FAIRE UNE RECHERCHE
878 résultats trouvés pour ""
- Comment entretenir ses chaussons d’escalade et éviter qu’ils s’usent trop vite ?
Mal entretenus, les chaussons d’escalade s’usent plus vite, perdent en adhérence et finissent par sentir le vestiaire de rugby. Heureusement, avec quelques gestes simples, tu peux prolonger leur durée de vie et grimper plus longtemps sans exploser ton budget. Voici les conseils essentiels pour entretenir tes chaussons et optimiser leur longévité . © Julie Fimat 1. Ne pas entreposer vos chaussons dans le froid Laisser ses chaussons dans la voiture en plein hiver ne va pas les ruiner, mais la gomme devient plus rigide et tu risques d’avoir l’impression qu’ils ont rétréci. Résultat ? Plus difficiles à enfiler, plus douloureux et moins d’adhérence sur le mur ou le rocher . ✅ Bonne pratique : Garde-les à température ambiante , chez toi, loin du froid extrême. ⛔ À éviter : Les laisser dehors, dans la voiture ou dans une cave humide. 2. Aérer après chaque séance L’humidité et la sueur sont les meilleurs amis des bactéries et des mauvaises odeurs. Si tes chaussons restent enfermés dans un sac, ils macèrent plutôt qu’ils ne sèchent. ✅ Bonne pratique : Laisse-les sécher à l’air libre après chaque séance. Évite les sacs plastiques fermés , qui retiennent l’humidité. Utilise du bicarbonate de soude : une pincée dans chaque chausson pour absorber l’humidité et neutraliser les odeurs. ⛔ À éviter : Les exposer à une source de chaleur directe (radiateur, sèche-cheveux), ça détériore la colle et les matériaux. 3. Nettoyer ses chaussons (sans les massacrer) Avec le temps, la sueur et la poussière s’incrustent, et la gomme perd en efficacité. Un bon nettoyage prolonge la durée de vie et maintient la performance. ✅ Bonne pratique : Un chiffon humide avec un peu de savon doux pour nettoyer l’intérieur. Une brosse souple pour enlever la magnésie et la poussière de l’extérieur. Nettoyer la semelle avec un chiffon humide pour restaurer l’adhérence de la gomme. ⛔ À éviter : Machine à laver, eau chaude ou produits agressifs. Séchage au soleil ou sur un radiateur. © Julie Fimat 4. Protéger la gomme et éviter une usure prématurée La gomme est l’élément clé de tes chaussons. Si elle est encrassée ou abîmée, tu perds en performance et en durabilité. ✅ Bonne pratique : Évite de marcher avec tes chaussons sur le bitume ou dans la terre , ça les use inutilement. Nettoie la semelle régulièrement pour conserver une adhérence optimale. Utilise tes chaussons uniquement sur le mur ou le rocher et pense à les enlever entre deux essais en falaise. 5. Réparer les petits dégâts à temps Avec le temps, des zones peuvent se décoller, notamment au niveau des talons, contrepointes ou pointes . Une réparation rapide évite que le problème s’aggrave. ✅ Bonne pratique : Toujours avoir un tube de super glue dans son sac de grimpe. Si un morceau de gomme commence à se décoller, colle-le immédiatement pour éviter que le problème s’étende. ⛔ À éviter : Laisser un chausson endommagé traîner trop longtemps, sinon c’est réparation complète ou remplacement. © Julie Fimat 6. Être précautionneux en les enfilant Il arrive souvent que les velcros cassent, la gomme du cou-de-pied se déchire, ou les lanières d’enfilage lâchent . Cela peut être évité en adoptant les bons gestes dès le début. ✅ Bonne pratique : Ne force pas comme un bourrin pour enfiler tes chaussons. Le premier jour, utilise un bout de sac plastique pour faire glisser ton pied plus facilement si tu galères. Manipule les velcros et les lanières avec précaution. ⛔ À éviter : Tirer violemment sur les attaches, surtout si les chaussons sont bien ajustés. 7. Anticiper l’usure et le ressemelage Même bien entretenus, tes chaussons vont s’user. La clé, c’est de ne pas attendre que la semelle soit percée pour réagir. ✅ Bonne pratique : Vérifie l’usure de la gomme sous les points de pression (gros orteil, carres internes et externes). Fais ressemeler avant que la semelle ne soit trouée , c’est plus économique et efficace. Pour un bon ressemelage, privilégie des spécialistes. ⛔ À éviter : Attendre trop longtemps, car si l’enrobage est attaqué, la réparation coûte plus cher et change la sensation du chausson. Conclusion : Un bon entretien, c’est des chaussons qui durent plus longtemps Avec ces quelques gestes simples, tes chaussons resteront performants plus longtemps, éviteront les mauvaises odeurs et te feront économiser des dizaines d’euros en remplacements prématurés . 🌱 Un entretien régulier, c’est aussi un geste écolo : moins de déchets, moins de surconsommation, et plus de sessions avec tes chaussons préférés. Alors, tu les laisses encore traîner dans ton sac ou tu commences à les bichonner ?
- Pourquoi et quand ressemeler ses chaussons d'escalade ?
Les chaussons d’escalade, c’est un peu comme une deuxième peau. Une fois qu’ils sont formés à ton pied, qu’ils ont encaissé des heures de grimpe et qu’ils épousent parfaitement tes sensations sur le rocher ou la résine, difficile de s’en séparer. Mais vient un moment où l’usure du caoutchouc impose un choix : les jeter et racheter une paire flambant neuve, ou leur offrir une seconde vie grâce au ressemelage. © Vertige Media Pourquoi ressemeler ses chaussons d’escalade ? Le ressemelage, c’est avant tout une question d’économie. Avec des prix qui flirtent souvent avec les 100 €, une paire de chaussons ne se remplace pas à la légère. Un bon ressemelage coûte entre 30 et 50 € , ce qui revient nettement moins cher que de racheter une paire. Mais au-delà du porte-monnaie, c’est aussi une affaire de confort et de performance. Quand on achète des chaussons, il y a cette phase de rodage plus ou moins douloureuse : ceux qui chaussent petit savent de quoi on parle. Une fois bien faits à ton pied, les jeter parce que la gomme est usée, c’est un peu comme bazarder un jean parfaitement ajusté juste parce qu’il a un trou au genou. En ressemelant, tu prolonges cette sensation de chausson parfaitement ajusté, sans repasser par la case torture du premier mois. Et puis, il y a l’impact environnemental. Les grimpeurs aiment la nature, mais le marché des équipements sportifs reste largement basé sur des matériaux synthétiques et des procédés de fabrication peu éco-friendly. Un chausson ressemelé, c’est une paire en moins à produire . Moins de déchets, moins d’empreinte carbone : c’est aussi une manière de consommer plus intelligemment. Quand ressemeler ses chaussons ? L’erreur classique, c’est d’attendre trop longtemps. Si la gomme du chausson est percée au niveau de la pointe ou que la bande de renfort latérale est attaquée, c’est souvent trop tard pour un simple ressemelage . À ce stade, il faudra peut-être changer l’enrobage entier, ce qui augmente le coût et altère parfois les sensations d’origine du chausson. © Vertige Media Les signes qu’il est temps de ressemeler : La gomme est amincie sous les points d’appui (gros orteil, carres internes et externes). Moins d’adhérence sur les prises plates ou les grattons (sensation de glissement). Début d’usure sur l’enrobage : si le bord du chausson commence à s’effriter, il ne faut pas tarder. L’idéal ? Anticiper et ressemeler avant que l'on aperçoit le tissu sous la gomme . Ça permet d’économiser sur la réparation et d’éviter de trop modifier le comportement du chausson. Où faire ressemeler ses chaussons ? Il existe plusieurs ateliers spécialisés dans le ressemelage, certains indépendants et d’autres directement affiliés aux grandes marques. En France, quelques artisans ont développé un véritable savoir-faire, notamment les cordonniers agrées par La Sportiva ou Scarpa . L’avantage de ces pros, c’est qu’ils travaillent avec les gommes d’origine des fabricants ( Vibram XS Grip, XS Edge, Trax Rubber, etc. ), assurant une restitution quasi identique des performances du chausson. Envoi postal ou dépôt en magasin spécialisé, les options ne manquent pas. Certains grimpeurs en profitent pour faire ressemeler plusieurs paires d’un coup et optimiser les frais de port. Conclusion : prolonger la vie de ses chaussons, c’est tout bénéf' Ressemeler, c’est économique, éco-responsable et confortable . La clé, c’est d’anticiper l’usure pour éviter une réparation trop lourde, et de choisir un atelier de qualité qui respectera la forme et la gomme d’origine. Avec un bon entretien et un ressemelage au bon moment, une paire de chaussons peut tenir deux, trois, voire quatre vies . Autant en profiter !
- Arkose s’empare d’Angers : expansion, franchise et escalade sous contrôle
Il y a quelques années, Arkose bousculait le paysage de l’escalade indoor avec un concept hybride : des salles de bloc au design brut, des bières artisanales en fin de session et une carte de restauration qui sent bon le marketing bien rodé. Aujourd’hui, la marque ne joue plus les trublions. Elle quadrille méthodiquement le territoire. Avec Angers dans le viseur, l’ancien Unicorn House va se transformer en 29ᵉ salle Arkose, dernière étape d’un déploiement sous franchise qui marque un virage stratégique pour le groupe. Entre appétit d’investisseurs, saturation des grandes métropoles et concentration du marché, cette ouverture est loin d’être anodine . De la conquête à la rentabilité : Arkose change d’ère Les temps changent pour Arkose. De start-up audacieuse à géant de l’escalade, l’entreprise née en 2013 a grandi à la vitesse de son ambition. Présente à Madrid et Bruxelles, la marque s’est solidement implantée en France, avec un modèle qui mixe franchise et développement en propre. En 2022, Arkose a lancé sa première salle en franchise à La Rochelle , en partenariat avec LE FIVE/4 PADEL, marquant une nouvelle phase de son expansion. Depuis, le groupe poursuit cette stratégie avec Angers, Dunkerque et Lens parmi les prochaines ouvertures prévues d’ici 2025-2026. Cette dynamique lui permet d’adapter son modèle aux spécificités locales tout en poursuivant une croissance agressive sur le marché des villes moyennes. Mais la croissance a un prix. Après une levée de fonds de 10 millions d’euros en 2018 , Arkose doit maintenant rendre des comptes aux investisseurs. La franchise devient alors une arme à double tranchant : permettre une expansion rapide tout en transférant le risque aux partenaires locaux . Une stratégie qui séduit, mais qui peut aussi diluer l’identité du groupe. À Angers, le choix du 331 avenue du Général Patton, ex-Unicorn House du Youtubeur VodK, est révélateur. Un grand espace déjà structuré, une clientèle urbaine en demande et un marché en pleine mutation. Angers, nouvelle pièce du puzzle Arkose Angers n’est pas un coup de dés pour Arkose. La ville affiche déjà un engouement fort pour l’escalade, en témoignent les files d’attente et les tapis saturés chez Climb Up , la seule salle privée de l’agglomération. Aux heures de pointe, les grimpeurs pestent, coincés entre l’envie de grimper et le manque d’espace. L’arrivée d’Arkose au nord d’Angers, alors que Climb Up ancre déjà sa présence au sud, pourrait redistribuer les cartes. Reste à savoir si cette nouvelle concurrence profitera aux grimpeurs en stimulant l’offre locale, ou si elle amorce une lutte d’influence où l’un finira par absorber l’autre. Quoi qu’il en soit, les travaux sont lancés. L’ouverture est annoncée pour la rentrée 2025 , avec une surface qui ne couvrira que la moitié de l’ancien Unicorn House. Fidèle à son modèle, Arkose y ajoutera son restaurant labellisé Ecotable : une carte soignée, du bio, du local, et une promesse qui va au-delà de la grimpe. Le modèle Arkose : salle d’escalade ou business model rodé ? Arkose vend-il encore de l’escalade ou un mode de vie ? La question n’est pas nouvelle, mais elle prend un tour plus concret à mesure que la franchise se développe. Le groupe a fait de sa restauration un atout majeur. Ce n’est plus un simple café au fond de la salle, mais un pilier du modèle économique . Un restaurant soigné, une clientèle qui dépasse les grimpeurs, et une structure qui drague aussi bien les étudiants du campus que les jeunes actifs en quête de socialisation. Résultat : les murs d’escalade ne sont plus l’unique produit, ils deviennent un prétexte. Arkose façonne des lieux hybrides où l’on vient autant pour se détendre que pour grimper. Une vision qui séduit un nouveau public : des pratiquants qui voient l’escalade comme une alternative à la salle de sport, un moyen de bouger, de socialiser, sans nécessairement s’immerger dans la culture grimpe. Une approche qui démocratise la discipline, mais qui interroge les puristes sur l’évolution de son identité. Expansion sous contrôle ou dilution de l’identité ? Avec l’arrivée d’Arkose, Angers entre dans une dynamique déjà observée ailleurs : celle d’un marché où plusieurs grandes enseignes se disputent une clientèle jusqu’ici captée par un acteur unique. Si Climb Up et Arkose cohabitent déjà dans certaines villes, la question reste de savoir comment cette concurrence va remodeler l’offre angevine . À terme, le marché local peut-il absorber deux acteurs d’envergure, ou finira-t-il par en privilégier un ? Une chose est sûre : Arkose ne vient pas juste installer une salle. Il vient restructurer tout un écosystème. Pour découvrir des contenus dédiés aux professionnels de l’escalade, rendez-vous sur www.vertigemedia.fr/pro , votre espace exclusif pour tout savoir sur le marché de l’escalade.
- Portrait : Oriane Bertone
© Red Bull Née le 10 mars 2005 à Nice, Oriane Bertone découvre l'escalade à l'âge de 8 ans sur l'île de La Réunion, où elle s'installe avec sa famille en 2009. Très vite, elle se distingue par une progression fulgurante qui la propulse sur le devant de la scène internationale. Dès ses débuts, Oriane impressionne par ses réalisations en bloc. À 12 ans, elle devient la plus jeune personne à réussir un bloc coté 8B+ avec " Golden Shadow " à Rocklands, en Afrique du Sud. Cette performance exceptionnelle la place immédiatement parmi les grimpeuses les plus prometteuses de sa génération. En 2019, Oriane remporte les titres de championne du monde jeune en bloc et en difficulté, confirmant ainsi son potentiel exceptionnel. Elle fait ses débuts en Coupe du monde senior en 2021, décrochant une médaille d'argent lors de l'étape de Meiringen, en Suisse, à seulement 16 ans. En 2023, elle franchit une nouvelle étape en remportant sa première victoire en Coupe du monde de bloc à Prague, devançant la championne olympique Janja Garnbret. Sélectionnée pour représenter la France aux Jeux olympiques de Paris en 2024 , Oriane participe à l'épreuve combinée bloc-difficulté. Malgré une préparation intense, elle termine à la 8ᵉ place, une expérience riche en enseignements pour la suite de sa carrière. En 2025, Oriane continue de briller sur la scène nationale en conservant son titre de championne de France de bloc lors des championnats organisés à Anse . Sa détermination et sa passion pour l'escalade la poussent à repousser sans cesse ses limites, tant en compétition qu'en falaise, où elle s'attaque à des voies de plus en plus exigeantes.
- Joseph Vallot : un savant au sommet du Mont-Blanc et de son époque
Les milliardaires d’aujourd’hui envoient des fusées dans l’espace et se prennent pour des pionniers. Joseph Vallot, lui, montait sur un glacier avec une tente et une idée en tête : prouver que la science pouvait survivre là où les hommes peinaient à respirer . À la fin du XIXᵉ siècle, quand l’altitude relevait encore plus de l’aventure que de la recherche, il choisit le Mont-Blanc comme laboratoire, convaincu que la meilleure façon de comprendre un environnement, c’est d’y vivre. Botaniste, géologue, météorologue, physiologiste, glaciologue, Vallot coche toutes les cases du savant touche-à-tout. Curieux jusqu’à l’obsession, pragmatique jusqu’à la démesure, il incarne l’explorateur-scientifique dans toute sa splendeur : un mélange de rigueur et de folie, de méthode et d’audace. Un homme capable d’investir une fortune pour hisser un observatoire à 4 350 m d’altitude et, dans la foulée, d’imaginer un funiculaire pour que les alpinistes puissent monter plus vite. Un cerveau en ébullition, un corps en altitude, et une existence entière dédiée à comprendre un monde qui se dérobe. Éliane Patriarca, journaliste spécialiste de l’environnement et des sciences de la montagne, exhume la trajectoire fascinante de ce pionnier oublié dans Joseph Vallot, l’histoire méconnue d’un savant alpiniste (Glénat, 2025) . Un ouvrage qui tombe à pic, alors que 2025 marque le centenaire de sa mort et que son légendaire observatoire du Mont-Blanc s’apprête à entrer dans une nouvelle ère sous l’impulsion du CREA Mont-Blanc. Un laboratoire sur le toit de l’Europe Là où certains voient un décor, Vallot voit un terrain d’expérimentation. En 1887, il monte au sommet du Mont-Blanc et y plante sa tente. Trois nuits à 4 800 mètres, sans abri ni oxygène. Une folie ? Un pari scientifique. Il prouve que l’homme peut non seulement survivre en haute altitude, mais aussi y travailler. Dès lors, il lui faut un observatoire. Construire à plus de 4 000 mètres à la fin du XIXᵉ siècle, c’est un exploit insensé : chaque poutre, chaque pierre, chaque clou doit être monté à dos d’homme ou de mule . Mais Vallot n’a pas le goût du confort, seulement celui de la recherche. En 1890, le premier laboratoire d’altitude d’Europe voit le jour. Il y mène des recherches pionnières sur l’impact de l’altitude sur le corps humain et sur l’héliothérapie , convaincu que le soleil pourrait bien être un remède sous-estimé. Il y passe plus de trente étés, persuadé que la science ne se fait pas derrière un bureau, mais sur le terrain, là où le vent glace les idées toutes faites. Joseph Vallot n’est pas qu’un scientifique, c’est un bâtisseur. Il comprend avant l’heure que l’alpinisme et la recherche ne peuvent exister sans infrastructures . Il imagine un funiculaire jusqu’à l’aiguille du Midi, pose les bases d’un tourisme scientifique avant même que l’idée n’existe. Explorer, observer, comprendre et transmettre : pour lui, tout se tient. Un engagement scientifique jusqu’au dernier souffle Vallot n’est pas seul dans cette obsession. Son père Émile et sa femme Gabrielle soutiennent ses recherches, mais l’altitude, aussi noble soit-elle, use les amours terrestres. Gabrielle finit par le quitter. C’est sa fille, Madeleine, qui prendra le relais, l’accompagnant jusqu’au bout. Il y laisse sa santé, son argent, et un peu de son temps, mais jamais son feu intérieur. Il travaille jusqu’à son dernier souffle, toujours animé par la même frénésie de savoir qui l’avait mené du Languedoc à Paris, puis de Paris aux glaces du Mont-Blanc . Éliane Patriarca : une plume engagée au service d’un savant oublié Si Vallot a disparu des radars, c’est peut-être parce qu’il appartenait à une époque où la science n’était pas encore une marque personnelle. Éliane Patriarca s’empare de son histoire avec un véritable travail d’enquête, un style limpide et une capacité à faire revivre les figures oubliées . Ancienne journaliste à Libération, où elle a couvert les grandes problématiques environnementales (pollution aux pesticides, catastrophe de l’amiante, réchauffement climatique en montagne), elle est aujourd’hui indépendante. Son CV littéraire reflète une fascination constante pour la montagne et l’exploration, qu’il s’agisse de ses paysages, de ses mutations écologiques ou des figures qui l’ont traversée. Menace sur Saint-Gervais (Catapac Éditions, 2010) Participation à Mythologies alpines (JMÉditions, 2012) Coordination de Du souffle dans les mots : 30 écrivains s’engagent pour le climat (Arthaud, 2015) Co-rédaction de L’Atlas de botanique poétique avec Francis Hallé (Arthaud, 2016) Avec Joseph Vallot, l’histoire méconnue d’un savant alpiniste , elle tisse un récit à la fois rigoureux et captivant , où la montagne devient un laboratoire, et où la quête de savoir se vit comme une expédition. L’Observatoire Vallot, un héritage toujours vivant Si son nom évoque aujourd’hui un refuge en altitude connu de tous les alpinistes, l’Observatoire Vallot reste avant tout le symbole d’un engagement indéfectible envers la science et l’exploration de montagne . En septembre 2024 , la première pierre d’un projet ambitieux a été posée à Chamonix : transformer l’Observatoire en un tiers-lieu de l’écologie alpine. Le CREA Mont-Blanc, héritier de l’esprit visionnaire de Vallot, y mène des recherches sur l’évolution de la biodiversité et du climat en haute altitude . Un nouveau laboratoire de 90 m², écoconçu, verra bientôt le jour. Le chalet Vallot sera rénové, un jardin scientifique aménagé, et l’observatoire deviendra un lieu où chercheurs, alpinistes et citoyens pourront échanger sur les mutations du climat. Le projet est financé à hauteur de 1,2 million d’euros, avec le soutien du Conseil départemental de la Haute-Savoie, de la Fondation du Patrimoine (via la mission Patrimoine en Péril de Stéphane Bern), de la Fondation de France et de mécènes privés. Un savant d’hier pour les enjeux d’aujourd’hui Pourquoi s’intéresser à Joseph Vallot aujourd’hui ? Parce que son travail sur les glaciers et le climat est d’une actualité brûlante . À l’heure où les neiges éternelles du Mont-Blanc fondent plus vite que les illusions d’un monde durable, son obsession pour la compréhension des phénomènes naturels résonne avec une urgence nouvelle. Joseph Vallot, l’histoire méconnue d’un savant alpiniste est un livre d’histoire, mais c'est surtout une plongée dans une époque où la science exigeait du terrain, du temps et du courage. Disponible au éditions Glénat, collection Hommes & montagnes.
- France 3 met en lumière la journée de détection en para-escalade à Climb Up Aubervilliers
Le 23 novembre dernier, ClimbUp Aubervilliers n’était pas seulement un refuge pour grimpeurs en quête de sensations. Ce jour-là, la FFME organisait une journée de détection en para-escalade , un moment clé pour l’avenir de la discipline en France. À cinq ans de Los Angeles 2028 , où l’escalade fera son entrée aux Jeux Paralympiques , il s’agit de repérer les futurs athlètes, d’élargir la base de sélection et de structurer un collectif compétitif. © France TV Parce qu’aujourd’hui, certaines catégories de handicap manquent encore cruellement de grimpeurs . Et sans émulation, difficile de progresser. L’objectif est donc double : donner une chance à ceux qui rêvent du haut niveau et construire une équipe nationale capable de tenir tête aux meilleures nations. France 3, présent sur l’événement, a mis en avant cet enjeu : détecter, accompagner, préparer. L’escalade est un sport où la marge de progression est énorme, et si certains se voient déjà aux Jeux de Los Angeles, d’autres ont encore tout à construire. Mais le message est clair : l’aventure est ouverte à toutes et tous, à condition d’avoir l’envie et de s’en donner les moyens. Jusqu’où grimper ? Les journées de détection ne sont qu’un premier filtre. Elles permettent d’identifier les profils, de tester les aptitudes physiques et techniques, et de voir qui est prêt à s’investir sur le long terme. L’escalade demande un engagement total, et le para-sport encore plus : il ne s’agit pas seulement de grimper, mais de le faire avec un corps qui impose ses propres défis . Force, équilibre, vision, adaptation : chaque athlète doit composer avec ses propres limites… et les dépasser. Pour les plus affûtés, la suite est déjà tracée : les Championnats de France en mars, où les prétendants sérieux pourront se mesurer aux meilleurs. Un passage obligé pour espérer intégrer l’équipe nationale. Pour les autres, la réflexion continue. © France TV Un collectif en construction Si l’escalade paralympique est encore en pleine structuration en France, elle avance. Mais pour exister sur la scène internationale, il faudra plus qu’une poignée d’athlètes motivés. La FFME le sait : sans densité, sans confrontation, pas de grand avenir. Les prochains mois seront donc décisifs pour voir qui franchira les étapes, qui accrochera son nom sur la liste des sélectionnés, et qui sera encore là en 2028. D’ici là, une question reste en suspens, glissée par France 3 comme un défi : Pourquoi pas moi ? Pour voir le replay, cliquez ici .
- La France a un incroyable talent : les frères Ladevant
Chaud Ladevant ! En se plaçant encore en haut du classement des championnats du monde à Longmont (USA), les frangins viennent d’asseoir un peu plus leur palmarès en compétition d’escalade sur glace. Ultra-dominateurs de leur discipline, Tristan, 26 ans et Louna, 24 ans, ont bien plus que les podiums internationaux en partage. Interview fleuve de deux frangins dans le vent, où l’on navigue entre enfance sauvage, précarité et relation fusionnelle. © Les frères Ladevant Votre histoire, c’est avant tout celle d’une relation fusionnelle… Louna : Oui, tout à fait. C’est rare que l’on se présente de manière séparée. Avec Tristan, on se considère vraiment comme une équipe. Chaque victoire, chaque médaille, chaque projet, c’est vraiment nous deux qui les portons. Et les bénéfices de ces performances, quels qu’ils soient, sont aussi pour nous deux. Tristan : Je pense que c’est dû à notre éducation : on a toujours veillé l’un sur l’autre. Il était donc logique que notre vie continue dans ce sens. Cela nous permet de désindividualiser beaucoup de choses : les blessures, les performances, les temps d’absence. Vu de l’extérieur, c’est « les frères Ladevant ». On mutualise aussi les démarches, les budgets. Et puis, on s'entraîne constamment ensemble. C’est une vraie émulation d’avoir toujours quelqu’un pour te pousser quand t’as du mal à avancer, qui connaît la personne que tu es, ce dont tu es capable, et qui ne va pas te mentir comme on peut parfois le faire à soi-même. L’enfance des frères Ladevant, elle a ressemblé à quoi ? Tristan : On a beaucoup voyagé en France quand on était petits. À une période, on a même vécu dans une yourte posée en montagne. D’abord de manière très isolée, puis un peu moins quand les contraintes de la vie nous ont rapprochés de la ville. On n’avait pas l’eau courante, pas l’électricité. Et l’hiver, la yourte n’était pas accessible par la route. Louna : On a beaucoup été scolarisés à domicile. Même si on faisait souvent des sauts dans des établissements, en y restant un an, parfois moins. Notre mère nous laissait la liberté d’aller dans le public ou de faire l’école à la maison. Être scolarisé à domicile, c’était des avantages de fou. On était super efficace donc on gagnait un temps énorme qui nous permettait de faire plein d’autres choses. © UIAA « Cette envie d’excellence a toujours été présente. Comme s’il y avait une revanche à prendre. On vient d’un environnement social peu aisé. Ça a même été la grosse galère. » Tristan : On n’était pas mauvais à l’école, en plus. Donc ça facilitait aussi les choses. Les principes de société, on les trouvait ailleurs, avec les clubs sportifs et les cours de musique. On n’était pas isolés chez nous à voir personne. On a tout de même passé beaucoup de temps dehors à faire des cabanes et des bêtises.. Ce qui nous a, je pense, beaucoup poussés vers la direction dans laquelle on est aujourd’hui. Les expé’ aujourd’hui [ quand ils ne sont pas en Coupe du monde, les frères Ladevant ont l’habitude de partir en expédition, généralement pour faire des big walls, que ce soit en Italie, en Suisse ou bien au Pakistan, ndlr ], c’est un peu le retour aux cabanes de quand on était petits. Vous évoluez tous les deux en Coupe du monde de cascade de glace. Louna, tu penses avoir suivi le chemin tracé par ton frère ? Louna : Totalement. Sans lui, je n’aurais pas eu le même parcours. En parallèle du sport, on faisait beaucoup de musique, de la batterie pour ma part. J’avais vraiment envie de faire ma vie dans ce monde-là. Gamin, je voulais être une star, faire des concerts à travers le monde, etc. De son côté, Tristan a commencé la montagne. Il a notamment découvert ça avec un gars [Jean Marie Taupin, ndlr] qui l’a un peu pris sous son aile. J’ai alors commencé à me demander pourquoi je ne faisais pas ça moi non plus. Tristan : Tu passais huit heures par jour derrière ton instrument. Moi j’étais dehors tout le temps. On ne se voyait plus. Louna : Et puis, je voyais aussi la différence entre ce rêve de gamin, celui de faire des concerts, et la réalité de ce que cela représente, de comment est le milieu. Alors j’ai changé d’avis. Et j’ai suivi Tristan. Être athlète professionnel, c’était un objectif pour vous ? Tristan : Non, parce qu’on n’avait pas connaissance de ce milieu. Mais avec du recul, dans nos scénarios de gamins, il y avait toujours une notion d’ambition, de célébrité. Cette envie d’excellence a toujours été présente, quelles que soient les disciplines que l’on ait pu faire. Comme s’il y avait une revanche à prendre. Parce qu’on vient d’un environnement social peu aisé, voire pas du tout pendant une période. Ça a été la grosse galère. Le jour où il a fallu aller aux Restos du Cœur, ça a été violent pour moi. À ce moment-là, je me suis dit : « Plus jamais de ma life, je me retrouve dans cette situation ». Et puis, notre mère nous a toujours éduqués avec l’idée de bien faire les choses. Car si l’on était un peu touche-à-tout, on ne faisait jamais les choses à moitié. Quand on a attaqué le ski, par exemple, on était nuls. Je me souviens qu’elle nous a dit à ce moment-là : « Vous allez être bons, ne vous en faites pas. On va y aller tous les jours ». On skiait je-ne-sais-pas combien d’heures. Peu importe s’il pleuvait ou neigeait. © UIAA « On est concurrent quand on a nos baudriers en compèt. Mais au final on se bat contre une voie et pas contre l’autre, donc ça calme. » Louna : L’aspect financier, ça m’a moins marqué. Sans doute que j’étais plus petit. D’autant que c’est quelque chose d’assez relatif. Parce qu’on faisait tout de même du ski alpin en compétition, du basket, de la musique... Mais la vie autour de ça, c’était dur. Je pense tout de même que cette précarité, c’est toujours en moi, de manière plus inconsciente. Aujourd’hui, je ne veux pas travailler pour faire beaucoup d’argent. Mais je veux tout de même gagner de l’argent. Je veux gagner ma vie. Tristan : Il faut rester connecté avec la réalité du haut-niveau en France [ où près de 60% des athlètes de haut niveau vivent avec moins de 1500€ par mois , ndlr ] . Donc quand quelqu’un te propose de l’argent, tu le prends. Ou sinon, tu vas encore manger des pâtes pendant les six prochains mois. À quel moment avez-vous basculé dans le monde professionnel ? Tristan : Ce qui a fait la différence, c’est lorsque mon mentor, dont parlait Louna, [ Jean-Marie Taupin, avec qui Tristan a partagé beaucoup d’autres aventures, à Chamonix, dans les Écrins, des grandes voies un peu partout en France, jusqu’en Suisse et en Italie notamment, ndlr ] m’a proposé de partir en expé. Je n’avais pas 18 ans, c’était l’année de mon bac de français. Et là, il me proposait d’aller aux États-Unis. Il y a eu un peu de discussions avec ma mère et avec Louna. Ça a été l’élément déclencheur. En rentrant, on m’a dit : « Mais attends, tu sais qu’aujourd’hui, si t’as pas le bac, personne t’embauche. Même pas La Poste ». Sauf que je savais que j’étais assez intelligent pour toujours m’en sortir sans passer mon bac ni faire d’études. Je suis donc allé à fond dans la direction de la montagne, pour voir où ça allait m'emmener. « Si demain, je veux faire les choses bien écologiquement parlant, alors ma carrière devrait s’arrêter. Car il est impossible pour moi d’être internationalement connu sans être allé à l’international. » Louna : Quand on m’a dit que Tristan arrêtait les cours, j’ai dit, moi aussi j’arrête maintenant. Sauf que j’avais trois ans de moins. Donc à 15 ans, j’ai tout arrêté. On est partis pleine balle dans le projet : vivre à fond de la grimpe, quel que soit la forme que cela allait prendre. On devait tout de même continuer à apprendre des choses. L’anglais, puis le russe – le pays leader en cascade de glace à l’époque. La compétition entre vous n’a jamais posé problème ? Louna : Non, jamais. Parce que l’on a trois ans d’écart, donc on n’a jamais été dans les mêmes catégories. Et puis au regard de cet écart d’âge, tu ne te mets pas sur le même piédestal. Parce qu’il y a trop de différences : on n'avait pas d'éléments de comparaison directs donc c’était une compétition qui était hyper saine. Principalement à l’entraînement. Tristan était beaucoup plus fort que moi dans tout. Jusqu’à il n’y a pas longtemps… Tristan : On a tout de même été dans la même catégorie assez jeunes. Parce que Louna était surclassé en senior. On a donc très vite participé aux mêmes compétitions. Et dès le début, il m’a mis la fessée, direct. Même quand il avait 16 ans. On est concurrents quand on est avec nos baudriers en Coupe du monde. Mais au final on se bat contre une voie et pas contre l’autre, donc ça calme. Vous parliez d’un besoin de prendre une revanche. Vous considérez l’avoir prise aujourd’hui ? Louna : Oui, on pourrait parler de revanche par rapport à la première étape qui ne s’est pas passée comme prévu [ en Corée du Sud mi-janvier, où ils avaient respectivement fini 5e et 13e, ndlr ] mais aussi à la dernière (et la seule) de l’année passée [ à la Plagne, étape à laquelle ils avaient choisi de participer malgré leur chose de faire une pause des compétitions sur la saison 2023-2024, ndlr ]. Mais aussi et surtout à des années de compétitions à très haut niveau où l’on n’avait jamais réussi le coup parfait, celui de faire 1e et 2e alors que ça a toujours été notre objectif principal de faire des performances communes. Allier pratique de haut niveau et environnement n’est pas toujours facile. Parce qu’il y a les déplacements en avion pour les compétitions, pour les expéditions aussi. Mais quand on se penche sur votre palmarès, on voit que vous avez fait des expéditions à vélo pour aller grimper des voies extrêmes, dans les Dolomites notamment. Quelle est votre position à ce sujet ? Tristan : Si demain, je veux faire les choses bien écologiquement parlant, alors ma carrière devrait s’arrêter. Car il est impossible pour moi d’être internationalement connu sans être allé à l’international. C’est une réalité. Et les gens qui diront l’inverse, je ne suis pas sûr qu’ils soient très honnêtes avec eux-mêmes. La vie que je mène, c’est mon rêve depuis petit. J’ai mis des quantités d’énergie folles dans ce projet ! Et aujourd’hui, je ne me sens pas capable de me dire qu’en fait j’arrête tout parce que je n’arrive pas à me regarder dans le miroir. Je n’ai pas envie d’être un mec aigri à 40 ans parce qu’il ne se sera pas donné les moyens de ses rêves. Louna : Vivre du tourisme, dans une station de ski, ça aurait été une option pour nous. Mais est-ce que, quand ce sont tes clients qui prennent l’avion, ça compte ? Le trip à vélo [ dans les Dolomites, en 2022, ndlr ], on voulait l’aborder sous l’angle sociétal à la base. On voulait montrer aux jeunes qu’il n’y avait pas besoin d’être sponsorisé, d’arriver d’une famille pleine de pognon, pour faire une aventure de ouf. Ça nous a coûté 727 euros, tout compris, sauf la nourriture. Mais sans parler d’être parfait sur le sujet, ce qui n’est guère réalisable, vous n’avez pas des idées pour réduire votre impact ? Tristan : Typiquement, l’année dernière, on a fait une saison sans compétitions. On n’a pris l’avion que pour l’expé au Pakistan. On a donc réussi à faire tourner notre année entière d’athlètes pros sur un seul voyage. Alors, sachant que si tu pars de ce principe-là, tu peux presque prendre l’avion une fois tous les deux ans si tu arrives à monter des projets européens. Louna : Sur le long terme, on aimerait fonctionner ainsi, en trouvant des projets, des combos, avec des approches à vélo, en bateau. C’est un truc qui nous motive. Sauf qu’aujourd’hui, on n’a pas fini de faire ce que l’on a envie d’accomplir en compétition. On essaie de jongler avec notre conscience et nos objectifs de la meilleure manière possible pour s’en sortir. On doit garder une certaine forme physique pour la compétition. Ce qui est incompatible avec l’idée d’un long voyage.
- Bon Voyage 2057 : Quand l’escalade imagine son propre Black Mirror
Si Black Mirror s’attaquait à l’escalade, il en sortirait probablement un épisode où les grimpeurs en collant argenté jouent au chat et à la souris avec des drones fédéraux. Une version futuriste où le plastique a définitivement avalé le rocher , où grimper dehors est un acte de rébellion, et où James Pearson est un criminel en fuite. © Bon Voyage 2057 Derrière ce scénario barré, Miguel Baudin de Kayoo TV et Seb Berthe n’ont pas cherché à livrer un manifeste politique ni à signer une pétition anti-résine. Ils ont simplement poussé un délire jusqu’au bout, en imaginant ce que donnerait une escalade entièrement domestiquée . Un monde où la sécurité, l’optimisation et la monétisation ont gagné par KO, et où l’idée même de toucher du rocher est aussi archaïque que grimper sans baudrier. La Loi Plastique : une blague qui sonne étrangement juste Dans ce monde parallèle, l’escalade en extérieur a été éradiquée en 2028 , enterrée sous une "Loi Plastique" qui bannit toute grimpe hors des murs homologués. Résultat ? Les falaises sont devenues des vestiges interdits, les murs artificiels règnent en maîtres, et les grimpeurs sauvages sont des hors-la-loi traqués par la Fédération. Science-fiction ? Pas totalement. Aujourd’hui, sans même parler de dystopie, l’escalade mute . Le nombre de salles explose , les formats compétitifs cartonnent, et le rocher, lui, se complique. Trop de monde, trop de règles, trop de frictions. À mesure que la discipline se développe, elle devient un enjeu de régulation, d'encadrement, de responsabilité. Le film ne dit pas que ça va arriver, il joue simplement avec l’idée qu’en poussant un peu plus loin certaines tendances, on pourrait bien s’y retrouver . © Bon Voyage 2057 C’est absurde… mais pas complètement faux Et c’est précisément pourquoi le parallèle avec Black Mirror fonctionne aussi bien. À part ton oncle complotiste, personne ne termine un épisode en disant "Ah ben voilà, c’est exactement ce qui va se passer." Mais tout le monde a une petite voix au fond du crâne qui murmure : "Non, évidemment, ça ne sera pas comme ça… mais quand même, il y a un peu de vrai." Personne ne cherche sérieusement à interdire l’escalade en extérieur. Il n’y a pas un lobby du plastique qui fomente un plan secret contre le caillou . Mais Bon Voyage 2057 fonctionne parce qu’il joue avec des dynamiques bien réelles, qui, mises bout à bout, esquissent un futur qui ne semble plus si absurde. D’un côté, les restrictions pleuvent. À chaque fois, elles ont une logique. Réguler l’accès à une falaise pour protéger une espèce nicheuse ? Qui dirait non. Encadrer l’alpinisme sur des sommets saturés pour éviter que la montagne ne se transforme en autoroute du tourisme ? Ça se défend. Imposer des quotas en canyoning pour limiter l’impact humain sur l’environnement ? Une mesure pleine de bon sens. Mais additionnées, ces décisions grignotent, petit à petit, les espaces de liberté . Ce qui était une pratique spontanée devient un cadre à suivre, un accès à demander, une autorisation à décrocher, un prix à payer. De l’autre, les salles d’escalade tournent à plein régime. Là, pas de restrictions, pas de batailles administratives, pas de soucis d’environnement fragile. Elles sont propres, rentables, sans conflits d’usage, et elles garantissent aux grimpeurs un produit standardisé, consommable, renouvelé chaque semaine. Ce n’est pas un problème en soi – l’indoor a amené un nouveau public, dynamisé la discipline. Mais à mesure que l’outdoor devient plus complexe à défendre, les marques se recentrent sur ce qui est le plus simple à vendre. Certaines ne produisent même plus rien pour l’extérieur. Ça ne veut pas dire que la falaise va disparaître. Mais il y a un schéma qui se répète. Moins d’accès au naturel, plus de business sur l’artificiel. Rire jaune et magnésie sous surveillance Là où Bon Voyage 2057 est malin, c’est qu’il ne cherche jamais à dire "attention, ce futur vous guette." Il préfère balancer des grimpeurs en cosmonautes, des interventions télévisées absurdes et une propagande fédérale dystopique pour nous faire marrer, sans nous interdire de réfléchir . C’est là que l’exagération devient percutante : en poussant la logique trop loin, elle force à voir ce qui est déjà là, en sourdine. Bref, c’est notre avis. Regardez la vidéo et faites-vous le vôtre :
- Le sport et le port du voile : une interdiction en marche ?
Un morceau de tissu, et tout un pays s’enflamme. Ce mardi, le Sénat débat d’une proposition de loi visant à interdire le port de signes religieux ostensibles – et donc du voile – lors des compétitions sportives. L’idée ? Préserver la neutralité des terrains de jeu. Le problème ? On risque surtout de barrer l’accès au sport à certaines pratiquantes. Laïcité, liberté, inclusion : chacun y va de son argument. Mais dans ce chaos législatif, où se place l’escalade ? Le sport, un sanctuaire… ou un filtre ? L’histoire n’a rien de nouveau. En 2024, le Comité olympique français avait déjà interdit le voile pour les athlètes représentant la France aux JO de Paris , au nom de la neutralité républicaine. L’ONU avait alors grincé des dents, dénonçant une mesure discriminatoire. Aujourd’hui, le Sénat pousse le bouchon un peu plus loin : il ne s’agit plus seulement des sélections nationales, mais de toutes les compétitions officielles, du tournoi de quartier aux championnats nationaux . L’argument ? Garantir un sport sans signes religieux, un espace de neutralité. Mais en cherchant à vider le sport de toute marque identitaire, ne risque-t-on pas surtout de le vider de certaines de ses pratiquantes ? Derrière cette interdiction, ce n’est pas qu’un bout de tissu qui est en jeu : c’est aussi l’accès au sport, le droit à la pratique, la possibilité de concilier foi et passion. Des fédérations en ordre dispersé Dans l’arène des fédérations , c’est un vrai puzzle . La FFF (Fédération Française de Football) et la FFR (Fédération Française de Rugby) interdisent déjà le voile, suivant les règles édictées au niveau international. D’autres, comme la Fédération d’Athlétisme, ne voient pas d’inconvénient. Puis il y a la FSGT , cette vieille maison du sport populaire, qui a pris le contrepied. Lors de sa dernière assemblée régionale parisienne de l’activité montagne-escalade , elle a voté contre toute interdiction du voile en compétition . Parce que pour elle, l’essence du sport, c’est l’inclusion. Interdire le voile, c’est refuser l’accès aux terrains de jeu à des milliers de femmes qui, sans cela, n’y mettront jamais les pieds. Et pendant que le Sénat légifère, sur le terrain, l’application reste floue. Beaucoup de clubs gèrent la question au cas par cas, en fonction des sensibilités locales. Autrement dit, ce qui est toléré dans une salle ou une ville peut être proscrit à quelques kilomètres de là. Un terrain miné. Et l’escalade dans tout ça ? Dans le monde vertical, la question n’a jamais pris autant d’ampleur que dans d’autres disciplines. Pas de coup de sifflet, pas de contact physique, pas de danger immédiat lié à une tenue couvrante : l’escalade s’est tenue à l’écart des polémiques. La Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade (FFME) n’a jamais statué sur le sujet, et la Fédération Internationale d’Escalade (IFSC) non plus. Mais l’absence de règlement ne signifie pas l’absence de barrière . Certaines salles privées et clubs ont déjà évoqué des questions de sécurité pour refuser le port du voile, en avançant des raisons techniques : compatibilité avec le casque, risque d’accrochage. Des arguments qui, en l’absence de preuve tangible, relèvent davantage de l’interprétation que de la nécessité. À l’international, la situation est encore plus contrastée. En Iran, en Indonésie ou encore en Malaisie, des grimpeuses voilées performent au plus haut niveau sans que cela pose problème . La question n’est pas de savoir si elles peuvent grimper, mais simplement comment adapter leur tenue aux exigences de leur sport. L’escalade a toujours cultivé un certain esprit de liberté. Un sport qui échappe aux dogmes, aux carcans, aux règles trop rigides. Mais cette liberté a-t-elle encore du sens si elle exclut certaines grimpeuses ? Si la loi passe, l’escalade ne pourra pas faire l’économie d’un positionnement. Il faudra bien trancher. Et dans un sport où l’équilibre est une question de survie, mieux vaudra ne pas se tromper de prise.
- Taranaki Maunga : La montagne qui a son mot à dire
La Nouvelle-Zélande n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Après avoir passé un passeport juridique à une forêt et à un fleuve, elle a décidé que Taranaki Maunga, son volcan fétiche, méritait lui aussi d’avoir son mot à dire. Le 30 janvier 2025, le voilà officiellement doté d’une existence juridique . Un volcan qui, juridiquement, entre dans le cercle très fermé des entités légales. Une lubie d’avocat en manque de clients ? Pas du tout. Plutôt une claque symbolique, une manière de remettre les pendules à l’heure pour les peuples maoris , qui n’ont jamais vu cette montagne comme un simple tas de cailloux. Un sommet qui regarde de haut 2 518 mètres d’altitude, un cône parfait, une silhouette qui en impose. Taranaki Maunga, ce n’est pas juste un paysage de carte postale, c’est un ancêtre, un guide, un repère. Du moins, c’est comme ça que le voient les huit iwi maoris du coin. Mais pendant plus d’un siècle, ils ont été coupés de leur montagne, expropriés en règle par la colonisation britannique. Résultat : une bataille acharnée pour récupérer ce qui leur a été volé. Et après des décennies de discussions, de coups de pression et d’atermoiements, la justice a tranché : Taranaki Maunga n’est pas un décor, c’est une entité vivante . De la roche aux textes de loi Avec cette nouvelle loi, Taranaki Maunga devient " Te Kahui Tupua" , "un tout vivant et indivisible". Ça sonne mystique, mais juridiquement, ça veut dire quelque chose : la montagne a les mêmes droits qu’une personne et sera représentée par un comité partagé entre Maoris et gouvernement . En clair, fini le business as usual : chaque décision qui la concerne devra passer par ce conseil. Une manière d’assurer que la protection du site ne sera pas qu’un vague concept fourré au fond d’un tiroir administratif. Debbie Ngarewa-Packer, figure du parti Te Pati Maori , a posé les mots justes : « Aujourd'hui, Taranaki est libéré des chaînes... de l'injustice, de l'ignorance et de la haine. » Une déclaration qui replace l’histoire dans son contexte. La nature sort les griffes Ce coup de maître n’est pas un one-shot. La Nouvelle-Zélande a déjà fait le coup en 2014 avec la forêt de Te Urewera et en 2017 avec le fleuve Whanganui . Résultat : un modèle qui fait des petits. En Inde, les fleuves Gange et Yamuna ont eux aussi décroché leur carte d’identité légale. En Colombie, c’est le fleuve Atrato qui a été sacralisé par la justice. Ce n’est pas qu’un tour de passe-passe juridique, mais un vrai changement de paradigme . Ici, la montagne cesse d’être un simple relief sur une carte : elle devient un sujet de droit, avec tout ce que cela implique. À quand le Mont-Blanc citoyen ? En France, le débat sur la reconnaissance des droits de la nature progresse. Certaines initiatives comme le Parlement de la Loire explorent l’idée d’une personnalité juridique pour les cours d’eau , et des projets transfrontaliers existent pour une gouvernance commune du massif alpin. L’exemple de Taranaki Maunga pourrait bien faire des vagues. En France, certaines voix réclament déjà que le Mont-Blanc et d’autres sites majeurs suivent le même chemin. Mais on en est encore loin. Pour l’instant, on préfère bétonner des stations et appeler ça du "développement durable". Ce qui est sûr, c’est que la reconnaissance de Taranaki Maunga vient ajouter une pierre de plus à l’édifice d’une nouvelle vision du monde : une où la nature n’est plus un décor passif, mais un acteur à part entière. Ces articles peuvent aussi vous intéresser : L'éthique de la grimpe en milieu naturel : entre préservation et liberté Escalade et écologie : Un pacte durable pour les Vosges Interview : l’IFSC face au défi de la transition écologique
- L’Arête de l’éternité – L’odyssée perchée de Sandy Allan
C’est un livre que l'on ne cherchait pas, mais que l'on a trouvé. Enfin, que l'on nous a mis entre les mains. Lorraine, la responsable de la boutique Guérin à Chamonix, nous l’a tendu avec ce petit sourire entendu qui veut dire "Tu vas voir, c’est quelque chose" . Elle avait raison. Parce que L’Arête de l’éternité , c’est un récit d’alpinisme pas comme les autres. C’est un pavé dans la face, un journal de bord halluciné sur une ascension qui n’aurait jamais dû aboutir. Sandy Allan (57 ans) et Rick Allen (59 ans), deux Britanniques d’une autre époque, y racontent comment ils ont fait ce que personne n’avait réussi avant eux : la première traversée intégrale de l’arête Mazeno du Nanga Parbat (8 126 m), au Pakistan. Un truc dément, long comme un jour sans oxygène, où la cordée a joué avec les limites du raisonnable… et accessoirement avec sa propre survie. L’Arête Mazeno, une idée qui gratte depuis trop longtemps Le Nanga Parbat, c’est pas exactement la destination rêvée pour un trek familial. Surnommée la " Montagne Tueuse ", elle se dresse au Pakistan, fière de son historique de drames et de récits qui s’achèvent mal. Parmi les itinéraires possibles, l’arête Mazeno est l’option "va voir ailleurs si j’y suis". On parle d’une crête de 13 kilomètres à plus de 7000 mètres , où l’oxygène se fait la malle et où la moindre fausse note se paye cash. Avant Allan et Allen, personne n’avait osé la traversée complète. Trop long, trop paumé, trop casse-gueule. Mais il y a toujours quelques illuminés pour penser que les routes barrées sont les plus belles. 18 jours à se demander ce qu’ils foutaient là Juillet 2012, l’équipe de départ est plus large, mais un à un, ils rendent les armes. Le manque d’oxygène, la fatigue, la peur… Il n’y a plus qu’Allan et Allen pour persévérer. Ce qu’ils traversent ensuite, c’est une descente aux enfers, mais en montée . Un enfer blanc où chaque pas coûte un peu plus de ce qui reste de leur lucidité. Le froid les mord, la faim les ronge, l’altitude les vide, mais ils avancent, têtus, portés par cette folie propre aux alpinistes qui refusent de voir le gouffre sous leurs pieds. Au bout de 18 jours d’ascension, ils atteignent le sommet. Ça pourrait être la fin du livre, mais non. Parce qu’en montagne, le sommet, c’est la moitié du chemin. La descente, par la voie Kinshofer, est une longue agonie où les corps ne répondent plus et où la mort est là, tapie dans l’ombre. Ils arrivent en bas en spectres. Décharnés, vidés, mais vivants. Et dans le genre conte de fées hémoglobine, c’est déjà pas mal. Un livre qui sent la sueur et le doute Dans L’Arête de l’éternité , Sandy Allan ne se regarde pas grimper. Il n’y a pas de fioritures, pas de tape dans le dos, pas de grandiloquence. Juste un texte brut, qui dit la peur, la douleur, et cette obsession étrange qui pousse certains à se coller des défis déraisonnables. C’est aussi un livre sur l’amitié en altitude. Allan et Allen, c’est une cordée à l’ancienne. Loin du bruit et des projecteurs, ils se comprennent en un regard, se supportent sans se ménager. Parce qu’à ces altitudes-là, un coéquipier, c’est pas juste un compagnon de cordée. C’est un gilet de sauvetage. Une récompense et une fin tragique L’histoire aurait pu s’arrêter sur une note triomphale : le duo reçoit le Piolet d’Or en 2013, consacrant cette ascension comme l’une des plus folles du siècle. Mais la montagne n’oublie jamais ses fous. En 2021, Rick Allen disparaît sur le K2 , emporté par une avalanche . Une fin à la hauteur de sa légende. Pourquoi il faut lire L’Arête de l’éternité ? Parce que c’est un récit qui gratte, loin des belles histoires édulcorées d’alpinisme. C’est du rugueux, du réel, du viscéral. Ça parle d’épuisement, de glace, d’hallucinations et de cette absurde nécessité d’aller voir toujours plus haut, même quand tout en bas, ça crie d’arrêter. Un livre que l'on referme en se demandant pourquoi certains s’infligent ça… et pourquoi d’autres, comme nous, aiment tant les lire. Chez Guérin Editions Paulsen, disponible ici .
- Montagne en Scène 2025 : Toujours plus haut, toujours plus fort ?
Tous les six mois, Montagne en Scène refait surface comme une marmotte sous stéroïdes : grosse tournée, grosses images, grosses émotions, et un public toujours plus nombreux. Un rendez-vous incontournable pour les mordus de montagne, mais aussi une machine bien huilée qui tourne à plein régime. La 23e édition Summer débarque du 7 avril au 23 mai 2025 , avec son lot de films qui donnent envie de tout plaquer pour une vie de bivouac suspendu. Comme à chaque édition, les organisateurs dégainent du lourd : de la grimpe en apnée, du kayak suicidaire, de l’alpinisme borderline et des tranches de vie où l’homme se confronte à des éléments qui se fichent bien de son ego. La montagne comme laboratoire du dépassement de soi, avec un soupçon de contemplation esthétique pour la route. Mais soyons honnêtes : si l’événement en lui-même tient toujours la corde, le concept a peu évolué depuis ses débuts. Les projections XXL, les images spectaculaires, les rencontres avec les athlètes... Tout est là, bien rodé. Peut-être un peu trop bien rodé ? Pas sûr que cette édition 2025 révolutionne la formule, mais tant que l’adrénaline coule à flot, on ne va pas bouder notre plaisir. Un décollage au Grand Rex avant une tournée marathon Comme à son habitude, Montagne en Scène démarre les festivités au Grand Rex à Paris , ce cinéma-cathédrale où l’on vient communier devant des avalanches de pixels ultra-HD. Le 7 avril, les fans se presseront pour une première soirée qui s’annonce aussi chargée qu’un bivouac mal optimisé. Ensuite, place à la grande boucle : 23 pays, 250 villes, des salles pleines à craquer et une tournée qui trace plus vite qu’une cordée lancée dans les Drus avant l’orage. La recette est éprouvée, efficace, et ça marche. Les films : la vraie raison de s’asseoir dans une salle obscure Parce que soyons clairs : ce qui fait le sel du festival, c’est avant tout la sélection de films. Et cette année encore, il y a du gros calibre. 🎥 LA RUBIA – Les nerfs à vif dans la grotte andalouse 📌 Durée : 30 minutes 🎬 Réalisation : Bronwyn Hodgins & Julia Cassou ⭐ Avec : Bronwyn Hodgins Bronwyn Hodgins n’est pas du genre à se laisser dicter la gravité. Adepte des big walls, elle a traîné ses chaussons de la Baffin aux parois les plus folles du Groenland. Sauf que cette fois, c’est son mental qui a lâché avant ses doigts. Épuisée par une année d’expéditions enchaînées, elle atterrit en Andalousie avec un seul but : se remettre en selle sur un projet qui l’effraie. Son défi ? "La Rubia" (8C+), une ligne démente de 55 mètres qui monte aussi raide qu’un plan de relance économique. Une lutte où chaque mouv’ est une bataille entre la fatigue, le doute et cette obsession un peu dingue qui fait que certains ne savent pas lâcher prise. 🎥 BIG WATER THEORY – Pagayer au bord du précipice 📌 Durée : 60 minutes 🎬 Réalisation : Emile Dominé ⭐ Avec : Nouria Newman, Jules Dominé, Maël Nguyen On sait que le kayak de gros volume est une discipline de cinglés. Mais là, on passe carrément dans une autre dimension. Nouria Newman, qu’on ne présente plus dans le milieu (multi-médaillée, pionnière du kayak extrême féminin, et capable de survivre à un rapide sans gilet de sauvetage...), embarque avec ses potes Jules Dominé et Maël Nguyen pour la descente de la Gorge Rondu de l’Indus au Pakistan. Un labyrinthe liquide où une erreur de lecture peut coûter plus cher qu’un aller-retour en première classe pour Islamabad. Un film sur l’instinct, l’amitié et cette étrange pulsion qui pousse certains à sauter dans des torrents qui ne leur ont rien demandé. 🎥 BURDEN OF DREAMS – Quand l’obsession devient un art martial 📌 Durée : 30 minutes 🎬 Réalisation : Gilles Charlier, Léopold Renié et Cyril Salomon ⭐ Avec : Simon Lorenzi Certains cherchent les sommets, d’autres traquent les cailloux parfaits. En 2021, Simon Lorenzi entre dans la légende en libérant " Soudain Seul ", un 9A bloc à Fontainebleau. Un niveau de difficulté à la limite de l’absurde, où chaque prise semble avoir été dessinée pour briser des rêves. Son prochain défi ? " Burden of Dreams ", le tout premier 9A bloc de l’histoire, en Finlande. Un mur de pure agonie, cinq mouvements impossibles, et des mois de combat pour un enchaînement qui dure moins de dix secondes. Un film qui déconstruit le mythe du grimpeur "cool" pour montrer l’envers du décor : obsession, frustration et acharnement pur. Parce qu’à ce niveau, la victoire ne tient pas à la force des bras, mais à un état d’esprit quasi monastique. 🎥 CRYSTAL SHIP – Premier de cordée à l’autre bout du monde 📌 Durée : 40 minutes 🎬 Réalisation : Oliviero Gobbi ⭐ Avec : Jérôme Sullivan, Christophe Ogier et Victor Saucède Loin des foules et des classiques, Jérôme Sullivan, Christophe Ogier et Victor Saucède sont de ceux qui cherchent les lignes que personne n’a encore osé toucher. Cette fois, direction le Pakistan, sur le glacier Hispar, pour une première sur le Pumari Chhish Est (6 850m). Les mecs partent avec un objectif simple : ne pas mourir et si possible arriver en haut. Résultat : une ligne de malade, une première qui décroche un Piolet d’Or et un film qui sent la sueur, la glace et les nuits sous zéro. De l’alpinisme comme on l’aime : brut, engagé, et sans paillettes. Montagne en Scène : une institution bien huilée Difficile de critiquer un festival qui, depuis 2013, fait un boulot monstrueux pour populariser l’aventure sur grand écran. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 📍 12 ans d’existence 📍 23 pays couverts 📍 250 villes sur la tournée 📍 230 000 spectateurs chaque année Reste que la mécanique est bien huilée, peut-être un peu trop. Montagne en Scène déroule son format avec l’efficacité d’un relais mille fois répété : un enchaînement de films bien calibrés, des images léchées, un public conquis d’avance. Mais à force de rester dans les rails, on se demande si le festival ne mériterait pas un petit coup de vent de face, une prise de risque, une secousse qui viendrait bousculer le cadre. Moins de prévisible, plus d’instinctif. Moins de polissage, plus de chaos. En attendant, soyons honnêtes : si vous aimez les frissons, les grands espaces et les histoires où la montagne ne fait pas de cadeaux, vous trouverez votre compte. 📆 Rendez-vous en avril 2025 Que vous soyez grimpeur, alpiniste, kayakiste ou simple voyeur de l’extrême, Montagne en Scène 2025 est dans les starting-blocks. À vous de voir si vous embarquez.