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Accidentologie en escalade : ce que les chiffres de la FFME pour 2023-2024 nous disent vraiment

Chaque année, la Fédération Française de Montagne et d’Escalade (FFME) dresse un état des lieux de la sécurité dans nos pratiques verticales. La saison 2023-2024, marquée par un record de 120 080 licencié.e.s, dévoile une accidentologie stable mais toujours préoccupante. Avec 445 sinistres enregistrés et deux décès tragiques, ce rapport n'est pas un simple inventaire : il invite à une réflexion collective sur nos responsabilités en tant que grimpeurs et encadrants. Plongée dans les chiffres et les récits qui dessinent l’état de la sécurité dans l’escalade.


Accidents escalade

Des chiffres globalement stables, mais révélateurs


Si le ratio sinistres/licencié.e.s reste faible (0,37 %), ce chiffre cache des nuances importantes. Parmi les sinistres, 76 % concernent l’escalade, toutes formes confondues, un chiffre en légère baisse par rapport à 2023 (81 %). Cependant, les blessures graves et les décès rappellent la dure réalité des risques inhérents à ces activités.


Accidents escalade
© FFME

Les autres disciplines couvertes par la FFME, comme le ski-alpinisme et le ski alpin, connaissent une augmentation notable des accidents, avec 64 sinistres en 2023-2024 contre 52 l’année précédente. Une évolution qui soulève des questions sur les conditions de pratique dans ces environnements exigeants.


SAE, SNE : des environnements différents, des risques communs


La distinction entre escalade sur structure artificielle (SAE) et en site naturel (SNE) permet d’affiner l’analyse :


  • En SAE, 25 % des accidents liés à la difficulté proviennent de défauts d’assurage. Parmi les 194 sinistres en escalade avec corde, une proportion significative est imputable à une mauvaise maîtrise des outils, comme les freins à blocage assisté.


  • En SNE, les accidents graves sont plus fréquents, notamment en grande voie. Le cas d’un grimpeur ayant chuté mortellement dans les Pyrénées espagnoles sur une voie non équipée illustre les défis spécifiques de cet environnement.


Accidents salles d'escalade
© FFME

Ces constats mettent en lumière l’importance de formations adaptées et d’une vigilance accrue, quel que soit le cadre de pratique.


Des causes récurrentes et des signaux inquiétants


Le rapport identifie des patterns familiers dans l’accidentologie :


  • Les chutes normales représentent 61 % des sinistres, confirmant leur prévalence.


  • Les mouvements traumatiques, en revanche, affichent une augmentation alarmante, passant de 11 % à 24 % des sinistres. Cette hausse pourrait refléter une évolution dans les types de mouvements demandés, notamment dans les blocs en compétition.


  • En escalade de bloc, la hauteur des structures est mise en cause dans plusieurs accidents. Le rapport cite des cas où des jeunes grimpeurs, confrontés à des sommets mal adaptés, ont subi des blessures graves. Pour y remédier, la FFME a imposé de nouvelles règles pour les catégories U16 et plus jeunes, limitant la hauteur des prises finales et rendant les prises de descente obligatoires.


Accidents escalade
© FFME

Exemples marquants : quand l’urgence devient une menace


Le rapport 2023-2024 regorge de récits qui traduisent les risques concrets sur le terrain. Parmi eux :


  • Un nœud oublié dans l’urgence : lors d’une grande voie, un grimpeur blessé a dû redescendre en hâte. La corde, trop courte, n’avait pas été sécurisée par un nœud en bout, mettant la vie du grimpeur en danger. Ce n’est qu’à la dernière seconde qu’un assureur a pu limiter les dégâts en avançant sur une plateforme.


  • Une chute au premier point : en école d’escalade, une grimpeuse débutante a lourdement chuté sur le dos en ratant le clippage de la première dégaine, provoquant une fracture des vertèbres.


Accidents escalade
© FFME

Ces incidents, bien que rares, rappellent l’importance des fondamentaux : parer systématiquement, vérifier son matériel et ne jamais céder à la précipitation.


Mineurs, majeurs, hommes, femmes : des profils variés face aux risques


Les données montrent que les adultes représentent 76 % des sinistres, malgré une proportion plus élevée de licencié.e.s mineurs. Ce contraste pourrait être lié à des comportements plus prudents dans les groupes encadrés ou à des sur-estimations fréquentes des capacités chez les grimpeurs expérimentés.


Sur le plan du genre, la répartition des sinistres (54 % pour les hommes, 46 % pour les femmes) reflète fidèlement celle des licencié.e.s. Un équilibre qui témoigne d’une pratique désormais largement partagée entre les sexes.


Accidents escalade
© FFME

La réponse de la FFME : prévention et pédagogie


Pour enrayer ces tendances, la FFME multiplie les initiatives :


  • Apprentissage de la chute : un programme progressif vise à enseigner des techniques sûres, aussi bien en bloc qu’en escalade de difficulté.


  • Sécurité en SAE : des affiches pédagogiques et un protocole spécifique pour les enrouleurs automatiques ont été mis en place.


  • Compétitions jeunes : les hauteurs et mouvements en bloc ont été revus pour réduire les risques chez les U16 et plus jeunes.


  • La fédération rappelle aussi l’importance de souscrire à une assurance individuelle accident. Bien qu’optionnelle, elle peut couvrir des frais médicaux non remboursés, souvent coûteux après un accident.


Une vigilance collective à renforcer


Si le rapport 2023-2024 met en lumière des progrès, il souligne aussi des marges d’amélioration significatives. La sécurité en escalade repose autant sur des règles claires que sur une vigilance de tous les instants, qu’on soit débutant ou expert.


L’engouement pour cette discipline continue d’attirer de nouveaux pratiquants, et avec lui, une responsabilité croissante. Faire de l’escalade un sport sûr tout en préservant son essence aventureuse est un équilibre délicat, mais indispensable.



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