement appliquées : « La tour Total va faire partie des premières où l'on pourrait être condamné à payer une amende, justement parce qu'elle est trop souvent escaladée. S'il fallait une preuve que même eux ne considèrent pas que ça leur fait une bonne publicité... » Quoi qu'il en soit, Seb Bouin s’efforce à notre micro de défendre ses positions écologistes . Lui qui estime posséder une empreinte environnementale bien plus faible  que la majorité des athlètes de son niveau « Je connais personnellement tous les producteurs locaux auprès desquels je m’approvisionne, et je ne fais pas plus de deux voyages en avion par an » , précise-t-il. Le désamour du risque L’affaire a également mis en lumière la position délicate des sponsors. Seb Bouin a consulté Black Diamond, son principal sponsor, avant de se lancer dans l’ascension. « Je leur ai demandé si ça leur posait problème, ils m’ont dit que non », affirme-t-il. Une approbation discrète qui résonne avec la position d’autres marques , comme Petzl, qui préfèrent éviter toute association avec le free solo pour des raisons de sécurité. François Kern, directeur marketing de Petzl, nous explique que la marque soutient ses athlètes, mais reste attachée à ses valeurs de sécurité . « Nous ne faisons pas la promotion du free solo, même si plusieurs de nos athlètes s’y adonnent régulièrement ». Il cite également l’exemple récent de Symon Welfringer , qui a réalisé une ascension en solo auto-assuré, utilisant un Grigri modifié. « Nous lui avons demandé de retirer la séquence vidéo où l'on voit ce Grigri modifié, car cela contrevient à nos principes de sécurité ». Petzl, fidèle à sa philosophie, a mis en avant la sécurité comme une priorité non négociable dans ses partenariats avec les athlètes « C'est un motif de rupture de contrat ». précise François Kern. Seb Bouin et Alain Robert avant leur ascension © Jan Virt Au-delà de la position officielle, François Kern tient tout de même à souligner que d’autres disciplines tout aussi risquées, comme le ski de pente raide, l'alpinisme ou la plongée en apnée, ne font pas l’objet de la même controverse médiatique . Pourtant, ces pratiques comportent un risque équivalent, voire supérieur. Pour lui, c’est la nature spectaculaire du free solo qui en fait une pratique à part : « Mais on va pas se mentir, des gens qui font du free solo, il y en a un paquet. Juste, ils n'en parlent pas ». L'indignation comme levier de communication Un autre ingrédient de cette controverse réside dans l’amplification médiatique de l’événement. Alexis Landot, sceptique quant au traitement de cette ascension, dénonce une tendance à la simplification des débats. « En très peu de temps, on a à la fois glorifié le free solo et verrouillé la pensée autour de son impact. » Selon lui, la médiatisation de l’ascension a davantage cherché à attirer l’attention qu’à comprendre réellement les enjeux de l’escalade urbaine . Ce phénomène, déjà présent dans d'autres disciplines, montre à quel point la notoriété de Seb Bouin a joué un rôle dans la controverse. Alexis Landot souligne également l’hypocrisie de certains acteurs : « Je rigole bien quand des sites publient un article pour dénoncer l’ascension de Seb, alors qu'il y a quelques mois ils étaient ravis de faire un cross post Instagram d'une vidéo de mon ascension sur cette même tour ». Pour lui, ce double discours, qui semble se brancher sur un courant d’opportunisme, est symptomatique d’une tendance actuelle où l’indignation devient un levier comme un autre pour capter l’attention. « Une négligence de ma part » À l'origine, Seb Bouin avait prévu de faire immortaliser l’ascension par un ami, mais celui-ci n’étant pas disponible, il a fait appel à Jan Virt, photographe officiel de l’IFSC (Fédération Internationale d'Escalade) . Jan Virt, bien qu'il n'était pas en mission pour l'IFSC, a capturé, partagé et commercialisé ces images qui ont contribué à donner une dimension plus officielle à l’événement. « J’ai demandé à Jan de prendre les photos quelques jours avant, c’était assez improvisé, il habite pas loin », nous explique Seb Bouin. Concernant la photo polémique où le logo Total apparaît en gros plan , Seb Bouin clarifie : « Cette photo où l'on voit en gros plan le logo, c’était une négligence de ma part. Instagram a automatiquement découpé l'image qui était en paysage pour le carrousel, et je n’y ai pas fait attention. Je n'aurais pas dû laisser passer ». La photo avant son découpage par Instagram © Jan Virt Ce qui, à l’origine, devait être une simple rencontre entre deux grimpeurs venus de mondes différents s’est rapidement transformé en un débat bien plus large, où se mêlent des questions d’écologie, de sécurité et de symbolisme. Seb Bouin, malgré ses intentions de vivre un défi personnel, s’est retrouvé au cœur d'une controverse qui montre à quel point la gestion de son image peut être délicate pour un athlète . À travers nos échanges, deux réalités se distinguent : d’un côté, les codes de l’escalade urbaine, encore mal connus du grand public, et de l’autre, un grimpeur de falaise, qui, bien qu’il ne cherchait pas spécialement à faire de cette ascension un coup médiatique, a tout de même pris quelques mesures pour la documenter. Le croisement de ces deux univers a révélé des tensions qui découlent, en partie, de cette méconnaissance mutuelle des attentes et des différentes lectures de l’événement. Que l’on approuve ou non cette ascension, elle ouvre un espace de réflexion sur l’évolution des pratiques sportives extrêmes et leur perception dans une société où chaque geste peut être scruté et interprété. Si cette attention accrue aux considérations sociales, politiques et environnementales est un signe des temps modernes – un progrès que l'on trouve positif –, elle peut aussi parfois entrer en collision avec des initiatives spontanées. Comme celle de Seb Bouin , qui, sans vouloir totalement rester en dehors du cadre, a manifestement sous-estimé le potentiel symbolique de cette ascension.

  • Neom Beach Games : l’escalade dans les sables mouvants

    Dans quelques semaines, les Neom Beach Games font leur grand retour en Arabie Saoudite . Au programme ? Les mêmes épreuves… et les mêmes polémiques. Vitrine du projet controversé de la ville futuriste Neom, l'événement divise le milieu de l’escalade de haut niveau. Entre les athlètes qui s’élèvent contre, les pressions silencieuses, et l’attitude embarrassante de l’IFSC : la compétition provoque une véritable tempête. Enquête sur un beau chantier. © Piet pour Vertige Media Un an après, on aurait pu espérer que les choses changent. Mais non. Les mêmes critiques, les mêmes polémiques, et toujours cette sensation de crier dans le désert ... Alors que l’an dernier, l’organisation de cette compétition en Arabie Saoudite avait déjà secoué le monde de l’escalade, les Neom Beach Games récidivent. Dans quelques semaines, 100 athlètes vont s'affronter sur des épreuves de vitesse et de bloc, au milieu d’un immense désert, sur les fondations d’une mégalopole qui n’existe même pas et qui célèbre un monde qui voudrait verdir entre deux puits de pétrole . Ce, avec le concours de la fédération internationale d’escalade, l’IFSC, qui a donc décidé de rempiler pour une année de plus. Et de prêter son image à une des plus grandes aberrations environnementales de l’histoire moderne. L’errance d’Arabie Bienvenue à Neom, donc. À l’origine, un désert. Demain, une mégalopole de près de 27 000 km² soit presque trois fois la taille de Paris . Pour ériger The Line, ville-édifice digne d’un film de science-fiction capable d’héberger 9 millions de personnes qui pourront toiser la Mer Rouge dans une ambiance futuriste où des gens ultra-riches se déplacent en hyperloop. Un projet titanesque aux ambitions écologiques illusoires, alors même que son chantier pourrait émettre plus de 1,8 milliard de tonnes de CO2 . Un vingtième des émissions mondiales actuelles. Ce chantier pose les fondations d’une opération de communication gigantesque de La démesure du projet est proportionnelle à la volonté de l’Arabie Saoudite d’assumer un soft-power en pleine érection. L’objectif ? Attirer l’attention du monde entier, mais cette fois, au-delà du pétrole. Et c’est en plein cœur de cette extravagance qu’une compétition sportive comme les Neom Beach Games lance sa deuxième édition. Au programme : basket 3x3, triathlon, beach soccer et... escalade ! Les jeux de la honte Pour beaucoup de grimpeurs, professionnels ou amateurs, l’escalade n’a pas sa place au sein des Neom Beach Games. En témoigne la lettre ouverte du collectif défenseur de la montagne ACTS (Action Collective de Transition pour nos Sommets, ndlr), qui avait fait beaucoup de bruit au moment de sa publication l'année dernière. Signé par plusieurs grands noms de l’escalade tels que Nolwen Berthier, Hugo Parmentier, Soline Kentzel ou Sébastien Berthe, le texte engagé, transformé par la suite en pétition, demandait des comptes à la fédération internationale, lui reprochant un choix contraire à la mission qu’elle s’est elle-même donnée de « créer un monde meilleur grâce à l’escalade » . Réponse ? Silence radio. Face à l’omerta, c’est sur les réseaux sociaux que les débats se sont prolongés. De nombreux athlètes du circuit mondial se sont positionnés contre la tenue de cet événement et ont encouragé les participants à prendre la parole ou à décliner l’invitation. Problème : aucun athlète n’a exprimé de regrets suite à sa participation. Manuel Cornu, finaliste de la dernière édition en bloc - s’il a finalement décidé de reverser ses gains à une petite marque de vêtements techniques d’escalade, a même défendu les organisateurs et son choix de participer. Malaise ? Sans aucun doute. Cela dit, quand on interroge certains athlètes sur leur participation, la question se révèle plus complexe. Entre ignorance, sensibilité et défaut de communication, les grimpeurs peuvent aussi vite se retrouver face à un dilemme . « Lorsque j’ai reçu l’invitation, je ne connaissais pas du tout le projet Neom. J’ai même contacté la fédération pour vérifier que c’était une véritable compétition » explique l’un d’entre eux, sous couvert d’anonymat. Au sujet des critiques et appels au boycott, il évoque même une sorte d’hypocrisie. « La plupart des critiques de grimpeurs venaient de gens qui n’étaient pas invités. Quand vous avez le carton d’invitation entre les mains, que vous voyez l’opportunité de lancer votre saison avec une compèt’ comme celle-ci et les gains proposés, ce n’est pas évident de se dire qu’on peut refuser, se défend l’athlète. Maintenant, sur l’événement, je pense qu’il est difficile de s’y retrouver au niveau de ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Chacun a ses propres convictions, et ensuite il y a la réalité du sport de haut niveau. » poursuit-il, conscient du terrain glissant sur lequel il s’aventure. Il continue : « Il y a déjà eu des épreuves de coupe du monde organisées en Chine, un pays très critiqué également. Et plus personnellement, même si je considère que j’ai une sensibilité pour les questions environnementales, ce n’est pas compatible avec mon quotidien de sportif de haut niveau, qui exige de voyager aux quatre coins du monde en avion. » « Quand vous avez le carton d’invitation entre les mains, que vous voyez l’opportunité de lancer votre saison avec une compèt’ comme celle-ci et les gains proposés, ce n’est pas évident de se dire qu’on peut refuser » Pour d’autres athlètes, moins nombreux mais soucieux de faire entendre leur voix, il y a une véritable responsabilité à assumer chez les sportifs . Hugo Parmentier, membre de l’équipe de France depuis de nombreuses années, fait aussi partie des militants contre l’organisation des Neom Beach Games qui ont rédigé la tribune d’ACTS sortie en 2023. S’il comprend que la vie d’un sportif de haut niveau puisse être compliquée voire précaire, il considère que cela ne le dédouane pas de toute responsabilité. « Qu’on le veuille ou non, le sport est politique. Et les sportifs sont aussi là pour porter un message, affirme-t-il. Quel est le message lorsqu’on performe au nom d’un scandale environnemental et social dont le seul but est de satisfaire des ultra-riches qui ne subiront pas les effets destructeurs du réchauffement climatique ? » Il ajoute que dans le milieu de la grimpe, l’argument financier n’en est pas vraiment un. « Je connais quasiment tous les athlètes français, c’est un petit monde. On vient tous de milieux favorisés, et il y a d’autres manières de se faire de l’argent. » « Qu’on le veuille ou non, le sport est politique. Et les sportifs sont aussi là pour porter un message » La lourde responsabilité de la fédération Hugo Parmentier est surtout en colère contre l’IFSC, qu’il juge dans un « déni total » en préférant détourner du fond du sujet, à la manière de politicards ». Selon lui, la responsabilité de la fédération est énorme « Il est légitime de vouloir atteindre ses objectifs sportifs, ou pour la fédération de vouloir développer son sport, concède-t-il. Mais il faut toujours se poser la question : à quel prix ? Et concernant les Neom Beach Games, cela me semble insensé. ». Après tout, n’est-ce pas le mandat des fédérations nationales d’informer leurs athlètes du caractère promotionnel de l'événement et des différents aspects polémiques du projet Neom ? « C’est un sport en développement, c’est normal que de nouveaux événements émergent un peu partout, explique-t-il. Il faut du temps pour construire un calendrier stable et récurrent comme on peut le voir, par exemple, au tennis » Mickael Mawem, grand nom de l’escalade sportive, croit au rebond de la fédération, bien qu’il ne se prononce pas en faveur ou contre la tenue des Neom Beach Games . « Mais j’ai bon espoir pour que l’escalade trouve sa place et retrouve les valeurs qui sont les siennes. C’est un sport en développement, c’est normal que de nouveaux événements émergent un peu partout. Il faut du temps pour construire un calendrier stable et récurrent comme on peut le voir, par exemple, au tennis. Par le passé, il y a déjà eu des événements qui ont été arrêtés car ils ne correspondaient plus aux exigences de la fédé ou des athlètes. Et il y en a d’autres, dont l’initiative avait peu de sens environnemental au départ, qui ont réussi à trouver des moyens de réduire leur impact. » Pour lui, le principal est de préserver la liberté des acteurs de l’escalade . « Ce qui compte, c’est que chacun soit à l’aise avec ses propres valeurs, et que personne ne se sente forcé dans ses choix. » Or, cela ne serait pas toujours si évident, selon l’expérimenté grimpeur, qui observe également l’influence des sponsors auprès des athlètes. « Vous avez beau avoir vos propres convictions, si le sponsor qui paye votre t-shirt ou vos équipements souhaite vous voir sur un événement qui ne vous attire pas du tout, c’est difficile de dire non. » En atteste, selon lui, l’exemple d’Adam Ondra, très critique à l’égard de l’escalade de vitesse et des Jeux Olympiques, qui avait fini par y participer malgré tout , poussé par ses sponsors. D'après Hugo Parmentier, c’est précisément parce que l’escalade est un sport en plein développement qu’il s’agit de faire un choix. « Il est encore temps de décider de la direction que l’on veut prendre en tant que sport, veut croire le grimpeur de 26 ans. Encore plus que les autres sports, l’escalade a un rapport particulier à l’environnement. Ses pratiquants sont historiquement amoureux de la nature et leur épanouissement en dépend. Le respect de la nature et des autres usagers, des autres communautés, est intrinsèque à l’escalade. Il est encore temps de le rappeler en évitant de se mêler à des projets comme Neom. » Après ses débuts aux jeux olympiques et l’arrivée de nouveaux projets juteux comme le Neom Beach Games, nul doute que l’escalade de haut niveau est à un point clé de son développement . Entre soif d’expansion et devoir d’éthique, le dilemme reste entier.

  • Climb Up Lyon : L'accident mortel qui relance le débat sur la sécurité en salle

    Le 2 novembre 2024, un drame secoue la salle Climb Up Lyon Confluence : un grimpeur de 72 ans, expérimenté, chute de 20 mètres après avoir, selon les premiers rapports, oublié de s’attacher à l’auto-enrouleur. Ce simple oubli lui coûte la vie et relance un débat essentiel. En salle, un espace conçu pour la sécurité, cette tragédie rappelle brutalement que la vigilance individuelle est la dernière ligne de défense. © Climb Up Lyon La nouvelle se propage comme une traînée de poudre. Les articles affluent, les notifications pleuvent, et dans la communauté des grimpeurs, c’est le choc. Cette médiatisation massive suscite une question : jusqu’où va la responsabilité des grimpeurs et où commence celle des salles qui les accueillent ? Entre drame et sensationnalisme Certains articles ne s’embarrassent pas de nuances : certains parlent de « choix délibéré » de la victime, insinuant qu’il aurait sciemment renoncé à s’attacher . Y voyant même dans la décharge de responsabilité signée à l’entrée une preuve de ce « choix ». Ce genre de couverture transforme le drame en spectacle et flirte avec la caricature : les mots choisis donnent une image faussée de l’escalade. Pendant qu’on se perd en exagérations, le vrai problème – le manque de rigueur – passe à la trappe . L'auto-enrouleur : coupable évident ou bouc émissaire ? Malgré les critiques, l’auto-enrouleur ne semble pas être la cause principale des accidents en salle d'escalade . Les statistiques en Allemagne parlent d’elles-mêmes : sur 250 salles d’escalade, seules quatre blessures graves, dont un décès, ont été liées aux auto-enrouleurs en un an. Ces dispositifs, bien rodés, sont conçus pour garantir un maximum de sécurité, mais on les présente trop souvent comme « sans risques », accessibles à tous, souvent sans initiation. C’est précisément ce relâchement qui pose problème. Matthieu, grimpeur régulier, note des différences flagrantes entre les salles : « Dans certaines, on t’explique le fonctionnement de l’auto-enrouleur, on vérifie ton baudrier et on s’assure que tu es bien attaché avant de te laisser grimper. Dans d’autres, tu signes la décharge et te débrouilles. Ils demandent juste si tu sais utiliser le dispositif, mais personne ne vérifie. » Pire, certaines salles redirigent même vers les voies en auto-enrouleur les grimpeurs ayant échoué aux tests , sans suivi ni formation, comme une solution de facilité. « Dans certaines, on t’explique le fonctionnement de l’auto-enrouleur, on vérifie ton baudrier et on s’assure que tu es bien attaché avant de te laisser grimper. Dans d’autres, tu signes la décharge et te débrouilles. Ils demandent juste si tu sais utiliser le dispositif, mais personne ne vérifie. » La disposition des voies ajoute à la confusion. Dans certaines salles, des voies classiques d’assurage manuel sont installées juste à côté de celles équipées d’auto-enrouleurs , ce qui brouille les repères, surtout pour les débutants. Matthieu précise : « Certaines salles utilisent des bâches carrées qui forcent à s’attacher, mais d’autres posent de petites bâches faciles à contourner. Dans la précipitation, on peut vite s’y perdre. » « Certaines salles utilisent des bâches carrées qui forcent à s’attacher, mais d’autres posent de petites bâches faciles à contourner. Dans la précipitation, on peut vite s’y perdre. » Cette confusion est accentuée par la disparition des distinctions visuelles selon les compétences. Autrefois, un test à l’accueil permettait d’obtenir une carte accrochée au baudrier , indiquant qui avait le droit de grimper en tête ou en moulinette. Aujourd’hui, aucun contrôle visuel n’indique qui peut faire quoi. Il est facile de se voir interdire la grimpe en tête à l’accueil, puis de le faire dans la salle sans que personne ne s’en aperçoive. Certaines salles semblent considérer que leur responsabilité s’arrête à la signature d’une décharge et à des consignes données en vitesse . Après ça, plus de suivi : le grimpeur est livré à lui-même. Ce laxisme installe l’idée que l’auto-enrouleur et les autres dispositifs en salle sont sans contraintes, une perception erronée qui explique en partie pourquoi des accidents surviennent. La rigueur en escalade : une responsabilité partagée L’escalade demande une attention absolue. Vérifier son équipement, son nœud, son attache : des étapes simples mais vitales, que l’on néglige trop souvent. En salle, l’illusion de sécurité totale encourage un relâchement qui peut s’avérer dangereux. Ce risque de routine est au cœur des nouvelles directives de la FFME , qui, face à la démocratisation des auto-enrouleurs, a renforcé ses règles pour mieux encadrer leur utilisation. Ces directives incluent des consignes strictes de double contrôle, des barrières de protection qui obligent à s’attacher, et une vérification initiale des équipements . Mais cette rigueur n’est pas appliquée de manière uniforme, et trop de grimpeurs passent à côté des bases de sécurité. Les salles jouent un rôle crucial dans cette chaîne de sécurité, et leur mission ne s’arrête pas à une décharge ou une explication rapide. Certaines salles ont déjà adapté leurs installations en créant des espaces uniquement dédiés aux auto-enrouleurs, séparés des voies classiques pour éviter toute confusion . Mais d’autres mélangent les pratiques, avec des couloirs où cohabitent enrouleurs, moulinettes et assurage en tête, brouillant la distinction et multipliant les risques. Sans une supervision rigoureuse, cette organisation devient un facteur de danger. Au final, il est vrai que chaque grimpeur reste le garant ultime de sa sécurité, mais les salles ont aussi la responsabilité de sensibiliser aux dangers potentiels et de maintenir leur vigilance. Ce dernier accident en est une preuve amère : même les plus aguerris ne sont jamais à l’abri d’un instant d’inattention, et chacun, du débutant à l’expert, dépend de l’attention collective.

  • Accidentologie en escalade : ce que les chiffres de la FFME pour 2023-2024 nous disent vraiment

    Chaque année, la Fédération Française de Montagne et d’Escalade (FFME) dresse un état des lieux de la sécurité dans nos pratiques verticales . La saison 2023-2024, marquée par un record de 120 080 licencié.e.s, dévoile une accidentologie stable mais toujours préoccupante. Avec 445 sinistres enregistrés et deux décès tragiques , ce rapport n'est pas un simple inventaire : il invite à une réflexion collective sur nos responsabilités en tant que grimpeurs et encadrants. Plongée dans les chiffres et les récits qui dessinent l’état de la sécurité dans l’escalade. Des chiffres globalement stables, mais révélateurs Si le ratio sinistres/licencié.e.s reste faible (0,37 %), ce chiffre cache des nuances importantes. Parmi les sinistres, 76 % concernent l’escalade , toutes formes confondues, un chiffre en légère baisse par rapport à 2023 (81 %). Cependant, les blessures graves et les décès rappellent la dure réalité des risques inhérents à ces activités. © FFME Les autres disciplines couvertes par la FFME, comme le ski-alpinisme et le ski alpin, connaissent une augmentation notable des accidents, avec 64 sinistres en 2023-2024 contre 52 l’année précédente. Une évolution qui soulève des questions sur les conditions de pratique dans ces environnements exigeants. SAE, SNE : des environnements différents, des risques communs La distinction entre escalade sur structure artificielle (SAE) et en site naturel (SNE) permet d’affiner l’analyse : En SAE, 25 % des accidents liés à la difficulté proviennent de défauts d’assurage . Parmi les 194 sinistres en escalade avec corde, une proportion significative est imputable à une mauvaise maîtrise des outils, comme les freins à blocage assisté. En SNE, les accidents graves sont plus fréquents, notamment en grande voie . Le cas d’un grimpeur ayant chuté mortellement dans les Pyrénées espagnoles sur une voie non équipée illustre les défis spécifiques de cet environnement. © FFME Ces constats mettent en lumière l’importance de formations adaptées et d’une vigilance accrue , quel que soit le cadre de pratique. Des causes récurrentes et des signaux inquiétants Le rapport identifie des patterns familiers dans l’accidentologie : Les chutes normales représentent 61 % des sinistres , confirmant leur prévalence. Les mouvements traumatiques, en revanche, affichent une augmentation alarmante , passant de 11 % à 24 % des sinistres. Cette hausse pourrait refléter une évolution dans les types de mouvements demandés, notamment dans les blocs en compétition. En escalade de bloc, la hauteur des structures est mise en cause dans plusieurs accidents . Le rapport cite des cas où des jeunes grimpeurs, confrontés à des sommets mal adaptés, ont subi des blessures graves. Pour y remédier, la FFME a imposé de nouvelles règles pour les catégories U16 et plus jeunes, limitant la hauteur des prises finales et rendant les prises de descente obligatoires. © FFME Exemples marquants : quand l’urgence devient une menace Le rapport 2023-2024 regorge de récits qui traduisent les risques concrets sur le terrain. Parmi eux : Un nœud oublié dans l’urgence : lors d’une grande voie, un grimpeur blessé a dû redescendre en hâte. La corde, trop courte, n’avait pas été sécurisée par un nœud en bout, mettant la vie du grimpeur en danger. Ce n’est qu’à la dernière seconde qu’un assureur a pu limiter les dégâts en avançant sur une plateforme. Une chute au premier point : en école d’escalade, une grimpeuse débutante a lourdement chuté sur le dos en ratant le clippage de la première dégaine, provoquant une fracture des vertèbres. © FFME Ces incidents, bien que rares, rappellent l’importance des fondamentaux : parer systématiquement, vérifier son matériel et ne jamais céder à la précipitation. Mineurs, majeurs, hommes, femmes : des profils variés face aux risques Les données montrent que les adultes représentent 76 % des sinistres , malgré une proportion plus élevée de licencié.e.s mineurs. Ce contraste pourrait être lié à des comportements plus prudents dans les groupes encadrés ou à des sur-estimations fréquentes des capacités chez les grimpeurs expérimentés. Sur le plan du genre, la répartition des sinistres (54 % pour les hommes, 46 % pour les femmes) reflète fidèlement celle des licencié.e.s. Un équilibre qui témoigne d’une pratique désormais largement partagée entre les sexes. © FFME La réponse de la FFME : prévention et pédagogie Pour enrayer ces tendances, la FFME multiplie les initiatives : Apprentissage de la chute : un programme progressif vise à enseigner des techniques sûres, aussi bien en bloc qu’en escalade de difficulté. Sécurité en SAE : des affiches pédagogiques et un protocole spécifique pour les enrouleurs automatiques ont été mis en place. Compétitions jeunes : les hauteurs et mouvements en bloc ont été revus pour réduire les risques chez les U16 et plus jeunes. La fédération rappelle aussi l’importance de souscrire à une assurance individuelle accident. Bien qu’optionnelle, elle peut couvrir des frais médicaux non remboursés, souvent coûteux après un accident. Une vigilance collective à renforcer Si le rapport 2023-2024 met en lumière des progrès, il souligne aussi des marges d’amélioration significatives . La sécurité en escalade repose autant sur des règles claires que sur une vigilance de tous les instants, qu’on soit débutant ou expert. L’engouement pour cette discipline continue d’attirer de nouveaux pratiquants, et avec lui, une responsabilité croissante. Faire de l’escalade un sport sûr tout en préservant son essence aventureuse est un équilibre délicat, mais indispensable. Cliquez ici pour consulter le bilan de l’accidentologie de la saison [2023-2024] . Ces articles peuvent aussi vous intéresser : Statistiques des accidents dans les salles d'escalade Climb Up Lyon : L'accident mortel qui relance le débat sur la sécurité en salle 10 règles tacites en salle de bloc Les enrouleurs automatiques au cœur des nouvelles directives de la FFME

  • Les Grips : Pierre Broyer, maître de l’ouverture à l’assaut de l’arène

    Pierre Broyer, c’est un nom qui claque dans le monde de l’escalade. Difficile de l’ignorer : il incarne une nouvelle génération d’ouvreurs, à la fois créatif, persévérant, et un brin provocateur. Ce n’est pas juste un ouvreur de talent ; c'est celui que l’on appelle lorsqu’un événement exige des blocs iconiques, inattendus, où l’audace rivalise avec la technique . Des salles d’Île-de-France aux compétitions internationales, Pierre impose sa signature. Et c’est entre deux coups de "choqueuse", sur une pause à Copenhague où il ouvre pour une compétition, que nous avons pris le temps de discuter avec lui des Grips , où il est "Head Setter", mais aussi de son parcours et de sa vision d’un métier aussi exigeant que captivant. © Flathold Les premiers pas d’un ouvreur passionné Pierre débute l’escalade presque par hasard, mais se prend vite au jeu. « Assez vite, je me souviens avoir été fasciné, » raconte-t-il. À peine quelques mois après ses débuts en salle, il observe l’ouvreur Laurent Julien, alors actif chez Antrebloc, un lieu emblématique en Île-de-France, et se met en tête de lui emboîter le pas. Grâce à un arrangement avec le propriétaire de la salle, Pierre décroche ses premières opportunités d’ouverture, marquant ainsi le début d’un parcours intense dans ce monde où la technique devient art. « Je venais de mettre un pied dans l’ouverture », se souvient-il. Il plonge alors dans cette quête d’unicité et de précision, où chaque bloc doit poser des défis tout en racontant une histoire . L’affirmation d’un style en perpétuelle construction Si dès le début certains voient en lui une identité d’ouvreur déjà affirmée, Pierre explique que son style s’est forgé au fil du temps : « Il y a une première période où j’étais un peu touche-à-tout. On finit par ouvrir des blocs où l’on se sent à l’aise », confie-t-il. Mais au fil des années, sa démarche s’affine, chaque bloc devient une pièce unique où rien n’est laissé au hasard. « Ce n’est pas du talent mais de la persévérance », insiste Pierre, refusant de se voir comme un prodige. Il évoque l’un de ses blocs iconiques, créé pour les championnats du monde à Berne, autour d’un "no foot" avec des prises transparentes : une configuration audacieuse qui a demandé des années d’essais pour atteindre le résultat voulu . Ce bloc, comme d’autres, illustre son approche : donner à l’escalade une dimension inattendue, presque théâtrale. © Flathold Les dilemmes de l’ouverture en compétition : entre échec et dépassement Ouvrir en compétition, c’est accepter une part d’échec , un concept que Pierre embrasse pleinement. À chaque compétition, la pression monte lorsqu’un bloc échoue à révéler le niveau des grimpeurs et grimpeuses. « Quand les mouvements ne passent pas, tu as des ouvreurs qui fixent leur téléphone, d’autres qui sortent prendre l’air. » Pierre se souvient d’un moment frustrant pour Colin Duffy à Maringen, en Suisse, où un bloc de départ complexe avait empêché les athlètes de comprendre l’intention derrière le mouvement. « Sur le coup, tu te dis pourquoi on a passé autant de temps là-dessus », avoue-t-il. Pourtant, chaque critique, même acerbe, alimente son envie d’aller plus loin et de perfectionner l’expérience grimpeur. « Quand les mouvements ne passent pas, tu as des ouvreurs qui fixent leur téléphone, d’autres qui sortent prendre l’air. » Technologie et ouverture : entre inspiration et limites Avec le mur Titan de EP , le monde de l’ouverture pourrait franchir un nouveau cap, en permettant de reproduire à l’identique des blocs à travers le globe. Pour Pierre, « le fait de standardiser et pouvoir reproduire des blocs » pourrait en effet offrir une opportunité aux fédérations qui se trouvent loin des hubs d’ouverture , comme l’Europe, les États-Unis ou l’Asie. Mais pour lui, le cœur de l’ouverture, c’est aussi de « chercher systématiquement quelque chose de différent et de nouveau. » La technologie, bien que prometteuse, ne remplace pas l’esprit d’invention qui définit le métier d’ouvreur, un domaine où l’improvisation et l’intuition restent irremplaçables. © Flathold Les Grips : un terrain de jeu à part entière En décembre, Les Grips débarquent à Montbéliard, transformant l’Axone, habituée aux concerts, en véritable arène de grimpe . Pas de compétition classique ici : il s’agit d’un show où les meilleurs mondiaux s’affrontent sous les projecteurs, au rythme de sets live signés Vandal X, Ugo et AASH. « Au début, ça paraissait tellement gros, je me disais que ça ne resterait qu’un projet », confie Pierre Broyer qui a été contacté par Morgane Morel pour superviser l’ouverture. « Au début, ça paraissait tellement gros, je me disais que ça ne resterait qu’un projet » Pour le contexte, pour cette première édition Les Grips réussit à réunir une quarantaine de pointures internationales, de Tomoa Narasaki à Naïlé Meignan, en passant par Brooke Raboutou . Leur défi : affronter les 16 blocs signés par Pierre et trois autres figures de l’ouverture — Rémi Samyn, Gen Hirashima, et Manuel Hassler. Une équipe que Pierre connaît bien, avec qui il a beaucoup appris, mais pour cette fois, « c’est un peu un challenge, les rôles s’inversent », dit-il en riant, évoquant ses anciens mentors devenus collaborateurs. « On a quand même passé tous les quatre ces deux dernières années à essayer de coller à des cahiers des charges, des guidelines » Les Grips lui offrent surtout une liberté rare, loin des contraintes officielles : « On a quand même passé tous les quatre ces deux dernières années à essayer de coller à des cahiers des charges, des guidelines », explique-t-il. Cette fois, « on va pouvoir être un peu plus libres sur cette ouverture. » Mais ce n’est pas tout. Pour une fois, les ouvreurs ne resteront pas dans l’ombre . « Finalement, on va faire partie du décor, là où d’habitude on ouvre, le rideau se lève et les ouvreurs disparaissent », ajoute Pierre, qui apprécie ce clin d’œil. Entre deux rotations de blocs, les ouvreurs seront eux aussi en scène, travaillant au rythme des DJ et des jeux de lumière , comme des chefs d’orchestre de l’ombre, au cœur du spectacle. © Flathold « Pour une fois, on montre l’envers du décor, et c’est une bonne chose » Avec Les Grips, Pierre Broyer signe donc non seulement pour une compétition d’escalade, mais aussi pour un spectacle total. Loin des circuits où les ouvreurs restent invisibles, il s’apprête à livrer une performance en direct, où chaque bloc sera une partition taillée sur mesure pour les meilleurs grimpeurs du globe . « Pour une fois, on montre l’envers du décor, et c’est une bonne chose » conclut-il, le sourire en coin. Pour Pierre, c’est l’occasion d’aller encore plus loin dans sa vision de l’escalade, de prouver que l’ouverture, au-delà des murs et des blocs, peut aussi conquérir une scène , voire un public entier. Les Grips sont là pour ouvrir la voie, et Pierre est bien décidé à marquer les esprits. Fidèle à son style, il garde ses idées bien secrètes, laissant planer le suspense sur ce qu’il réserve aux grimpeuses et grimpeurs. Une chose est sûre : il n’a pas fini de surprendre. Toutes les informations sur Les Grips sont disponibles sur notre espace dédié .

  • Shaker de protéines et escalade : bonne ou mauvaise idée ?

    Vous avez sûrement déjà vu une personne siroter un shaker de protéines après sa séance d’escalade et vous vous êtes demandé : Devrais-je en prendre aussi ? Est-ce vraiment utile, même pour un grimpeur amateur ? Et qu’en est-il si vous êtes végétarien.ne ou vegan ? En tant que diététicienne spécialisée en nutrition sportive et passionnée d’escalade, je vous propose de faire le point sur cette question. L’objectif ? Vous donner toutes les clés pour décider en toute connaissance de cause . Les protéines en poudre, c’est quoi ? Les protéines en poudre sont des compléments alimentaires concentrés, souvent utilisés pour couvrir les besoins accrus des sportifs. Leur popularité tient à leur praticité et à leur efficacité : dans une seule portion, vous obtenez en moyenne 20 à 27 g de protéines. Mais toutes les poudres ne se valent pas : La whey , issue du lait, est une des plus connues pour sa rapidité d’absorption. La caséine , également dérivée du lait, est absorbée plus lentement, idéale pour un apport prolongé. Les BCAA , un mélange d’acides aminés essentiels, sont souvent utilisés pour soutenir la récupération musculaire. Le collagène , quant à lui, est souvent utilisé pour favoriser la santé des articulations et des tissus conjonctifs, bien qu’il ne soit pas une source complète d’acides aminés. Les alternatives végétales , comme le mélange pois-riz, offrent un profil d’acides aminés équilibré pour les régimes vegan. Chacune a ses spécificités et son utilité, mais l’essentiel reste de bien comprendre vos besoins avant de les intégrer à votre routine. Quels besoins pour les grimpeur.se ? Les besoins en protéines d’un sportif amateur dépendent de plusieurs facteurs : le type d’activité physique pratiquée, l’intensité des entraînements, vos objectifs personnels et votre poids corporel. En général, la recommandation se situe entre 1,2 et 2 g de protéines par kilo de poids corporel et par jour. Cette fourchette est large : 1,2 g/kg/jour convient davantage à une personne sédentaire. 2 g/kg/jour est plus adapté pour ceux qui pratiquent des activités intenses, comme la musculation ou une prise de masse. Pour un.e grimpeur.se amateur.e, je recommande principalement un apport de 1,5 à 1,6 g/kg/jour. Cela correspond à environ 90 à 96 g de protéines par jour pour une personne de 60 kg. Une autre méthode consiste à calculer vos besoins en protéines en fonction de vos apports énergétiques totaux : 20 à 25 % des calories consommées selon votre pratique. Si votre activité est occasionnelle, vous serez plus proche des 20 %, tandis que des objectifs sportifs plus poussés vous rapprocheront des 25 %. Cette méthode est plus personnalisée, mais si les calculs vous rebutent, la formule basée sur le poids corporel est une solution simple et efficace. L’essentiel reste de répartir vos apports en protéines tout au long de la journée et d’intégrer des sources variées et de qualité pour maintenir votre masse musculaire et favoriser une bonne récupération. Et pour végétarien.ne ou végétalien.ne ? « C’est impossible d’apporter suffisamment de protéines si tu es végé ou vegan ! » Vous avez sûrement déjà entendu cette phrase. Mais pourquoi cette idée est-elle si répandue ? Revenons sur les particularités des protéines végétales. Le premier défi des protéines végétales réside dans leur composition en acides aminés. Contrairement aux protéines animales, chaque catégorie végétale n’apporte pas tous les acides aminés essentiels en quantité optimale : Les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots) sont riches en lysine, mais pauvres en méthionine. Les céréales (riz, blé, avoine) sont l’inverse : elles manquent de lysine mais apportent de la méthionine. En les combinant, comme dans un plat de riz et lentilles, vous obtenez un profil complet d’acides aminés. En revanche, les oléagineux (noix, graines) sont pauvres en lysine et en isoleucine, rendant leur utilisation seule insuffisante. Associer ces aliments à des légumes ou des crudités est essentiel pour équilibrer vos apports. Le second défi concerne l’absorption des protéines végétales, qui est souvent moins efficace. Nos systèmes digestifs ne sont plus aussi habitués à digérer des aliments bruts comme les légumes secs. Cela peut limiter l’assimilation des nutriments, notamment si la paroi intestinale est fragilisée. C’est pourquoi de nombreuses études recommandent d’augmenter légèrement les apports en protéines pour les sportifs vegans, jusqu’à 2,3 g/kg/jour . Les végétariens, quant à eux, bénéficient encore des protéines animales issues des œufs et des produits laitiers, ce qui leur permet de compléter plus facilement leurs besoins. Pour les végétariens et vegans, couvrir correctement leurs besoins en protéines n’est pas mission impossible ! Mais cela demande de bien réfléchir aux associations et à la diversité des aliments consommés . Une solution pratique pour assurer des apports suffisants peut être l’utilisation de protéines en poudre : La whey , issue du lait, est compatible avec une alimentation végétarienne. Associée à la caséine ou mélangée avec du lait, elle permet un apport équilibré. Les alternatives végétales , comme le mélange pois-riz en proportion 80-20, sont une excellente option vegan. Elles apportent un profil complet d’acides aminés et sont idéales en complément d’une alimentation bien pensée. Qu’il s’agisse de protéines classiques ou végétales, une portion de ces poudres fournit généralement entre 20 et 27 g de protéines, un soutien efficace pour atteindre vos objectifs nutritionnels. Shaker ou assiette bien garnie ? Il est toujours préférable de se concentrer en premier lieu sur ce que l’on met dans son assiette. Les aliments complets sont ce qu’il y a de mieux comme carburant . Ils constituent une matrice riche en nutriments, apportant non seulement des protéines, mais aussi des glucides, des lipides, des fibres et des vitamines, tous indispensables pour bien fonctionner et performer. À l’inverse, les protéines en poudre se limitent… à des protéines ! Prenons l’exemple des BCAA : ces acides aminés peuvent déclencher l’anabolisme, mais si votre corps ne dispose pas des autres nutriments nécessaires (comme les glucides ou d'autres protéines), leur effet sera limité. C’est pour cela qu’ils doivent être consommés en parallèle d’une alimentation variée et adaptée à vos besoins sportifs. Et pour les végétariens ou vegans ? Même pour eux il est tout à fait possible de répondre à leurs besoins en protéines uniquement grâce à l’alimentation . Comme expliqué précédemment, cela demande simplement de diversifier et de bien associer les sources végétales. Avec une planification intelligente, vous pouvez atteindre vos objectifs nutritionnels sans difficulté, tout en respectant vos préférences alimentaires. Quels sont les avantages à prendre de la poudre ? Les besoins en protéines des sportifs peuvent être élevés, et il n’est pas toujours simple d’atteindre, par exemple, 100 g de protéines par jour uniquement avec l’alimentation. Cela peut devenir encore plus compliqué avec un emploi du temps chargé ou pour les régimes végétariens et vegans. Dans ces cas-là, les protéines en poudre, comme la whey, représentent une solution simple et efficace pour compléter vos apports , tout en restant en complément d’une alimentation équilibrée. Elles permettent d’atteindre vos objectifs sans ajouter de complexité inutile à votre routine alimentaire. Selon vos besoins spécifiques, ces produits peuvent aussi jouer un rôle clé : Prise de masse ou sèche : pour ajuster vos apports sans excès caloriques inutiles. Rééducation après une blessure : pour favoriser la récupération musculaire. Chaque type de protéine a ses spécificités : créatine, collagène, whey, alternatives végétales… Il s’agit d’adapter votre choix à vos objectifs. Cependant, avant de vous précipiter pour acheter un pot de protéines, il est essentiel d’en parler avec un.e professionnel.le de santé. Bien utilisées et en respectant les quantités recommandées par votre diététicien.ne et les fabricants , les protéines en poudre sont sûres. Mais privilégiez toujours des marques reconnues et de qualité pour garantir leur efficacité et leur sécurité. Mon avis de diététicienne et grimpeuse Les besoins en protéines des grimpeuses et grimpeurs, même amateurs, peuvent être élevés, notamment si vous avez des objectifs spécifiques liés au sport ou au physique. Cela dit, il peut s’avérer difficile de couvrir ces besoins uniquement par l’alimentation. Dans ces situations, les protéines en poudre peuvent être une aide précieuse. Elles permettent de compléter vos apports en protéines de manière simple et efficace . Cependant, elles ne doivent jamais remplacer une alimentation équilibrée. Une assiette bien pensée apportera toujours plus de bénéfices globaux qu’une alimentation désordonnée complétée par un shaker quotidien. De mon point de vue de diététicienne et grimpeuse, les shakers de whey ou de BCAA ne sont absolument pas des indispensables. Si vous rencontrez des difficultés à atteindre vos objectifs nutritionnels par vous-même, je vous encourage à vous faire accompagner par un.e diététicien.ne spécialisé.e. Un suivi personnalisé vous apportera bien plus qu’une simple prise de protéines en poudre. Qui suis-je ? Je m’appelle Gabrielle Gauthier, diététicienne spécialisée en nutrition sportive depuis bientôt 3 ans. J’accompagne aussi bien des sportifs que des personnes atteintes d’obésité, avec des suivis personnalisés en distanciel. Je propose également des interventions de prévention dans les écoles, les entreprises et les salles d’escalade. Passionnée d’escalade, je pratique aussi bien le bloc que la voie, en salle comme en extérieur, en tant qu’amatrice et compétitrice. J’ai la chance de vivre pleinement mes deux passions : l’escalade et la nutrition, à travers mon métier de diététicienne et mon podcast d’escalade Grimposphère , cofondé avec Agathe Clément. Pour toute question ou pour un accompagnement, vous pouvez me contacter : 📩 Mail : gabrielleg.nutrition@gmail.com 📱 Instagram : @gabrielle.nutrition Pour plus d’informations, retrouvez mes services sur mon site internet .

  • Le syndrome du cirque : Jakob Schubert démonte l’escalade moderne

    Dix ans après l’ouverture de BLOC House, Jakob Schubert, grimpeur de légende, revient à Graz (Autriche). Pas pour enchaîner des blocs, mais pour décocher des vérités bien senties . Entre son regard critique sur les compétitions, son analyse des JO et son retour à l’escalade sur rocher, Jakob trace la ligne : l’escalade est à un carrefour, et tout le monde ne semble pas bien assuré. © Bloc House Les jeux : vitrine ou fardeau ? Pour Jakob Schubert, les Jeux Olympiques , c’est un Everest émotionnel. « On s’entraîne si intensément pour cet objectif monumental que, quand c’est fini, c’est un soulagement. Pas que je n’aie pas aimé, j’ai adoré être là-bas, mais mentalement, c’est dur. » Une course contre soi-même qui laisse des traces. Après une semaine de repos post-JO, il avoue que « même se reposer semble mauvais pour [son] corps. » Mais au-delà de l’effort, il y a la portée. « Les Jeux Olympiques, c’est le plus grand événement sportif au monde. Cela attire des gens qui n’en avaient jamais entendu parler. Voir des enfants découvrir la grimpe grâce à ça, c’est génial. » Cette exposition, il la juge essentielle pour un sport encore jeune dans l’arène mondiale. Pour autant, les JO ne viennent pas sans sacrifices. Le calendrier des compétitions en souffre : « Les meilleurs grimpeurs privilégient les qualifications olympiques et les Championnats du monde, laissant de côté les Coupes du monde. Cela affaiblit tout le circuit. » Salles bondées, falaises en surchauffe Avec la multiplication des salles d’escalade, l’engouement pour la discipline n’a jamais été aussi fort . Mais Jakob soulève un point crucial : que se passe-t-il lorsque les grimpeurs urbains débarquent en falaise ? « Si tous les grimpeurs qui commencent dans une salle vont grimper dehors, ce sera un énorme défi. Beaucoup ne savent pas comment se comporter dans la nature. » Pour lui, cette ignorance n’est pas une fatalité, mais le fruit d’un manque d’éducation . « Les athlètes, les salles, les gens qui donnent des cours – on doit tous mieux communiquer les règles. Mais aujourd’hui, c’est un vide. Personne ne s’y attelle vraiment. » Le résultat ? Des comportements inadaptés qui mettent en danger les espaces naturels déjà fragiles. Le syndrome du cirque Quand Jakob parle des compétitions de bloc, le constat est sans appel : « Trop souvent, les compétitions ont beaucoup trop de trucs fous. » Il critique une tendance où la créativité des ouvreurs vire à la surenchère : dynamiques absurdes, mouvements aléatoires, blocs conceptuels. « Il y a des compétitions où la force digitale et la tension corporelle ne comptent pas du tout. Et ça, c’est clairement un problème. » Pour Jakob, ces fondamentaux doivent rester au cœur du bloc, sans quoi il devient un sport complètement déconnecté de l’escalade sur rocher. Le problème ne s’arrête pas là. L’aléatoire impacte directement la compétition : « Si un grimpeur comme Sohta Amagasa gagne une Coupe du monde à Innsbruck et ne passe même pas en demi-finale à la suivante, c’est étrange. On perd en lisibilité. » Et avec elle, la possibilité de créer des icônes. « Regardez le tennis : Federer, Djokovic, Nadal – leur constance a construit le sport. Dans le bloc, on manque de figures régulières. » DNA : retour aux racines Fatigué par les tumultes des compétitions, Jakob se concentre sur son premier amour : le rocher. « Je voulais grimper dehors, juste pour le plaisir. J’ai passé trois semaines à Majorque, à faire du deep water solo, et maintenant, je pars dans le Verdon pour essayer 'DNA'. » Cette voie, cotée 9c et signée Seb Bouin , représente plus qu’un défi technique : c’est une quête de pureté et un retour à l’essence de l’escalade. « Ce qui me motive, c’est partager cette passion. Si plus de gens découvrent cette joie, c’est une victoire. » Dans cette interview publiée par BLOC House, Jakob Schubert trace une critique claire et passionnée des dérives de l’escalade moderne. Entre la surenchère des blocs compétitifs, les paradoxes des JO et l’explosion des salles, il appelle à un rééquilibrage essentiel. Une prise de hauteur bienvenue, à l’image de son style : puissant, précis, et ancré dans les réalités du terrain.

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