La bourde d'Arkose : « On admet un immense dérapage »
- Matthieu Amaré
- il y a 1 jour
- 3 min de lecture
Une publication polémique sur l'escalade « à vue » impliquant une référence sexiste et malheureuse a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. Supprimé après une heure en ligne, le post a ému une partie de la communauté des grimpeur·ses qui s'interrogent sur la cohérence entre les valeurs d'inclusion affichées par le géant français de l'escalade et sa communication. Alors, sale chute ou simple zipette ?

Le jeudi 9 octobre 2025 en fin d'après-midi, Arkose Climbing publiait un mea culpa en story Instagram. « On a fait une erreur et on tient à la reconnaître. Ce n'est ni ce que nous sommes, ni ce que nous voulons défendre chez Arkose », pouvait-on lire sans faire référence à une situation précise. Cette excuse publique fait suite à une publication polémique, rapidement supprimée après avoir suscité l'indignation de la communauté.
« De l'instinct et des couilles »
Selon nos informations et la capture d'écran du post, la publication initiale prétendait définir l'escalade « à vue » - une technique consistant à réussir une voie du premier coup sans information préalable - en évoquant la nécessité d'avoir « de l'instinct et des c**** ». Une formulation qui a immédiatement choqué les abonné·e·s d'Arkose, habitué·e·s à des messages plus inclusifs de la part de l'enseigne. Les réactions n'ont pas tardé mais plus troublant encore pour la communauté, le community management de la marque semblait effectuer une modération systématique des commentaires critiques. Certains utilisateur·rices, comme Climbing Yoshi, interpellent directement l'enseigne : « Si vous avez de 'l'instinct et des C***' il faut assumer votre dérapage d'hier pour sauver votre communication ».

Acteur majeur de l'escalade en France et en Europe, Arkose a pourtant maintes fois affiché des valeurs de diversité et d'inclusion. La semaine dernière, l'enseigne hébergeait notamment dans une de ses salles à Nanterre, une partie du festival Grimpeuses, un événement majeur dédié à l'escalade au féminin. Fondée en 2013 à Montreuil par quatre associés « animés par la même volonté : démocratiser l'escalade et l'art de vivre qui va avec », Arkose a franchi un cap symbolique en mars 2024 en devenant société à mission, formalisant ainsi ses engagements sociaux et environnementaux.
Une communauté qui ne décolère pas
Au-delà de la publication initiale, c'est la gestion de crise qui cristallise les critiques. Les commentaires négatifs continuent d'affluer sur des posts récents n'ayant aucun rapport avec la polémique. « Cette "erreur" comme vous dites en story publique, c'est beau mais ne pas la mentionner dans votre mea culpa, ce qu'est l'erreur en question, c'est ne pas assumer ce qui a été produit et vouloir cacher la poussière sous le tapis », mentionne un internaute. De toute évidence, la communauté de l'escalade, particulièrement sensible aux questions d'inclusion, ne se satisfait pas du mea culpa générique publié en story.
Contactée par Vertige Media, la direction d'Arkose reconnaît « avoir pris conscience de cette erreur interne » tout en ne souhaitant pas rendre publics les détails des circonstances ayant mené à cette publication. L'entreprise invoque « la préservation de ses équipes et de ses prestataires externes » pour justifier son silence sur les modalités de ce qu’elle admet « complètement être un immense dérapage », mais assure « avoir pris les mesures nécessaires pour que cela ne se reproduise plus ». Selon nos informations, le post aurait été rédigé par un prestataire extérieur à l'entreprise mais a bel et bien été mis en ligne par ses équipes en interne.
Cet épisode soulève des questions plus larges sur la responsabilité des acteurs dominants dans la promotion de valeurs inclusives. Qu'on le veuille ou non, Arkose et ses concurrents façonnent l'image de l'escalade moderne. Leur communication influence directement la perception du sport par le grand public et les nouveaux pratiquant·es. Dans un contexte dynamique, les leaders du secteur portent une responsabilité particulière dans la promotion d'une pratique. Et pour un secteur qui mise sur son ouverture et sa modernité, l'épisode est un rappel - s'il en fallait un - qu'une zipette peut aussi provoquer de grosses entorses.