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Escalade trans aux US : grimper oui, gagner non ?

Dernière mise à jour : 6 févr.

Aux États-Unis, USA Climbing a pris la décision de suspendre sa politique de participation des athlètes transgenres, la fameuse TAP Policy, pour la réviser. L’objectif affiché ? Repenser les règles après un an de consultations, sondages, et dialogues avec les communautés concernées. Sur le papier, l’effort semble louable, mais dans les faits, cette refonte ressemble plus à un exercice d’équilibriste qu’à une réelle avancée vers l’inclusion.


Escalade trans US

Le compromis : une prise, mais pas un sommet


Suspendue en décembre 2023, la TAP Policy devait marquer une nouvelle étape. Écouter, analyser, reformuler : USA Climbing promettait un pas en avant. La version révisée, attendue pour 2025-2026, propose des ouvertures timides, mais dessine aussi des lignes rouges bien visibles.


Toutes les grimpeuses transgenres peuvent désormais participer aux compétitions locales et intermédiaires, des séries plus accessibles où inclusion et performance cohabitent sans trop de heurts. Mais dès qu’on s’approche des podiums nationaux ou des sélections pour l’élite, les règles se raidissent.


  • Les grimpeuses trans qui ne respectent pas les normes biologiques imposées par l’IFSC (comprenez : un taux de testostérone sous les 10 nmol/L pendant 12 mois minimum) sont exclues des compétitions majeures, qu’il s’agisse des Championnats nationaux élites ou des essais pour intégrer l’équipe des États-Unis.


Et ces normes ne tombent pas du ciel. Elles impliquent un suivi médical strict, avec contrôles réguliers. Plus qu’une simple exigence, ces démarches intrusives font souvent l’effet d’un parcours semé d’aiguilles. Beaucoup d’athlètes trans s’y sentent plus observées que soutenues.


Inclusion ou illusion ?


Même dans les catégories jeunesse, où la participation est généralement plus souple, USA Climbing instaure des mécanismes qui passent mal en deuxième lecture. Exemple : chez les U17 et plus (les 15-16 ans), si une athlète trans performe au point de se qualifier pour les étapes suivantes, des places supplémentaires sont ajoutées pour permettre aux grimpeuses "éligibles", selon les normes de l’IFSC, de progresser elles aussi.


En clair, tu peux grimper, mais ton classement ne comptera jamais autant que celui des autres. L’étau est un peu plus lâche dans les compétitions locales, mais dès qu’il s’agit d’aller plus haut, l’étiquette trans devient un mur.


Promesses en l’air ?


USA Climbing ne ferme pas complètement la porte : l’organisation affirme qu’elle reste attentive aux avancées scientifiques et sociales, prête à ajuster les règles si besoin. Mais on sait comment ces promesses finissent : entre l’intention et l’action, il y a souvent une prise qui manque.


Un pas en avant, deux en arrière


Alors oui, la révision de la TAP Policy ouvre des portes. Mais elles mènent rarement aux sommets. Les grimpeuses trans peuvent participer, mais pas prétendre aux podiums. Elles peuvent performer, mais sous conditions. Une inclusion partielle, qui ressemble davantage à un compromis pour calmer les esprits qu’à un véritable engagement en faveur de l’équité.


Pourquoi tendre une main si c’est pour verrouiller l’accès au sommet ? Cette question, USA Climbing devra y répondre, comme tout le monde sportif. L’inclusion, ce n’est pas un pas sur la voie, c’est un engagement jusqu’au sommet.

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