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  • Micka Mawem et Chris Sharma : Un duo improbable sur « Le Blond »

    Batman et Robin, Astérix et Obélix, Adam Ondra et les cris d’outre-tombe. Certains duos coulent de source . D’autres, franchement moins. D’un côté, Micka Mawem, félin bondissant nourri aux compètes et aux shakers de protéines, où tout se joue en dix mouvements. De l’autre, Chris Sharma, maître du caillou, philosophe du flow, plus du genre à se faire pincer pour un joint la veille d’une compète que pour un excès de créatine. Rien ne les prédestinait à grimper côte à côte, et encore moins à s’acharner sur un monstre sans nom, une ligne dont même Sharma ne connaît la cotation exacte. Et pourtant, les voilà suspendus sur « Le Blond », une voie aussi mythique qu’invaincue, quelque part sur le calcaire d’Oliana. Un héritage sur prise Les grimpeurs ont parfois la mémoire courte, mais pas Chris Sharma. En 2012, il équipe « Le Blond », juste après la disparition de Patrick Edlinger , pionnier de l’escalade libre, icône du solo intégral et des cheveux au vent. Un hommage en forme de mur, une pierre angulaire plantée dans le paysage vertical. Une décennie plus tard, toujours aucun enchaînement. Et qui débarque pour poser les doigts sur ce bout d’histoire ? Micka Mawem, un pur jus du bloc, enfant du plastique et des volumes vissés. L’ironie est belle. Micka Mawem débarque sur la planète falaise Pour Micka Mawem, la falaise, c’est un monde parallèle. Pas qu’il n’ait jamais mis un chausson dehors, mais il n’a jamais eu l’endurance d’y traîner longtemps. Son terrain de jeu, c’est la compète, l’instantanéité, la force brute condensée en quelques essais . Son dernier gros run en falaise ? Un 8b+, il y a un bail. Là, on parle d’un potentiel 9c. Mais plutôt que d’arriver en touriste, Micka Mawem fait ce qu’il fait de mieux : décortiquer, analyser, comprendre. Parce que « Le Blond », ce n’est pas juste une voie dure. C’est une aberration biomécanique . Un calvaire de continuité où chaque section semble penser que tu es déjà mort. Et surtout, un passage-clé totalement absurde : le Scorpion. Un pas de bloc coincé dans un marathon de grimpe. Un pivot dans le vide, une réglette invisible, et un timing à rendre fou un robot japonais. Impossible à lire, illogique à exécuter. Et pourtant, il faut bien y aller. Chris Sharma, toujours en quête d’un sommet flou Pendant que Micka Mawem découvre les joies du combat en falaise, Chris Sharma, lui, redécouvre son propre projet. Il l’a équipé, essayé, laissé de côté, repris. Il sait qu’il peut le faire, mais il ne l’a jamais fait. Pas par manque de force. Pas par manque de technique. Mais parce qu’à ce niveau, ce n’est plus une question de physique. C’est une affaire de tête. Chris Sharma ne cherche plus à prouver qu’il est encore capable. Il veut se mesurer à la voie, pas à lui-même. Il sait que la performance n’est plus une finalité, mais un processus. Et là, avec Micka Mawem, quelque chose change. D’Oliana à Barcelone : hacking de mouvement Après une journée à saigner sur le caillou, Micka Mawem et Chris Sharma déplacent le combat. Direction Sharma Climbing à Barcelone, où ils entreprennent de disséquer le Scorpion en laboratoire . En falaise, chaque essai coûte cher : l’énergie, la peau, l’engagement. En salle, on répète jusqu’à l’obsession, sans contrainte, sans conséquence. Micka Mawem passe en mode ingénieur du bloc. Il teste, ajuste, cherche une faille dans l’impossible. Un pied un peu plus haut ? Un angle plus tranché ? Une relance plus directe ? Il ne s’agit pas de tricher la difficulté, mais de la comprendre. Chris Sharma, lui, observe et teste. Lui qui a toujours grimpé à l’instinct se retrouve à intellectualiser son propre projet. Et mine de rien, ça fait une différence. Deux grimpeurs, un même vertige Ils sont venus pour comprendre. Micka Mawem, avec son regard neuf et ses réflexes de compétiteur, dissèque la voie comme un problème à résoudre. Chris Sharma, lui, accepte de prendre du recul, de questionner son propre processus. Deux grimpeurs que tout oppose mais qu’un même objectif réunit : décoder l’impossible. Un défi que Thibaud Herr a suivi de près, caméra en main, capturant chaque tentative, chaque doute, chaque fulgurance. Parce que derrière l’escalade, il y a aussi cette science du détail, ce jeu d’ajustements millimétrés qui sépare l’échec du succès. Quant à « Le Blond » ? Toujours impassible, comme une énigme qui attend son dénouement. Le premier qui viendra à bout de cette histoire devra parler sa langue, pas l’inverse.

  • 25 000 $ pour aller se perdre en haute altitude

    Chaque année, l’American Alpine Club ouvre son portefeuille pour financer ceux qui n’aiment rien tant que se perdre là où Google Maps ne sait plus quoi répondre. La Cutting Edge Grant , c’est le petit coup de pouce de 25 000 dollars pour cinq expéditions qui ont décidé que les cartes étaient faites pour être redessinées et que l’inconnu méritait d’être sculpté par des crampons bien affûtés. © American Alpine Club Pour décrocher le pactole ? Du terrain vierge, des faces qui donnent le vertige rien qu’en les regardant en photo et une éthique aux petits oignons : style léger, respect de l’environnement et une bonne dose de masochisme montagnard. Ils partent, et nous on va suivre Vitaliy Musiyenko, 6 000 $ en poche, part gratter un bout de l’Himalaya indien , plus précisément la face sud-ouest du Kishtwar Shivling (6 000 m). Ce sommet, aussi confidentiel qu’un bon spot de bloc hors topo, n’a vu son point culminant atteint qu’une seule fois. Il sera accompagné de Sean McLane, et si la météo et leurs mollets sont d’accord, ils pousseront jusqu’à un second sommet encore jamais gravi. Parce qu’après tout, quand on est là-haut, autant rentabiliser l’expédition. Michael Hutchins, lui, s’attaque à Rimo III (7 233 m), une face sud-ouest de 1 600 m encore inexplorée dans l’est du Karakoram indien . Pour l’épauler, une équipe qui ferait baver n’importe quel amateur d’alpinisme extrême : Chris Wright (Piolet d’Or en 2020 pour son ascension du Link Sar) et Stefano Ragazzo, connu pour avoir auto-assuré en solo Eternal Flame sur la Nameless Tower au Pakistan. Wright avait repéré les sommets du Rimo en 2012 et il lui aura fallu 13 ans pour transformer un coup d’œil en expédition. On appelle ça la patience… ou l’obsession. 6 000 $ pour aller voir de plus près. Tad McCrea, lui, vise le Latok III (6 949 m), un sommet où les tentatives sont nombreuses, mais les succès plutôt rares. Le plan ? Gravir le pilier sud-est depuis le glacier Choktoi , un itinéraire que personne n’a encore osé signer. En 2024, Jon Giffin et Thomas Huber l’avaient tenté avec lui, mais la montagne leur avait gentiment suggéré de redescendre avant que la météo ne se charge du rappel forcé. Deuxième manche, avec 4 000 $ pour y retourner et voir si cette fois, ça passe. Zach Lovell, 4 000 $ en main, vise une nouvelle ligne sur le Dorje Lhakpa (6 966 m), un sommet du Jugal Himal à 55 km au nord-est de Katmandou . Avec Japhy Dhungana et Joseph Hobby, ils vont aligner 1 000 m d’escalade technique entre 5 900 et 6 900 m. Dhungana et Lovell avaient déjà ouvert leur première voie alpine ensemble au Népal il y a quelques années, et voilà qu’ils remettent ça, façon madeleine de Proust, avec un retour aux sources pour Dhungana dans son pays natal. Ethan Berman, enfin, s’attaque à la "hidden" pillar de l’Ultar Sar (7 388 m) dans le Karakoram pakistanais . Une ligne qui aligne 3 000 m de verticalité, avec 1 500 m de neige et de glace pour l’échauffement, puis 1 500 m de pur rocher qui fend le ciel jusqu’au sommet. En 2024, Maarten van Haeren, Sebastian Pelletti et Berman ont tenté leur chance, atteignant 6 000 m avant que les conditions ne leur rappellent que, parfois, la montagne a d’autres plans. Trois tentatives, trois demi-tours, et maintenant 5 000 $ pour retenter le coup, avec une meilleure connaissance du terrain et, espérons-le, un peu plus de chance. La Cutting Edge Grant : 100 ans de coups de piolet Si ces cinq équipes ont pu rafler leur part des 25 000 dollars, c’est grâce à une subvention qui n’est pas née de la dernière tempête de neige. Depuis 1925, l’American Alpine Club finance ceux qui tracent de nouvelles lignes  sur les cartes et dans l’histoire de l’alpinisme. On lui doit des explorations majeures, comme la première ascension du mont Logan en 1925, l’exploration du Karakoram en 1938 ou encore la première de la face Rupal du Nanga Parbat en 2006. Aujourd’hui, la Cutting Edge Grant, soutenue par Black Diamond, perpétue cette tradition en finançant les alpinistes les plus ambitieux. Mais attention, le chèque ne se décroche pas en cochant quelques cases. Les critères ? Un objectif digne de figurer dans l’histoire : sommets vierges, premières ascensions en libre, itinéraires encore jamais gravis. Une expérience à la hauteur : il faut pouvoir justifier d’un CV montagnard solide. Un engagement environnemental : style léger, minimum d’impact, leave-no-trace. Chaque année, les candidatures s’ouvrent du 1ᵉʳ octobre au 31 décembre, avant que les heureux élus ne soient annoncés en janvier. Ensuite, c’est à eux de jouer : un trip report, des images, et parfois une conférence pour partager leur expérience. L’inconnu, c’est une promesse Une subvention, cinq équipes, un objectif commun : ajouter quelques nouvelles lignes sur les cartes et ramener des histoires à raconter. Parce que si l’inconnu fait peur à certains, pour eux, c’est surtout une promesse.

  • Les néo-grimpeurs en France : qui sont-ils vraiment ?

    Quand on a publié notre étude sur les grimpeurs en France , on s’attendait à ce qu’elle suscite de l’intérêt. Mais on ne va pas se mentir : on n’avait pas prévu un tel engouement. Les chiffres de téléchargement ont explosé, preuve que l’escalade intrigue autant qu’elle fascine. Alors, comme promis, on revient avec une série d’analyses pour creuser les données , aller au-delà des stats brutes et donner du relief à ce que racontent vraiment ces chiffres. Et pour ouvrir le bal, on s'attaque aux néo-grimpeurs  : ceux qui découvrent la grimpe, qui se demandent encore s’ils sont team chaussons serrés ou pantoufles, qui apprennent que la magnésie, ce n’est pas de la farine, et qui, parfois, finissent par se faire tatouer un mousqueton sur l’avant-bras. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Resteront-ils accrochés aux prises ou raccrocheront-ils les chaussons après six mois ? Le portrait-robot du néo-grimpeur L’escalade continue d’élargir son cercle d’adeptes. Mais à qui profite le crime ? L’âge d’or de l’escalade (littéralement) On est clairement sur un sport qui séduit les jeunes adultes, cette tranche d’âge où l’on a encore les genoux solides et la flexibilité pour se plier en deux sur un mouvement de compression absurde. Avant 15 ans, on grimpe aux arbres, après 35 ans, on fait du yoga pour débloquer son psoas. Mais la vraie différence avec les grimpeurs d’hier, c’est l’accès. L’escalade est partout  : salles en ville, mur dans le gymnase de la fac, pubs avec des grimpeurs en arrière-plan. Les JO de Paris 2024 amplifient le phénomène, et avec eux, la nouvelle génération des Mejdi Schalck, Oriane Bertone et autres vont deviennent des modèles, comme Janja Garnbret ou Adam Ondra avant eux. D’ailleurs, les salles surfent sur cet engouement . Les ouvertures explosent, les groupes grossissent : The Climbing Hangar  en Angleterre, Arkose  et Climb Up en France. La grimpe n’est plus une niche, c’est un marché. Un sport qui plaît aussi aux grimpeuses La statistique parle d’elle-même : l’époque où l’escalade était un bastion masculin est révolue. Aujourd’hui, l’image du grimpeur, c’est autant une Janja Garnbret qui éclate les finales en compétition qu’une Oriane Bertone qui danse sur les blocs. Et sur les tapis de réception, on voit aussi de plus en plus de grimpeuses qui grimpent … entre elles , signe que la dynamique évolue. De l'essai à l’addiction : à quelle fréquence grimpent-ils ? Les chiffres sont clairs : les néo-grimpeurs ne sont pas juste des touristes de la grimpe, ils s’ancrent vite dans la pratique . Si l'on prend l’ensemble des grimpeurs pratiquant depuis moins de 2 ans, leur engagement sur une semaine est déjà bien installé : On est donc loin de l'effet de mode. Grimper devient un réflexe, une routine, voire un besoin. Et plus on grimpe, plus on grimpe Si l’on regarde l’évolution entre ceux qui pratiquent depuis moins d’un an et ceux qui ont 1 à 2 ans d’expérience , la tendance est limpide : Les occasionnels (moins d’une fois par semaine) passent de 26,5 % à 15,2 %. Les grimpeurs réguliers (2 fois par semaine) deviennent majoritaires avec 30,5 %. Ceux qui grimpent plus de trois fois par semaine passent à 10,4 %. Autrement dit, plus on grimpe, plus on veut grimper.  On veut cocher des blocs, améliorer son pied gauche, sortir ce foutu 6B dalle qui glisse même en chaussons neufs. Fidèles à leur salle, ou explorateurs ? Le lien entre un grimpeur et sa salle , c’est un peu comme une relation amoureuse : certains sont fidèles, d’autres papillonnent. 52,5 % des néo-grimpeurs testent d’autres salles de temps en temps , par curiosité, pour varier les ouvertures ou suivre des amis. 30,1 % restent attachés à une seule salle , preuve qu’un bon cadre (accueil, ouvertures, ambiance) peut fidéliser sur le long terme. 17,4 % changent de salle régulièrement , confirmant qu’une partie des grimpeurs cherchent constamment de nouveaux défis. Les salles qui réussissent à créer un véritable attachement communautaire (événements, coaching, abonnements flexibles) ont donc une carte à jouer pour garder leurs pratiquants sur le long terme. Ce que veulent les néo-grimpeurs : attentes et points de friction Quand on pousse la porte d’une salle pour la première fois, qu’est-ce qui fait qu’on y revient ? L’accueil ? L’ambiance ? La qualité des ouvertures ? Pour les néo-grimpeurs, certains critères font toute la différence. Les points les plus valorisés Si les néo-grimpeurs reviennent séance après séance, ce n’est pas juste pour leurs chaussons tout neufs. Certains éléments pèsent lourd dans leur engagement : Ambiance générale : 4,80/5  🏠 → L’escalade, c’est une communauté avant tout. Une bonne énergie sur les tapis, un staff accueillant et des partenaires de grimpe motivants, c’est un critère clé. Qualité de l’accueil : 4,81/5  👥 → Se sentir bien accompagné dès les premières sessions joue énormément sur la fidélisation. Qualité des ouvertures : 4,70/5  🔧 → Un bon mix entre plaisir et challenge, avec des blocs qui donnent envie de revenir essayer "juste une dernière fois". Rapport qualité/prix : 4,53/5  💰 → Tant que l’offre suit, le tarif passe au second plan. Accessibilité (transports, parking) : 4,48/5  🚆 → Pratique, mais pas forcément décisif si le reste est au rendez-vous. Les petits trucs qui agacent (mais pas trop) Même si la satisfaction globale est très élevée (4,74/5) , il y a toujours des axes d’amélioration : Propreté des salles : 4,59/5  🧼 → Un point souvent relevé, notamment sur les vestiaires et sanitaires. Fréquence du renouvellement des ouvertures : 4,62/5  🔄 → Les grimpeurs veulent du neuf, et une salle qui tarde trop à changer ses blocs risque de voir ses habitués partir voir ailleurs. L’extérieur : un cap que tous ne franchissent pas Ah, l’appel du rocher... Il fait rêver, il nourrit les fantasmes, il pousse certains à investir dans des dégaines qu’ils n’utiliseront jamais. Mais dans la réalité, le passage de la salle à l’extérieur ne se fait pas en un claquement de doigts . Si certains grimpeurs débarquent en salle avec déjà l’envie de grimper en falaise , la majorité découvre d’abord l’escalade comme une pratique indoor , avec des codes bien différents de la grimpe en extérieur. Le crash-pad remplace le tapis, les prises colorées laissent place aux plats aléatoires du rocher, et les cotations… n’en parlons pas. Une majorité reste en salle la première année La salle, c’est le point d’entrée naturel  pour la plupart des néo-grimpeurs. Accessibilité, confort, sécurité, météo contrôlée, bières à la fin de la session…  tout pousse à sédentariser la pratique dans un environnement urbain et maîtrisé. Autrement dit, une immense majorité (93 %) des nouveaux grimpeurs n’ont pas encore fait de l’extérieur une pratique régulière . Mais l’évolution des chiffres montre que le rocher finit par attirer une partie d’entre eux , une fois qu’ils prennent confiance en leurs capacités et qu’ils trouvent le bon entourage pour les accompagner. Après un an, la transition commence Grimper dehors, ça ne s’improvise pas.  Contrairement à la salle, où un abonnement et une paire de chaussons suffisent, passer à l’extérieur nécessite plus d’investissement  : connaître les sites, comprendre les règles de sécurité, trouver du matériel, et parfois, affronter la peur du vide ou des chutes. C’est pourquoi les néo-grimpeurs pratiquant depuis moins d’un an sont encore très attachés à l’indoor  : 65,2 % ne grimpent jamais dehors. 32,6 % y vont parfois, mais restent avant tout des grimpeurs de salle. Seuls 2,2 % s’y rendent régulièrement. Mais après un an, on observe une évolution significative  : La part de ceux qui ne vont jamais dehors chute à 38,6 %. Ceux qui grimpent occasionnellement en extérieur deviennent majoritaires (50,6 %). Les grimpeurs réguliers en extérieur passent de 2,2 % à 10,8 %. Ce basculement montre que le passage au rocher se fait progressivement , souvent sous l’impulsion de nouvelles rencontres, de stages, ou d’un groupe de grimpeurs plus expérimentés  qui ouvrent la voie. Les 45+ : passagers clandestins ou futurs fidèles ? Un chiffre intrigue : les plus de 45 ans représentent 8,9 % des débutants, mais chutent à 4,1 % après un an . Deux lectures possibles : Un taux d’abandon plus élevé  : contraintes physiques, manque d’accompagnement, ambiance trop “jeunesse urbaine” ? Un effet de rattrapage  : les 45+ découvrent l’escalade plus tardivement et sont proportionnellement plus nombreux à s’y mettre, ce qui gonfle artificiellement leur part parmi les débutants. Si la première hypothèse se confirme, ça pose une vraie question sur l’accessibilité de l’escalade pour un public plus âgé . La grimpe indoor pourrait pourtant être une alternative au fitness classique pour travailler la force, la mobilité et l’équilibre . À voir si les salles d’escalade tentent de capter ce public avec des offres plus adaptées  (coaching senior, formats loisir, matériel spécifique...), comme le font déjà certains acteurs du sport-santé. Téléchargez l’étude et creusez les chiffres Cet article n’est qu’un échantillon des enseignements que révèle notre étude sur les grimpeurs en France . Au-delà du portrait des néo-grimpeurs, elle explore qui sont les grimpeurs en France, où et comment ils pratiquent, ce qui influence leur fidélité à une salle, et comment évolue leur rapport à l’extérieur. Vous y trouverez aussi des analyses croisées  entre les différents profils de grimpeurs : Les différences de pratiques entre hommes et femmes Comment l’ancienneté influence la fréquence et la satisfaction Pourquoi certains restent fidèles à une salle et d’autres papillonnent Pour découvrir toutes ces tendances et leurs implications , il vous suffit de télécharger l’étude complète sur les grimpeurs en France . 📥 Télécharger l’étude complète sur les grimpeurs en France

  • Escalade et déficience visuelle : à l’aveugle, mais pas à tâtons

    L’escalade, c’est d’abord une affaire de toucher. Un grain de roche qui râpe sous les doigts, un volume fuyant sous la paume, un bac rassurant qu’on cherche comme un interrupteur dans le noir. Alors pourquoi faudrait-il forcément voir pour grimper ? Ce weekend à Millau , une formation a été dispensée pour apprendre à mieux accompagner les grimpeurs déficients visuels. Parce qu’entre le mur et la chute, il y a une voix, un guide, un dialogue à construire pour que tout s’accroche et que rien ne tombe . Et si quelques clubs et fédérations commencent à poser des points d’assurage, l’accessibilité reste encore en mode ouverture. Anticiper pour mieux grimper : mode d’emploi Dans la grimpe, on dit souvent que tout se joue avant même de lever le pied du sol. C’est encore plus vrai pour les personnes déficientes visuelles. Baptiste Cruzel , entraîneur adjoint de l’équipe de France de para-escalade et ergothérapeute de formation, en a fait son cheval de bataille. À Millau, il a partagé son expertise avec une poignée de grimpeurs volontaires, bien décidés à ne plus grimper idiot . Baptiste Cruzel insiste sur l’importance de préparer en amont l’arrivée des grimpeurs déficients visuels : comment ils accèdent à la salle, comment ils s’y repèrent, comment on évite les obstacles dès leur arrivée. L’objectif, selon lui, est qu’ils deviennent autonomes le plus tôt possible, sans dépendre constamment d’un accompagnateur. Après un peu de théorie, la pratique : les participants ont été priés de grimper les yeux bandés, avec pour seul guide la voix d’un partenaire. Un exercice qui a remis tout le monde au niveau zéro. Un pied qui racle dans le vide, une main qui s’affole sur le mur, et soudain, on comprend mieux pourquoi des consignes claires valent mieux qu’un "vas-y, monte, c’est easy" . Un langage à inventer : la voix comme outil de grimpe Dans le para-escalade, la voix est bien plus qu’un simple soutien : c’est l’outil central du guidage . L’accompagnateur au sol doit traduire la voie en mots, donner les bonnes indications au bon moment, avec la bonne précision. Mais là où un coach peut dire à son grimpeur « vas-y, envoie à droite ! » , un autre peut détailler « prends l’inversée en trois heures, pousse fort sur ton pied gauche, transfert de poids et relance » . Le problème ? Il n’existe pas encore de vocabulaire standardisé . Chaque binôme crée son propre lexique, ses propres codes. Ce qui fonctionne dans une salle peut devenir incompréhensible ailleurs. « Aujourd’hui, chacun fait un peu à sa sauce » , explique un encadrant. « Certains décrivent la prise par son type (plat, arquée), d’autres par sa direction (droite, gauche), d’autres encore par l’horloge (trois heures, neuf heures). Et au final, il y a un vrai enjeu à harmoniser ces méthodes. » D’où l’idée d’instaurer un langage commun, des repères clairs et partagés . Certaines équipes et clubs commencent à travailler sur ces standards pour que l’accompagnement soit plus efficace et plus intuitif , quel que soit le lieu ou l’encadrant. Grimper en binôme : un apprentissage des deux côtés Accompagner un grimpeur déficient visuel, c’est généralement d’abord vouloir rendre service. Mais rapidement, c’est un travail à deux qui se met en place, où chacun progresse avec l’autre . Un constat que nous partage Thomas : « Quand j’ai commencé à guider un grimpeur malvoyant, je voyais ça comme un coup de main, un truc sympa à faire. Sauf qu’assez vite, c’est devenu un défi commun. Quand il réussit une voie, j’ai vraiment l’impression d’avoir réussi aussi. Et à l’inverse, quand il chute, je considère que c’est également un peu de ma faute parce que je n’ai pas donné les bonnes indications. » « Ce rôle de guide m’a aussi fait monter en niveau, j'ai appris à vraiment lire une voie, à anticiper chaque position, chaque mouvement. Là où avant je lisais rapido en cherchant juste à passer, j’ai compris l’intérêt de tout décrypter avant d’être dans une voie. » L’escalade devient un dialogue, une question de confiance totale entre celui qui grimpe et celui qui le guide. Une leçon aussi bien pour le grimpeur que pour l’accompagnateur. Les clubs et les fédérations s’équipent L’inclusivité en escalade n’est pas encore un standard, mais certaines structures commencent à poser les premières prises. La Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade ( FFME ) a notamment lancé plusieurs formations pour que les encadrants ne se retrouvent pas à improviser en bas du mur. Le Certificat de Spécialisation Escalade & Handicap , destiné aux moniteurs brevetés, vise à donner les bases techniques et pédagogiques pour encadrer des personnes en situation de handicap. La formation Initiateur Escalade & Handicap  pousse encore plus loin la réflexion en apprenant aux encadrants à adapter leurs méthodes, concevoir des parcours et accompagner des pratiquants avec des besoins spécifiques. L’objectif est clair : faire en sorte que chaque club, chaque salle, chaque moniteur  puisse proposer un accompagnement adapté sans se reposer uniquement sur quelques initiatives isolées. Dans cette dynamique, d’autres organismes se spécialisent dans la formation des paramédicaux et éducateurs, intégrant l’escalade dans une approche thérapeutique et sociale. De quoi donner une nouvelle dimension au sport, bien au-delà de la simple performance. Un sport encore en rodage Pour l’instant, les initiatives se multiplient, mais rien n’est encore systématique . Manque de formation, infrastructures pas toujours adaptées, absence de matériel dédié… La grimpe pour déficients visuels est en pleine montée, mais sans vraie prise d’appui. Mais la direction est tracée : permettre aux grimpeurs déficients visuels de gagner en autonomie , de ne plus dépendre systématiquement d’un accompagnateur et d’évoluer sur le mur avec la même liberté que n’importe quel autre grimpeur. L’escalade a longtemps été un sport de l’extrême. Il devient aujourd’hui un sport d’inclusion. Et si cette ouverture ne va pas aussi vite qu’un run en Coupe du monde, elle a au moins l’avantage de ne pas être qu’un simple effet de mode. Parce qu’au bout du compte, grimper, c’est avant tout savoir avancer.

  • Les 8 applis incontournables pour l’escalade en 2025 : pixels et pof dans les poches

    L’escalade, c’est simple : tu mets un pied, une main, tu tires et t’espères que ça passe. Mais en 2025, le caillou et la résine ont trouvé des alliés numériques pour te filer un coup de main (ou un coup de pied, selon ton style). Entre entraînement millimétré, topos dématérialisés et communautés interconnectées, ton smartphone peut devenir ton meilleur partenaire… ou ton pire distracteur. Voici 8 applications qui méritent leur place sur ton écran d’accueil . OneTopo – Le GPS du grimpeur 📍 Topos numériques, cartographie précise, mises à jour en temps réel Fini les topos froissés au fond du sac qui datent de l'époque où ton oncle grimpait en collants fluo. OneTopo  t’offre des guides interactifs et régulièrement actualisés pour savoir où poser tes doigts et tes pieds sans te retrouver à errer trois longueurs trop loin. Une carto ultra-précise pour éviter de finir sur une arête maudite ou sous une ligne de spit douteuse. 🎯 Pour qui ?  Les grimpeurs qui veulent aller droit au but et pas se perdre dans le topo. Lien App Store Lien Google Play Gastón – L’appli qui te met au défi 🏆 Défis communautaires, partage de perfs, actualités des salles T’as coché ton projet ? Gastón  veut le savoir. L’appli t’aide à garder une trace de tes sessions, à comparer tes croix avec celles de tes potes et à suivre l’actu des salles partenaires. Le petit plus : une dose de challenge et de motivation via des défis à relever, pour booster ta progression sans tomber dans la routine. 🎯 Pour qui ?  Ceux qui aiment grimper en salle avec l’esprit compet’ et la vibe communauté. Lien App Store Boolder – Fontainebleau au bout des doigts 🪵 Topo interactif, recensement des blocs, infos locales Si Bleau, c’est ton deuxième salon, alors Boolder  est ton guide ultime. L’appli est entièrement dédiée à Fontainebleau et ses milliers de blocs, avec des descriptions détaillées, des cartes précises et des infos pratiques pour éviter de tourner en rond dans la forêt. Si tu veux savoir où poser ton crashpad et comment sortir ce satané jeté de toit, c’est là que ça se passe. 🎯 Pour qui ?  Les amoureux de la forêt de Fontainebleau qui veulent optimiser leurs sessions. Lien App Store Lien Google Play Crimpd – L’entraîneur de tes tendons 📊 Programmes de force sur-mesure, focus poutre, suivi des progrès Si t’as déjà juré sur une arquée que t’allais bosser tes doigts, Crimpd  va t’aider à tenir ta promesse. L’appli propose des entraînements calibrés pour booster ta force et ton endurance, avec des routines adaptées à ton niveau. Gainage, suspension, traction… c’est ton mur qui va pleurer. 🎯 Pour qui ?  Ceux qui veulent transformer leurs mains en griffes d’acier. Lien App Store Lien Google Play Grippy – Quand la douleur devient une habitude 🔥 Routine sur poutre, niveaux progressifs, minuteries intégrées Tu veux savoir pourquoi Adam Ondra crie autant ? Essaye un programme Grippy et on en reparle. L’appli accompagne l’entraînement sur les célèbres poutres "Beastmaker" avec des routines paramétrées, des timers intégrés et des niveaux progressifs qui vont faire trembler tes phalanges. 🎯 Pour qui ?  Ceux qui n’ont pas peur de voir leur peau partir en lambeaux au nom de la progression. Lien App Store Lien Google Play Retro Flash – L’appli ultime pour les spray walls 🎮 Création de blocs sur spray wall, partage communautaire, cotation personnalisable Si t’as un spray wall chez toi ou dans ta salle préférée, Retro Flash  est ton nouveau jouet. L’appli permet de créer et partager des blocs en mode old-school, avec une interface qui sent bon la Game Boy et une communauté active. Tu peux même ajuster les cotations à ta sauce, histoire de donner un petit ego boost (ou de revoir tes ambitions à la baisse). 🎯 Pour qui ?  Ceux qui passent plus de temps sur leur spray wall que dans leur salon. Lien App Store Lien Google Play Oblyk – L'annuaire interactif du grimpeur 📖 Base de données participative, suivi des perfs, infos pratiques sur les spots Tu cherches où grimper ce week-end ? Oblyk  est l’outil parfait pour identifier des falaises, des blocs et des salles près de chez toi. Avec plus de 20 000 sites répertoriés , l’appli te permet de connaître le type de grimpe dispo, les styles de voies, l'accès et les restrictions éventuelles. Ce n’est pas un topo à proprement parler, mais un bon point de départ avant de mettre la main sur la version papier ou numérique. 🎯 Pour qui ?  Ceux qui aiment explorer de nouveaux spots et veulent se renseigner avant d’acheter le topo du coin. Lien App Store Lien Google Play Kilter Board – Ton mur d'escalade interactif 🔹 Mur connecté, bibliothèque de blocs mondiale, personnalisation complète Si ta salle d'escalade est équipée d'une Kilter Board , cette appli devient ton tableau de bord. Elle te permet de choisir parmi des milliers de blocs créés par des grimpeurs du monde entier, d'ajuster l'inclinaison du mur selon tes envies et de voir les prises s'illuminer pour te guider dans tes mouvements. Tu peux également créer tes propres blocs, les partager avec la communauté et suivre tes performances au fil du temps. 🎯 Pour qui ?  Ceux qui veulent transformer leur entraînement en salle en une expérience interactive et personnalisée. Lien App Store Lien Google Play Alors, laquelle est pour toi ? Que tu sois fan de stats, adepte du spray wall ou grimpeur old-school qui veut juste savoir où il met les chaussons, y’a une appli pour toi. Mais ne l’oublions pas : aucun algorithme ne remplacera une bonne lecture de voie, une chute bien assumée et un bon repas partagé après la séance. Alors, applis ou pas, l’important, ça reste la grimpe. Bonne session !

  • Financement du haut niveau en Allemagne : le DAV met les grimpeurs au pied du mur

    L’histoire commence comme une mauvaise blague : que se passe-t-il quand une fédération coupe les vivres et que les athlètes doivent passer le chapeau ?  Réponse : Alex Megos sort le mégaphone et lance un appel aux dons . Parce que l’équipe nationale allemande, laissée en roue libre par le Club Alpin Allemand (DAV), doit désormais financer elle-même une partie de sa saison. Une situation ubuesque pour un sport olympique, mais qui illustre un mal plus profond : l’escalade de haut niveau a un problème de sous, et ce n’est pas que l’Allemagne qui rame. © Jean Virt / IFSC Le DAV face à la réalité : serrer la vis ou casser la tirelire ? Depuis 2022, le DAV ne touche plus un centime de l’État pour financer ses compétiteurs. Seule au monde (ou presque), la fédération doit jongler avec ses propres fonds pour faire tourner la boutique. Sauf que 2024 a été une année faste en résultats, donc en invitations aux Coupes du Monde . Et qui dit plus de quotas, dit plus de déplacements, plus de frais, plus de galères. Deux choix s’offraient au DAV : N’envoyer que les meilleurs , ceux qui ont le plus de chances de briller, et serrer la vis sur les sélections. Envoyer un maximum d’athlètes , quitte à leur faire payer une partie de la note. La fédération a choisi la deuxième option, expliquant vouloir « donner leur chance » à un maximum de grimpeurs. Un choix qui sonne noble sur le papier… sauf qu’en pratique, ça veut dire que grimper en Coupe du Monde, c’est d’abord grimper un budget. L’équilibre instable : faire de la place ou faire des sacrifices ? L’argument du DAV se tient : il fallait trancher. Mais ce qui coince, c’est la formulation. « Nous faisons la meilleure offre possible dans le cadre donné » , explique la fédé. Autrement dit : c’est ça ou rien, débrouillez-vous. Sauf qu’une saison complète, c’est des milliers d’euros en billets d’avion, hôtels et autres frais de déplacement. Pour Alex Megos et ses coéquipiers, c’est simple : sans argent, pas de compétitions. Pas de compétitions, pas de carrière. Et là, on touche à une vérité qui pique : le haut niveau est en train de devenir un club privé, réservé à ceux qui peuvent se payer l’entrée. L’Allemagne en crise, mais pas que Ce que vit l’équipe allemande, la France le connaît déjà. La FFME n’a pas toujours les moyens d’envoyer tout le monde sur les étapes de Coupe du Monde, et certaines places restent vacantes faute de financement. Résultat : un vivier de grimpeurs prometteurs, mais des opportunités qui se jouent à l’épaisseur du portefeuille. Le problème, c’est que l’escalade ne se contente plus d’être un sport de passionnés. Elle est devenue une industrie , avec ses sponsors, ses prize money faméliques et son accès de plus en plus élitiste. Or, si les fédérations n’arrivent plus à suivre, qui peut encore se permettre de jouer le jeu ? Le DAV en pompier ou en architecte ? Pour l’instant, le DAV gère la crise avec un extincteur et un sourire crispé. La question, c’est jusqu’à quand.  Tant que les fédés ne trouvent pas de modèle économique viable, l’escalade de haut niveau restera une course d’obstacles… financiers. L’appel aux dons de Megos n’est pas qu’un SOS. C’est un symptôme , un signe que le système a des fissures. Et si la solution passe uniquement par la générosité du public, alors il y a urgence : soit on trouve une autre façon de financer le sport, soit on accepte que le talent ne suffira plus.

  • Résultats de l’étude : Qui sont vraiment les grimpeurs en France ?

    L’escalade n’est plus un sport de niche. Fini le temps où seuls quelques passionnés s’acharnaient sur des falaises isolées ou des pans bricolés dans des garages humides. Aujourd’hui, les salles sont pleines à craquer, les néo-grimpeurs débarquent en masse, et l’escalade devient presque un phénomène de société. Mais au-delà des impressions et des tendances visibles sur Instagram, qui sont vraiment les grimpeurs en France ? Combien grimpent régulièrement ? Quels sont leurs critères pour choisir une salle ? Pourquoi certains ne passent-ils jamais au rocher ? Chez Vertige Media, on a voulu aller au-delà des clichés et poser des vraies questions. Alors, on a lancé la plus grande enquête jamais réalisée sur la communauté des grimpeurs en France , avec un chiffre qui parle de lui-même : 15 276 répondants, issus de 253 salles . Des statistiques, du concret, du vrai , pour dresser un portrait fidèle et précis de ceux qui remplissent les salles et occupent les falaises. Et autant te dire que certains résultats vont en surprendre plus d’un. Le boom des néo-grimpeurs et la salle comme terrain de jeu principal Ce n’est plus une intuition, c’est un fait : l’escalade attire toujours plus de monde. Un grimpeur sur trois (32,8 %) a moins de deux ans d’expérience.  Autrement dit, le renouvellement est constant, et une grande partie des pratiquants actuels découvrent encore les subtilités du sport . Mais la vraie question, c’est combien d’entre eux resteront sur le long terme. Et s’ils sont nombreux à se mettre à l’escalade, leur terrain de jeu favori est sans appel : la salle.  On pourrait croire que tout grimpeur a, à un moment ou un autre, mis les pieds sur du rocher, mais non : 25,2 % des grimpeurs ne grimpent jamais dehors.  Pour eux, l’escalade, c’est des tapis bien moelleux, des volumes colorés et une ambiance musicale calibrée pour la motivation. Alors, est-ce que l’escalade est en train de devenir un sport purement indoor ?  La question mérite d’être posée. Près de la moitié (48,5 %) des grimpeurs interrogés vont en extérieur de façon occasionnelle , mais seuls 26,2 % grimpent régulièrement dehors.  La falaise reste donc une pratique minoritaire, même si elle continue d’attirer une partie des pratiquants. Mais que ce soit en intérieur ou en extérieur, les grimpeurs sont assidus . Plus de 60 % d’entre eux vont en salle au moins deux fois par semaine.  Loin du simple hobby, l’escalade devient une véritable habitude, un sport qui s’intègre dans le quotidien. La question pour les salles est donc comment fidéliser ces pratiquants qui reviennent encore et encore . Une étude pour comprendre, et anticiper Ce genre de chiffres, on ne les sort pas d’un chapeau. Cette étude a été menée dans le cadre de l’événement " Best Place To Climb 2024 " , avec un questionnaire détaillé auquel ont répondu plus de 15 000 grimpeurs , couvrant toutes les tranches d’âge, tous les niveaux et l'ensemble du territoire. L’idée n’était pas simplement de collecter des données, mais d’analyser en profondeur les tendances actuelles , d’identifier les évolutions de la pratique, et surtout d’aider les grimpeurs, les salles et les marques à mieux comprendre les attentes et les usages. On a exploré des questions essentielles : Qui sont les grimpeurs aujourd’hui ?  Leur âge, leur genre, leur ancienneté dans la pratique. Salle vs extérieur : pourquoi tant de grimpeurs restent exclusivement en indoor ? Qu’est-ce qui fait une "bonne" salle ?  Quels critères sont les plus importants pour les grimpeurs ? Qui sont vraiment les neo-grimpeurs et quelles sont leurs habitudes ? Le but n’est pas juste d’avoir des chiffres. C’est de mieux comprendre la grimpe d’aujourd’hui pour imaginer celle de demain. Télécharge l’étude complète et plonge dans les tendances On pourrait continuer à aligner les stats, mais le mieux, c’est encore que tu les découvres par toi-même. L’étude complète est disponible dès maintenant , avec toutes les données sur les grimpeurs en France. 📥 Télécharge l’étude ici Une série d’articles pour décrypter les résultats Et pour aller encore plus loin, on ne va pas s’arrêter là . Plutôt que de tout balancer d’un coup, on va publier une série d’articles pour explorer chaque point clé de l’étude, avec des analyses inédites et des mises en perspective poussées . 📍 Qui sont les grimpeurs en France en 2025 ?  – Le portrait détaillé des pratiquants 📍 Salle vs extérieur : la falaise en déclin ?  – Décryptage d’une transformation en cours 📍 Les néo-grimpeurs : coup de boost ou effet de mode ?  – Qui sont-ils et comment les fidéliser ? 📍 Pourquoi les femmes grimpent-elles moins en extérieur ?  – Un sujet sensible, mais essentiel Le premier article arrive dès la semaine prochaine, mais en attendant, télécharge l’étude complète et plonge dans les tendances de la grimpe en France.

  • Les glaciers se font la malle, mais la poésie reste : plongée dans Les Sources de Glace

    On a tout cramé. Les forêts, les hydrocarbures, nos illusions. Et maintenant, c’est la glace qui trinque. Pas juste une fonte anodine, pas un simple réajustement climatique — non, c’est une hémorragie blanche qui ne cicatrise pas. En 2025, les Nations Unies, un peu à la bourre, ont décidé de consacrer une Année internationale de la préservation des glaciers . Une noble intention, qui arrive comme un extincteur face à un feu de forêt. Pendant ce temps, Nastassja Martin et Olivier de Sépibus ont pris un autre chemin : celui de l’art, de la littérature et de la photographie, pour raconter la tragédie en cours avec autre chose que des courbes et des pourcentages. Le résultat, " Les Sources de Glace " , est un livre qui ne joue pas le jeu du constat clinique. C’est un cri feutré, une élégie glacée où la puissance des images répond à la densité des mots. Un livre pour ceux qui ont compris que le combat est déjà perdu, mais qui refusent de détourner le regard. Glace sans fard, mots sans filtre Olivier de Sépibus monte à la rencontre des glaciers alpins depuis vingt ans. Il n’en ramène ni selfies ni grimpeurs en collant fluo, juste des paysages sans humains, immenses et désertés. Une matière en train de fondre, au propre comme au figuré. Ses clichés sont bruts, presque austères. Pas d’artifice, pas de mise en scène : juste la montagne qui se délite sous nos yeux . Un travail qui rappelle que, bien avant que l’homme n’invente le concept de paysage, la glace était là, souveraine, indifférente. Et qu’aujourd’hui, elle crève en silence. En face, Nastassja Martin. Anthropologue, écrivaine, poétesse de la fin des mondes . Elle pose des mots là où l’image seule pourrait suffire. Mais pas pour expliquer, encore moins pour consoler. Son écriture est une cartographie de la perte, un voyage entre la peinture, la mythologie et la science pour tenter de comprendre ce qui meurt sous nos yeux . © Vertige Media « Quelque chose meurt, quelque chose se crée, il est temps d’écouter la voix des sources de glace. » La glace parle, gronde, gargouille. Elle se brise et se reforme. Elle ne disparaît pas vraiment, elle se sublime – littéralement. D’état solide à état gazeux, sans passer par la case liquide. Elle nous file entre les doigts, au sens chimique du terme. Glaciers : mémoire d’éléphant, destin de papillon On ne le dit pas assez, mais la glace est une bibliothèque naturelle . Une mémoire de l’atmosphère, piégée dans des bulles d’air vieilles de plusieurs centaines de milliers d’années. On y lit l’histoire du climat, les caprices de l’air, les fièvres de la Terre. Sauf que voilà : on est en train de cramer les archives. La fonte n’est pas qu’un drame paysager ou un défi pour les stations de ski. C’est une perte de savoir, un trou béant dans l’histoire du monde. Les carottes glaciaires qu’on extrait en catastrophe pour les stocker dans des frigos sous atmosphère contrôlée, c’est l’équivalent du pillage des musées au crépuscule d’une civilisation. Une tentative désespérée de sauver les miettes. Et face à ça, les mots de Nastassja Martin sont sans appel : « Nos idées sur le monde ne sont plus tenables, ne sont plus vivables, comme les montagnes et leurs glaciers, elles ne tiennent plus debout. » Le paysage tel qu’on l’a appris, tel qu’on l’a peint, célébré, fantasmé, n’existe plus. Il se dissout sous nos yeux. © Vertige Media De Prométhée à l’Anthropocène : l’hubris en hors-piste Depuis que l’homme a décidé qu’il pouvait domestiquer la nature, il a tout réécrit à sa sauce. La montagne, autrefois domaine des dieux et des esprits, est devenue un terrain de jeu, puis un décor, puis une ressource. On a objectivé le monde , rationalisé l’altitude, balisé l’inconnu. Et maintenant que tout se fissure, on panique. On veut "sauver" ce qu’on a détruit, tout en continuant à jouer aux alpinistes du progrès. Comme si une bonne dose de geoengineering pouvait faire tenir ce qui ne tient plus. Comme si un peu de pompage sous-glaciaire allait ralentir la grande débâcle. « Nous avons stabilisé une idée de la sauvagerie à dompter en nous et hors de nous. (...) Le ciment qui tenait ensemble tout ce bel édifice mythologique se dissipe et la forme s’effondre dans une série d’éboulements fracassants. » Bienvenue dans le post-paysage , où la montagne n’a plus la même gueule qu’avant et où nos certitudes prennent l’eau. © Vertige Media Un livre-manifeste, sans banderole ni slogan Il y a mille manières d’aborder la catastrophe. Les rapports du GIEC, la collapsologie en mode check-list de fin du monde, les vidéos YouTube qui hurlent à l’apocalypse imminente. Les Sources de Glace  prend un autre chemin : celui du regard, du langage, du trouble . C’est un livre ni optimiste ni pessimiste, mais lucide . Qui ne cherche pas à convaincre, encore moins à mobiliser. Juste à poser un instantané. Voilà où nous en sommes. Voilà ce que nous avons fait au monde. Voilà ce que nous sommes en train de perdre. « Revenir de la stupéfaction. Réapprendre à voir ce qui meurt, et ce qui naît. » Les Sources de Glace  est disponible en librairie depuis le 13 mars . Il ne vous donnera pas les clés d’un futur radieux. Mais il vous rappellera, en mots et en images, pourquoi il faut continuer à aimer ce qui s’efface.

  • L’escalade : le sport que les séniors n’attendaient pas

    On pourrait croire que l’escalade est une affaire de jeunesse. Des muscles toniques, des corps souples, une agilité insolente.  Un terrain de jeu réservé à ceux qui bondissent d’une prise à l’autre avec l’insouciance de leur vingtaine. Et puis, il y aurait un âge où l’on devrait se ranger, troquer l’adrénaline contre des promenades digestives et des cours d’aquagym. Foutaises. L’escalade pourrait bien être l’un des secrets les mieux gardés du vieillissement en pleine forme . Un sport qui muscle, équilibre, stimule le mental  et coche toutes les cases d’une longévité active. Encore faut-il oser et pouvoir se lancer. Car soyons honnêtes : quand on n’a jamais grimpé de sa vie, un mur d’escalade peut ressembler à une falaise infranchissable. C’est précisément là qu’intervient le Footing Vertical™ . L’escalade : un antidote au vieillissement que personne n’avait vu venir Sur les murs des salles d’escalade, on croise parfois une silhouette qui détonne.  Un grimpeur aux cheveux grisonnants, qui avance sur la paroi avec une aisance troublante. Là où les jeunes enchaînent des mouvements saccadés, lui place ses pieds avec la précision d’un horloger, ajuste son poids sans effort apparent, glisse sur la paroi plus qu’il ne la conquiert. Pas de précipitation, pas de force inutile. Tout est question de placement, de coordination, d’intelligence du mouvement. Alors non, on ne va pas vous encourager à envoyer votre grand-mère en solo sur El Capitan. Mais un mur d’escalade en salle, avec un dispositif pensé pour accompagner chaque grimpeur selon ses capacités ? Là, on parle. Footing Vertical™ : grimper en toute confiance, progresser en toute autonomie Micka et Bassa Mawem connaissent mieux que quiconque les bienfaits de l’escalade . Après une carrière en compétition, ils auraient pu se contenter de savourer leur statut de légendes. Mais rester immobiles ? Très peu pour eux. Leur ambition aujourd’hui : ouvrir l’escalade au plus grand nombre . Le Footing Vertical™ est né de cette vision. Ce système ingénieux libère la grimpe de ses contraintes. Plus besoin de quelqu’un pour assurer : un peu comme un enrouleur automatique mais en plus intelligent, qui déleste le grimpeur, lui enlevant une partie de son poids pour faciliter la montée . Imaginez grimper avec 50, 80, voire 120 kg en moins : l’effort est allégé, les mouvements deviennent plus fluides et accessibles, tout en conservant les sensations et les bienfaits de l’escalade. Contrairement aux enrouleurs classiques qui assistent uniquement à la descente, le Footing Vertical™ accompagne activement la montée , permettant de progresser en douceur et en toute confiance. Grâce à une télécommande ou une application, chacun peut ajuster l’assistance selon ses besoins et évoluer à son rythme. Une invention qui change tout, surtout pour les séniors.  Car les bienfaits de l’escalade vont bien au-delà du simple plaisir de grimper. Trois raisons imparables de grimper pour les seniors On ne va pas se mentir : le corps évolue avec l’âge.  Les muscles s’amenuisent, les articulations deviennent moins souples, l’équilibre se fragilise. Ce qui semblait naturel devient un défi. Mais le mouvement est le meilleur rempart contre ces effets, et l’escalade stimule chaque aspect essentiel du bien vieillir . 1. La gravité n’est pas une fatalité : préserver ses muscles Avec les années, le corps perd de la masse musculaire . Dès 30 ans, un sédentaire peut voir jusqu’à 8 % de ses muscles fondre par décennie. Après 50 ans, le phénomène s’accélère, et avec lui, son lot de conséquences : fatigue accrue, perte de force, mobilité réduite. Mais ce n’est pas une fatalité. Le muscle, ça se travaille. Contrairement à la musculation classique qui cible un muscle à la fois, l’escalade engage l’ensemble du corps en synergie . Chaque traction sollicite les bras, chaque poussée mobilise les jambes, chaque équilibre renforce le dos et la sangle abdominale. Tout est connecté, tout travaille ensemble. L’autre atout ? Un renforcement musculaire sans impact .  Pas de chocs traumatisants comme en course à pied, pas de charges excessives à soulever. Un effort progressif, naturel, qui renforce sans malmener. Grimper, c’est entretenir sa force sans user son corps. 2. Équilibre et coordination : la clé pour éviter les chutes Avec l’âge, les chutes deviennent la première cause de mortalité accidentelle .  Un simple faux pas, un virage mal négocié, et l’accident peut être lourd de conséquences. Le coupable ? Une proprioception qui s’étiole, un équilibre qui s’affaiblit. Là encore, l’escalade apporte une réponse efficace. Contrairement à la marche ou au vélo, qui offrent un appui stable, grimper impose une adaptation constante . Chaque prise est une leçon d’équilibre, chaque mouvement exige un ajustement du centre de gravité. L’escalade rééduque le corps à gérer l’instabilité. Poser son pied sur une prise, c’est réveiller sa proprioception. Se tendre vers une prise éloignée, c’est maîtriser son poids dans l’espace. Rechercher son équilibre sur un volume, c’est développer des réflexes qui éviteront une chute dans la rue. Et au fil des séances, tout se stabilise : la posture, la démarche, la confiance en ses appuis. 3. Un mental d’acier et une vie sociale active Vieillir, c’est aussi voir son quotidien se rétrécir . Moins d’interactions, moins de stimulations, un isolement progressif  qui impacte aussi bien le moral que la cognition. L’escalade est un antidote à cette spirale. C’est un sport collectif. Sur un mur, on grimpe, mais surtout on partage. Les générations se croisent, les conseils s’échangent, les encouragements fusent. Chaque ascension devient un moment de connexion, où l’on célèbre ensemble les petites victoires. Et au-delà de l’aspect social, l’escalade est un jeu d’esprit. Chaque voie est une énigme à résoudre. Observer, anticiper, mémoriser ses mouvements, gérer son stress . Le résultat ? Un cerveau stimulé, une confiance en soi renforcée, un stress réduit. Vieillir, oui. Mais avec un mental aiguisé et un moral au sommet. À vous de jouer Et si votre prochain moment en famille se passait dans une salle d'escalade, plutôt qu’autour d’un café devant la télévision du salon ? Offrez-leur une première ascension, une sensation de hauteur, un défi à relever ensemble. Essayez, testez, et voyez par vous-même ce que ça change. En vous inscrivant au formulaire de MBS Industry ci-dessous, vous pourriez avoir une séance gratuite pour tester le Footing Vertical™ dès qu’il sera disponible dans une salle près de chez vous. 📍 Inscription ici  : Testez gratuitement le Footing Vertical™ 📍 En savoir plus  : Découvrir le Footing Vertical™ Ne laissez pas l’âge être une excuse. Grimpez, partagez, et redécouvrez ensemble la liberté du mouvement. Avec le soutien de MBS Industry .

  • Escalade et biodiversité : cohabiter ou coloniser ?

    L’escalade et la nature, c’est un vieux couple. Celui qui passe son temps dehors, qui connaît chaque recoin de son terrain de jeu, et qui se vante de ne pas être comme les autres. Nous, on ne fait pas du sport dans une boîte en béton, on grimpe dans un sanctuaire. Jolie histoire. Sauf qu’à force de vouloir "vivre en harmonie avec la nature", le grimpeur a fini par s’y installer. Puis par l’envahir. À Fontainebleau, à Céüse, dans les Calanques, il n’est plus un invité. Il est devenu le squatteur bruyant qui raye les murs et salit le tapis . Eline Le Menestrel et Nolwen Berthier © Le Cinoche Alors, comment cohabiter avec la biodiversité sans lui marcher dessus ? C’était l’un des débats du Salon de l’Escalade , organisé par Vertige Media. Un sujet qui fâche, mais qui ne pouvait plus être évité. Gaétane Potard , ancienne ingénieure agro-environnement, aujourd’hui directrice d’un club FFME et militante pour une escalade plus responsable. Eline Le Menestrel , grimpeuse pro et activiste, qui tente d’intégrer la question écologique jusque dans la notion même de performance. Nolwen Berthier , ex-compétitrice de haut niveau et consultante en transition environnementale. Trois voix, un même constat : l’escalade a un problème avec son terrain de jeu. Pierre-Gaël Pasquiou, fondateur de Vertige Media et animateur de la conférence, a lancé le débat sans détour : « L’escalade est en plein boom. On ne s’est jamais autant entassés dans les salles, et de plus en plus de grimpeurs débarquent en falaise avec une approche… disons… inspirée de l’indoor. » Autrement dit, des milliers de pratiquants débarquent en falaise avec le mode d’emploi du bloc urbain. Sauf qu’en falaise, il n’y a personne pour passer le balai et brosser les dégâts. Comment cohabiter avec les biodiversité © Le Cinoche Fontainebleau : laboratoire du chaos Fontainebleau, c’est le parfait exemple de ce que produit une fréquentation exponentielle sur un écosystème fragile . Gaétane Potard, qui connaît la forêt comme sa poche, ne mâche pas ses mots : « On ne voit plus que du sable et de la poussière sur certains spots. Les sols sont morts, littéralement. Plus un insecte, plus un brin de mousse. » Les landes à callune, autrefois couvertes de bruyères et abritant une faune invisible mais essentielle, disparaissent sous la pression humaine. Avec elles, des espèces entières : « Avant, Fontainebleau accueillait des oiseaux diurnes. Aujourd’hui, ils ont disparu. Tous les mammifères sont devenus nocturnes. » Le pire ? Ce n’est même pas de la mauvaise volonté . Juste une méconnaissance des conséquences. Alors, comment limiter la casse ? ✔️ Rester sur les sentiers , au lieu d’improviser des raccourcis qui lacèrent la végétation. ✔️ Ne pas grimper de nuit , sous peine de foutre en l’air le dernier refuge des espèces locales. ✔️ Éviter les sites sensibles en période de reproduction  ( spoiler : printemps = nidification ). Mais sensibiliser un grimpeur absorbé par sa perf , c’est plus dur que de vendre un topo sans photos. « La nature n’est pas un terrain de jeu » L’une des grandes idées qui ressort de la conférence, c’est que les grimpeurs ont perdu leur lien réel avec la nature . Eline Le Menestrel l’explique : « Quand on vit en ville, on a l’impression que ce qui rend notre vie possible, c’est notre espace à nous. Quand on doit manger, on va acheter à manger dans un supermarché qui est tenu par des humains. On pense aux agriculteurs, qui sont des humains. Quand on a besoin de se loger, on habite dans un immeuble construit par des humains. Mais en réalité, tout part d’un écosystème vivant qui nous dépasse. » Sauf que la réalité est toute autre : « Ce qui rend la planète habitable, c’est pas du tout notre espèce. Tout part du fait qu’il y a des organismes, les végétaux, qui sont capables de transformer l’énergie du soleil en matière organique. À partir de là, c’est le début de la chaîne trophique. » Autrement dit, la nature n’a pas besoin de nous, c’est nous qui avons besoin d’elle. Changer de regard, ça passe par deux déclics : ✔️ L’émerveillement  : prendre le temps d’observer ce qui nous entoure, pas juste les prises. ✔️ L’information  : checker les restrictions avant d’aller sur un site ( biodiv’sports existe, utilisez-le). Et si la performance passait aussi par ça ? Gaétane Potard et Pierre-Gaël Pasquiou © Le Cinoche Les salles d’escalade : hors-sol ou alliées ? Si environ 2/3 des grimpeurs de salle finissent par mettre un pied dehors , les structures indoor ont un rôle clé à jouer. Gaétane Potard le dit sans détour : « Au début, les salles répondaient que ce n’était pas leur problème. Que leur job, c’était juste de louer des murs. Mais vu que leurs clients finissent par grimper dehors, elles ne peuvent plus faire comme si elles n’avaient aucune responsabilité. » Alors, qu’attendre d’elles ? 👉 Intégrer des messages pédagogiques dès l’initiation. 👉 Former aux bon réflexes en extérieur , histoire que les grimpeurs ne se comportent pas en consommateurs passifs en falaise. 👉 Mettre en avant d’autres récits , pas seulement ceux de la performance brute. L’escalade doit-elle rester un sport où seuls les cotations comptent ? Nolwen Berthier propose un autre regard : « Réussir, ce n’est pas forcément cocher un 8a. Ça peut être apprécier un site, grimper différemment, respecter un écosystème. » À méditer. Et maintenant ? Si l’escalade veut continuer à exister en extérieur, elle doit apprendre à composer avec son environnement . Alors, voici cinq prises de conscience  pour ne pas grimper en mode bulldozer : ✔️ Arrêter de réduire l’écologie au carbone  : il n’y a pas que le CO2, la biodiversité compte aussi. ✔️ Observer avant d’agir  : voir la forêt comme un habitat, pas un simple spot d’entraînement. ✔️ Accepter des contraintes  : parfois, il faut juste renoncer à grimper sur certains secteurs. ✔️ Exiger plus des salles et des marques  : elles ont une responsabilité dans l’éducation des pratiquants. ✔️ Changer la narration  : mettre en avant des histoires qui valorisent autre chose que la cotation pure. Et si on revoyait la notion de « réussite »  en escalade ? Parce qu’un 8a à tout prix, sur un site mort, ça n’a pas vraiment de sens. Vous avez manqué la conférence ? Pas de panique. 📽️ Vidéo de la conférence : 🔗 Retrouvez toutes les conférences du salon ici .

  • Quand le business de la grimpe rencontre la lutte des classes

    En escalade, on apprend vite qu’un bon assureur, c’est quelqu’un qui écoute. Chez Touchstone Climbing , les employés ont découvert que leur direction, elle, était plutôt du genre sourdine maximale. Et quand les prises ne tiennent plus, il faut bien se rattacher à quelque chose. Eux ont choisi le syndicat. © Workers United C’est ainsi qu’en 2024, les salariés de cinq salles de la chaîne californienne ont organisé la première grande vague de syndicalisation des salles d’escalade aux États-Unis . Une union mur à mur, façon granit bien compact, sous la bannière de Workers United . Un exploit dans un pays où la syndicalisation est souvent perçue comme un sport extrême. Mais voilà, si grimper jusqu’ici a été une belle perf, la descente s’annonce plus rude : depuis six mois, la direction fait de la résistance passive et traîne des pieds dans les négociations. Point de rupture : une menace et un grand vide L’histoire commence en octobre 2023 avec une menace visant directement les salles de Touchstone Climbing  à Los Angeles . Un truc suffisamment sérieux pour déclencher une enquête du FBI. Logiquement, les employés s’attendent à ce que la direction prenne les choses en main, assure leur sécurité, pose des procédures claires. Ce n’est pas vraiment ce qui se passe. À la place, c’est le grand flou. Infos contradictoires, communication au compte-goutte, gestion erratique… Et une impression croissante que personne n’est aux commandes. En l’absence de directives claires, les salariés s’organisent entre eux pour échanger des infos et évaluer la situation. Ce cafouillage agit comme un électrochoc : si la boîte est incapable de gérer une crise, qu’en est-il du reste ?  Salaires en vrac, conditions de travail aléatoires, sécurité absente des abonnés... La question du syndicat, jusqu’ici une blague de salle de pause, devient un projet sérieux. En janvier 2024, Touchstone Workers United est né. Pourquoi syndiquer une salle d’escalade ? Syndiquer une entreprise aux États-Unis n’a rien d’anodin. Contrairement à la France où des syndicats existent déjà dans la plupart des grandes entreprises, le paysage est totalement différent outre-Atlantique. Le taux de syndicalisation en entreprise privée y est inférieur à 7% . Et dans l’univers des salles d’escalade, il est encore plus bas. Pourquoi ? Parce que ces jobs sont perçus comme des "passions" plutôt que des emplois. Un ouvreur de voies ? C’est avant tout un grimpeur. Un coach d’escalade ? Quelqu’un qui vit pour son sport. Sauf que cette image romantique masque une réalité bien plus précaire. Les jobs dans les salles d’escalade aux US sont souvent mal payés et considérés comme des postes temporaires . On attend des employés qu’ils soient disponibles, impliqués, qu’ils participent à la communauté… mais sans que cela se traduise par des conditions de travail correctes. C’est un schéma classique dans les métiers de la culture, du sport et des loisirs. Les grimpeurs de Touchstone Climbing ont donc dû batailler pour faire entendre qu’ils n’étaient pas juste là pour "l’amour du sport", mais qu’ils effectuaient un travail essentiel : assurer la sécurité des clients, ouvrir des voies, gérer la salle. Un job, pas un hobby. Syndicat 1 – Direction 0 (mais le match continue) Face au raz-de-marée, Touchstone Climbing aurait pu choisir la voie de l’intelligence : reconnaître le syndicat, jouer la carte du dialogue social, faire semblant d’être progressiste. Mais non. À la place, la direction active le kit antisyndical de base : Réunions où l’on explique doctement que « les syndicats, c’est pas top », Menaces larvées sur les avantages sociaux, Avalanche de courriers à domicile façon sortez de là tant qu’il est encore temps , Changement de ton final en mode ok, vous avez gagné, mais on vous fera payer ça en négociation . Pas de quoi impressionner les travailleurs, qui tiennent bon et remportent leur élection syndicale . Reste maintenant à transformer l’essai avec un premier contrat. Six mois de négociations… et pas une prise en vue Depuis septembre 2024, les salariés se heurtent à un mur. La direction a engagé un cabinet spécialisé dans la démolition des mouvements sociaux , qui applique la stratégie du vide : ralentir, noyer sous des justifications juridiques absconses, ne jamais faire de contre-proposition. Le problème, c’est que les demandes sont pourtant limpides : Sécurité : mise en conformité avec la loi, formation des équipes, plan d’évacuation en cas d’incident. Salaires : que l’ouvreur qui s'échine sur une échelle toute la journée touche un peu plus que le SMIC californien. Respect : communication interne claire, mécanismes de promotion, procédures contre le harcèlement. Et la réponse ? Silence radio. Pire, quand la direction décide unilatéralement de modifier les couvertures santé , elle propose aux employés de renoncer à une augmentation pour la conserver. C’est soit la corde, soit les chaussons, mais pas les deux. La grimpe, c’est aussi collectif Mais Touchstone Workers United ne lutte pas en solo. Le syndicat bénéficie d’un soutien massif de la communauté. Grimpeurs pros, clients fidèles, autres syndicats… Tout le monde suit l’affaire de près. Et la direction a du mal à ignorer les pancartes pro-syndicat affichées sur les sacs à pof. Le 7 mars 2025, une grande mobilisation a lieu devant la salle de Culver City , rassemblant des employés, des grimpeurs et d’autres syndicats. Un coup de pression en règle, et un rappel que le syndicat ne compte pas lâcher la prise. Et maintenant ? Si la direction espérait que le syndicat se fatiguerait, c’est mal connaître l’endurance des grimpeurs. Touchstone Workers United continue de pousser pour obtenir un vrai contrat. Si la situation reste bloquée, la question d’un mouvement de grève se posera très sérieusement. Pour le moment, la direction reste cramponnée à ses certitudes. Mais plus le soutien s’intensifie, plus le poids de l’opinion publique risque de faire plier la boîte . Dans un secteur où la syndicalisation est encore rare, cette lutte dépasse largement le cas de Touchstone Climbing . Elle pose une question clé : peut-on continuer à vendre l’escalade comme une “grande famille” si ceux qui la font tourner sont traités comme des variables d’ajustement ? Affaire à suivre. Pour aller plus loin, écoutez ce podcast (en anglais) où Ryan Barkauskas, employé à Touchstone Climbing Pasadena, et Jess Kim, ex-employée devenue organisatrice syndicale à plein temps, reviennent en détail sur leur lutte et les négociations en cours.

  • L’escalade, un sport égalitaire ? L’illusion d’un sommet accessible

    Cette année, le Salon de l’Escalade , ce n’était pas qu’une débauche de magnésie et de baudriers dernier cri. C’était aussi un lieu où l’on cause. Où l’on creuse. Où l’on met en lumière les failles autant que les prises. Parmi les conférences organisées par Vertige Media , l’une d’elles a pris le pari de poser une question qui gratte : le féminisme a-t-il encore du sens dans l’escalade ? Réponse rapide : oui, mille fois oui. Féminisme et escalade : casser les plafonds de verre © Le Cinoche Mais dans le détail, les nuances sont plus riches, plus contrastées. C’est ce qu’ont exploré Aurélia Mardon  (sociologue), Caroline Ciavaldini  (athlète et fondatrice de Grimpeuses) et Sophie Berthe  (activiste), sous la houlette de Pierre-Gaël Pasquiou , fondateur de Vertige Media. L’escalade, un sport égalitaire ? Ou l’illusion du déjà-acquis L’escalade a l’avantage d’un décor flatteur : des catégories féminines bien établies, des primes égales en compétition, un imaginaire collectif qui se veut bienveillant. « Sur le papier, tout va bien », résume Caroline Ciavaldini. « Mais il suffit de creuser un peu pour voir que la réalité est plus rude. » Le constat d’Aurélia Mardon, sociologue spécialiste du genre et du sport, est sans appel : « Dès l’adolescence, l’appropriation des espaces et des rôles est genrée. Les garçons se dirigent vers le dévers, la salle de muscu, les postes d’ouvreur. Les filles, elles, restent plus souvent en retrait. » Sophie Berthe et Aurélia Mardon © Le Cinoche Un simple biais culturel ? Non, une mécanique qui se perpétue dans le haut niveau. « Aujourd’hui, sur 38 ouvreurs nationaux en France, seules trois sont des femmes », rappelle-t-elle. Et pour cause : si les jeunes grimpeuses ne sont pas encouragées à ouvrir des voies, difficile d’espérer une représentation plus équilibrée à long terme . Sophie Berthe en a fait l’expérience : « L’injonction au corps parfait pèse lourd. Une femme avec un dos musclé, on l’appelle ‘un tank’. Chez un homme, ce serait ‘puissant’. » Ce double standard ne touche pas que l’image : il a un impact direct sur la performance. « Quand tu sais que ta morphologie risque d’être moquée, tu freines ton entraînement. Et, in fine, tes résultats. » La mixité choisie : solution ou repli ? Créer des espaces exclusivement féminins pour favoriser la progression et la confiance, est-ce une avancée ou une impasse ? Pour Caroline Ciavaldini, qui a fondé Grimpeuses , l’objectif n’est pas de s’enfermer entre femmes, mais de leur donner une base solide : « On pousse les filles à grimper en tête, à prendre des décisions, à ne pas se laisser enfermer dans le rôle de ‘celle qui suit’. » Mais une question demeure : si les femmes se retrouvent entre elles, qui éduque les hommes ? Carolina Ciavaldini et Pierre-Gaël Pasquiou © Le Cinoche C’est là que la discussion prend une tournure plus nuancée. Aurélia Mardon souligne que la non-mixité n’est pas une finalité mais un outil : « C’est un levier pour reprendre confiance, mais ça ne doit pas devenir une bulle imperméable. » Sophie Berthe complète : « Ce qu’il faut, c’est que les mentalités évoluent des deux côtés. Les hommes doivent aussi être bousculés dans leurs repères, réaliser que l’escalade n’est pas un terrain neutre. » Prendre conscience, c’est déjà grimper un échelon Une idée revient en boucle : la nécessité d’un regard critique . C’est en déconstruisant ce qui semble anodin qu’on progresse. Sophie Berthe cite un exemple frappant : l’expérience des mentors. « Beaucoup de femmes ont découvert la falaise grâce à un homme. C’est super… mais ça perpétue une certaine dépendance. Pourquoi ne pas voir plus de grimpeuses transmettre leur savoir à d’autres ? » Même mécanique sur l’ouverture des voies. Pierre-Gaël Pasquiou rebondit : « Si on n’encourage pas les filles à ouvrir en club, comment peut-on espérer voir des ouvreuses en compète ? » Et maintenant, on fait quoi ? Les solutions existent, et elles commencent sur le terrain : ✔️ Écouter les grimpeuses . Avant d’expliquer, entendre. ✔️ Interroger ses propres habitudes . Qui grimpe en tête ? Qui décide des voies ? Qui enseigne ? ✔️ Créer des espaces où les femmes peuvent progresser différemment . Caroline Ciavaldini insiste : « Ce qui me fascine, c’est de voir les prises de conscience se faire, petit à petit. On n’a pas besoin d’un grand soir du féminisme en escalade. On a besoin d’un travail de fond, de graines plantées un peu partout. » Vous avez manqué la conférence ? Pas de panique. 📽️ Vidéo de la conférence : 🔗 Retrouvez toutes les conférences du salon ici . Et si après ça, vous voyez encore l’escalade comme un sport égalitaire par nature… vous avez peut-être raté une prise.

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