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Marco Scolaris reconduit à la présidence de l’IFSC : l’escalade prolonge son règne

Dernière mise à jour : 17 avr.

Sans surprise mais non sans débat, Marco Scolaris décroche un ultime mandat à la tête de l’IFSC. Réélu à l’issue d’un scrutin serré, le président historique a désormais quatre ans pour ancrer définitivement l’escalade dans la cour des grands sports olympiques.


Marco Scolaris IFSC
© IFSC

Le 12 avril dernier à Larnaca (Chypre), les coulisses feutrées de la XXIIe Assemblée Générale de l’IFSC avaient des allures de déjà-vu. Après une campagne discrète mais tendue, Marco Scolaris, président emblématique et inamovible depuis 2007, a été reconduit pour quatre années supplémentaires à la tête de la fédération internationale. Face à lui, un challenger crédible et structuré, Tijl Smitz, président de l’IFSC Europe, dont la candidature portait implicitement un appel au renouvellement.


Mais l’appel n’a pas suffi : avec 48 voix contre 35 pour son adversaire, Marco Scolaris repart donc pour un dernier tour de piste. Si cette victoire nette valide une continuité rassurante, elle rappelle également que le règne du président italien n’est plus aussi incontestable qu’auparavant. L’escalade sportive, engagée dans un défi historique pour s’ancrer définitivement aux Jeux Olympiques, vient peut-être de choisir la prudence plutôt que l’audace. Reste à savoir si elle ne risque pas de perdre, dans ce choix confortable, une opportunité unique de renouveler profondément ses ambitions.


Il faut dire que le président italien a des arguments solides à faire valoir. Sous sa présidence, l’escalade sportive a confirmé sa présence aux Jeux Olympiques, avec un programme ambitieux à Los Angeles en 2028. Là-bas, la discipline atteindra enfin son format rêvé : fini le combiné imposé, place désormais à trois médailles distinctes (vitesse, bloc, difficulté). Cerise sur le gâteau : l’IFSC obtient même huit quotas supplémentaires, portant à 76 le nombre total de grimpeurs olympiques contre 68 prévus pour Paris. De quoi justifier largement le maintien d’un président qui sait visiblement très bien parler olympisme aux oreilles du CIO.


Le vieux lion tient encore la corde


Avec près de deux décennies aux commandes, Marco Scolaris connaît les rouages comme personne. Sa réélection confirme une évidence : l’IFSC préfère miser sur l’expérience plutôt que sur un pari neuf. La campagne de l’Italien a frappé juste en jouant sur les attentes concrètes du milieu : un calendrier international mieux maîtrisé, un investissement réel pour la para-escalade, et une place olympique enfin gravée dans le marbre. Le tout enrobé dans un discours rassurant sur le « bien-être des athlètes », indispensable caution morale face à des grimpeuses et grimpeurs qui réclament de plus en plus fort d’être entendus.


57,83 % des voix, c’est confortable, mais pas triomphal. Derrière la victoire, perce la nécessité pour Marco Scolaris de ne pas seulement gérer ses acquis, mais de réinventer un peu l’avenir s’il veut laisser une trace plus nette qu’un simple record de longévité.


Un casting sans grande surprise, mais avec une nouveauté américaine


Côté vice-présidences, les élections ont reconduit en majorité des visages familiers : Naomi Cleary (Australie), Pierre You (France) et Toru Kobinata (Japon) restent en place. Seule petite révolution : l’arrivée remarquée de l’Américaine Anne-Worley Moelter. Un changement qui rappelle subtilement l’importance stratégique de l’Amérique du Nord pour l’avenir olympique de la grimpe. Exit Joachim Driessen (Pays-Bas) et Jan Bloudek (République tchèque), qui n’ont pas réussi à convaincre.


Pour les représentants continentaux, là aussi pas de tremblement de terre : Christopher Naude pour l’Afrique, Li Guowei en Asie (au nez d’Anthony Seah, pourtant crédible challenger), Burghilda Beste en Europe, Stephane David en Océanie, et René Sepulveda pour la zone Pan-Américaine. Un board globalisé mais sans véritables outsiders, fidèle à l’esprit IFSC.


Au-delà des personnes, c’est aussi sur les projets annoncés que ce dernier mandat sera jugé. Parmi les ambitions affichées, certaines tranchent plus franchement que d’autres : création prévue pour 2027 d’une équipe internationale d’athlètes réfugiés, un nouveau logo pour moderniser l’image de l’IFSC, et surtout un engagement écologique accéléré avec un objectif clair : réduire de moitié les émissions carbone opérationnelles d’ici 2028, soit deux ans avant l’échéance initialement fixée.


Moins symbolique mais stratégiquement clé : l’Assemblée Générale a aussi validé l’intégration de deux nouvelles fédérations nationales, le Congo et l’Irak, portant à 101 membres le nombre total de pays représentés à l’IFSC. Un signe clair que sous la gouvernance Scolaris, la fédé continue à étendre méthodiquement son terrain de jeu géographique.


Virage numérique et nouvelle frontière


Autre nouveauté passée sous les radars mais potentiellement majeure : l’IFSC officialise désormais l’eClimbing et l’ePara Climbing comme disciplines officielles. Derrière ce jargon très eSport se cache une réalité stratégique assumée : coller aux tendances sportives mondiales pour élargir son audience et se positionner habilement dans la course à l’intégration au Comité International Paralympique (IPC). Une manœuvre bien sentie.


Enfin, la révélation finale : Riyad accueillera l’Assemblée Générale 2026. Yasmin Gahtani, visage féminin fort du sport saoudien, a présenté une candidature habilement validée par les délégués. Un choix qui, à l’heure où l’IFSC brandit les valeurs d’inclusion et de progrès, ne manquera pas de susciter débats et grincements de dents en coulisse.


Marco Scolaris repart donc pour un tour. L’homme est à l’image de l’escalade olympique elle-même : installé mais pas tout à fait assouvi, solide mais toujours sous tension. Reste à savoir si son dernier mandat sera celui du changement ou de la prudence, celui de l’innovation ou de l’immobilisme confortable.

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