De la cité à la falaise : Symon Welfringer initie des jeunes à la grimpe en falaise
Symon Welfringer, alpiniste de haut vol et lauréat du "Piolet d'Or", est habitué aux sommets lointains et aux expéditions extrêmes. Mais cette fois, il a troqué les cimes du Népal pour une aventure bien plus proche. Son nouveau projet ? Faire découvrir l’escalade à des jeunes du quartier Mistral, juste à côté de Grenoble, des jeunes qui voient les montagnes tous les jours, sans jamais y mettre les pieds. Et ça, Symon compte bien y remédier.
Des falaises sous leurs yeux, mais un monde à part
Grenoble est cernée de montagnes, mais pour les jeunes du quartier Mistral, la montagne est restée un décor de fond, inaccessible. « Ces jeunes voient la montagne depuis chez eux, mais ne la pratiquent pas », souligne Amin Boucireb, responsable jeunesse à la MJC Anatole France. Alors l’idée s’est imposée : pourquoi ne pas les emmener là où ils ne vont jamais, même si c’est littéralement à deux pas de chez eux ?
« C’est à côté de la maison, et pourtant, on n’y va jamais »
L’alpiniste et la MJC ont monté un projet qui, après quelques séances en salle, a emmené ces jeunes découvrir les falaises du Petit Désert, un spot d’escalade en plein air près de Grenoble. Pour des ados comme Ilyes ou Ayoub, c’était la toute première fois. Et le contraste est saisissant : « C’est à côté de la maison, et pourtant, on n’y va jamais », avoue Ilyes, presque désolé. Un peu d’appréhension au départ, puis l’euphorie. « Quand tu arrives en haut, tu es satisfait. On rate vraiment quelque chose à rester tout le temps dans notre quartier.»
La montagne, plus qu’un terrain de jeu
Mais attention, ce projet, ce n’est pas juste une balade en montagne. Symon et Amin veulent aller plus loin : montrer que la montagne peut être un terrain d’opportunités, pas juste une évasion ponctuelle. « Le but, c’est de les familiariser avec un environnement qui peut aussi être une source d’emploi », explique Amin. Parce que oui, la montagne, ce n’est pas qu’une question de loisirs ou de cartes postales. C’est aussi une industrie, une culture, et peut-être un futur pour ces jeunes qui ont grandi en la regardant de loin.
« Le but, c’est de les familiariser avec un environnement qui peut aussi être une source d’emploi »
À travers cette expérience, Symon Welfringer montre que l’escalade peut devenir un outil de transformation. Pas besoin de rêver d'Himalaya pour trouver des défis à relever. Ce qui compte, c’est l'accès à ce terrain de jeu immense et sous-estimé, juste là, sous leurs fenêtres.
Symon Welfringer : des sommets lointains à l’initiation locale
Symon Welfringer, lui, a l’habitude de repousser ses limites aux quatre coins du monde. Du Pakistan au Groenland, il est parti chercher l’inconnu, loin de tout. Mais cette aventure avec les jeunes de Mistral a pris une importance inattendue pour lui. « Je me rends compte qu’il y a des trucs de dingue à découvrir ici aussi », reconnaît l’alpiniste. « Ces jeunes ont une énergie incroyable, et les voir la mettre dans la grimpe, ça fait plaisir ».
Ce qui, au départ, n’était qu’une action ponctuelle pourrait bien devenir plus durable. Symon ne cache pas son envie de prolonger l’expérience : « J’aimerais faire ça de manière régulière. Il y a un potentiel énorme chez ces jeunes, c’est dommage de s’arrêter là ».
Grimper pour ouvrir d’autres horizons
Ce projet, c’est une sorte de déclic pour ces jeunes qui n’avaient jamais vu la montagne autrement que comme un décor lointain. Comme le dit Ilyes, « on rate quelque chose ». Et c’est bien ça que Symon veut changer. Ces montagnes, omniprésentes, deviennent enfin un terrain à explorer.
En les initiant à l’escalade, Symon leur a montré que l’aventure n’est pas forcément à l’autre bout du monde. Elle peut se trouver à quelques kilomètres de chez soi, pour peu qu’on prenne le temps de regarder autrement. Parce qu’au fond, c’est ça la leçon : pas besoin de viser l’Everest pour trouver un défi à la hauteur.
Les propos recueillis dans cet article sont tirés de l'interview réalisée par France Bleu dans le cadre du projet de Symon Welfringer avec les jeunes de la MJC Anatole France à Grenoble.