Qui sont les grimpeurs qui participeront aux Neom Beach Games ?
Une compétition aussi prestigieuse que controversée… et une liste d’athlètes toujours absente des radars à quelques jours du lancement. Alors que le site officiel de l’IFSC publie habituellement les noms des inscrits aux compétitions à venir, aucune trace de celles et ceux participant aux Neom Beach Games. L’année dernière, certains grimpeurs avaient pu jouer la carte du manque d'informations face à la controverse autour de ce projet de mégapole en Arabie Saoudite. Mais cette année, la donne a changé : tout le monde connaît l’enjeu et la polémique. Et dans l’ombre, les opposants guettent avec impatience la décision des athlètes, curieux de voir qui, en toute connaissance de cause, assumera de concourir dans le désert.
Le jeu de l’ombre ou de la honte ?
Un an après le tollé provoqué par la première édition, où la participation de grimpeurs de haut niveau a été critiquée pour son association avec le projet de la mégalopole Neom en Arabie Saoudite, l’édition de cette année s’annonce tout aussi tumultueuse. Cette opacité autour des participants ajoute une nouvelle couche de malaise, surtout au vu des accusations de "greenwashing" et de "soft-power" reprochées à l'événement.
Si certains grimpeurs se sont rendus aux Neom Beach Games l'année dernière, c’est généralement par pragmatisme, mais surtout par méconnaissance. « D’ailleurs, si jamais ça peut éclairer sur la manière dont les grimpeurs sont invités, » nous confie une grimpeuse professionnelle sous couvert d’anonymat, « on reçoit simplement un mail qui nous invite aux Neom Beach Games avec un lien vers l’info sheet, avec un prize money vraiment supérieur aux compétitions habituelles. Mais on n’a aucune info sur le projet Neom. Donc on peut accepter l’invitation comme n’importe quelle autre si on ne s’est pas renseigné avant ; c’était vrai l’an dernier, mais vu la polémique, tout le monde est au courant cette année. »
« On n’a aucune info sur le projet Neom. Donc on peut accepter l’invitation comme n’importe quelle autre si on ne s’est pas renseigné avant ; c’était vrai l’an dernier, mais vu la polémique, tout le monde est au courant cette année. »
Pour ces athlètes, souvent en quête de financements pour boucler leur saison, une telle opportunité peut sembler irrésistible. « En tant que sportif de haut niveau qui galère à trouver des financements pour son projet, si on n’est pas curieux – et en vrai, on regarde jamais – c’est, sur le papier, une super opportunité. Encore une fois, c’était vrai l’an dernier mais plus maintenant, » ajoute-t-elle. Ce témoignage révèle le dilemme complexe qui se joue dans les coulisses : en acceptant de participer, chaque grimpeur endosse malgré lui un choix de valeurs.
Un manque de transparence qui en dit long
Ce flou pourrait bien être le signe d’un embarras général, que ce soit pour les athlètes, les sponsors ou même la fédération internationale. Après tout, comment justifier une participation à un événement qui sert de vitrine à un projet d’envergure dont les impacts environnementaux sont dénoncés de toutes parts ? Pour certains grimpeurs, répondre à cette invitation revient à troquer ses convictions pour un podium – ou, pour d’autres, à accepter le financement de sponsors peu regardants sur la localisation de leurs performances.
Ce manque de transparence autour des Neom Beach Games relance également le débat sur le positionnement de l’IFSC, supposée promouvoir un sport en harmonie avec les valeurs de la nature et du respect environnemental. À un moment où les jeunes générations de grimpeurs redoublent d’efforts pour limiter leur empreinte, l’opacité sur la participation à un événement aussi controversé risque d’envoyer un message à double tranchant.
Entre les ambitions de développement et l’essence même de l’escalade, l’IFSC marche sur une corde raide. Mais jusqu’où cette fédération est-elle prête à aller pour s’impliquer dans un événement aussi controversé, au risque de se détourner de ses propres principes ?
Alors, qui seront ces grimpeurs qui oseront relever le défi du désert ? Ceux qui accepteront de se mesurer en plein cœur de cette mégapole en construction, symbole de l'ultra-modernisation et de la consommation énergétique démesurée ? Malheureusement, cette stratégie de silence de la part de l’IFSC risque bien de se retourner contre eux, attisant encore davantage la curiosité autour de cette fameuse liste que nous découvrirons, de toute façon au plus tard le 11 novembre...