Pierre-Gaël Pasquiou
Les enrouleurs automatiques au cœur des nouvelles directives de la FFME
L'escalade, sport de plus en plus populaire, ne cesse d'évoluer, tant dans ses pratiques que dans son matériel. À cet égard, la Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade (FFME) a récemment apporté des modifications significatives à ses règles de sécurité, notamment en ce qui concerne l'utilisation des auto-enrouleurs.
Ces dispositifs, qui représentent une avancée technologique majeure en matière d'assurage, sont en effet de plus en plus présents dans les salles d'escalade. Voici les modifications introduites, qui permettent d'informer sur la manière dont ces innovations technologiques sont désormais encadrées.
L'assurage à l’aide d’un enrouleur automatique
Le protocole d’utilisation à mettre en œuvre lors de l’utilisation d’un enrouleur :
• Utiliser l’ensemble du matériel conformément à la notice du fabricant ;
• Vérifier que le harnais du grimpeur est correctement positionné, ajusté avec absence de vrilles sur les sangles, harnais au-dessus des vêtements ;
• Détacher le mousqueton de sécurité de l’enrouleur de son support sans le lâcher pour éviter la rétractation de toute la sangle ;
• L’attacher au point de connexion correct du harnais (pour la plupart des harnais, le point de connexion est la boucle d’assurage) ;
• Certaines sangles d’enrouleur sont munies de 2 mousquetons de sécurité. Dans ce cas, fixer les 2 mousquetons de sécurité conformément à la notice du fabricant sur le point de connexion du harnais.
• S’assurer que le mousqueton de sécurité est verrouillé, qu’il est bien positionné verticalement et qu’aucun vêtement ou objet ne s’est coincé dans son doigt de fermeture (ou les mousquetons s’il y en a 2) ;
• Effectuer un test de rétractation de la sangle : tirer une courte section de la sangle, puis la lâcher pour la laisser se rétracter. Si la sangle ne se rétracte pas (donc ne remonte pas), ne pas utiliser l’enrouleur automatique et signaler le problème au responsable de la séance ou de la salle ;
• Effectuer une dernière vérification de sécurité : mousqueton(s) en position verticale, verrouillé(s) au point correct du harnais. Si tout semble en ordre le grimpeur est prêt à grimper. Lors de la première tentative, à un mètre du sol, réaliser un test de suspension ou de chute pour vérifier le bon fonctionnement de l’enrouleur.
• Grimper à une vitesse adaptée à l’enrouleur (pour les enrouleurs ayant une faible vitesse de rétraction).
Les scénarios de danger lors de l’assurage à l’aide d’un enrouleur automatique
L’utilisation d’un enrouleur se révèle particulièrement simple : cependant les risques d’erreur de manipulation sont fréquents (fixation du mousqueton de la sangle sur porte-matériel, absence de fixation de la sangle sur le harnais...). L’apprentissage du protocole d’utilisation est indispensable.
L’habitude et la distraction peuvent entraîner une baisse de vigilance du grimpeur qui peut oublier de fixer correctement la sangle de l’enrouleur à son harnais. Pour réduire ce risque, deux solutions sont recommandées :
• Grimper à 2, un grimpeur et son partenaire permet d’instaurer un double contrôle sur le bon positionnement du mousqueton de sécurité de la sangle de l’enrouleur. La fédération recommande cette pratique à 2 dans les séances organisées par les clubs, comités et ligues : la transmission de la sangle entre les 2 grimpeurs doit s’organiser avec ce double contrôle.
• Quelle que soit la situation, en salle et à l’extérieur si la structure artificielle n’est pas soumise au vent, il convient d’attacher le connecteur sur une surface ou barrière, de couleur contrastée de celle du mur et qui masque les premières prises. Ainsi, le grimpeur est obligé de libérer cette barrière, en installant le mousqueton de sécurité sur son harnais.
Grimper seul en écoutant de la musique avec des écouteurs est à éviter : non seulement c’est une source de distraction mais les écouteurs empêchent d’entendre les alertes de danger émises par d’autres pratiquants dans la salle.
Parfois différentes modalités de pratique sont adoptées sur un même couloir : escalade avec enrouleur, ou escalade à corde en tête ou en moulinette. Cette organisation interdit la mise en place de la barrière de protection. Pour faciliter la sécurité lors de la pratique sur enrouleur, la fédération privilégie le mode d’organisation suivant : un couloir disposant d’un enrouleur doit être dédié exclusivement à la pratique avec enrouleur pour permettre la mise en place systématique des barrières de protection. Il est également nécessaire de veiller à des couloirs distincts entre la pratique à corde et la pratique sur enrouleur, le grimpeur sur enrouleur ne doit pas utiliser un couloir voisin à corde pour éviter en haut de voie des chutes latérales avec mauvais positionnement de la sangle de l’enrouleur (sangle pratiquement à l’horizontal).
Ces directives récentes sur l'utilisation des auto-enrouleurs, soulignées par la FFME, s'inscrivent dans une série d'initiatives visant à améliorer la sécurité et l'accessibilité de l'escalade. En plus de ces avancées technologiques, la fédération a également introduit des modifications pour mieux accueillir les divers pratiquants, comme l'introduction de la para-escalade, et pour renforcer la conscience et la gestion des risques en sites naturels.
L'escalade de bloc bénéficie désormais d'une attention renforcée sur l'apprentissage de la chute. Pour l'escalade de vitesse, un protocole précis d'encordement sur la sangle de l'enrouleur, accompagné d'une pratique recommandée à deux pour un double contrôle, ainsi que l'installation de barrières de sécurité, sont aussi de nouvelles notions intégrées.
Pour retrouver l'intégralité des nouvelles règles de sécurité adoptées par le conseil d'administration de la FFME le 9 mars dernier : cliquez ici.