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Vertige Media sur le mur : interview perchée avec A Bloc

Photo du rédacteur: Pierre-Gaël PasquiouPierre-Gaël Pasquiou

Il y a les interviews où l’on s’installe confortablement, bien calé sur sa chaise, en enfilant des réponses comme des perles. Et puis il y a celles où l’on parle en transpirant, entre deux essais, avec une caméra qui capte autant les mots que les grimaces. "Grimper avec", la série d’Amaël, alias A Bloc, entre sans hésiter dans cette catégorie.


Pierre-Gaël Pasquiou Vertige Media

Le principe ? Une session, une discussion, des ratés, des rires, un peu de sueur. À chaque épisode, Amaël part à la rencontre de grimpeuses et grimpeurs, histoire de leur faire parler escalade tout en leur collant un défi sur le mur. Une façon d’échanger où l’on ne triche pas : pas de pose étudiée, pas de phrase révisée, juste l’instant et le grain de voix qui tremble un peu quand l’équilibre part en vrille.


Quand il m’a proposé de me prêter au jeu, on a calé ça à Blocoast, Hossegor, en mai dernier. Une salle de bloc cool, une lumière douce, et une bonne occasion d’aller titiller un peu l’essence même de Vertige Media.


Vertige Media : grimper, oui. Suivre les lignes, non.


Entre deux blocs (et quelques ratés), on a discuté de comment je me suis retrouvé dans l’escalade, presque par accident. Une salle qui ouvre en bas de chez moi, un baudrier qu’on me tend, une séance, et puis une autre, et puis une addiction. Une déconnexion totale qui, dans un monde où les notifications t’arrachent à toi-même toutes les trente secondes, a des allures de miracle.


Et de fil en aiguille, Vertige Media est né. Pas pour courir après les perfs, pas pour raconter les derniers 9a+ claqués entre deux tapas, mais pour creuser là où personne ne creuse, pour raconter les histoires de celles et ceux qui grimpent sans podium. Des trajectoires de vie qui croisent les prises, des murs qui ne sont pas que des chiffres, et des sujets que personne ne veut toucher mais qui s’accrochent comme de la magnésie sur un jean noir.


L’escalade, c’est aussi ça : un ex-toxicomane qui emmène ses gamins en falaise pour se reconstruire, des falaises que l'on ferme sous couvert d’écologie, une culture qui mute sous les spots des salles indoor. Et ça, c’est ce que Vertige Media raconte.


Pierre-Gaël Pasquiou Vertige Media

Le bloc moderne, sport ou spectacle ?


Amaël, en bon hôte, me pousse aussi à prendre position sur l’évolution de l’escalade. Les blocs modernes qui flirtent avec le parkour ? L’auto-enrouleur qui démocratise mais hérisse les puristes ? L’indoor qui s’éloigne chaque jour un peu plus de l’outdoor ? Ce sont les questions qui fâchent.


Là-dessus, je reste campé sur mes appuis : l’évolution est un fait, pas une opinion. Le bloc en salle devient un show, et c’est normal : les compets doivent être télégéniques, spectaculaires, digestes pour un public qui ne grimpe pas. Les auto-enrouleurs permettent de sauter l’étape des manips et d’accéder direct au jeu. Pas un problème, juste un outil.


Ceux qui restent attachés à l’essence originelle de la grimpe trouveront toujours leur compte sur du granit abrasif ou dans un dièdre teigneux. Tant mieux. L’important, c’est que chacun trouve son mur.


Pierre-Gaël Pasquiou Vertige Media

Un grand écart entre passion et business


Bien sûr, on parle aussi de la place de Vertige Media dans le paysage de l’escalade. Moins de performances, plus de récits. Moins de cotations, plus d’angles. Le journalisme de grimpe, ce n’est pas que raconter qui a enchaîné quoi, c’est aussi parler de ce que l’escalade devient, des trajectoires qu’elle dessine, des paradoxes qu’elle traîne.


Et puis, soyons honnêtes, ce n’est pas non plus un Eldorado économique. Lancer un média sur un sport de niche, c’est accepter que les journées fassent 25 heures et que la passion tienne parfois lieu de salaire. Ça demande du temps, du boulot et un peu de ce masochisme propre aux grimpeurs : aimer recommencer mille fois un mouvement sans savoir si, cette fois, ça passera.


Mais comme dans une voie un peu trop dure où t’as aucune raison d’aller, on s’accroche, on essaye, on tombe, et parfois, on enchaîne.


Merci Amaël, merci Blocoast, et bonne grimpe !



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