Portrait : Bluegilles, le 9C de la vanne
Pour ce nouveau portrait, nous avons proposé à Gilles Puyfages, le virtuose de la vanne derrière le compte Instagram Bluegilles, de passer au confessionnal, le temps d’un verre dans la chapelle de Climbing District Saint-Lazare. Derrière son personnage digital aux airs taquins et ses commentaires cinglants, se cache un homme passionné, créatif et attachant.
Il dévoile sur son compte Instagram, prisé par la communauté de grimpeurs, des mèmes qui font mouche à chaque fois. Avec une précision chirurgicale dans le choix des mots, un rythme impeccable et une structure réfléchie, Gilles concocte chaque mème avec la rigueur d'un athlète.
Forcément, pour quelqu’un qui pratique l’humour avec un tel sens de la précision, on peut légitimement se dire que le nom « Bluegilles » doit avoir une signification particulière. Que c’est le fruit d’une réflexion profonde dont l’ingéniosité nous a échappé.
"Bluegilles, le nom, c’est du hasard. J’avais besoin de créer un compte pour démarrer et j’ai sorti ça. Je sentais que j’avais envie de faire des mèmes et je savais que je pouvais passer trois semaines pour trouver le bon nom."
Nous explique-t-il d’entrée de jeu.
La trame du parcours de Gilles est limpide. De ses années de collégien où il collait des images, à la fac de cinéma, des études de montage, aux missions de photographe professionnel d’escalade, ou même à ses contrats dans la publicité pour des startups, on voit clairement que son truc à lui, ça a toujours été de façonner l’image.
Pour les plus assidus des créations de Gilles, difficile de passer à côté de son goût pour l’art, en particulier de la peinture. Fan de peinture figurative anglaise des années 1800/1900, il est abonné à des dizaines de comptes qui partagent des œuvres d’art. C’est cette matière première qui alimente son imagination, parfois c’est l’image qui fait naître une idée, parfois il va à la recherche de la situation qui pourrait coller avec son idée.
Évidemment, la grimpe n’est pas un sujet qu’il a choisi par hasard, son influence sur sa vie et son travail remonte à ses premières rencontres dans un club d’escalade.
« J’ai commencé à grimper dans un club où j’ai été entraîné par Olivier Lebreton. À l’époque, il entraînait Jules Nicouleau Bourles et Manu Cornu. »
Nous livre-t-il.
Il nous explique également comment l’escalade lui a vraiment appris à faire des blagues : écrire, réécrire, faire relire, étudier ce qui marche ou pas, etc. Créer une bonne vanne, c'est tout un art. Il pense souvent avoir trouvé la perle, mais en la couchant sur papier, réalise que ce qui est drôle est ailleurs. Dans son espace de travail, des images et des graphiques l'aident à peaufiner son travail.
« J'utilise des canevas pour cerner les valeurs sous-jacentes : si le mec, sa valeur, c’est la réussite, ce n’est pas la même vanne que pour le mec qui a comme valeur l’amour de l’autre. Et donc, quand je suis bloqué, je me mets devant mon bureau, et ça m’aide à avancer. »
Un processus créatif que sa compagne alimente également. Intéressée par le développement personnel, coach certifiée, mais aussi dotée d'une personnalité qui donne moins de place à l’instinct que la sienne, elle est une alliée précieuse pour l’aider à comprendre les subtilités de la pensée.
Parfois, il a l’impression d’avoir fait le tour de ce qu’il pouvait faire sur la grimpe. D’autres horizons l’attirent et lui donnent envie de déployer ce qu’il a appris au travers de Bluegilles. L’univers du cinéma, notamment, est une matière sur laquelle il aimerait s’essayer. On comprend mieux pourquoi il se définit comme étant "un peu le Télérama de l’humour ».
Pour suivre les créations de Bluegilles sur Instagram : @bluegilles