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Accidentologie des sports de montagne : comprendre pour mieux prévenir

Photo du rédacteur: Pierre-Gaël PasquiouPierre-Gaël Pasquiou

On aime croire que l’expérience protège. Qu’avec les bons réflexes, les bons outils et un peu de jugeote, on maîtrise les risques. Mais les chiffres racontent une autre histoire : 67 651 interventions de secours en montagne analysées, des centaines de récits passés au crible, et toujours les mêmes erreurs, les mêmes pièges, les mêmes schémas qui se répètent.


Accidents sports de montagne

La chercheuse et guide de haute montagne Maud Vanpoulle, en collaboration avec le laboratoire L-ViS (Université Lyon 1) et la Fondation Petzl, s’est penchée sur la question. Pourquoi des alpinistes et skieurs aguerris se font-ils avoir sur des itinéraires qu’ils connaissent par cœur ? Pourquoi des accidents surviennent-ils là où personne ne les attend ?


La réponse est rarement technique. Ce n’est pas le manque d’expérience qui tue, c’est l’excès de confiance.


Trois axes d’analyse pour comprendre où ça coince


1. Ce que disent les chiffres des secours en montagne


Les statistiques du Système National d’Observation de la Sécurité en Montagne (SNOSM) permettent d’analyser 67 651 interventions de secours. L’alpinisme et le ski de rando ressortent, sans surprise, comme les disciplines où le taux de mortalité est le plus élevé.


Mais un détail interpelle : les accidents les plus graves surviennent dans des environnements sur-fréquentés. L’alpinisme estival dans le massif du Mont-Blanc, par exemple, présente une létalité plus élevée que d’autres zones. Trop de monde, trop d’engagement, trop d’habitudes qui rassurent et endorment la vigilance.


2. Ce que racontent les récits d’accidents


La base SERAC, qui regroupe les retours d’expérience des pratiquants, révèle un constat édifiant : 44 % des accidents surviennent sur des itinéraires réputés faciles ou sécurisés.


Le problème n’est pas tant la difficulté intrinsèque du terrain que la façon dont on le perçoit. Un site accessible, une sortie bien rodée, une classique qu’on fait tous les ans… Autant de raisons de baisser la garde. Les signaux d’alerte sont là, mais on ne les voit plus.


3. Trois façons d’appréhender le risque


Une enquête menée auprès de 2 100 pratiquants met en lumière trois grands profils :


  • Ceux qui valorisent le risque, qui cherchent l’engagement et acceptent la possibilité d’un accident comme un élément inhérent à la pratique.

  • Ceux qui le subissent, qui doutent, se sentent vulnérables, s’interrogent sur leur capacité à gérer une situation de crise.

  • Ceux qui veulent le contrôler, qui cherchent à neutraliser l’incertitude par la technique, la connaissance, l’expérience.


Le problème ? Même les plus prudents se font avoir. Parce que la montagne, elle, se fiche pas mal des plans bien ficelés.


Prévenir autrement : ce que ces recherches changent


Cette étude pose une question essentielle : et si on formait autrement ?


  • Les jeunes hommes expérimentés sont surreprésentés parmi les accidentés. Ce n’est pas une coïncidence. Trop de confiance tue la vigilance.


  • Les itinéraires "classiques" sont de faux amis. Un site qu’on connaît bien, qu’on grimpe chaque saison, où “ça passe toujours”... Jusqu’au jour où ça ne passe plus.


  • Les formations doivent intégrer autre chose que la technique. Savoir grimper ne suffit pas. Il faut apprendre à lire le terrain, interpréter les signaux faibles, remettre en question ses propres choix.


Anticiper au lieu de subir


Ces travaux n’ont pas pour but de créer une montagne sous cloche, aseptisée et encadrée par des protocoles rigides. Ils rappellent simplement que l’accident n’est pas une fatalité.


L’expérience, l’équipement et la technique sont essentiels, mais ils ne suffisent pas. Ce qui fait la différence, c’est la capacité à se poser les bonnes questions avant que la montagne ne les impose elle-même.



📢 Contribuez à la base SERAC : chaque récit partagé permet d’éviter que les mêmes erreurs ne se répètent.


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