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À Nancy, la sécurité verticale change de dimension

Ce matin, Climb Up Nancy devient officiellement la première salle d’escalade à installer le dispositif de sécurité B.A.S.S. (Boîtier d’Alerte et de Sécurité des Salles), développé par les frères Mawem. L’occasion pour Vertige Media de s'entretenir avec Mathieu Lequerre, directeur de la salle, et avec Mickaël Mawem, cofondateur de MBS Industry sur une innovation qui pourrait bien révolutionner la sécurité du sport.


Dispositif B.A.S.S installé à Climb Up Nancy
Dispositif B.A.S.S installé à Climb Up Nancy © MBS

Grimper sans s’attacher est officiellement devenu has-been. Pendant que certains continuent de garnir leurs murs d’immenses drapeaux criant silencieusement « Ne grimpe pas sans t’être attaché », à Nancy, une salle a choisi de prendre une longueur d’avance sur la gravité. Climb Up Nancy ouvre ainsi la voie en devenant la première structure en France équipée du dispositif B.A.S.S., imaginé par les frères Mawem (oui, ceux-là mêmes dont l’un est champion du monde de bloc, Mickaël, et l’autre spécialiste de la vitesse, Bassa, ndlr). Et ce n’est qu’un début : à l’automne prochain arrivera aussi C.A.M.I., le tout premier enrouleur motorisé — que beaucoup connaissent encore sous le nom de « Footing Vertical ». Un double saut technologique pour grimper mieux, en tout sécurité, et surtout de manière plus inclusive.


B.A.S.S. : le bruit qui sauve


Si le nom sonne comme un groupe d'électro, l’acronyme B.A.S.S. cache en réalité une rigueur assumée : le « Boîtier d’Alerte et de Sécurité des Salles ». Son rôle ? Empêcher, à grands renforts de décibels stridents, les grimpeuses et grimpeurs tête-en-l’air (ou simplement fatigués) d’oublier de s’attacher avant leur ascension.


« Un accident, c’est un accident de trop. Aujourd’hui, la question n’est plus de convaincre mais de se demander : est-ce que je peux vraiment me permettre ça chez moi ? La réponse est non »

Mickaël Mawem


« C’est cool, c’est une bonne idée, et surtout, ça tombe à point nommé », explique Mathieu Lequerre, directeur de Climb Up Nancy. Lui qui n’a jamais connu d’accident dans sa salle avoue pourtant être hanté par les récits venus d’ailleurs : « Toujours les mêmes histoires, toujours le même oubli. Quelqu’un commence à grimper sans s’attacher et chute lourdement. On avait anticipé ce risque avec nos drapeaux, mais il restait toujours un angle mort ». Un angle mort illustré tragiquement par l’accident récent survenu à Climb Up Lyon, où un grimpeur parti d’une voie voisine a fini au sol, loin de toute signalétique préventive.


Dispositif sécurité BASS
Dispositif B.A.S.S installé à Climb Up Nancy © MBS

Face à cela, Mickaël Mawem, cofondateur de MBS Industry, ne laisse planer aucun doute : « Un accident, c’est un accident de trop. Aujourd’hui, la question n’est plus de convaincre mais de se demander : est-ce que je peux vraiment me permettre ça chez moi ? La réponse est non. » Il précise, non sans une pointe d’ironie : « On dépense des centaines d’euros tous les deux ans pour remplacer ces fameux drapeaux sur enrouleurs. Là, on a enfin une solution durable, fiable et intelligente ». Intelligente, car le dispositif B.A.S.S. n’est pas qu’un simple rappel à l’ordre : il permet aussi de surveiller l’usure du matériel, de compter les passages et même d’alerter à distance. Un genre de Big Brother bienveillant qui, pour une fois, fait l'unanimité.


C.A.M.I., l’autre révolution verticale


Si le B.A.S.S. fait la chasse à l’inattention, C.A.M.I. (également appelé « Footing Vertical » sur le terrain, selon les supports de communication) est là pour ouvrir les portes à ceux pour qui l’escalade rimait jusque-là avec « pas pour moi ». Ce premier enrouleur motorisé du marché permet de délester jusqu’à 100 % du poids d’un grimpeur pendant son ascension. Un genre d’assistance électrique façon vélo, mais en version verticale.


Pour Mathieu Lequerre, pas de doute possible : « C’est avant tout un outil pensé pour les personnes en situation de handicap, pour tous ceux dont le corps freine l’envie de grimper. ». Il illustre son propos en nous partageant l’histoire d’un homme en fauteuil roulant récemment venu à la salle, frustré de ne pas avoir pu grimper faute d’équipement adapté. « On attend impatiemment l’arrivée du dispositif pour le rappeler », ajoute Mathieu, soulignant l’urgence d’un sport qui se prétend accessible mais peine parfois à joindre l’acte à la parole.


Ouvrir la voie sans tomber dans le vide


Avec ces deux innovations installées en exclusivité nationale, la salle de Nancy joue pleinement son rôle de pionnière. Le choix de louer le matériel plutôt que de l’acheter directement permet certes à la salle de tester ces nouveautés sans prise de risque démesurée. Cela dit, l’essentiel est ailleurs : la voie d’une escalade plus sûre et inclusive est désormais ouverte. En donnant l’exemple, la salle nancéienne pose les fondations d’une escalade moderne, ouverte, et franchement plus rassurante.


« On relaiera d’abord la communication officielle des frères Mawem, car ils connaissent mieux que personne leurs produits », admet humblement Mathieu Lequerre. Mais en réalité, Climb Up Nancy n’aura pas besoin d’en faire trop pour que le message passe : la simple présence du B.A.S.S. fera office de prise de conscience sonore permanente, rappelant que l’époque où la sécurité était un luxe est définitivement révolue.


Quant au dispositif C.A.M.I., il promet une grimpe inclusive nouvelle génération. Là où certains voient encore un système réservé à quelques-uns, les plus visionnaires anticipent déjà l’escalade de demain : une grimpe où le plaisir prendra définitivement le pas sur la performance à tout prix, où monter ne rimera plus nécessairement avec souffrir, et où chacun pourra choisir d’alléger sa peine à volonté.

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