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Silence, on grimpe ! Les festivals de films de montagne face au défi de l’accessibilité

Dernière mise à jour : 28 janv.

Imaginez un instant. Vous êtes passionné de montagne, le genre à frissonner devant des images de grimpeurs suspendus au-dessus du vide, ou à rêver d’expéditions improbables dans des contrées reculées. Mais chaque fois que vous entrez dans une salle de projection, une barrière invisible s’élève : le silence. Pas celui des cimes enneigées, mais celui d’un sous-titrage absent. Une expérience partielle, frustrante. Voilà le quotidien de 6 millions de Français sourds et malentendants, largement exclus des festivals de films de montagne et d’aventure.


Femmes en Montagne
© Sandrine Chiarena

En 2024, le constat est sans appel : seulement 13 % des films projetés dans ces événements étaient sous-titrés. Un chiffre maigrelet qui grince aux oreilles de la loi du 11 février 2005, censée garantir l’égalité d’accès aux lieux publics. À l’origine de cette sonnette d’alarme, le collectif Silence, on grimpe !, fondé par Arnaud Guillemot, sourd profond de naissance et militant engagé.


Une prise de conscience en altitude


En 2022, le bilan était encore plus accablant : aucun des 40 festivals répertoriés n’intégrait de sous-titres à leurs films en français. Il aura fallu deux ans de sensibilisation acharnée pour que certains festivals commencent à grimper – timidement – sur la corde de l’inclusion. En 2024, 12 événements ont pris des mesures. Un progrès certes, mais qui reste largement insuffisant. « Depuis 2023, quelques festivals ont su se mobiliser pour élargir leurs publics, mais ce n’est plus acceptable que la majorité reste inaccessible », martèle Arnaud Guillemot.


Malgré des avancées, la communication des festivals pêche par un manque de clarté. 75 % des événements ne mentionnent pas ou insuffisamment les films accessibles sur leurs supports : pas de logo VFST, pas de mention explicite. Résultat ? Un public méfiant qui ne se déplace tout simplement pas.


Femmes en Montagne
© Delphine Danielou

Des montagnes à gravir pour 2025


Si certains festivals continuent de jouer les Saint-Bernard endormis, d’autres montrent la voie. Femmes en Montagne, par exemple, a fait figure de pionnier en 2024 en proposant des interprètes en Langue des Signes Française (LSF) pour tous ses débats. Un coup de piolet salué par le collectif, mais qui reste isolé.


En réponse à une lettre ouverte publiée à l’automne dernier, une dizaine d’organisateurs ont annoncé des actions concrètes dès cette année : sous-titrage intégral des films, mentions claires sur les affiches, et même des expérimentations sur la transcription en direct des échanges. Ces mesures pourraient enfin donner un écho aux voix oubliées. « Lorsque l’environnement est adapté, le handicap n’existe plus », rappelle sobrement un membre de Silence, on grimpe !


Une inclusion encore trop discrète


Au-delà des chiffres, l’enjeu est culturel. Rendre les festivals accessibles, ce n’est pas seulement une obligation légale, c’est une question de respect et d’enrichissement collectif. Les films de montagne célèbrent l’exploration, l’audace, le dépassement de soi. Ironie du sort, ces valeurs semblent s’arrêter à la porte des salles de projection.


Tant que l’inclusion ne sera pas une évidence, des millions de passionnés resteront sur la touche, privés d’une expérience qui devrait pourtant leur appartenir. Peut-être est-il temps que les festivals, si prompts à raconter des histoires de sommets gravis, se lancent dans leur propre ascension : celle d’une véritable accessibilité.


Femmes en Montagne Festival
© Sandrine Chiarena

Silence, on grimpe !, mais cette fois pour tous


2025 pourrait marquer un tournant. Avec des engagements en hausse et une prise de conscience plus affirmée, l’espoir est permis. Mais comme le rappelle Arnaud Guillemot, le chemin est encore long. « Nous sommes là pour accompagner les festivals, mais il est temps que les promesses se traduisent en actes. » Une invitation à grimper ensemble, sans laisser personne au pied de la falaise.


Alors, festivals de films de montagne, prêt(e)s à vous hisser vers de nouveaux horizons ?

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