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- L’escalade, nouvel eldorado des fonds d’investissement ?
Hier encore peu considérée, l’escalade s’impose aujourd’hui comme un secteur prisé par les investisseurs . Ce phénomène reflète une tendance plus globale qui voit les sports émergents et le bien-être devenir des secteurs clés pour les capitaux privés, à l’instar d’autres disciplines comme le rugby, le padel ou même la Formule 1. Cette convergence entre sport, santé et rentabilité attire des acteurs financiers majeurs , cherchant à capter une part de ce marché en pleine croissance. Historiquement, les fonds d’investissement ont d’abord concentré leur attention sur les sports professionnels. En témoigne l’entrée du fonds américain Arctos Sports Partners dans le capital du Paris Saint-Germain en 2023 pour plus de 530 millions d’euros . Ce type d’investissement est souvent motivé par l’énorme potentiel généré par les droits de diffusion, la commercialisation des produits dérivés ou encore l’exploitation des données des athlètes. Cependant, au-delà des sports de premier plan, les investisseurs diversifient désormais leur portefeuille vers des disciplines plus accessibles au grand public , mais en pleine expansion. C'est le cas de l’escalade, qui gagne chaque jour en popularité, a connu un véritable coup de projecteur depuis son entrée aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021. Cet été à Paris, pour sa deuxième apparition aux JO , le succès a été impressionnant : les 6 000 places disponibles chaque jour pendant les six jours de compétition se sont vendues en quelques minutes à peine . Un attrait qui confirme l'intérêt croissant pour ce sport, mais aussi son potentiel économique. Le cas Climbing District et Arkose : quand l’escalade séduit les fonds Deux acteurs de l'escalade urbaine en France illustrent parfaitement cette tendance : Climbing District et Arkose. Ces deux entreprises ont su transformer l’escalade en un concept attractif pour les investisseurs , alliant sport, bien-être et convivialité. Climbing District a levé 10 millions d’euros pour financer son expansion internationale, notamment à Londres et Milan, avec l'objectif de s'implanter dans des marchés européens encore peu structurés. Ce réseau propose des salles d'escalade premium, offrant bien plus que des simples murs à grimper, avec des espaces de coworking, des activités culturelles et des événements sociaux pour créer une véritable communauté autour de la pratique. De son côté, Arkose a également bénéficié d'un soutien financier de taille avec une levée de fonds de 10 millions d’euros en 2018 , grâce au fonds NextStage AM. Le groupe, qui exploite actuellement 23 salles en France, en Belgique et en Espagne, mise sur une approche écoresponsable en combinant escalade, restauration bio et bien-être (yoga, pilates). Arkose a su se démarquer grâce à un positionnement fort sur l’environnement, attirant ainsi une communauté de grimpeurs urbains soucieux de leur impact écologique. L’escalade, un levier économique de taille L’attrait des investisseurs pour l’escalade repose sur plusieurs facteurs. D’une part, ce sport bénéficie d’un fort potentiel de croissance. Avec un estimation de plus de 2 millions de pratiquants en France et une démocratisation de la discipline à travers les salles d'escalade urbaines, ce marché est perçu comme une niche rentable . Les salles comme celles proposées par Climbing District et Arkose, qui allient sport et espaces de vie, répondent aux nouvelles attentes des consommateurs urbains à la recherche d’expériences immersives et communautaires. Ces modèles offrent ainsi des opportunités d’investissements dans des secteurs connexes tels que la restauration, le retail sportif, ou encore les événements culturels . En parallèle, les chiffres de l’économie du sport en général montrent une progression constante. En France, ce secteur représente déjà 71 milliards d'euros , et selon un rapport BpiFrance/EY/HEC , il devrait croître de 7 % par an d’ici 2030. À l’échelle mondiale, le marché du bien-être, qui inclut des disciplines comme l’escalade, pourrait atteindre 7 000 milliards de dollars d’ici 2025, selon l’institut Global Wellness . Cette croissance s’explique notamment par la demande croissante pour des activités physiques liées à la santé, le bien-être mental et l'épanouissement personnel . L’exemple des fonds de capital-investissement Tout comme dans d'autres disciplines sportives, les fonds d'investissement spécialisés dans le capital-risque jouent un rôle clé dans l'essor de l'escalade. À titre d'exemple, CVC Capital Partners, un fonds basé au Luxembourg, a démontré la puissance de l'investissement sportif en prenant une participation dans la société en charge du Tournoi des Six Nations et en réalisant des profits records lors de la revente de ses parts dans la Formule 1 , passant d’un milliard à près de 3 milliards de dollars en dix ans. Ces success stories incitent d’autres fonds à explorer des disciplines moins traditionnelles comme l’escalade , où les perspectives de rentabilité sont en pleine expansion. Les fonds tels que NextStage AM, qui a investi dans Arkose, se concentrent sur des entreprises qui allient rentabilité et impact environnemental ou social , créant ainsi des opportunités dans l’économie verte et l'économie de l’émotion. L’escalade s’intègre parfaitement dans cette stratégie, en tant qu’activité à la fois sportive, respectueuse de l'environnement et génératrice de liens sociaux. En conclusion, l’escalade se positionne aujourd’hui comme un secteur clé pour les investisseurs , attirés par la combinaison de rentabilité, croissance et impact positif. Des acteurs comme Arkose et Climbing District démontrent que ce sport, autrefois marginal, est devenu un véritable levier économique, avec un fort potentiel de développement en France et à l’international. Que ce soit pour répondre à des préoccupations de bien-être ou pour capter une clientèle urbaine en quête de nouvelles expériences, l’escalade représente une opportunité unique dans l’univers des sports émergents. Les fonds d’investissement l’ont bien compris et continuent de miser sur ce marché en pleine ascension.
- Comment regarder le replay de la Coupe du Monde d’escalade de Koper 2024 ?
La Coupe du Monde d’escalade de Koper 2024 a offert des moments incroyables, avec les meilleurs grimpeuses et grimpeurs du monde en compétition. Si vous avez manqué ça, que vous n'avez pu regarder le live ou souhaitez simplement revoir les performances, les replays des demi-finales et finales, tant chez les femmes que chez les hommes, sont déjà disponibles en ligne. Replay des demi-finales et finales féminines Si vous souhaitez revivre les performances de Janja Garnbret, Jessica Pilz ou encore Zélia Avezou, cliquez sur le lien ci-dessous pour regarder le replay des demi-finales et finales féminines de la Coupe du Monde de Koper 2024 : Replay des demi-finales et finales masculines Ne manquez pas la confrontation épique entre Toby Roberts, Sorato Anraku et Sam Avezou. Le lien ci-dessous vous permettra de visionner l’intégralité des demi-finales et finales masculines : Pour ceux qui n'ont pas pu suivre la Coupe du Monde d’escalade de Koper 2024 en direct, ces replays YouTube sont une excellente solution pour ne rien manquer. Les finales ont été riches en émotions et en performances exceptionnelles, avec des athlètes comme Sam Avezou et Zélia Avezou qui continuent de représenter fièrement la France. 👉 Retrouvez toutes les meilleures vidéos de grimpe sur Vertige Media : https://www.vertigemedia.fr/videos
- Résultats des finales - Coupe du Monde à Koper
Lors des finales de la Coupe du Monde d’escalade à Koper , Janja Garnbret et Toby Roberts, tous deux champions olympiques, ont encore montré l’étendue de leur talent . La soirée a également été marquée par la remarquable performance de Sam Avezou, qui décroche une nouvelle médaille. Janja Garnbret triomphe à domicile Janja Garnbret, la star de l’escalade slovène, a une nouvelle fois brillé devant son public. Forte de son incroyable parcours en qualifications et en demi-finales , elle s'est hissée sans surprise sur la plus haute marche du podium . Bien qu’elle n’ait pas atteint le sommet en finale, sa performance a largement surpassé celles de ses concurrentes. Sous les acclamations de ses fans et en présence de la présidente de la Slovénie, Nataša Pirc Musar, Janja Garnbret a une fois de plus montré pourquoi elle est considérée comme l’une des meilleures grimpeuses de l’histoire. Jessica Pilz et Annie Sanders montent sur le podium L’Autrichienne Jessica Pilz a, elle aussi, réalisé une belle performance en décrochant la médaille d’argent. Elle a prouvé une fois de plus qu’elle est une compétitrice redoutable. De son côté, l’Américaine Annie Sanders a décroché sa première médaille en Coupe du Monde , se classant troisième grâce à une solide prestation qui la place parmi les grandes promesses de l’escalade internationale. Zélia Avezou, un bel exploit malgré tout Zélia Avezou, la seule représentante française lors de cette finale, elle s’est classée cinquième, une performance qui marque un tournant dans sa carrière en Coupe du Monde. Zélia Avezou, première à s’élancer dans la voie de finale, a longtemps occupé une place dans le top 3 provisoire avant d’être dépassée par Jessica Pilz et Janja Garnbret. Les résultats de la finale pour les grimpeuses Toby Roberts l'emporte face à Sorato Anraku Chez les hommes, Toby Roberts a montré une nouvelle fois pourquoi il mérite d'être considéré comme l’un des meilleurs grimpeurs du monde. Après sa victoire aux Jeux Olympiques de Paris, le Britannique a une nouvelle fois dominé la compétition en décrochant l’or à Koper . Dans un duel palpitant face au Japonais Sorato Anraku, Toby Roberts a grimpé avec intensité, ce qui lui a permis de prendre la tête de la compétition. Sorato Anraku, qui avait pourtant bien entamé sa voie, a commis une petite erreur, ce qui l’a empêché de rivaliser jusqu’au bout avec Toby Roberts. Sam Avezou, une nouvelle médaille de bronze Sam Avezou, l’un des meilleurs grimpeurs français du moment, a décroché la médaille de bronze. Toujours aussi rapide et explosif, Sam Avezou a longtemps occupé la première place du classement provisoire avant que Toby Roberts et Sorato Anraku ne viennent s’imposer. Cette médaille vient s’ajouter aux trois autres que Sam Avezou a remportées la semaine dernière aux Championnats d’Europe à Villars. Le grimpeur français continue de prouver qu’il est l’un des principaux prétendants à chaque compétition. Les résultats de la finale pour les grimpeurs Les finales de Koper ont été marquées par des performances exceptionnelles, tant chez les femmes que chez les hommes, avec des athlètes comme Janja Garnbret et Toby Roberts qui confirment leur statut de légendes, tandis que des talents comme Sam Avezou et Zélia Avezou montrent qu'ils sont à surveiller de près dans les années à venir. Rendez-vous du 20 au 22 septembre pour l'étape tchèque de cette Coupe du Monde (bloc uniquement).
- Résultats des demi-finales - Coupe du Monde à Koper
Hier soir, les demi-finales de la Coupe du Monde d'escalade de Koper ont tenu toutes leurs promesses avec des confrontations intenses et des voies exigeantes. Trois grimpeurs français, Zélia et Sam Avezou ainsi que Max Bertone, se sont qualifiés pour les finales qui se dérouleront ce soir à partir de 20h00. Un moment fort à suivre ! Janja Garnbret, un exploit de plus au compteur Janja Garnbret, la championne olympique slovène, est toujours inarrêtable dans sa quête de gloire. Après avoir brillamment dominé les qualifications en atteignant le sommet de deux voies, elle a réitéré son exploit en demi-finale, étant la seule à enchaîner la voie complète . Depuis le début de la compétition, Janja Garnbret n'a jamais été mise en difficulté, démontrant une maîtrise et une rigueur à couper le souffle. La finale s’annonce comme un spectacle à ne pas manquer, où elle pourrait bien ajouter une nouvelle victoire à son palmarès. Derrière elle, Laura Rogora, l’Italienne tout juste couronnée championne d’Europe, a montré qu’elle ne comptait pas laisser Janja triompher sans résistance. Elle a chuté juste avant le sommet, ce qui lui permet d'occuper la deuxième place , prête à donner tout ce qu'elle a en finale. Jessica Pilz, fidèle à sa réputation, complète ce trio de tête avec une performance solide, chutant à trois prises de Laura Rogora. Zélia Avezou, seule Française en finale Bien que l’équipe de France féminine ait brillé lors des qualifications, seule Zélia Avezou s’est hissée en finale. Elle a tout de même frôlé l'élimination, mais grâce à un seul mouvement clé (37+), elle a réussi à se classer parmi les huit meilleures . Ses coéquipières, comme Manon Hily et Camille Pouget, se sont arrêtées aux portes de la finale. Ce soir, Zélia portera seule les espoirs français dans cette compétition acharnée. Les résultats de la demi-finales pour les grimpeuses Duel serré entre Sorato Anraku et Toby Roberts chez les hommes Du côté des hommes, le duel tant attendu entre le Japonais Sorato Anraku et le Britannique Toby Roberts a bien eu lieu . Après la victoire de Toby Roberts aux Jeux Olympiques de Paris , Sorato Anraku semble bien déterminé à prendre sa revanche. Avec une performance impressionnante, il a pris la tête en demi-finale, devançant Toby de justesse. La bataille finale entre ces deux jeunes talents s’annonce électrique. Sam Avezou et Max Bertone, deux Français en finale Les bonnes nouvelles ne s'arrêtent pas là pour l'équipe de France. Sam Avezou, en pleine forme après ses médailles aux Championnats d'Europe, a assuré sa place en finale en terminant cinquième de la demi-finale. Il sera accompagné de Max Bertone, le jeune grimpeur qui continue de monter en puissance après sa première finale en Coupe du Monde à Briançon . Tous deux auront l'opportunité de viser une médaille ce soir. Les résultats de la demi-finales pour les grimpeurs Ce soir : la grande finale Les finales promettent d'être riches en rebondissements. La compétition masculine débutera à 20h00, suivie par la finale féminine à 21h00. Le suspense est à son comble : qui l'emportera à Koper ?
- Résultats des qualifications - Coupe du Monde à Koper
Du 6 au 7 septembre 2024, la ville de Koper, en Slovénie, accueille l'avant-dernière étape de la Coupe du Monde d'escalade de difficulté. Après les qualifications de ce matin , les neuf grimpeurs et grimpeuses français engagés ont su se hisser jusqu'aux demi-finales , qui se dérouleront ce soir. La compétition, qui réunit les meilleurs athlètes du monde, promet un spectacle impressionnant alors que l'on s'approche de la fin de la saison. Koper, ville emblématique située sur les rives de l'Adriatique, offre un décor spectaculaire pour cette rencontre internationale. Connue pour ses falaises et ses montagnes, la Slovénie a longtemps été une place forte de l'escalade , et c'est également la terre natale de la légende vivante Janja Garnbret , qui se classe en première position à l'occasion des qualifications de ce matin. Les Français en lice pour les demi-finales Après des qualifications intenses ce matin, les athlètes français n'ont pas démérité. Les neuf grimpeurs et grimpeuses engagés sont tous qualifiés pour les demi-finales de ce soir. Voici la liste des athlètes qui représenteront la France : Classement des femmes : Zélia Avezou (ES Massy) – 9ᵉ place Camille Pouget (Chambéry escalade) – 12ᵉ place Manon Hily (7 à l’Ouest) – 13ᵉ place Hélène Janicot (Escalade Voiron Alpinisme) – 16ᵉ place Ina Plassoux Djiga (Chambéry escalade) – 21ᵉ place Classement des hommes : Sam Avezou (ES Massy) – 11ᵉ place Max Bertone (Austral Roc) – 13ᵉ place Mejdi Schalck (Chambéry escalade) – 19ᵉ place Jules Marchaland (Cagnes escalade) – 21ᵉ place Ces grimpeurs et grimpeuses devront affronter une concurrence particulièrement relevée , avec des athlètes comme les Japonais Sorato Anraku et Shion Omata, ainsi que le Britannique Toby Roberts, actuellement en tête chez les hommes. Du côté des femmes, la Slovène Janja Garnbret, l'Américaine Annie Sanders, l'Autrichienne Jessica Pilz et la Japonaise Mei Kotake sont parmi les favorites après leurs performances solides lors des qualifications. Les résultats complets : Les grimpeuses qualifiées Les grimpeurs qualifiés Programme des demi-finales et finales Le rendez-vous est donné pour ce soir avec les demi-finales hommes et femmes à partir de 20h00. Le programme complet est le suivant : Vendredi 6 septembre 20h00 - 22h30 : Demi-finales hommes et femmes Samedi 7 septembre 20h00 : Finale hommes 21h00 : Finale femmes Suivre la compétition en direct Pour celles et ceux qui souhaitent suivre la compétition depuis chez eux, les finales seront diffusées en direct sur YouTube dans certains pays, ainsi que sur Eurosport en Europe. Pour accéder au live sur YouTube depuis la France, l'utilisation d'un VPN peut être nécessaire.
- Lucien Martinez, Rédacteur en Chef de Grimper, à cœur ouvert
En tant que fans inconditionnels de Grimper, nous ne pouvions pas manquer l'occasion d'interviewer l'une des figures emblématiques du magazine . Cet été, lors des étapes françaises de la Coupe du Monde d'escalade , nous avons eu la chance de partager un trajet en voiture avec Lucien Martinez, le rédacteur en chef de Grimper. Entre deux virages et quelques anecdotes, nous avons profité de ce moment privilégié pour en savoir plus sur son parcours, sa passion pour l'escalade, et sa vision sur l'avenir de ce sport . Pour commencer, est-ce que tu revenir un peu sur ton parcours ? Lucien Martinez : En fait, je suis passionné d'escalade depuis très jeune. Petit à petit, je me suis d'abord passionné pour la salle. J'y allais tout le temps avec les copains. Ensuite, grâce à mes différents moniteurs, comme Mathieu et Hervé, j'ai découvert la falaise, et c'est là que ma passion pour ce sport s'est vraiment développée, petit à petit, presque de façon autodidacte, même si j'ai été accompagné au début. C'est une passion qui a grandi au fil du temps. Et pour ce qui est de ton parcours professionnel, comment as-tu décidé de travailler dans l'escalade ? Lucien Martinez : Longtemps, je me suis interdit de penser à bosser dans le milieu de l'escalade. J'étais passionné, mais pour moi, c'était vraiment un loisir, je ne pensais même pas à travailler dans ce domaine. J'ai suivi un cursus scolaire jusqu'au bout, en finissant une école d'ingénieur. Ce n'est qu'après ça que j'ai commencé à réfléchir à ce que je pouvais faire dans ce monde. J'ai pensé au journalisme, pas uniquement en escalade, mais aussi dans d'autres domaines comme l'agronomie. Et puis, finalement, c'est Grimper qui m'a donné ma première opportunité en freelance. J'ai pas mal bossé pour Grimper, pour Vertical, pour Montagne... C'est ensuite qu'un poste s'est libéré chez Grimper, et ils m'ont embauché. Tu as tout de suite été embauché comme rédacteur en chef ? Lucien Martinez : Non, pas exactement. J'ai d'abord travaillé sous la direction de Fred Labreveux, qui était rédacteur en chef à l'époque. J'étais sous ses ordres, je gérais un peu les magazines, et petit à petit, j'ai gagné en autonomie. Fred est parti de Grimper, il m'a passé la main, il m'a formé, et m'a aidé à devenir autonome, à savoir gérer les enjeux du magazine. Tu étais déjà un lecteur de Grimper, n'est-ce pas ? Lucien Martinez : Oui, j'étais un vrai lecteur. D'ailleurs, un des trucs qui m'ennuie un peu à être rédac' chef de Grimper, c'est que j'ai perdu le plaisir d'aller acheter le magazine en kiosque. Pour moi, c'était un vrai plaisir. J'étais en prépa, je grimpais une fois par semaine, le samedi après-midi en falaise. C'était ma bouffée d'air frais de la semaine. Le samedi, quand je prenais le train pour rentrer chez mes parents et que Grimper était en kiosque, c'était un vrai plaisir. J'étais un lecteur assidu pendant sept-huit ans, je n'ai pas loupé un seul numéro. Comment as-tu vécu le rachat de l'entreprise, qui inclut Grimper ? Ça a changé quelque chose dans ton quotidien ? Lucien Martinez : Il faut savoir que j'ai la chance de bosser en télétravail quasi à 100%. Je vais au bureau de temps en temps pour les bouclages, pour voir les collègues, pour des réunions, mais je travaille surtout de chez moi. Cela me permet de continuer mes projets personnels de haut niveau en escalade. Mes chefs m'ont accordé cette flexibilité, ce qui est vraiment cool. Donc, je suis un peu éloigné des affaires, je suis à la maison, je fais mon magazine. Comme Grimper roule bien, le rachat n'a pas changé grand-chose dans mon quotidien. Il y a quelques petites dynamiques qui ont été renforcées, comme s’assurer que les magazines sortent bien à l’heure, mais globalement, la ligne éditoriale reste la même. On bosse avec les mêmes pigistes, on a la même ambition de qualité. Honnêtement, pour moi, ça n’a pas changé grand-chose. Tu es installé à Fontainebleau depuis combien de temps, et pourquoi avoir choisi cet endroit ? Lucien Martinez : Je suis installé à Fontainebleau depuis six-sept ans, je crois. L’intérêt ici, c’est que tu peux toucher du caillou toute l’année, même sur des petits créneaux. Partout ailleurs, si tu veux grimper dehors, tu es obligé d’avoir au moins une demi-journée de libre. À Bleau, si tu as deux heures, tu peux aller t’essayer à un petit bloc, et c’est vraiment intéressant. Même si tu as une grosse journée, le soir, au lieu d’aller en salle, tu peux aller grimper dehors. Moi je suis un falaisiste, donc ce n’est pas idéal pour mes projets de haut niveau, qui sont en falaise et non en bloc. Mais à Bleau, il y a des super endroits pour s’entraîner. Je fais régulièrement des trips en falaise, des opérations commando de deux semaines à Pic Saint-Loup, à Céüse, ou vers chez mes parents à Montauban, là où j’ai mes plus gros projets. C’est assez adapté, car je peux me mettre des gros cycles d’entraînement à Bleau, compatibles avec des journées de travail. Ensuite, je pars en trip pour mes projets. Et puis, il faut être honnête, si j’habite à Bleau, c’est aussi parce que c’était le rêve de ma copine , qui est très forte en escalade, d’habiter ici. Sinon, je pense que j’habiterais plus près des falaises. Qu’est-ce que tu penses de la démocratisation de l’escalade ? C’est quelque chose de bien ou de mauvais selon toi ? Lucien Martinez : Pour être honnête, c’est un peu un fouillis dans ma tête. Si je prends l’exemple du foot ou du vélo, où la massification a eu des effets énormes, certains positifs, d’autres pervers... Je ne vais même pas parler de l’aspect économique, mais évidemment, la massification ramène des flux économiques, ce qui est plutôt sympa pour les professionnels. Mais il y a aussi des vraies menaces, comme la perte de sens. On l’a vu avec les premiers Jeux Olympiques , où on a eu un combiné aberrant de trois disciplines, demandant aux meilleurs athlètes du monde de redevenir débutants dans une autre discipline juste pour être au JO. Il y a vraiment le spectre de la perte de sens qui nous guette. Pour l’instant, on s’en sort, mais il faut faire attention. Ensuite, que l’escalade parle à de plus en plus de monde, c’est super. C’est sympa de pouvoir partager une mythologie commune, d’avoir des figures communes. Mais je crois qu’il ne faut pas chercher à faire grossir le sport artificiellement. Si ça reste un sport de niche, ce n’est pas grave. C’est un sport de niche pour des passionnés illuminés. Si ça grossit, tant mieux, mais il ne faut pas orienter les dynamiques vers la massification. Grimper a une ligne éditoriale très orientée vers l’escalade extérieure, mais vous vous intéressez aussi à ce qui se passe en intérieur, notamment en compétition, n’est-ce pas ? Lucien Martinez : Oui, bien sûr. J’adore la compétition d’escalade, je les regarde toutes, ça me passionne, je suis supporter des Français. Mais je crois qu’en termes d’aura et d’activité sportive, la compétition d’escalade, dans l’état actuel des choses, restera un sport mineur. Il manque un souffle épique qu’on trouve dans d’autres sports comme le tennis, le foot ou le vélo, qui sont des sports populaires par excellence. Il manque quelque chose dans la compétition d’escalade pour vraiment captiver. Par contre, sur le caillou, le potentiel de fascination est beaucoup plus grand. Par exemple, " Burden of Dream " par Nalle Hukkataival, c’est complètement épique, c’était une quête presque religieuse. Ce genre d’épopées, on les trouve en falaise. Grimper s’intéresse aux deux, mais je pense que le potentiel narratif est beaucoup plus riche en extérieur, et ça a toujours été la ligne de Grimper. Quels sont tes projets pour l’avenir, tant pour Grimper que pour toi-même ? Lucien Martinez : À titre personnel, je me vois vraiment avancer dans des projets qui ont du sens, que ce soit pour Grimper ou pour moi en tant que grimpeur. Pour Grimper, je me creuse la tête pour savoir comment partager ce qui est intéressant en escalade. Il y a des grimpeurs inspirants, des voies oubliées, des blocs perdus... L’escalade est une mine d’or, et je réfléchis à comment mieux raconter ça, comment trouver de nouveaux formats pour le partager. Pour l’escalade, j’aimerais continuer à progresser, mais je m’intéresse de moins en moins à la cotation pour elle-même. Je veux trouver des voies qui ont du sens, qui ont une histoire, qui contribuent à la communauté. Par exemple, réussir un 9b pour mon carnet de croix ne m’intéresse pas autant que de libérer une voie comme le Bombé Bleu, qui a une vraie aura et une histoire à raconter. Voilà, je veux que mes projets aient cette petite étincelle en plus. Merci Lucien !
- Coupe du Monde d’escalade à Koper, toutes les informations essentielles
Du 6 au 7 septembre 2024, les meilleur·e·s grimpeur·se·s de la planète se retrouveront à Koper, en Slovénie , pour une nouvelle étape de la Coupe du Monde d’escalade de difficulté. Cette compétition, l’avant-dernière de la saison, s’annonce particulièrement attendue, se déroulant dans l'un des pays emblématiques de ce sport, terre natale de la légendaire Janja Garnbret . La Slovénie, avec ses falaises et montagnes spectaculaires, a toujours été un terreau fertile pour l’escalade. La ville de Koper, sur les rives de l'Adriatique, ne fait pas exception. Connue pour ses paysages pittoresques et ses sites d’escalade naturels , elle est prête à accueillir l'élite mondiale pour un week-end qui s'annonce intense, à la fois pour les athlètes et pour le public local. Des athlètes en quête de médailles La compétition rassemblera des figures incontournables de l’escalade mondiale. Du côté des femmes, Janja Garnbret, championne olympique et véritable icône, sera à domicile, prête à s'imposer une fois de plus . À ses côtés, d'autres grimpeuses de renommée internationale comme l'Autrichienne Jessica Pilz, l'Italienne Laura Rogora, ou encore la Coréenne Chaehyun Seo, viendront défier la Slovène sur son propre terrain. Chez les hommes, la bataille sera tout aussi rude. Toby Roberts, champion olympique , et Sam Avezou, champion d'Europe du combiné, se retrouveront pour un duel au sommet . Sans oublier d'autres grands noms comme l’Allemand Yannick Flohé, les Japonais Sorato Anraku et Yoshiyuki Ogata, et le Suisse Sascha Lehmann, chacun avec l'ambition de décrocher la victoire. La France bien représentée La délégation française sera bien présente à Koper. Chez les hommes, Sam Avezou sera accompagné de grimpeurs comme Jules Marchaland, Max Bertone et Mejdi Schalck, tandis que chez les femmes, Zélia Avezou, Manon Hily, Ina Plassoux Djiga, Camille Pouget et Hélène Janicot tenteront de porter haut les couleurs tricolores. Avec une génération talentueuse en pleine ascension, la France espère briller lors de cette avant-dernière étape de la saison. Programme de la compétition Vendredi 6 septembre 09h00 - 13h45 : Qualifications hommes et femmes 20h00 - 22h30 : Demi-finales hommes et femmes Samedi 7 septembre 20h00 : Finale hommes 21h00 : Finale femmes Suivre la Coupe du Monde d’escalade à Koper en live Les finales seront diffusées en direct sur YouTube pour les fans de certains pays, ainsi que sur Eurosport en Europe. Pour celles et ceux qui tiennent à suivre l'événement sur YouTube il faudra donc s'équiper d'un VPN. Une étape importante Alors que la saison de la Coupe du Monde touche à sa fin, cette étape de Koper revêt une importance capitale pour les grimpeuses et grimpeurs en lice. Avec les Jeux Olympiques derrière eux et les Championnats d’Europe fraîchement conclus, la compétition en Slovénie offrira l'une des dernières chances de briller avant la clôture de la saison .
- Lara Neumeier réussit l'ascension de « Headless Children » : une nouvelle étape dans l'escalade alpine
Le vendredi 30 août 2024, l'Allemande Lara Neumeier a marqué l’histoire de l’escalade en réalisant une rare ascension de « Headless Children », une voie réputée pour sa difficulté technique, située dans le massif du Rätikon, en Autriche. Ce parcours de 230 mètres, composé de neuf longueurs , impose des exigences physiques et mentales extrêmes. Mais ce n’est pas seulement la verticalité vertigineuse qui impressionne, c’est aussi la complexité de certaines sections, avec des passages atteignant un niveau de difficulté de 8b , dont le fameux mouvement de « mantle » sur la septième longueur, réputé pour être le crux de la voie. Accompagnée de son amie et partenaire de grimpe, Nadine Wallner, Lara Neumeier a réussi l’un des exploits les plus marquants de sa carrière, faisant d’elle la troisième femme à dompter cette voie légendaire après Nina Caprez et Babsi Zangerl . Une ascension qui représente non seulement une réussite personnelle, mais aussi une avancée symbolique pour l’escalade féminine de haut niveau. Une préparation méticuleuse pour une voie d’exception Lara Neumeier n’a pas laissé place à l’improvisation. Dès la fin du mois de juillet 2024, elle et Nadine Wallner se sont lancées à l’assaut des premières longueurs de Headless Children, prenant le temps d’analyser chaque prise et chaque mouvement. « J'avais l'idée d'essayer Headless Children depuis longtemps », confie Lara Neumeier. « À la fin de juillet, je suis enfin montée pour la première fois avec Nadine Wallner, et nous avons étudié les quatre premières longueurs. Même si nous n'avons pas avancé très loin lors de cette première journée, nous étions motivées à revenir rapidement. » Le duo est ensuite retourné dans le Rätikon à la mi-août, pour deux jours supplémentaires d’entraînement sur les longueurs supérieures, jusqu’au fameux passage du « mantle ». Ce mouvement, situé dans la longueur la plus difficile (8b), est réputé pour avoir mis en difficulté les grimpeur·ses les plus chevronné·es . « Pendant ces deux jours, j'ai gravi tous les mouvements sauf pour le fameux mantle dans la longueur en 8b », explique Neumeier. « Après avoir regardé la vidéo de Kilian et les photos de Babsi Zangerl, nous sommes revenues à la fin du mois d'août avec un meilleur beta pour ce passage. » La clé de la réussite a été une préparation mentale et technique minutieuse. En revenant avec de nouvelles informations et une approche ajustée pour le mouvement du mantle, Lara Neumeier s’est sentie prête à tenter l’ascension complète. « Une fois que le mantle a fonctionné, j’ai su que j’étais prête pour une tentative d'enchaînement. Deux jours plus tard, c'était la journée que tout·e grimpeur·se de grandes voies espère vivre », raconte Lara avec émotion. « Avec le soutien total de Nadine, j’ai pu enchaîner toutes les longueurs en tête lors de ma première tentative. » Une étape majeure pour l’escalade féminine Lara Neumeier s’ajoute désormais à une courte liste de grimpeuses qui ont réussi l’ascension de Headless Children , avec Nina Caprez et Babsi Zangerl, toutes deux figures de proue dans le domaine des grandes voies techniques. Cet exploit met en lumière la place croissante des femmes dans l’escalade de haut niveau , un domaine trop longtemps perçu comme majoritairement masculin. Les dernières décennies ont vu l’essor de grimpeuses qui repoussent les limites de ce sport, tant sur les murs artificiels que dans les environnements alpins les plus hostiles. Headless Children est un symbole de cette progression : une voie qui combine puissance brute, technique raffinée et une endurance mentale impressionnante. Lara Neumeier, par son ascension, s’inscrit dans cette dynamique et démontre que les grandes voies, même les plus ardues, sont désormais le terrain d’expression de tous et toutes . Au-delà de la performance physique, l'ascension de Lara Neumeier est un rappel des qualités requises pour réussir en escalade : patience, analyse, persévérance et surtout, un soutien indéfectible entre partenaires.
- Solène Amoros : La résilience d'une grimpeuse face à l'adversité
En juin 2023, Solène Amoros, figure bien connue de l’escalade française, est brusquement arrêtée dans son élan. Un accident anodin en apparence vient bouleverser sa carrière et son quotidien. Là où d'autres auraient choisi de se retirer dans l'ombre, elle a décidé de transformer cette épreuve en un message puissant de résilience et de renaissance. Un dimanche soir comme tant d'autres, dans une salle de bloc, un geste brusque, un déséquilibre, et la chute. Solène Amoros, alors âgée de 26 ans, se retrouve soudain confrontée à une épreuve inattendue.. Au cours d'une séance d'escalade classique, une petite fille surgit sur les tapis, et pour l'éviter, Solène tente une manœuvre désespérée . Le verdict est sévère : fracture de la tête du fémur, luxation du genou, ligaments déchirés. Ce qui aurait dû être une simple session d'entraînement devient le début d'un long chemin de croix d'une année pour cette athlète aguerrie. « Je n’ai rien vu venir, » se souvient-elle aujourd’hui. « Je faisais attention, mais parfois, tout peut basculer en une fraction de seconde. » Pour Solène, la chute n’est pas seulement physique. Le choc psychologique est immense. Celle qui avait gravi des parois vertigineuses à travers le monde se retrouve brusquement immobilisée, incapable de reprendre son sport de prédilection . De la douleur à la création Si pour de nombreux athlètes, la blessure signifie souvent silence et effacement, Solène Amoros a choisi une voie différente. Avec l'aide de son partenaire Black Diamond, elle lance un projet audacieux : documenter sa rééducation et son retour à l'escalade dans une web-série intitulée "Résilience" . Ce choix, radical et courageux, traduit la force de caractère de l'athlète, bien décidée à transformer l’épreuve en opportunité de partage et d’inspiration. "Résilience", diffusée sur YouTube, est un journal intime en temps réel . La série suit Solène à travers chaque étape de sa rééducation, des premiers jours d’immobilisation aux entraînements progressifs pour retrouver ses capacités physiques. « C’était une série qu’on tournait au fur et à mesure que je vivais les choses. Rien n’était planifié à l’avance, » raconte-t-elle. Ce qui rend l’œuvre particulièrement authentique, c’est l’incertitude permanente. Un défi de taille : allier corps et esprit Dans l'univers de l'escalade, la dimension physique est indéniablement centrale. Mais comme beaucoup de grands sportifs, Solène découvre que la rééducation ne se limite pas à renforcer des muscles ou à réapprendre des gestes . Elle est également une question d'équilibre mental. La blessure devient alors un point de départ pour une introspection plus profonde. « La partie psychologique est souvent négligée dans le sport, » explique le psychologue du sport Antoine Dufresne. « Or, pour un athlète de haut niveau, une blessure longue implique une remise en question identitaire. Le défi est de reconstruire sa confiance, de redéfinir sa relation avec la performance. » Solène ne fait pas exception. Dans les épisodes de "Résilience", elle se montre vulnérable . « J’avais peur que cette blessure marque la fin de mon parcours, » avoue-t-elle. « Mais j’ai découvert que la résilience n’est pas seulement une capacité physique. C’est aussi accepter d’être fragile, d’être humain. » Au fil des mois, la grimpeuse retrouve progressivement sa forme. Mais elle ne se contente pas d’une simple remise en condition. Solène vise plus haut : elle se fixe un objectif inédit, à la fois physique et symbolique. L'ultime défi : Verdon, à vélo et à mains nues Pour marquer la fin de sa rééducation, Solène Amoros se lance dans un projet de taille : rallier Embrun, sa ville natale, au Verdon à vélo, avant d'y gravir une grande voie de 200 mètres (8a+ max) . Un exploit en soi, mais qui prend une dimension plus profonde dans le cadre de son retour à la pratique sportive. « Je voulais tester mes limites, voir jusqu’où je pouvais aller. » explique-t-elle. « Après un an de rééducation, j’avais besoin de savoir si je pouvais faire confiance à mon corps. » Cette expédition devient l’aboutissement de sa série, mais aussi un acte de renaissance. « Le vélo, la grimpe, tout était un moyen de me prouver que j’étais prête à revenir, » dit Solène avec une détermination calme. Un regard lucide sur l'avenir Aujourd’hui, Solène Amoros est de retour sur les parois, mais elle sait que rien n’est gagné. « Il me manque un an d’escalade, et les derniers pourcentages à gravir sont toujours les plus durs. » admet-elle. Pourtant, son objectif est clair : elle vise désormais un 9a, une des cotations les plus exigeantes de l’escalade sportive . Solène est consciente des risques, mais elle reste fidèle à son mantra : progresser lentement, méthodiquement, sans précipitation . « L’objectif principal, c’est de ne pas se blesser. » rappelle-t-elle, avec cette sagesse qu’elle a acquise au fil des mois de rééducation. Le chemin n’est pas terminé pour Solène Amoros. Mais qu’elle atteigne ou non son objectif, elle a déjà prouvé que la véritable grandeur réside dans la capacité à se relever après une chute. Et en cela, Solène a déjà conquis l'essentiel.
- Giulia Delladio : Le défi d'une héritière dans l'univers outdoor
Cet été, nous avons eu la chance de rencontrer Giulia Delladio, l'une des figures emblématiques de l'entreprise familiale La Sportiva . À Pantin, dans l'atmosphère authentique de la salle d'escalade d'Arkose (ex MurMur) , Giulia a partagé avec nous son parcours, son expérience unique en tant que membre de la famille fondatrice, et sa vision pour l'avenir de l'entreprise. Avec une transparence remarquable, elle dévoile des aspects méconnus de La Sportiva, abordant sans détour leur positionnement stratégique, l'évolution du marché et les défis auxquels la marque est confrontée . Son discours offre un regard rare sur les dynamiques internes de l'entreprise et les valeurs profondes qui continuent de guider l'entreprise italienne à travers les décennies. Il est courant de voir des petites entreprises dirigées par des familles, génération après génération. La Sportiva n'est plus une petite entreprise aujourd'hui, j'imagine que cela a eu un fort impact sur votre développement, de l'enfant que vous étiez à la femme que vous êtes aujourd'hui. Pouvez-vous partager ce parcours avec nous ? Giulia Delladio : Oui, en fait, je suis née à l'étage au-dessus de l'usine où mon père et mon grand-père fabriquaient des chaussons d'escalade et des chaussures d'alpinisme. J'ai donc grandi dans cet environnement depuis toujours, pour moi cela a toujours été naturel de sentir le cuir, le caoutchouc, la colle, etc. Cela a toujours fait partie de ma vie quotidienne. Enfant, je ne réalisais pas que c'était quelque chose de spécial, car c'était simplement ma routine. J'allais à l'usine avec mon grand-père, et j'essayais toujours d'aider. Je m'occupais par exemple d'emballer les chaussures dans l'entrepôt, car c'était facile et ça me permettait de contribuer à l'entreprise familiale, qui était encore petite à l'époque. Ensuite, j'ai commencé à accompagner mon père aux salons professionnels pendant l'été, où j'aidais à tenir le stand avec la machine à café et je rencontrais beaucoup de gens : des journalistes, des clients, et d'autres membres de la communauté. C'était une évolution naturelle pour moi, j'ai grandi avec l'entreprise. Avez-vous envisagé de ne pas travailler dans l'entreprise familiale et de faire quelque chose de totalement différent ? Giulia Delladio : Bien sûr, je suis allée à l'université, j'ai pris du recul en vivant loin de l'usine, j'ai exploré d'autres horizons, voyagé et travaillé à l'étranger. Mais finalement, je suis revenue, car j'aimais vraiment cet environnement. C'était une sorte d'attraction naturelle pour moi de faire partie de cette entreprise. J'aime vraiment vivre à Val di Fiemme , ce qui n'est pas toujours évident pour tout le monde, car vivre dans une petite vallée de montagne peut ne pas plaire à tous. Mais moi, j'adore ça, et c'est probablement en partie dans mon ADN. Mon grand-père me disait toujours : " Tu as le même ADN que moi, car tu as hérité de l'esprit entrepreneurial, celui de faire des choses que tu aimes et de les transformer en entreprise et en travail ". C'est un peu cette magie qui mélange les choses que vous aimez faire et que vous faites naturellement. Parfois, je me demande ce que ma vie aurait été si j'avais travaillé ailleurs, mais je suis heureuse de ce que je fais. J'ai grandi avec l'entreprise, et aujourd'hui, avec 500 employés, cela devient un défi de gérer tout ce monde, de trouver les bonnes personnes et de guider notre équipe tout en préservant notre héritage traditionnel, tout en restant à jour avec les tendances actuelles. Quand avez-vous officiellement commencé à travailler chez La Sportiva et dans quel domaine ? Giulia Delladio : J'ai commencé par travailler dans notre magasin, donc dans la vente au détail, en étant en contact direct avec nos clients. C'est le magasin situé au siège de l'entreprise, un magasin d'usine où nous vendons toute la collection, plus un espace dédié aux articles en promotion. J'ai travaillé là pendant un certain temps, surtout pendant les étés durant mes années d'université. Ensuite, après avoir obtenu mon diplôme, j'y suis restée environ deux ans. C'était une bonne occasion pour moi de comprendre ce que les consommateurs attendent de notre marque, et c'était une expérience très formatrice, car les clients qui viennent directement au magasin sont souvent les plus exigeants et savent déjà ce qu'ils recherchent. Comment s'est poursuivi votre parcours au sein de l'entreprise ? Giulia Delladio : Après cette expérience en vente au détail, j'ai commencé à travailler principalement dans le département marketing, où je suivais tous les événements, salons, et l'implication des athlètes. À l'époque nous n'étions que trois ou quatre personnes dans le département marketing, contre presque 30 personnes aujourd'hui. Par la suite, j'ai évolué vers le marketing produit, en m'occupant de toute la planification des collections pour la saison suivante, que ce soit pour les chaussures ou les vêtements. Lorsque nous avons ajouté les vêtements, il était nécessaire de gérer la collection globale, en répondant aux besoins des magasins, en sélectionnant les couleurs des produits et en créant une cohérence dans l'offre. À ce moment-là, nous avons commencé à ouvrir plus de magasins en Europe, et je m'occupais de cette partie. En grandissant, nous avons dû embaucher plus de personnes pour gérer chaque tâche que je faisais auparavant. Aujourd'hui, je reporte principalement au directeur général, mais je fais aussi partie du conseil d'administration, avec mon père et mon frère. Vous avez donc ce double rôle maintenant : être directrice marketing et aussi membre du conseil d'administration. Est-ce que c'est parfois un défi de jongler entre ces deux rôles différents ? Giulia Delladio : Oui, c'est parfois un peu difficile, car il faut jongler entre deux rôles différents et changer d'état d'esprit. Parfois, je suis responsable de mon département, parfois je suis propriétaire de l'ensemble de l'entreprise. On lit souvent dans la presse spécialisée que vous êtes celle qui prendra les rênes de l'entreprise à l'avenir. Quelle est la prochaine étape pour vous ? Giulia Delladio : Mon père est encore 100% impliqué, il est le PDG et le président, il sera là encore pendant un moment. Je ne suis pas pressée d'être nommée. J'aime vraiment ce que je fais dans le département marketing. Bien sûr ça voudra dire être moins impliquée dans les activités quotidiennes, même si c'est ce que j'aime, et de prendre plus en charge les affaires globales, comme la finance, la capacité de production, la recherche de nouveaux fournisseurs, etc. Comment les gens avec qui vous travaillez vivent-ils le fait que vous soyez une femme à la tête d'une entreprise qui a toujours été dirigée principalement par des hommes ? Giulia Delladio : C'est quelque chose que je ne regarde pas vraiment. Je travaille effectivement principalement avec des hommes au sein du conseil d'administration et je suis la première femme à ce niveau de direction, mais sur neuf personnes au comité de direction il y a désormais trois femmes. Je pense que j'apporte une perspective différente sur certains sujets, avec une vision que peut-être un homme n'aurait pas, ou peut-être plus d'attention sur certains détails que, par exemple, mon père ou mon frère ne voient pas ou ne considèrent pas comme importants. Comme, par exemple, les horaires de travail et leur impact sur nos employés, ou d'autres choses qui peuvent leur sembler insignifiantes mais qui ont un vrai impact. Peut-être que c'est juste une question de sensibilité. Diriez-vous que la principale différence réside dans le choix des sujets ou que cela a aussi un impact sur la manière dont vous faites des affaires, développez des produits, ou communiquez sur vos produits ? Giulia Delladio : Il y a certainement une touche féminine dans tout cela que je ne peux pas nier. C'est probablement une plus grande attention aux détails dans le développement des produits. Je suis toujours en charge du choix des couleurs des produits et des petits détails, comme l'endroit où placer le logo sur les chaussons d'escalade pour une meilleure visibilité. Mon frère, lui, est vraiment bon en ce qui concerne l'aspect technique et la fabrication des chaussons, nous sommes vraiment complémentaires. Il est plus technique et concentré sur les chiffres et les données, tandis que je suis plus axée sur l'esthétique et la communication. C'est un bon mélange pour la prochaine génération à venir. Je ne me concentre pas sur le fait que je sois une femme, mais sur le fait que nous sommes la nouvelle génération qui arrive. À propos de cette nouvelle génération, j'ai vu que vous avez publié un rapport de durabilité qui est très complet sur ce que vous faites chez La Sportiva, mais aussi pour la communauté. Est-ce un sujet que vous avez piloté ? Giulia Delladio : Oui, nous avons une équipe dédiée à la durabilité et à nos ressources humaines. Je suis vraiment impliquée dans ces sujets à travers différents groupes de travail, en travaillant sur la durabilité, tant en ce qui concerne notre impact sur le territoire où nous produisons nos produits, que sur la manière dont nous choisissons nos matières premières, nos processus de production, comment nous pouvons recycler nos produits en fin de vie, ou prolonger leur durée de vie. C'est un gros enjeu pour nous. Et de l'autre côté, toutes les activités de bien-être pour nos employés, c'est vraiment important pour nous. Travaillez-vous sur une accréditation, comme B Corp ou autre ? Giulia Delladio : Nous ne sommes pas encore dans le processus de certification B Corp, nous évaluons si c'est la bonne voie pour nous ou si nous devons faire autre chose. Nous sommes membres de Blue Sign depuis le début, et nous sommes partenaires de l'Access Fund, qui soutient le nettoyage de tous les chemins menant aux falaises. Nous soutenons également certaines associations locales dans le monde entier. B Corp, nous y réfléchissons, car il y a beaucoup de critères à remplir, et certains d'entre eux ne sont peut-être pas alignés avec notre manière naturelle de produire et de travailler. Certaines des choses que vous devez faire pour être certifié B Corp pourraient, dans notre cas, être moins bonnes que ce que nous faisons déjà, car c'est un niveau de contrôle différent. Y a-t-il des entreprises qui vous inspirent sur ces sujets de développement durable ? Giulia Delladio : Il n'est pas nécessaire de mentionner Patagonia, par exemple, mais c'est clairement l'exemple leader dans notre communauté outdoor, c'est sûr. C'est aussi le cas d'autres marques plus petites qui se concentre sur un aspect spécifique. Nous essayons de trouver notre propre manière d'être durable, et c'est le chemin que nous suivons actuellement. Certaines marques outdoor visent le marché de la mode. The North Face collabore avec Louis Vuitton, Arc'teryx lancent des collections en partenariat avec des artistes... Il semble y avoir une véritable compétition pour s'imposer dans ce secteur. Quelle est la position de La Sportiva à cet égard ? Giulia Delladio : Nous misons sur la fonctionnalité. Nous voulons vraiment proposer au marché des produits qui ont une fonction réelle et qui répondent à un besoin des consommateurs. C'est notre manière de développer des produits. La plupart de vos concurrents répondraient exactement la même chose à cette question... Giulia Delladio : Oui, c'est possible. Mais nous voulons vraiment nous adresser aux gens qui pratiquent nos activités. C'est notre objectif : développer des produits pour ceux qui grimpent, courent, font de l'alpinisme, etc. Nous acceptons évidemment que certains achètent nos produits pour un usage quotidien, mais nous ne voulons pas le promouvoir activement. Par exemple, nous n'avons jamais fait de campagne publicitaire avec quelqu'un marchant dans Milan avec nos produits. Donc, on ne verra jamais La Sportiva faire une collaboration avec LVMH demain ? Giulia Delladio : Non, pas du tout. Par contre, nous planifions d'autres types de collaborations, comme celle prévue prochainement avec Picture par exemple. Cette marque française s'associe avec nous pour sensibiliser nos consommateurs finaux à l'environnement, en particulier sur le glacier du Mont Blanc, et ce, avec le soutien de Protect Our Winters. Cela sera lancé en septembre avec un grand événement à Chamonix. Il s'agit de chaussures d'approche assorties à leur veste best-seller, nous allons proposer cette collaboration en petites quantités pour soutenir ce projet, avec des événements où des personnes de Protect Our Winters parleront des problèmes liés au glacier. C'est le genre de collaboration que nous soutenons, car il y a un objectif commun et des valeurs partagées entre les entreprises. Nous souhaitons rester fidèles à ce que nous sommes et ne pas faire quelque chose qui ne nous ressemble pas. Bien sûr, l'entreprise grandit, nous devons embaucher plus de managers, de directeurs, et chacun peut apporter ses propres idées. Mais étant une entreprise toujours détenue par la famille, nous pouvons encore orienter le style de l'entreprise. Aujourd'hui, 100% des actions de l'entreprise sont toujours détenues par la famille ? Giulia Delladio : Oui, mon père détient 100% des actions. Des investisseurs chinois frappent régulièrement à notre porte mais nous avons décidé de ne pas ouvrir notre capital. Nous avons cette mission et nous espérons pouvoir la maintenir. Est-ce que cela signifie que vous avez pour mission de rester une entreprise familiale pour toujours ? Giulia Delladio : Oui, c'est quelque chose qui est dans notre esprit, et je pense que des événements comme celui-ci, être présents dans cette salle d'escalade et vivre avec les gens qui utilisent vraiment nos produits, est la meilleure façon de nous rappeler ce que nous aimons. L'escalade n'était rien il y a quelques années, et maintenant c'est aux Jeux Olympiques, d'une certaine manière nous avons soutenu l'évolution de ce mouvement. En parlant des JO, ressentez-vous une quelconque frustration à propos du fait que vous accompagnez des athlètes qui participent aux compétitions, mais que vous n'avez pas le droit de communiquer à ce sujet ? Giulia Delladio : Nous respectons les règles. Nous essayons de soutenir les athlètes de manière plus directe, comme envoyer un message à Adam Ondra ou encore à Jakob Schubert après leurs passages. Pour nous, c'est bien plus concret que de dire "oh, ils ont gagné avec les chaussures Solution Comp, venez sur notre site et achetez-les". Nous sommes aussi conscients qu'après ces deuxièmes Jeux Olympiques , l'escalade va encore grandir. Et notre rôle en tant que marque historique est de soutenir les nouveaux venus, les débutants dans le sport, de les aider à comprendre comment l'escalade a évolué, quelles sont les règles, ce qu'il est suggéré de faire ou de ne pas faire. Est-ce que c'est vrai que 60% des personnes qui travaillent chez La Sportiva sont des grimpeurs ? Giulia Delladio : Je devrais demander à mon frère, car c'est lui la référence en matière de grimpeurs dans l'entreprise. Mais oui, il y a beaucoup de grimpeurs parmi nos employés. Nous essayons toujours d'embaucher des personnes qui ont au moins une passion dans notre univers, que ce soit la course à pied ou l'escalade, car il y a plus de chances qu'elles aiment rester ici et profiter de l'environnement que nous offrons. Et si elles ne sont pas encore passionnées mais qu'elles veulent commencer, nous offrons chaque semaine différents cours : escalade en salle, en extérieur, ski de randonnée, cours de yoga, etc. Donc, si elles ne sont pas déjà passionnées ou si elles sont débutantes mais qu'elles veulent évoluer, nous leur offrons le soutien nécessaire pour comprendre le monde dans lequel elles travaillent. Y a-t-il des choses spécifiques que vous devez adapter pour le marché français ou est-ce un marché standard pour vous ? Giulia Delladio : En France, notre marché est couvert par plusieurs agents régionaux. Nous n'avons pas de filiale en France, donc ces agents rapportent directement au siège. Le marché français se distingue par son orientation forte vers l'escalade et l'alpinisme, deux segments qui génèrent la majorité de notre chiffre d'affaires, en particulier avec des produits comme ceux de la gamme Nepal, très populaires dans la région de Chamonix. Nous constatons également une progression dans les segments de la course à pied et du ski de randonnée, bien que la présence de notre ligne de vêtements reste encore limitée, ce qui représente un domaine à développer. Historiquement, la France a été un marché clé pour l'escalade, notamment dans les années 90 avec les Coupes du Monde d'escalade, et cette activité continue de jouer un rôle central dans notre succès aujourd'hui. Vous observez une croissance sur ce marché ? Giulia Delladio : Oui, nous voyons de la croissance dans ces deux catégories, c'est sûr. Le problème que nous rencontrons depuis un certain temps est que nous n'avons pas assez de capacité de production pour couvrir la demande en chaussons d'escalade. Mais nous voulons vraiment maintenir la qualité, les standards, etc. Nous ne voulons pas surproduire et nous retrouver avec des produits de mauvaise qualité sur le marché, c'est crucial. Donc oui, le marché français est vraiment un de nos axes de croissance possibles pour les autres catégories dans les années à venir. Merci beaucoup à Giulia pour cet aperçu particulièrement intéressant de son rôle au sein de La Sportiva et de la manière dont elle navigue entre tradition familiale et défis modernes. Son parcours témoigne d'un profond attachement à l'héritage de son entreprise, tout en montrant une volonté d'apporter sa propre vision et de faire évoluer La Sportiva dans un marché en perpétuelle transformation .
- Jakob Schubert : Le voyage d'un grimpeur pas comme les autres
Il y a des histoires qui touchent bien plus profondément que ne le feraient des listes de médailles et de records. Celle de Jakob Schubert est de celles-là. "DEVOTION", le documentaire récemment partagé par Mammut sur YouTube, nous ouvre une fenêtre sur la vie de ce grimpeur exceptionnel . Au-delà de l'athlète bien connu, on découvre un homme passionné, dont chaque ascension est une quête, une recherche perpétuelle de dépassement de soi. Une année de défis et de triomphes 2023 restera une année inoubliable pour Jakob Schubert, non seulement pour les victoires éclatantes, mais aussi pour les moments d'introspection qu'elle a apportés. Le film commence dans la brume froide de la Suisse, où Jakob affronte des conditions extrêmes. Ce qui frappe immédiatement en regardant ce documentaire, c’est la façon dont il parle de ces défis, avec une sincérité qui révèle un véritable amour pour ce qu’il fait. Cette année, Jakob a remporté deux titres de champion du monde et s’est qualifié pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 . Mais ces victoires, aussi impressionnantes soient-elles, ne racontent qu’une partie de l’histoire. La véritable épopée, c’est celle de B.I.G. , cette voie d’escalade cotée 9c, un des défis les plus difficiles au monde. Jakob parle de ses tentatives avec une sorte de respect humble, comme s’il dialoguait avec la montagne elle-même, cherchant non pas à la conquérir, mais à la comprendre. Au-delà de la performance, une passion Ce documentaire va bien au-delà du simple récit d’exploits sportifs. On y découvre un homme qui s’entraîne avec une intensité rare, mais aussi un homme qui doute, qui se questionne, qui prend le temps de réfléchir à ce qu’il fait. Les moments où Jakob se retrouve seul, face à lui-même, sont parmi les plus puissants du film. On le voit se préparer, mentalement et physiquement, repoussant ses propres limites pour se prouver qu’il en est capable. Jakob Schubert ne grimpe pas seulement pour gagner des titres. Pour lui, l’escalade est bien plus qu’un sport : c’est une manière de vivre, une façon de se connecter à quelque chose de plus grand. À travers chaque rocher, chaque bloc, chaque voie, il cherche à se dépasser, à aller toujours plus loin, plus haut. Une leçon de vie Le film se termine sur une note de triomphe, mais aussi de réflexion. Jakob a atteint tous les objectifs qu’il s’était fixés pour 2023, et pourtant, on sent chez lui une soif insatiable de nouveaux défis. Lorsqu’il parle de l’avenir, de cette quête pour l’or olympique , ce n’est pas avec l’assurance d’un homme qui a tout réussi, mais avec l’humilité de quelqu’un qui sait que le chemin est encore long, et que chaque pas compte. DEVOTION offre une immersion dans la vie d’un homme qui a choisi de consacrer son existence à sa passion, un homme pour qui chaque sommet est une nouvelle étape dans un voyage sans fin. Pour les amatrices et amateurs d’escalade, et pour toutes celles et ceux qui cherchent une source d’inspiration, ce film est une véritable pépite. Jakob Schubert nous rappelle que la véritable grandeur ne réside pas seulement dans la victoire, mais dans la persévérance, l’effort, et la passion qui nous poussent à continuer, encore et toujours. 👉 Retrouvez toutes les meilleures vidéos de grimpe sur Vertige Media : https://www.vertigemedia.fr/videos
- Les échanges interculturels dans le monde de l'escalade
L'escalade, autrefois perçue comme une activité marginale réservée à une élite téméraire, a évolué pour devenir une discipline reconnue et pratiquée à travers le monde. Cette transformation a donné naissance à un vaste réseau d'échanges interculturels, permettant non seulement le partage de techniques et de pratiques, mais aussi la diffusion de valeurs et de traditions spécifiques à différentes cultures. L'importance de ces échanges va bien au-delà du sport, touchant à des aspects culturels, sociaux et environnementaux qui enrichissent et unissent la communauté mondiale des grimpeuses et grimpeurs. Origines et expansion globale L'escalade tire ses origines de diverses régions du monde, chacune apportant ses spécificités. En Europe, les Alpes ont été le théâtre des premières ascensions techniques, avec des pionniers comme Walter Bonatti et Reinhold Messner qui ont jeté les bases de l'alpinisme moderne. Ces grimpeurs européens ont développé des techniques sophistiquées pour affronter les défis des grandes parois alpines. En parallèle, aux États-Unis, le Yosemite a vu émerger des figures emblématiques telles que Royal Robbins et Warren Harding, qui ont popularisé l'escalade des "big walls" avec des techniques innovantes et audacieuses. Cette expansion géographique de l'escalade a favorisé les échanges interculturels. Les grimpeurs européens se rendaient aux États-Unis pour maîtriser les techniques de "crack climbing", tandis que les Américains venaient en Europe pour s'essayer aux grandes parois des Alpes . Ces interactions ont permis l'émergence d'une communauté internationale unie par une passion commune pour l'escalade, transcendant les frontières et les cultures. Développement en Asie et ailleurs En Asie, notamment au Japon et en Chine, l'escalade a pris son essor plus tardivement mais avec une progression rapide . Les montagnes du Japon, comme celles de Tanigawa, ont vu émerger une culture de l'escalade respectueuse de la nature et profondément ancrée dans les traditions locales. En Chine, des sites comme Yangshuo sont devenus des destinations prisées, attirant des grimpeuses et grimpeurs du monde entier et facilitant ainsi les échanges interculturels. Techniques et pratiques partagées L'un des aspects les plus enrichissants des échanges interculturels dans le monde de l'escalade réside dans le partage des techniques et des pratiques . Chaque région possède ses propres particularités en termes de types de roches, de styles d'ascension et d'équipements. Par exemple, les grimpeurs britanniques sont réputés pour leur maîtrise du "trad climbing" , une forme d'escalade où les protections sont placées et retirées au fur et à mesure de la progression. En revanche, les grimpeurs espagnols excellent dans l'escalade sportive sur les falaises calcaires de la Catalogne, utilisant des techniques de dynamisme et de gestion des prises spécifiques à ce type de roche. Les compétitions internationales et les rencontres entre grimpeuses et grimpeurs ont joué un rôle crucial dans ce partage. Des événements comme les championnats du monde d'escalade, les festivals d'escalade et les rassemblements annuels à Arco en Italie ou à Rocklands en Afrique du Sud permettent aux athlètes de différentes cultures de se rencontrer, d'échanger des conseils et de découvrir de nouvelles approches . Ces événements sont des catalyseurs de l'innovation technique et de l'enrichissement mutuel. Équipement et innovation L'échange interculturel ne se limite pas aux techniques d'escalade, mais englobe également l'innovation en matière d'équipement . Des marques d'équipement provenant de différentes régions du monde collaborent pour développer des produits plus sûrs et plus efficaces. Par exemple, les coinceurs et les friends, inventés respectivement en Europe et aux États-Unis, sont désormais utilisés par les grimpeuses et grimpeurs du monde entier. Les collaborations internationales entre fabricants d'équipement ont permis de standardiser les normes de sécurité et d'améliorer la qualité des produits disponibles . Impact des échanges interculturels Les échanges interculturels dans l'escalade ont eu un impact profond sur la discipline. Ils ont non seulement enrichi les pratiques techniques, mais ont également contribué à la création d'une culture mondiale de l'escalade , marquée par des valeurs de respect, de solidarité et de protection de l'environnement. Ces valeurs sont essentielles pour la pérennité de la pratique et pour le maintien d'une communauté harmonieuse et unie. La pratique de l'escalade est intimement liée à la nature, et ces échanges ont permis de sensibiliser les grimpeuses et grimpeurs du monde entier à l'importance de la protection des sites naturels . Des initiatives comme le "Leave No Trace" (Ne Laissez Aucune Trace) et les actions de nettoyage de falaises organisées par des associations internationales témoignent de cette prise de conscience collective. Défis et opportunités Malgré les nombreux avantages des échanges interculturels, ils posent également des défis. L'un des principaux est la surfréquentation des sites populaires, qui peut entraîner des problèmes environnementaux et des conflits entre les grimpeurs locaux et les visiteurs . La popularité croissante de certains sites peut mettre à rude épreuve les infrastructures locales et entraîner des dégradations écologiques. De plus, les différences culturelles peuvent parfois engendrer des malentendus ou des tensions. Par exemple, les variations dans les normes de sécurité ou les comportements en falaise peuvent être sources de friction entre les grimpeuse et grimpeurs de cultures différentes. La mise en place de programmes de sensibilisation et d'éducation à l'échelle mondiale peut aider à promouvoir des pratiques respectueuses de l'environnement et des cultures locales. Des initiatives telles que les formations internationales sur les meilleures pratiques en matière de conservation des sites d'escalade et les campagnes de sensibilisation sur le respect des coutumes locales sont essentielles pour minimiser les impacts négatifs. Les échanges interculturels dans le monde de l'escalade ont transformé cette discipline en une véritable communauté mondiale , riche en diversité et en valeurs partagées. Le partage des techniques, le respect mutuel et la protection de l'environnement sont au cœur de ces échanges, qui continuent de façonner l'avenir de l'escalade. Face aux défis posés par la mondialisation de la pratique, il est essentiel de promouvoir un dialogue interculturel ouvert et respectueux, afin de préserver et d'enrichir cette précieuse communauté . L'avenir de l'escalade dépend de notre capacité à travailler ensemble, à apprendre les uns des autres et à protéger les environnements naturels qui rendent ce sport possible.