8% de femmes ouvreuses sur les compétitions de l'IFSC
Dans l'univers de l'escalade en pleine expansion, la diversification croissante de ses adeptes met en lumière des problématiques longtemps restées dans l'ombre, notamment en ce qui concerne l'inclusion et les inégalités de genre. Autrefois considéré comme un sport de niche, l'escalade attire désormais un public plus large et varié, ce qui conduit à une prise de conscience accrue des déséquilibres préexistants. Une réalité, souvent minimisée, voire ignorée, qui nécessite une attention toute particulière.

Lena Ray, grimpeuse et activiste a choisi de se pencher sur ces questions en adoptant une approche analytique et engagée. Sur son compte Instagram, elle aborde des sujets critiques comme la représentativité féminine dans l'ouverture des compétitions d'escalade et dans les productions vidéos spécialisées, mais également les enjeux liés aux troubles alimentaires.
Lena a grandi dans l'univers des compétitions aux États-Unis et a continué à être impliquée dans l'escalade, assumant des rôles d'ouvreuse et d'entraîneuse parallèlement à ses études. Désenchantée par une large part de la culture de l'escalade, qu'elle perçoit comme étant dominée par une démographie principalement blanche et masculine, elle a été agréablement surprise par l'accueil très positif réservé à son travail.
L'élément déclencheur de ses dernières recherches fut une décision controversée lors des essais de l'équipe nationale des États-Unis, dont nous avions parlé dans cet article, mettant en lumière une discordance entre la perception des grimpeuses et celle des ouvreurs, tous masculins ce jour-là. Cette situation a ouvert la voie à une réflexion approfondie sur la place des femmes parmi les ouvreurs dans les compétitions de haut niveau.
Les données de la Fédération Internationale d'Escalade Sportive (IFSC) révèlent une sous-représentation notable des femmes dans ces rôles essentiels : sur 201 ouvreurs documentés depuis 2020, seulement 14 étaient des femmes, soit environ 8%. Pire encore, 75% des compétitions analysées ne comptaient aucune femme ouvreuse.
L'analyse de Lena montre que la faible représentation des femmes en tant qu'ouvreurs dans les compétitions d'escalade n'est pas liée à leur niveau de compétence ou de qualification. En effet, les qualifications des ouvreurs, examinées selon le genre, révèlent que les femmes ont les compétences nécessaires pour ces rôles.
19% des ouvreurs certifiés par l'IFSC sont des femmes, avec un taux allant jusqu'à 33% pour les niveaux 1 et para-escalade. Malgré cela, les femmes demeurent largement sous-représentées dans les postes à responsabilité et sont sollicitées moins fréquemment. Il est donc plutôt légitime de se questionner sur les raisons qui expliquent cette sous-représentation.
L'objectif de Lena Ray n'est la critique pour la critique, elle appelle à une prise de conscience collective et à la recherche de solutions pour un milieu de l'escalade plus juste et inclusif. Ses travaux antérieurs, notamment celle visant à augmenter la représentation féminine dans les films du Festival Reel Rock, témoignent de sa détermination à provoquer le changement.

L'activisme de Lena trouve un écho dans celui de Sophie Berthe en France, qui s'investit également pour souligner les problématiques sociétales dans l'escalade. Ensemble, par le biais de leurs plateformes respectives, elles constituent une force motrice en faveur d'une réévaluation et d'une évolution du monde de l'escalade. Des modèles qui donneront certainement à d'autres l'envie de contribuer à faire de notre passion commune pour l'escalade une pratique sportives inclusive à tous ses adeptes.