Pierre-Gaël Pasquiou
Compétitions et transphobie, USA Climbing dans la tourmente
En octobre dernier, l'USA Climbing (USAC) a surpris la communauté de l'escalade en annonçant une mise à jour significative de sa politique sur la participation des athlètes transgenres. Un débat qui fait suite à une newsletter envoyée par l'USAC à ses membres et abonnés intitulée « Mise à jour des règles et politiques de USA Climbing ».
A la fin de cet email un paragraphe précisait : « La politique de participation des athlètes transgenres vise à maximiser à la fois l'inclusivité et l'équité dans le sport en fournissant des orientations pour les athlètes souhaitant concourir dans une catégorie de genre différente du sexe qui leur a été assigné à la naissance. » avec un lien redirigeant vers le nouveau règlement en question.
Cette nouvelle politique imposait des restrictions bien plus strictes que celles de la Fédération Internationale d'Escalade Sportive (IFSC) et semblait contredire les propres recommandations de l'USAC en matière d'inclusion de genre. Parmi les changements notables, la politique exigeait des athlètes transgenres des preuves médicales plus rigoureuses pour concourir dans la catégorie de genre avec laquelle ils s'identifient, une décision qui affectait l'ensemble des grimpeuses et grimpeurs dès l'âge de 12 ans.
La révélation de cette politique a provoqué un tollé immédiat au sein de la communauté US de l'escalade, déclenchant une vague de critiques de la part des grimpeurs transgenres, des alliés de la communauté LGBTQ+ mais également de plusieurs membres de l'USAC. Certains accusent l'organisation de transphobie et de ne pas avoir consulté la communauté transgenre avant de prendre cette décision.
La réaction a été si forte qu'une pétition en ligne pour contester la nouvelle politique a rapidement recueilli plus de 11 000 signatures. Plusieurs salles d'escalade ont également boycotté les événements organisés par l'USAC, exigeant une révision de la politique pour qu'elle soit plus inclusive et équitable.
Face à cette vague de mécontentements, l'USAC a été contrainte de faire machine arrière. Fin novembre 2023, l'organisation annonce le report de la mise en œuvre de la politique controversée, citant le besoin de "réduire les complexités administratives pour tous les athlètes". Cette décision a été accueillie avec un mélange de soulagement et de scepticisme, beaucoup se demandant si l'USAC souhaite véritablement s'engager sur ce sujet ou s'il cède simplement face à la pression publique.
Cette controverse survient dans un contexte plus large de débats sur la participation des athlètes transgenres dans le sport à travers le monde. Elle souligne les défis auxquels les organisations sportives sont confrontées pour équilibrer l'équité compétitive et l'inclusion, tout en naviguant dans un paysage social et politique de plus en plus polarisé. Cette affaire met également en évidence le besoin urgent de dialogues constructifs et de politiques fondées sur des preuves qui respectent les droits et la dignité de tous les athlètes, y compris ceux de la communauté transgenre.
Alors que l'USAC réévalue sa position, la communauté américaine de l'escalade reste divisée. D'un côté, il y a ceux qui appellent à des politiques plus inclusives qui reconnaissent et respectent l'identité de genre des athlètes. De l'autre, certains plaident pour des règles qui, selon eux, garantissent une concurrence plus équitable. Cet incident aura au moins eu le mérite de raviver un débat essentiel sur ce que signifie être inclusif et équitable dans le monde du sport aujourd'hui.