Free Solo à l'anglaise : quand Big Ben devient le théâtre d'une ascension engagée
Londres, 8 mars 2025. L’aube est encore pâle sur Westminster quand un homme décide de s’offrir un réveil musclé : escalader Big Ben en free solo, le tout en brandissant un drapeau palestinien. Pas de baudrier, pas de corde, juste un manteau noir, une casquette vissée sur la tête et un keffieh en étendard. Une ascension aux allures de manifeste, qui va tenir la police en haleine et le public en émoi.

Big Ben : solo intégral, full symbolique
Il est 7h24 quand la Metropolitan Police reçoit l’alerte : un homme est en train de grimper la Tour Elizabeth, l’édifice qui abrite l’horloge la plus célèbre du monde. Sous ses pieds, pas de granite parfait ni de lignes sculptées par le temps, mais la façade néo-gothique du Parlement britannique, avec ses arêtes tranchantes et ses prises douteuses.
Très vite, des images commencent à circuler sur les réseaux sociaux. On y voit l’homme progresser avec une assurance qui évoque les grimpeurs les plus audacieux – sauf que lui, il ne vise pas la cotation, mais la visibilité. Brandissant son drapeau palestinien, il transforme Big Ben en panneau publicitaire géant pour une cause qui secoue la planète. En bas, la foule se masse, et le soutien fuse : « Free Palestine ! »
L’intéressé, perché à plusieurs dizaines de mètres du sol, ne semble pas pressé de redescendre. « Si vous vous approchez, je vais grimper encore plus haut », prévient-il, ajoutant au spectacle une touche de suspense. Un Hans Solo engagé, sans Millennium Falcon, mais avec une corniche comme siège de fortune.
Une descente plus longue que prévu
Les autorités ne tardent pas à déployer l’artillerie lourde. Pompiers, police, négociateurs : tout ce beau monde tente de le raisonner. Des nacelles sont envoyées pour lui parler, mais il campe sur sa position, tandis que la nuit tombe et que les températures dégringolent. On s’inquiète pour sa santé, d’autant que des témoins affirment voir du sang sur ses vêtements. Une blessure ? Un simple effet de lumière ? Impossible à dire.
Finalement, après plus de 16 heures de siège vertical, il accepte l’offre de redescente assistée. Une nacelle l’embarque, direction le sol, où les policiers l’attendent de pied ferme. Quelques instants plus tard, l’annonce tombe : il est officiellement en état d’arrestation.
Une sécurité en roue libre
Au-delà du coup d’éclat, l’incident soulève une question autrement plus embarrassante pour le Parlement britannique : comment un individu a-t-il pu, sans trop de difficultés, escalader l’un des bâtiments les plus surveillés du pays ?
Des vidéos montrent qu’il lui a suffi de franchir une clôture pour entamer son ascension, sans qu’aucun agent de sécurité ne l’intercepte. Dans une ère où le moindre drone suspect déclenche des protocoles anti-terroristes, voir un homme grimper un monument iconique sans entrave fait un peu désordre. Un porte-parole du Parlement s’est fendu d’un sobre « nous évaluons l’incident », manière élégante de dire « on s’est fait surprendre, mais on préfère ne pas trop l’ébruiter ».
Free solo, free speech ?
L’acte n’est pas sans précédent. En 2019, un militant d’Extinction Rebellion, grimé en Boris Johnson, s’était déjà offert un tour de Big Ben pour alerter sur l’urgence climatique. Cette fois encore, l’escalade a pris une tournure politique, en s’ancrant dans la vague de manifestations pro-palestiniennes qui secouent le Royaume-Uni et l’Europe depuis des mois.
L’homme de Big Ben a-t-il réussi son coup ? Si son objectif était de faire parler, alors oui. S’il voulait réveiller les consciences, la question reste ouverte. Ce qui est certain, c’est qu’il a mis en lumière une faille de sécurité embarrassante, tout en rappelant que l’escalade, qu’elle soit sportive ou militante, reste une affaire de prise de risque. Et dans ce registre, lui aussi vient d’entrer dans l’histoire.