Omniwal : Free solo et base jump sur la Tour Montparnasse
La première fois que l'on a entendu parler de Nicolas, c'était en août dernier, lorsqu'une vidéo de sa performance a circulé sur les réseaux sociaux. Il venait d'escalader la tour Montparnasse en free solo et avait conclu son ascension par un saut en base jump. Intrigués, nous avons contacté ce grimpeur de l'extrême pour en savoir plus.
Loin de l'image que l'on pourrait se faire d'un tel aventurier de l'extrême, Nicolas, 24 ans, plus connu sous le pseudo Instagram d'Omniwal, parle de ses expériences hors du commun avec le plus grand calme. Depuis ses 13 ans, l'escalade fait partie intégrante de sa vie, une passion qu'il a habilement fusionnée avec son art, se lançant dans des défis extrêmes comme escalader en free solo des immeubles, des grues, des ponts, des éoliennes, ou encore la Tour Eiffel. Actuellement employé chez Decathlon, aux rayons randonnée, escalade et alpinisme, il jongle entre ses responsabilités professionnelles et sa passion, aspirant à vivre pleinement de son art dans un futur proche.
"J'ai toujours cherché à repousser mes limites, mélangeant l'adrénaline de l'escalade avec l'art de la photographie. Mais je ne peux pas encore en vivre. C'est un équilibre précaire entre passion et nécessité. "
confie-t-il avec réalisme.
Son dernier exploit en date est donc l'ascension vertigineuse de la Tour Montparnasse suivie d'un saut en base jump. Fruit d'une préparation minutieuse.
"La Tour Montparnasse c'est un symbole, 200 mètres de hauteur, la plus haute de Paris intramuros. Elle exige un engagement total, sans place pour le repos. Ça demande une grosse préparation physique et mentale"
explique-t-il.
Déjà familiarisé avec la tour suite à une première ascension en avril 2022, la réalisation nocturne avec un parachute a été un tout autre défi, qu'il qualifie comme le plus extrême de sa vie.
Pour cette performance, il a enchaîné les entraînements en salle d'escalade, avec son parachute dans le dos, et s'est exercé de nuit sur la tour avec un sac de 7,5 kilos pour simuler les conditions.
"Ces entraînements nocturnes étaient essentiels pour me familiariser avec le poids et me préparer mentalement. Je devais être très prudent pour éviter d'être repéré par les vigiles, afin qu'ils ne devinent pas mon projet et décident d'augmenter leur dispositif de sécurité. Personne ne t'arrête pendant l'ascension, c'est plutôt arrivé en haut, mais moi je voulais pouvoir sauter."
nous dit-il.
Interpelé tout de même une fois, il réussit à faire croire au vigile que c'est par passion de l'escalade qu'il voulait grimper quelques mètres sur la Tour Montparnasse.
Pour ses entraînements, il avait calculé que l'ascension comprenait 120 vitres, son objectif était donc de réussir à faire plus que ça avant de considérer être physiquement capable de cet exercice. Certaines sessions étaient dédiées à travailler l'appréhension de la hauteur, et donc à monter de plus en plus haut sur la tour.
Le jour J, après une ascension nocturne périlleuse réussie, il a trouvé un endroit discret pour récupérer et attendre le lever du soleil pour sauter.
"C'était vraiment super inconfortable parce que j'étais à côté du système de ventilation de la tour, dans un courant d'air et que je devais vraiment limiter au maximum de bouger pour ne pas me faire repérer par les potentielles caméras. Je devais attendre que le soleil se lève pour que l'on puisse faire les meilleures images et sauter en toute sécurité."
Une équipe d'amis suivait ses instructions pour lancer le drone au bon moment et se positionner au bon endroit pour l'aider à remballer le parachute le plus rapidement possible.
"Je communiquais avec eux pour être certain qu'ils sachent quand j'allais sauter. C'est un moment particulier, on entre dans une bulle de concentration. Je passais en revue l'ensemble des paramètres pour m'assurer que le saut soit parfait."
se remémore-t-il.
Une fois en bas, il ne s'est écoulé qu'une poignée de minutes avant qu'il disparaisse dans le métro, laissant derrière lui des témoins ébahis. Une performance qui lui a valu une vidéo sur Riding Zone, lui offrant une visibilité et crédibilité précieuses.
Quand on interroge Nicolas sur l'avenir du free solo et sur la médiatisation souvent "romantique" de cette pratique pourtant mortelle, il nous dit être conscient de l'attrait grandissant de cette pratique, mais met en garde :
"C'est une discipline exigeante, qui ne doit pas être prise à la légère. Ça demande une préparation minutieuse, une connaissance approfondie des techniques d'escalade. Il ne s'agit pas de poursuivre une mode ou de chercher la célébrité. C'est une pratique extrême, un pied qui glisse et c'est la mort assurée."
Aujourd'hui, même s'il ne souhaite pas abandonner l'escalade urbaine, c'est la montagne qui l'attire. Installé près de Chamonix, il souhaite explorer de nouveaux horizons naturels, s'initer à de nouvelles pratiques et espère que ce changement influencera positivement le soutien potentiel de sponsors.
Nicolas, suspendu entre ciel et terre, poursuit sa passion risquée et palpitante, toujours prêt pour la prochaine grande aventure. On lui souhaite d'être repéré par un sponsor et de pouvoir vivre longtemps de sa pratique !