Sans grimpe en vacances : comment vaincre le FOMO vertical ?
- Matthieu Amaré
- 4 août
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 6 jours
Serviette, parasol et zéro falaise. Que vous soyez parti dans le calme plat ou que vous ne puissiez échapper à la famille pour toucher des prises, les congés d'été sont souvent la pire période pour un·e grimpeur·se. Votre téléphone vous envoie les journées de vos potes sur le caillou ? Bienvenue dans l'enfer du FOMO, ce mal du siècle qui transforme vos vacances en supplice psychologique. Heureusement, Vertige Media vous montre la voie. La seule qui vaille.

La scène se déroule chaque été, avec la régularité d'un métronome mal réglé. Vous êtes là, coincé entre la piscine gonflable des neveux et les discussions sur les impôts locaux de tonton Roger, quand votre smartphone vous balance une rafale de contenus qui piquent : vos copains de cordée qui enchaînent les longueurs dans les Calanques, cette grimpeuse que vous suivez qui pose devant l'Eiger, cette pote de votre salle qui vient de réaliser son 6c+ de rêve dans les Gorges du Verdon. Et vous ? Bah vous êtes en train de perfectionner votre technique de tartinage de crème solaire indice 50.
FOMO dire comment faire
Cette petite torture moderne a un nom : le FOMO, acronyme de « Fear of Missing Out » ou « peur de rater quelque chose », en VF. Théorisé par le psychologue Dan Herman en 2000, ce phénomène décrit cette angoisse particulière qui nous saisit toutes et tous quand nous avons l'impression que les autres vivent des expériences plus enrichissantes que les nôtres.
Le FOMO repose sur un mécanisme psychologique bien documenté : la prévision affective. Comme l'explique la recherche en psychologie cognitive, notre cerveau anticipe le regret que nous pourrions ressentir en « ratant » une expérience, créant une anxiété bien réelle avant même que l'événement n'ait lieu. Dans le milieu de l'escalade, communauté hyper-connectée et passionnée, ce phénomène peut prendre des proportions particulièrement vertigineuses.
Dit autrement, les grimpeurs et grimpeuses peuvent vite devenir cette tribu insupportable qui transforme chaque congé en quête existentielle de la prochaine prise. Laissant à celles et ceux qui vivent un calme plat sur une serviette mouillée, cette frustration 2.0 qui peut rendre zinzin. Bref, l'été peut être cette période bénie où tout le monde grimpe... sauf vous, coincé loin des falaises, probablement quelque part où le dénivelé le plus impressionnant est celui qui mène à la dune. L'impossibilité de toucher le rocher alors que votre fil Instagram ressemble à un catalogue de National Geographic peut vite vous pourrir votre été. Alors maintenant, respirez, allongez-vous près de la piscine parce que Vertige Media est là, avec une bouée et des brassards.
Farniente gainée
Commençons par le commencement : votre relation toxique avec les écrans. Fabien Olicard la connaît bien. Dans son ouvrage Votre temps est infini, le célèbre mentaliste français distingue plusieurs types de temps, dont le fameux « non-temps » : ces moments où vous scrollez machinalement sans rien en retirer, si ce n'est une bonne dose de frustration existentielle. Les neurosciences nous apprennent que cette consommation passive de contenu active les mêmes circuits de récompense que les addictions classiques, tout en nourrissant la comparaison sociale. Quand vous regardez cette story de votre pote qui attaque « Cheh, moi je suis là et pas toi » en 7c+, votre cerveau ne fait pas la différence entre sa réussite et votre échec supposé.
La solution ? Transformer ce « non-temps » en « temps pour soi », spécifiquement orienté escalade. Suspensions sur poutre pour renforcer les doigts, travail des préhensions arquée et tendu, gainage et proprioception pour stabiliser le tronc... 15 minutes par jour suffisent selon tous les protocoles du monde, pour que votre FOMO vertical se transforme en entraînement optimal, et légitime les Spritz de la golden hour qui viendront derrière. D'autres recherches montrent que 6 semaines de travail proprioceptif améliorent significativement les performances. Ajoutez-y la visualisation mentale, technique validée par de nombreuses études en psychologie du sport : imaginez-vous réaliser vos mouvements, ressentez les prises, anticipez les séquences. Fermez les yeux. Imaginez-vous à la salle à la rentrée en train de mettre des buts à votre pote qui a soi-disant fait de la falaise tous les jours mais qui n'a en réalité poster que des latergram.
Pression sociale et petits chevaux
Sous ses airs de communauté bienveillante et nature-friendly, le milieu de l'escalade cultive parfois une pression sociale redoutable. Entre les récits d'exploits sur les réseaux, les projets toujours plus ambitieux et cette tendance à mesurer sa valeur à l'aune de sa cotation maximale, il peut être facile de se sentir largué. Cette pression sociale nous pousse à prendre des décisions non pas en fonction de nos envies réelles, mais de ce que nous pensons que les autres attendent de nous. En escalade, cela se traduit par cette petite voix qui murmure : « Si je ne grimpe pas pendant mes vacances, je vais me retrouver sur des vertes tout l'automne, mes copain·ines vont me corneriser, j'irais faire de l'auto-enrouleur comme une victime, je vais peut-être même devoir regarder les bêtas en QR code et finir par boire ma pinte d'IPA seul·e en écoutant les conseils d'un startupper qui vient de sortir une jaune »
L'antidote ? Se poser cette question fondamentale avant chaque décision : « Suis-je guidé par l'envie ou par la peur ? » La recherche en psychologie positive montre que les décisions prises en cohérence avec nos valeurs profondes génèrent plus de satisfaction à long terme.
Concrètement, cela signifie accepter que vos vacances en famille ont autant de valeur qu'un stage technique dans les Dolomites, que la récupération fait partie intégrante de la progression - les physiologistes parlent de « surcompensation » - et que votre légitimité de grimpeur ne se mesure pas à votre présence sur tous les spots à la mode. Alors relancez donc les dés, parce que vous allez la gagner cette partie de petits chevaux contre votre cousin sacrebleu !
La désescalade des champions
Dernière étape de notre thérapie anti-FOMO : le changement de perspective. Les sciences cognitives nous enseignent que notre perception de la réalité est largement construite par le prisme à travers lequel nous l'observons. En psychologie positive, on appelle cela le « reframing » ou recadrage cognitif (pas notre faute si les boss de la psychologie cognitive sont américains hein, ndlr). Donc : au lieu de voir vos vacances comme une privation, considérez-les comme une opportunité. Les recherches en psychologie du sport montrent que les pauses dans la pratique permettent une récupération physique et mentale optimale. Le phénomène de « désentraînement » ne devient significatif qu'après plusieurs semaines d'arrêt complet. On va dire six, pour être hyper rassurant.
Ces pauses peuvent nourrir votre pratique de manière inattendue : observation géologique de ces falaises contemplées depuis votre transat, micro-aventures locales avec ce bloc erratique ou cette via ferrata oubliée, projection mentale pour définir vos objectifs de rentrée et visualiser vos projets. Les neurosciences nous apprennent que la motivation intrinsèque est plus durable que celle liée aux récompenses externes. Vos vacances sans grimpe peuvent paradoxalement raviver cette flamme intérieure, cette envie pure qui vous a fait tomber raide dingue de la verticale. Après tout, combien de champion·nes ont arrêté la compèt pour revenir plus fort·es ? Vous n'êtes plus qu'un corps affalé de plus sur une plage, vous vous appelez Adam, Janja, Alex ou Oriane.
Au final, le FOMO du ou de la grimpeur·se révèle une vérité inconfortable : notre époque transforme même la passion en performance anxiety (celui-là on était pas obligé, lol, ndlr). Gageons qu'il est difficile de passer ses journées à l'horizontale quand on est accroc à la verticalité. Et pourtant, la science nous apprend que le vrai défi n'est donc pas de grimper coûte que coûte, mais de cultiver cette intelligence émotionnelle qui fait les grands athlètes : savoir quand pousser, quand récupérer, et surtout, comment préserver cette flamme qui nous réchauffe face au vide. Alors, feu ! Courez donc nous préparer cet apéro légendaire devant le coucher de soleil.