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- Trois photographies d’escalade récompensées aux World Sports Photography Awards 2025
Aux World Sports Photography Awards 2025 , l’escalade a brillé sous différents angles, révélant sa diversité et sa richesse à travers des images puissantes. L’un des clichés les plus remarqués, “ Icarus ”, de Marton Monus, a décroché l’or dans la catégorie “ Urban & Extreme ” . Cette photo, qui capture une grimpeuse défiant la gravité sur un mur de 15 mètres, incarne la puissance visuelle et l’intensité de l’escalade de vitesse, une discipline olympique qui, si elle fait sensation lors des compétitions, reste relativement discrète dans le milieu de l’escalade au quotidien. © Marton Monus - Icarus Mais cette reconnaissance ne se limite pas à l’aspect spectaculaire de la vitesse. Deux autres photographies en extérieur ont également été saluées , mettant en lumière des moments d’escalade plus proches de l’essence même du sport : “ Arrebola ” de Marcelo Rua et “ Climbing under the Lights ” de Cody Shimizu offrent une vision plus intime et authentique de l’escalade, loin de l’urbanisation croissante de notre pratique. Ces images, intenses et saisissantes, rappellent ce qu’est réellement l’escalade : une connexion profonde avec la roche, un défi face à l’élément naturel. © Cody Shimizu - Climbing under the Lights © Marcelo Rua - Arrebola Est-ce que ce sont les plus belles photos d’escalade que nous avons vues cette année ? En toute honnêteté, non. Mais cela ne les empêche pas de capturer un moment particulier, une vision choisie par le jury . Ces récompenses, aussi prestigieuses soient-elles, soulevent la question du regard porté sur notre discipline. En France, et partout dans le monde, des photographes talentueux savent capter la poésie et la complexité de l’escalade d'une manière qui nous fait vibrer différemment. Ces photos des World Sports Photography Awards sont certes impressionnantes, mais elles ne sont pas forcément celles qui provoquent le plus de frissons. Cela dit, le goût reste subjectif, et le jury a choisi d’honorer ces clichés en particulier. Mais, au fond, l’escalade ne se résume pas à un genre ou à un style unique. On se félicite de voir cette année neuf photos d’escalade parmi les finalistes dans cette catégorie , contre seulement deux l'année dernière. Une belle évolution qui témoigne de l’intérêt croissant pour notre discipline et de la place qu’elle commence à prendre dans le monde de la photographie sportive. En célébrant ces trois œuvres, les World Sports Photography Awards nous rappellent l’importance de l’escalade dans le monde sportif tout en honorant sa diversité . Car cette diversité est ce qui fait la richesse du sport, une richesse qui reste, malgré tout, trop souvent invisible. Et ces images, même si elles ne représentent pas tout ce que l’escalade peut offrir, trouvent leur place dans un univers en pleine évolution, à la hauteur des enjeux et des gestes intenses qui font vibrer les grimpeurs à travers le monde.
- Le Festival du film d’aventure : quand l’extraordinaire rencontre l’authentique
Du 24 au 26 janvier 2025, le CENTQUATRE à Paris devient le camp de base de toutes les aventures. Le Festival du film d’aventure, organisé par Terres d’Aventure, revient pour une nouvelle édition où les récits humains prennent de la hauteur, au sens propre comme au figuré. Au menu : 30 films, 9 conférences, et un espace bivouac pour ceux qui aiment autant discuter d’alpinisme autour d’un café que gravir des montagnes . Un tour du monde en 30 récits Le festival, c’est bien plus que des images spectaculaires : c’est une plongée dans l’humain à nu. Des falaises de Palestine aux sommets glacés du Groenland, des profondeurs du Vercors aux paysages intimes de ceux qui les traversent, ces films racontent une quête universelle : celle d’aller plus loin, plus haut, ou simplement ailleurs . Ici, grimpeurs, navigateurs, explorateurs et rêveurs côtoient des gens ordinaires pris dans des contextes extraordinaires. L’aventure, ce n’est pas qu’un décor : c’est une histoire, une urgence, une nécessité. Les moments forts pour les grimpeurs (et les autres) Difficile de trancher parmi cette avalanche de récits marquants, mais voici quelques films à ne pas manquer si la verticalité fait partie de votre ADN : Resistance Climbing : En Palestine, l’escalade devient un acte de résistance. Plus qu’un sport, c’est une manière de s’ancrer sur une terre disputée, un symbole de liberté. Still Alive : Klaas Willems, grimpeur atteint de mucoviscidose, a passé sa vie à gravir des falaises en Sardaigne pour échapper à sa maladie. Aujourd’hui, un diagnostic de cancer change son combat : une ascension intérieure aussi brutale qu’inspirante. Matapera : Yelda del Carmen, danseuse cubaine, tente de devenir la première de son pays à conquérir trois ascensions mythiques. Une aventure où la détermination s’affronte au poids du passé. Andrea : Quand la grimpe rencontre l’imprévu. Nina Caprez, légende suisse de l’escalade, embarque sa famille pour un road trip au Maroc. Falaises, paysages à couper le souffle, rencontres marquantes… jusqu’à ce qu’un tremblement de terre vienne tout chambouler. Cap sur El Cap : Traverser l’Atlantique à la voile pour grimper l’iconique paroi d’El Capitan ? Pourquoi pas. Entre défis marins et verticaux, cette aventure collective donne envie de s’y jeter. Et ce n’est pas tout. D’autres récits vous mèneront bien au-delà des sommets : déserts, océans, montagnes ou simplement la quête de soi-même. Le bivouac : lieu de rencontres et de partages C’est dans l’espace bivouac, un 600 m² dédié aux passionnés, que l’expérience prend tout son sens. Une librairie de l’aventure pour vous plonger dans les récits les plus marquants, des animations et des conférences pour aller plus loin, et surtout, des rencontres. Parce que l’aventure ne se vit jamais complètement seule. Pourquoi venir ? Parce que ce festival, c’est le miroir de ce que l’on cherche en haut d’une paroi ou au bout d’un sentier : des histoires vraies, brutes, des moments qui marquent. Que vous soyez grimpeur, voyageur ou simple curieux, vous repartirez avec une nouvelle idée de l’aventure – et peut-être l’envie de vivre la vôtre. Rendez-vous du 24 au 26 janvier 2025 au CENTQUATRE à Paris. Pour plonger dans la programmation complète, et réserver vos places, c'est sur leur site .
- Climb Up débarque à Nîmes : une première prise en Occitanie
Climb Up continue d’étendre sa toile — ou plutôt ses murs. Le géant des salles d’escalade s’invite pour la première fois en Occitanie avec une ouverture à Nîmes , au Triangle de la Gare, ce 31 janvier 2025. Une trentaine de salles au compteur, et voilà qu’ils posent leurs chaussons dans le Sud, histoire de montrer que l’escalade, ce n’est pas qu’une affaire de falaises. © Climb Up Nîmes Un modèle qui grimpe doucement mais sûrement Avec cette 33e salle, Climb Up avance à son rythme : pas trop vite, pas trop lentement, comme sur une voie un peu expo. Particularité de cette nouvelle adresse : elle fonctionne en licence de marque , une rareté dans l’écosystème bien balisé de l’enseigne. Traduction pour les connaisseurs : derrière les 900 000 euros investis dans ce projet, un duo d’entrepreneurs, Roxane Limousin et Sylvain Gruss, deux anciens ingénieurs convertis à la verticale. De la Bourgogne aux reliefs gardois, leur rêve de grimpe prend enfin racine. Des murs qui parlent à tout le monde Avec 550 m² de surface grimpable et des murs à 4,50 mètres, tout le monde devrait trouver sa voie, du débutant qui découvre à peine le concept de dévers au grimpeur confirmé en manque de mouvements dynamiques. Mais ce qui fait lever un sourcil curieux, c’est le kilter board . Ce mur inclinable et connecté (de -10° à 70°, pour les mordus de chiffres), piloté via une appli, est en train de devenir l’accessoire chouchou des salles ambitieuses. Une touche geek qui séduit autant qu’elle intrigue. Et parce que l’escalade ne se limite pas à grimper, la salle joue la carte de la convivialité avec un espace détente et une offre de restauration locale : bière de Lozère, jus de fruits du Gard. De quoi rincer la magnésie avec panache. L’enseigne prend pied dans le Sud Si Climb Up s’installe dans une région qui regorge de grimpeurs et de falaises mythiques, ce n’est pas un hasard. Mais choisir un emplacement en plein centre-ville, à deux pas de la gare et des arènes , c’est aussi une déclaration d’intention : toucher un public urbain, mobile et curieux, tout en continuant d’étoffer un réseau déjà solide. Avec seulement trois salles en licence de marque sur l’ensemble de leur réseau, l’enseigne montre qu’elle sélectionne ses partenaires avec soin. Pas question de diluer leur identité dans des projets douteux. Ici, tout est pensé pour combiner le fun et la qualité. Un marché qui reste sous tension L’ouverture d’une nouvelle salle, surtout sous l’étiquette Climb Up, fait toujours un peu de bruit dans le microcosme de l’escalade indoor. Entre le boom des salles privées, la montée en gamme des infrastructures et les modèles économiques qui se cherchent encore, le marché reste en pleine évolution. Une chose est sûre : à Nîmes, les acteurs locaux, indépendants ou non, risquent de surveiller cette arrivée de près. Pour le reste, rendez-vous le 31 janvier pour l’inauguration et sa compétition de bloc en mode show. Et pour les curieux du week-end, les portes ouvertes les 1er et 2 février promettent une bonne occasion de juger sur pièces. Parce que grimper, c’est bien, mais grimper en sachant où on met les pieds, c’est mieux. Pour découvrir des contenus dédiés aux professionnels de l’escalade, rendez-vous sur www.vertigemedia.fr/pro , votre espace exclusif pour tout savoir sur le marché de l’escalade.
- Sport et insertion professionnelle : un levier à (re)découvrir pour les clubs engagés
Si le sport est un formidable terrain de jeu, il est aussi un outil puissant d’insertion professionnelle . Une réalité encore trop peu explorée par de nombreux clubs et structures sportives, alors qu’elle pourrait leur ouvrir des perspectives inédites. C’est tout l’enjeu du dispositif « Clubs Sportifs Engagés », porté par le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités et le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, avec l’appui de France Travail et de l’Agence nationale du sport. Des webinaires pour outiller les clubs Dès le 30 janvier 2025, un cycle de webinaires thématiques se tiendra tous les jeudis de 12h à 13h. L’objectif ? Donner aux clubs sportifs les clés pour structurer des projets d’insertion via le sport et exploiter au mieux les opportunités existantes. Les thématiques abordées s’adressent directement aux structures qui souhaitent s’impliquer ou renforcer leur engagement : Concevoir un projet d’insertion par le sport avec France Travail – Jeudi 30 janvier (12h-13h) Créer du lien avec un public jeune demandeur d’emploi – Jeudi 6 février (12h-13h) Organiser un stage de remobilisation par le sport – Jeudi 13 février (12h-13h) Recruter autrement avec "Du Stade Vers l’Emploi" – Jeudi 20 février (12h-13h) Faire découvrir des métiers par le sport – Jeudi 27 février (12h-13h) Accompagner un public féminin vers l’émancipation par le sport – Jeudi 6 mars (12h-13h) Encadrer un Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) sport – Jeudi 13 mars (12h-13h) Accueillir des personnes en situation de handicap – Jeudi 20 mars (12h-13h) Redonner confiance aux personnes éloignées de l’emploi en zone rurale – Jeudi 27 mars (12h-13h) Lever les freins à la mobilité par le sport – Jeudi 3 avril (12h-13h) Intégrer un public PJJ dans son club – Jeudi 10 avril (12h-13h) Accueillir des personnes en grande précarité – Jeudi 17 avril (12h-13h) Construire un programme d’insertion complet avec France Travail – Jeudi 24 avril (12h-13h) Développer l’emploi dans son club – Jeudi 15 mai (12h-13h) Financer des actions d’insertion par le sport – Jeudi 22 mai (12h-13h) Adapter sa pratique aux publics non sportifs – Jeudi 5 juin (12h-13h) Pourquoi s’engager ? Le sport ne se limite pas à la performance ou au loisir : il est aussi un levier de transformation sociale. En participant à ces webinaires, les clubs sportifs peuvent non seulement diversifier leurs activités, mais aussi jouer un rôle clé dans l’accompagnement vers l’emploi . Un atout stratégique à la fois pour les structures elles-mêmes, qui gagnent en visibilité et en légitimité, et pour les bénéficiaires, pour qui le sport devient un tremplin. Comment s’impliquer ? Que votre club soit déjà engagé ou simplement curieux de découvrir ces initiatives, ces webinaires constituent une opportunité à saisir. Pour en savoir plus ou intégrer le dispositif, vous pouvez contacter Marceau Balaÿ afin de faire remonter vos besoins et idées. Pour découvrir des contenus dédiés aux professionnels de l’escalade, rendez-vous sur www.vertigemedia.fr/pro , votre espace exclusif pour tout savoir sur le marché de l’escalade.
- Paris 2024 : gloire olympique, misère sportive ?
Six mois après la ferveur de Paris 2024 , la flamme vacille déjà. On avait promis un héritage. On a surtout hérité d’un goût amer. D’un côté, des clubs débordés par l’afflux de nouveaux adhérents, tous inspirés par les exploits de nos champions. De l’autre, un ministère des Sports amputé de plus de 100 millions d’euros dans le budget 2025 . Et comme si ça ne suffisait pas, un amendement pour tailler encore 34 millions, heureusement retoqué. Comment capitaliser sur un élan si on coupe les jambes de ceux qui courent ? © David Pillet Les JO, une promesse en carton ? Paris 2024, c’était censé être le tremplin. Mais sans filet, gare à la chute. L’histoire est vieille comme le monde sportif : on célèbre les athlètes, on fait vibrer les stades, puis on tire le rideau… et le budget. C’est l’ombre de Londres 2012 qui plane sur nous. Là-bas, après des JO flamboyants, l’élan s’est écrasé faute d’infrastructures et d’éducateurs pour accueillir les nouveaux pratiquants. Aujourd’hui, la France regarde droit dans la même impasse. Un mur infranchissable pour l’escalade ? Prenons l’exemple de l’escalade, discipline olympique nouvelle star. Depuis son arrivée au programme des Jeux, elle connaît un boom phénoménal : salles bondées, clubs saturés, mais toujours les mêmes galères. De nombreux grimpeurs peinent à trouver une place dans les clubs associatifs, souvent saturés face à l’engouement croissant pour la discipline. Et les bénévoles, eux, grimpent à mains nues, sans moyens. La Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME) tire la sonnette d’alarme : sans financement, impossible d’entretenir nos falaises, de développer des formations d’ouvreur ou de répondre à l’engouement post-JO . Pendant ce temps, les salles privées annoncent des hausses de tarifs qui s'envolent sans limite ou se maintiennent à des niveaux impressionnants. 600 € pour un abonnement annuel chez Arkose, 650 € chez Climbing District, 720 € chez Blocbuster . Et les tarifs réduits ? Certains disparaissent tout simplement, privant les demandeurs d’emploi ou les publics précaires d’un accès au sport. Cette envolée des prix montre à quel point un tissu associatif solide est essentiel. Car l’escalade, ce n’est pas qu’une question de loisir. C’est une discipline qui rapproche, qui éduque. Les voies qu’on ouvre ne sont pas que des défis physiques, ce sont des chemins vers des valeurs essentielles : le respect, la solidarité, le dépassement de soi. Mais avec un budget sous perfusion, les clubs associatifs n’ont plus les moyens d’offrir une alternative accessible. Et quand grimper devient un luxe, c’est tout un pan de la société qu’on prive de ces valeurs. Un sport amputé, une société perdante Les chiffres claquent comme une corde qui lâche : une réduction de 30 % du budget du sport revient à sacrifier les bénévoles, les éducateurs, et les infrastructures . Ça n’a rien d’abstrait. Derrière chaque grand champion se cache un club, une salle, et des formateurs passionnés. Moins d’équipements, c’est moins d’inclusion. Moins d’éducateurs, c’est moins de sécurité. Moins de moyens, c’est moins de sport pour tous. Et pourtant, le sport, c’est le plus grand investissement social qui soit . Des milliards d’euros économisés en dépenses de santé. Une cohésion sociale qui commence sur les tapis de judo, les murs d’escalade, ou les terrains de foot. Pendant le COVID, on l’a bien vu : priver la société de sport, c’est l’asphyxier. La tribune qui allume la flamme Une lueur d’espoir subsiste. La tribune « Ensemble, entretenons la flamme de Paris 2024 » a déjà rallié de nombreux acteurs du sport. Le message est clair : ne laissez pas l’élan des JO s’éteindre dans l’indifférence. On y lit des mots forts : « Le sport est une promesse de santé, de cohésion et d’espoir. Chaque euro amputé au budget du sport est un frein à l’éducation, à la santé publique, et à l’inclusion. » Alors, que fait l’État ? On nous avait promis qu’il tiendrait parole. Qu’il investirait dans le sport. Mais pour l’instant, c’est silence radio. Ou pire : des arbitrages budgétaires qui sabrent un pilier de notre société. Le sport français en « money time » En escalade, le « money time », c’est ce moment où l’on choisit entre tout donner pour clipper la dégaine ou accepter le vol. Le sport français est exactement à ce stade. Une décision cruciale s’impose : investir pour construire un avenir ou renoncer à l’héritage de Paris 2024. La commission mixte paritaire, qui statuera sur le budget des sports, détient les clés de cet avenir. Si nos élus échouent, ce ne sont pas seulement les clubs et les salles qui trinqueront, mais des millions de pratiquants, du grimpeur amateur au champion olympique . Ne lâchons rien Le sport n’est pas une variable d’ajustement budgétaire. C’est un pilier. Une valeur. Une opportunité de bâtir une société plus forte, plus solidaire. L’État doit arrêter de jouer les équilibristes du budget et tenir ses promesses. Comme l’a écrit la tribune, chaque jour sans sport coûte cher : en santé, en liens sociaux, en espoir. Grimpeurs, athlètes, bénévoles, éducateurs : mobilisons-nous. Pour que chaque euro investi dans le sport soit un euro investi dans l’avenir. Signez la tribune et rejoignez le mouvement pour que Paris 2024 ne soit pas une opportunité manquée. Parce que si on perd cette bataille, la flamme de Paris 2024 ne sera qu’un feu de paille.
- L’escalade givrée : grimper la glace sans piolets ni crampons
À l’ ICE Climbing Écrins , là où résonnent les coups de piolets et les crampons raclent la glace, un espace à part s’ouvre. Antoine Le Menestrel , légende vivante de l’escalade, orchestre une drôle de symphonie . Son terrain de jeu ? La cascade de glace. Ses instruments ? Ni crampons, ni piolets. Juste des gestes empreints de poésie et un souffle qui résonne presque comme un chant. © Vertige Media « Je propose une pratique que j'appelle l'escalade givrée, sans piolet et sans crampon », lance-t-il sobrement. Et tout est dit. Ou presque. Ici, pas de combat contre la glace, mais une danse avec elle, tout en nuances . Une déclaration d’amour à une matière fragile, éphémère, que l’on ne saurait brusquer. « La glace, c’est la beauté du monde qui fond entre nos doigts. » Son approche, à mi-chemin entre l’art et la philosophie, parle autant aux grimpeurs aguerris qu’aux néophytes. Plus qu’un atelier, c’est un manifeste. Un rappel que dans une époque où tout fond – au propre comme au figuré –, il est encore temps d’agir autrement . Danse et cascade : entre ascension et poésie Fini les crampons intimidants et les gants épais. Ici, on chausse des baskets modifiées et on enfile des gants de soie. Un non-sens ? Pas pour Antoine. Dans cette pratique, le geste prime sur la performance, la douceur sur la conquête . « On prend la glace avec des pincettes, on demande à la prise de bien vouloir être prise » , glisse-t-il, presque en s’excusant auprès des stalactites. La discipline se veut autant physique que mentale. Chaque mouvement se cale sur l’expiration. « Pousser sur ses pieds jusqu’au nadir, ce point au centre de la Terre qui est aussi notre centre intérieur », explique-t-il. On respire, on grimpe. L’ascension devient chorégraphie, presque un rituel. © Vertige Media Mais Antoine ne s’arrête pas là. Il s’attaque à un tabou : la descente. « On a libéré l'ascension dans les années 80, mais on a oublié de libérer la descension. » Ce mouvement, souvent relégué à l’utilitaire, devient ici une composante essentielle . Descendre, c’est accepter de revenir au sol, en pleine conscience. Une glace pleine de symboles Pour Antoine, la glace n’est pas qu’un support : c’est un miroir, un symbole. Il invite ses participants à se voir comme des gouttes. « Une goutte de permafrost qui ne veut pas goûter, une goutte de cire qui se sacrifie pour faire naître la lumière, ou une goutte de sueur, fruit de l’engagement physique. » Dans cette énumération poétique, la fragilité de la glace renvoie à celle de notre monde. « L’air de l’Anthropocène nous oblige à devenir créatifs pour ne pas subir cette angoisse du changement climatique. » Cette escalade devient alors une forme de résistance, un cri silencieux pour la préservation d’un patrimoine éphémère . Chaque geste, chaque pression du pied, devient une manière de dialoguer avec cet environnement voué à disparaître. C’est une pratique où l’on apprend autant à grimper qu’à observer, écouter, ressentir . Une initiation inclusive Alors, cette escalade givrée, c’est pour qui ? « Demande-leur à eux », répond Antoine en désignant ses élèves, occupés à redescendre tête en bas. Sur la glace, grimpeurs expérimentés côtoient danseuses, acrobates et débutants. « La cascade n’est pas très difficile à ce niveau-là. On est sur du 4 à 6, rien d’extrême. » © Vertige Media Ce qui compte, ce n’est pas l’expérience, mais la posture . Ceux qui viennent pour cocher une case repartiront frustrés. Ici, on vient pour ressentir, pour expérimenter. Antoine insiste : « Il ne s’agit pas de forcer, mais de dialoguer avec la glace. » Et pourtant, cet atelier ne se contente pas de rassembler des profils variés. Il propose une véritable ouverture : un espace où chacun, quel que soit son bagage, peut réinventer son rapport à l’escalade, au mouvement et même à lui-même. Un art en équilibre Antoine Le Menestrel n’a jamais joué le jeu des grimpeurs classiques. Chez lui, l’escalade est un art, une expérimentation, presque un laboratoire. « La danse escalade, c’est une façon de se reconnecter au mouvement, mais aussi à l’intention derrière ce mouvement. » À l’ICE Climbing Écrins, il offre une démonstration éclatante de ce que peut devenir l’escalade : une discipline où le geste technique s’efface pour laisser place à la poésie . À travers l’escalade givrée, il pose une question essentielle : et si grimper, ce n’était pas seulement atteindre le sommet, mais réapprendre à regarder le chemin ? Dans une époque où tout fond, il donne envie de poser des gestes qui marquent – et qui réchauffent, à leur manière, une planète gelée de contradictions.
- Elnaz Rekabi : une grimpeuse à l’honneur pour Dakar 2026
Il y a des carrières qui brillent par leur constance, d'autres par leurs coups d’éclat. Elnaz Rekabi fait partie de cette rare catégorie qui combine les deux. Nommée Athlete Role Model pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026 , la grimpeuse iranienne est bien plus qu'une athlète : c’est une figure, un symbole. Son rôle ? Inspirer la prochaine génération à travers son expérience, son aplomb et, disons-le franchement, son incroyable capacité à défier les normes, que ce soit sur les murs ou en dehors. Retour sur une trajectoire qui escalade bien plus que des parois. © @chelseahartisme/Twitter Dakar 2026 : la grimpeuse prend la tête de cordée Athlete Role Model , ça sonne un peu comme un titre de super-héros des temps modernes. En réalité, c’est peut-être bien ça. À Dakar 2026, Elnaz Rekabi sera là pour guider les jeunes grimpeurs dans l’arène olympique , les épauler dans leurs doutes et, surtout, leur montrer que l’Olympe ne se conquiert pas qu’avec des muscles. Entre deux séances de partage d’expériences et de promotion des valeurs olympiques — respect, excellence, amitié (oui, ça sonne Boy Scout, mais ça marche) —, elle incarnera tout ce que l’escalade a de plus beau : le dépassement de soi, la solidarité et une pincée d’irrévérence. Cette nomination n’est pas tombée du ciel (ou du haut d’un bloc) : elle a été proposée par Marco Scolaris, président de l’IFSC, et validée par Thomas Bach, président du CIO. Une validation qui a tout de la reconnaissance : celle d’une carrière qui a touché les sommets et d’un engagement sans faille pour faire avancer le sport. WISH : le programme qui monte, qui monte En plus de ses exploits sur le mur, Elnaz Rekabi a aussi brillé dans un autre registre, celui du programme WISH (Women in Sport High-Performance) . Ce projet financé par la Solidarité Olympique vise à former des femmes entraîneures de haut niveau . Elle y a rejoint la quatrième cohorte, apportant son expérience et sa détermination. Parce que oui, en Iran comme ailleurs, ce n’est pas toujours simple d’être une femme dans un univers où les parois ne sont pas que verticales : elles sont aussi sociales, politiques et culturelles. Une grimpeuse qui force le respect (et pas qu’un peu) Revenons un instant sur le parcours d’Elnaz, parce qu’il mérite plus qu’un coup d’œil rapide. Née en 1989 à Zandjan, en Iran, elle fait ses débuts sur la scène internationale en 2011 à Arco, lors des Championnats du monde IFSC. Depuis, elle enchaîne les compétitions comme on grimpe un dévers : avec obstination. Médaille de bronze aux Championnats du monde de Moscou en 2021, plusieurs podiums aux Championnats d’Asie, elle s’est taillée une place dans la légende . Mais là où elle marque vraiment les esprits, c’est en 2022. À Séoul, lors des Championnats d’Asie, elle décide de grimper sans hijab , un geste qui fait l’effet d’un choc dans un contexte politique iranien sous haute tension. Provocation pour certains, acte de courage pour d’autres, cette décision a projeté Rekabi bien au-delà des murs d’escalade. Elle est devenue une icône, une voix — souvent silencieuse mais assourdissante — pour ceux qui cherchent à gravir d’autres types de montagnes. Dakar : une première africaine et une ambiance verticale Les Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026 seront historiques à plus d’un titre : première édition sur le continent africain, ils promettent d’être un terrain fertile pour l’innovation et la diversité. L’escalade, discipline relativement jeune sur la scène olympique, y trouvera une nouvelle caisse de résonance. Avec une ambassadrice comme Rekabi, le message est clair : le sport ne connaît pas de frontières, et les murs, qu’ils soient physiques ou métaphoriques, sont faits pour être franchis . Épilogue : grimper haut, rester libre Alors, pourquoi Elnaz Rekabi ? Pourquoi cette grimpeuse et pas une autre ? Peut-être parce qu’elle incarne cette dualité fascinante entre force et fragilité, entre défi personnel et impact collectif . Parce qu’elle nous rappelle que l’escalade, ce n’est pas seulement atteindre le sommet, c’est aussi oser, risquer, parfois tomber, mais toujours se relever. En 2026, à Dakar, elle ne sera une preuve vivante que, parfois, les cordées les plus fortes ne se nouent pas sur un mur, mais dans les esprits. Et qu’on peut grimper haut, très haut, tout en restant ancré dans ce qui compte vraiment : l’audace, la liberté et l’envie de partager le chemin.
- Marché mondial des salles d'escalade : chiffres clés et comparaison par pays
Grimper, c’est tendance, mais où trouve-t-on vraiment des murs à escalader ? De la France à la Chine, en passant par les États-Unis, l’escalade indoor est en plein boom… mais pas de la même façon partout. Alors, la France, c’est vraiment la championne des salles privées de grimpe, ou bien on se la raconte un peu ? Spoiler : on n'est pas si mal lotis. Voyons ça de plus près, en posant nos chaussons sur les statistiques et en prenant de la hauteur. 1. La France, reine des murs (ou presque) Chiffres clés : 250 à 300 salles pour 68,17 millions d’habitants. Avec une salle pour environ 230 000 à 270 000 habitants, la France joue dans la même cour que ses voisins allemands. Pas de quoi les faire rougir, mais suffisamment pour montrer que la grimpe en salle est une passion bien ancrée chez nous. Analyse : Avec des franchises comme Climb Up et Arkose qui fleurissent plus vite que des prises sur une dalle, la France a de quoi se la péter. Mais attention, la compétition gronde, et nos voisins européens ne restent pas les bras croisés. Le saviez-vous ? En 5 ans, la France a vu ses salles d'escalade pousser comme des champignons après la pluie. Bientôt, on trouvera des salles même dans les ronds-points. 2. Espagne vs Italie : le match méditerranéen Espagne : 190 salles pour 48,37 millions d'habitants. Pas mal, mais pas encore de quoi crier "olé". Italie : 223 salles pour 58,76 millions d'habitants. Là encore, ça grimpe, mais doucement. Croisement intéressant : Que ce soit sous le soleil de Barcelone ou dans les ruelles de Rome, on grimpe un peu partout… mais toujours pas aussi vite qu'en France. Qui aurait cru que les Italiens se contenteraient de siroter un espresso au pied des murs ? 3. Et l’Allemagne dans tout ça ? Chiffres clés : 340 salles pour 84,48 millions d’habitants, soit une salle pour 248 000 personnes. Analyse : Avec l’un des meilleurs ratios en Europe, l’Allemagne grimpe haut. Les salles comme Boulderwelt, véritables temples de l’efficacité et du design, montrent que la grimpe peut être un business bien structuré. Ici, pas de place pour l’improvisation : le marché est dense, compétitif, mais reste un modèle à suivre pour les voisins européens. 3. Les États-Unis : beaucoup de murs, mais trop d'espace Chiffres : 561 salles pour 334,9 millions d'habitants. À première vue, les Américains ont tout pour être les kings du grimper… sauf la densité. Une salle pour 597 000 habitants, c’est comme chercher une prise dans un désert de grattons. Analyse : On les excuse, le pays est grand comme trois fois l’Europe, et ils ont encore du mal à remplir tous ces espaces entre deux Walmart. 4. Chine : dragon qui dort ou qui s'éveille ? Chiffres : 626 salles en 2023, avec une prévision de 899 d’ici 2025. Population ? Juste 1,411 milliard d’habitants. Ratio ? Une salle pour 1,57 million de Chinois. Analyse : Ça s’emballe, mais ça reste un peu lent. La Chine se prépare, mais elle n’est pas encore prête à détrôner personne sur le podium des grimpeurs. Patience, l’Empire du Milieu grimpe doucement, mais sûrement. 5. Australie : du bout du monde, mais pas des murs Chiffres : 104 salles pour 26,64 millions d’habitants. Une salle pour 256 000 habitants. Petit mais costaud, comme un kangourou sur les prises. Analyse : Les Aussies ne sont pas en reste. Certes, ils ont moins de salles, mais pour un pays où il y a plus de déserts que de falaises, c’est plutôt pas mal ! 6. Qui gagne le concours de la densité ? Top 3 : Allemagne, France, Espagne. Si l'Allemagne affiche un léger avantage avec le meilleur ratio, la France n’est pas en reste et joue les avant-gardistes grâce à ses salles qui se diversifient et attirent toujours plus de grimpeurs urbains. Au final, la compétition entre salles d’escalade ne se joue pas seulement sur le nombre de murs, mais sur leur rentabilité . En France, le marché semble bien rodé, mais avec une expansion rapide et une densité déjà élevée, la bataille se déplace sur la diversification des offres et la fidélisation des grimpeurs. Investir dans des services annexes, optimiser les coûts d’exploitation et innover pour attirer une clientèle toujours plus large seront les clés pour rester au sommet dans un secteur où les places, tout comme les marges, sont limitées. Pour approfondir ces analyses et découvrir des contenus dédiés aux professionnels de l’escalade, rendez-vous sur www.vertigemedia.fr/pro , votre espace exclusif pour tout savoir sur le marché de l’escalade.
- Gentrification de la grimpe : la nouvelle voie CSP+
Alors que la discipline connaît une hype sans précédent, une seule et même catégorie de population semble envahir les salles de grimpe : urbaine, aisée et hyper-connectée. Alors, l’escalade s’est-elle gentrifiée ? Décryptage entre bières artisanales, polaires Patagonia et deux sociologues. © Piet pour Vertige Media Il suffit d’enchaîner quelques sessions de bloc pour s’en rendre compte. À l’échauffement ou entre deux runs, on surprend désormais à coup sûr une conversation sur la dernière levée de fonds de la start-up en vogue , les récentes innovations d’Apple ou le rythme zinzin des cabinets de conseils. Dans certaines enceintes parisiennes, c’est même l’aménagement de l’espace et les services proposés qui frappent . Suffisamment en tout cas pour étonner Alexandre, féru d’escalade depuis le plus jeune âge : « On coupe la musique pour ne pas déranger les gens qui télétravaillent maintenant, lâche-t-il. Dans certaines salles, on trouve même des boxes isolantes pour passer des appels professionnels. C’est à se demander si l’on est dans une salle d’escalade ou un espace de coworking ». AirPods, plante verte et mousqueton On pourrait se demander si Alexandre apprécie l’offre de restauration digne d’un resto bistronomique, la crème hydratante haut de gamme en libre accès ou les alcôves qui diffusent des podcasts d’aventure. Mais il suffit de s’arrêter à son témoignage pour constater que l’escalade en France se situe désormais loin de l’ambiance hippie des années 70 , décrite dans le célèbre documentaire Valley Uprising (2014). Mais au-delà des rapides observations, la grimpe est-elle vraiment devenue tendance ? Ou pour le dire autrement, l’escalade connaît-elle un processus de gentrification ? « Ce qui est certain, c’est que ce sport a connu un effet d’offre , pose Olivier Aubel, grimpeur et sociologue du sport. En clair, les nombreuses ouvertures de salles ont provoqué une explosion du nombre de grimpeurs ces dernières années ». À la faveur d’une grande enquête sur la typologie des grimpeurs réalisée en 2020, le chercheur est parvenu à repérer une catégorie socio-professionnelle spécifique en salle d’escalade . « On a remarqué que p a rmi les adeptes du bloc notamment, on trouve une part importante de cadres supérieurs à haute responsabilité et de grimpeurs déclarant un revenu mensuel supérieur à 5 000 euros par mois », détaille Olivier Aubel « On a remarqué que parmi les adeptes du bloc notamment, on trouve une part importante de cadres supérieurs à haute responsabilité et de grimpeurs déclarant un revenu mensuel supérieur à 5 000 euros par mois » Si l’affluence de ce type de public trouve une origine sociologique, elle est aussi confirmée par quelques hommes de terrain comme Henri d'Anterroches, cofondateur du groupe Climbing District , qui compte 6 salles d’escalade à Paris et en banlieue proche, reconnaît que « parmi nos abonnés, beaucoup viennent de grandes entreprises ou de cabinets de conseil. Ils sont aussi nombreux à venir de la tech, des start-ups, et on compte pas mal d’ingénieurs ». L’entrepreneur précise aussi que cette population correspond à une population parisienne : urbaine, aisée et très connectée . « Quand on est à Paris, on a des Parisiens, et une population à l’image de la ville », plaque-t-il. L’argument suffit-il pour autant à expliquer l’engouement des CSP+ autour de l’escalade en ville que d’aucuns décrivent comme sans précédent ? Pas vraiment. En tout cas, pas assez pour Jean-Laurent Cassely, ancien journaliste et fondateur de Maison Cassely, bureau de tendances spécialisé dans le décryptage des modes de vie et des questions de territoire. Selon lui, la discipline bénéficie surtout, et indéniablement, d’une revalorisation auprès d’une nouvelle génération de citadins . « Une revalorisation qui est liée au besoin des urbains de se reconnecter à la nature, ce qui est encore plus vrai depuis le Covid-19, estime l’essayiste . De la plante verte installée sur son balcon au port de vêtements techniques en ville, il y a une sorte d’obsession pour tout ce qui concerne la nature et la montagne. L’escalade, y compris indoor et en milieu urbain, profite à mon sens de cet engouement ». C’est aussi cette volonté de reconnexion à la nature qui expliquerait les succès grandissants du trail, de la randonnée ou encore l’alpinisme . « Le raz-de-marée Inoxtag suite à la sortie du documentaire sur son ascension de l’Everest en est le dernier indiscutable exemple » relève M. Cassely. Le spécialiste des modes de vie mentionne également le côté pratique des salles d’escalade, dont la souplesse arrange particulièrement le public de cadres supérieurs . En effet, les salles accueillent désormais des grimpeurs à toute heure de la journée, seuls ou en groupe et sans réservation. Pour Jean-Laurent Cassely, c’est une caractéristique assez unique qui « fait de l’escalade un sport totalement aligné avec l’évolution des usages des salariés, notamment ceux qui sont maîtres de leur emploi du temps, en télétravail ou des indépendants ». « Les nouvelles salles se sont adaptées à ce public en envoyant des signaux comme les espaces de coworking, les bières de microbrasseries, et toute une communication très similaire à ce qu’on retrouve dans les cabinets ou les start-ups » Troisième explication, qui découle des deux premières : « Les nouvelles salles se sont adaptées à ce public en envoyant des signaux comme les espaces de coworking, les bières de microbrasseries, et toute une communication très similaire à ce qu’on retrouve dans les cabinets ou les start-ups », explique “l’ethnologue urbain”. L’accueil proposé dans les salles de bloc, inspiré des pratiques de l'hôtellerie, renforce encore davantage ce ciblage conscient ou inconscient de catégories socio-professionnelles élevées . « Il y a une similarité culturelle qui touche particulièrement ces populations. Ce sont des codes qui créent une sensation familière avec ce que l’on reconnaît dans les restaurants lifestyle ou les espaces de coworkings traditionnels qu’ils fréquentent », explique Jean-Laurent Cassely. D’autant plus qu’ils font de la salle d’escalade un espace de substitution au bar à bière tendance, par son aspect fondamentalement social favorisant les rencontres ou les moments d’échange, au pied des murs ou autour du bar. La glamourisation de l’escalade Si l’on peut donc penser à première vue que l’escalade se gentrifie, Jean-Laurent Cassely préfère parler de « glamourisation », dans le sens d’une revalorisation de son image et de l’appropriation des codes de la grimpe par les classes sociales élevées . « Cela fait écho à un processus similaire que l’on retrouve dans la mode, avec les salariés de la Silicon Valley ou du secteur de la French Tech qui portent au bureau des doudounes Patagonia et des chaussures Salomon. Cette tendance a même un nom, le gorpcore, “gorp” signifiant le mélange de fruits secs consommé par les randonneurs, ça ne s’invente pas ! ». « Cela fait écho à un processus similaire que l’on retrouve dans la mode, avec les salariés de la Silicon Valley ou du secteur de la French Tech qui portent au bureau des doudounes Patagonia et des chaussures Salomon » Pour autant, difficile d’utiliser le terme de gentrification, dont la principale condition pour être employé est le remplacement d’une classe populaire par une classe aisée, ce qui n’est pas vraiment le cas de l’escalade, comme l’explique Olivier Aubel, le sociologue de sport. « L’escalade a toujours été une activité pratiquée par un public au capital culturel et économique élevé. Les grimpeurs ont souvent fait des études supérieures et disposent de revenus plus élevés que la moyenne de la population ». Et ce, depuis des décennies, malgré un certain imaginaire collectif qui colle à la discipline et qui voudrait que les grimpeurs soient des vagabonds sans argent, vivant d’amour et d’eau fraîche au pied des falaises. Par ailleurs, la barrière à l’entrée qui peut se dresser face autres catégories socio-professionnelles est d’abord culturelle, avant d’être financière. Il est vrai que pratiquer l’escalade demande un certain coût, mais cela reste largement en deçà de celui du golf ou d’autres sports réputés élitistes. En revanche, en démontrant qu’elles maîtrisent parfaitement les codes culturels d’une population citadine connectée, diplômée et mobile , les salles parviennent à capter plus facilement ce groupe social souvent associé aux CSP+. Des noeuds au cerveau Le succès de l’escalade au sein de cette population tient également à une caractéristique propre à sa nature et reconnue par bon nombre de pratiquants : son côté cérébral. Une sorte de casse-tête mêlant habileté physique et propension à la prise de décision, ce qui attire en particulier les diplômés ou « ceux qui voient en la grimpe une manière de se muscler intelligemment », ajoute Jean-Laurent Cassely. Parmi ceux-là, des ingénieurs, des architectes, des consultants seniors, mais aussi des profils au revenu moins élevé comme les enseignants. D’autres catégories, plus créatives, émergent aussi selon Henri d’Anterroches. « Des artistes, des gens travaillant dans la mode ou le graphisme … ». Tout une panoplie de personnalités séduites par l’aspect plus élaboré et donc valorisant l’escalade par rapport à d’autres sports de salle comme la musculation. En outre, si les cadres à haute responsabilité se démarquent par leur nombre au sein de la communauté des grimpeurs, c’est aussi parce qu’ils se retrouvent davantage que les autres dans l’escalade moderne et autonome que proposent aujourd’hui les salles . À l’image des auto-enrouleurs, qui permettent de s’assurer seul, la prévisibilité, l’efficience et le contrôle sont autant d’éléments qui leurs permettent de prendre leurs marques et s’épanouir rapidement dans cette discipline . « Cela correspond à ce qu’ils recherchent aussi dans leur métier , continue Olivier Aubel. Le côté performance et le fait de se voir progresser rapidement attise encore plus leur attrait pour l’escalade ». Sur ce point, le sociologue et Jean-Laurent Cassely se rejoignent, ce dernier désignant souvent le bloc comme « la nouvelle salle de gym ». Finalement, le décalage ressenti en découvrant l’ambiance des salles qui mêle l’escalade au coworking, à la bistronomie ou encore à la mode, traduit avant tout la spécificité de ce sport, à la croisée de plusieurs modes de vie . « Traditionnellement, les sports collectifs sont plus populaires et les sports individuels plus bourgeois, rappelle Jean-Laurent Cassely. L’escalade, un sport individuel qui se pratique à plusieurs et qui implique de l’entraide, de la transmission, se trouve entre les deux. Ce qui en fait une activité assez unique ». Et difficile à représenter.
- L'escalade : Un outil de dépassement de soi et de gestion de la peur
Celles et ceux qui pratiquent l'escalade depuis quelques mois ou depuis plusieurs années le savent : la peur est omniprésente dans le cadre de cette pratique sportive . Un élément avec lequel il faut apprendre à composer et qui pour la majorité des grimpeuses et grimpeurs fait même partie intégrante de l'intérêt qu'ils trouvent à cette pratique . L'escalade est une discipline qui exige autant de force mentale que physique, et qui peut être un puissant outil de dépassement de soi et de gestion de la peur. © David Pillet La confrontation à la peur La peur est une émotion primaire, profondément ancrée dans notre instinct de survie. Elle se manifeste souvent lors des premières expériences d'escalade, lorsque l'on se retrouve face à une paroi imposante. La peur de tomber, de se blesser ou de ne pas réussir est omniprésente. Cependant, cette confrontation directe avec la peur est une des premières étapes du processus de dépassement de soi . En escalade, chaque mouvement, chaque prise est une opportunité de confronter et de surmonter ces peurs. L'apprentissage de l'escalade commence par la compréhension et la gestion de la peur. Les grimpeuses et grimpeurs apprennent à identifier leurs peurs, à les analyser et à développer des stratégies pour les gérer . Cela peut inclure des techniques de respiration, des visualisations positives, la pratique de mouvements spécifiques ou la systématisation de la pratique de la chute. Le dépassement de soi Le dépassement de soi en escalade est un processus progressif. Il ne s'agit pas seulement de monter plus haut ou de grimper des voies plus difficiles, mais aussi de repousser ses propres limites mentales et émotionnelles . L'escalade demande une concentration intense, une planification minutieuse et une capacité à rester calme sous pression. Chaque ascension réussie, chaque prise difficile maîtrisée, renforce la confiance en soi et la résilience. Le processus de dépassement de soi en escalade peut être décomposé en plusieurs étapes clés : Se fixer des objectifs réalistes : Il est important de se fixer des objectifs atteignables et de progresser graduellement. Chaque objectif atteint renforce la confiance en soi et prépare à affronter des défis plus grands. Développer des compétences techniques : La maîtrise des techniques d'escalade est essentielle pour progresser. Cela inclut la compréhension des mouvements, l'utilisation de l'équipement et la connaissance des différentes prises. Cultiver la résilience mentale : L'escalade est un excellent moyen de développer la résilience mentale. Les grimpeuses et grimpeurs apprennent à faire face aux échecs, à persévérer malgré les difficultés et à rester motivés même lorsque les progrès sont lents. L'impact psychologique positif L'escalade a de nombreux bienfaits psychologiques. Elle peut aider à réduire le stress, à améliorer la concentration et à augmenter la confiance en soi. Le sentiment d'accomplissement qui accompagne chaque ascension réussie a un effet profond sur l'estime de soi. En outre, l'escalade encourage une attitude de persévérance et de détermination, des qualités qui peuvent être transférées à d'autres domaines de la vie . La communauté Un autre aspect important de l'escalade est sa communauté. Les grimpeuses et grimpeurs forment souvent des liens étroits basés sur la confiance et le soutien mutuel. L'encouragement des pairs peut être une source importante de motivation et de réconfort, surtout lors des moments de doute ou de peur. L'escalade peut être une méthode puissante de développement personnel, de dépassement de soi et de gestion de la peur. En confrontant directement leurs peurs et en repoussant leurs limites, les grimpeuses et grimpeurs apprennent à mieux se connaître et à développer une résilience mentale qui peut les aider dans tous les aspects de leur vie. Pour celles et ceux qui cherchent à se dépasser et à gérer leurs peurs de manière constructive, l'escalade offre un chemin profondément transformateur.
- Silence, on grimpe ! Les festivals de films de montagne face au défi de l’accessibilité
Imaginez un instant. Vous êtes passionné de montagne, le genre à frissonner devant des images de grimpeurs suspendus au-dessus du vide, ou à rêver d’expéditions improbables dans des contrées reculées. Mais chaque fois que vous entrez dans une salle de projection, une barrière invisible s’élève : le silence. Pas celui des cimes enneigées, mais celui d’un sous-titrage absent. Une expérience partielle, frustrante. Voilà le quotidien de 6 millions de Français sourds et malentendants, largement exclus des festivals de films de montagne et d’aventure . © Sandrine Chiarena En 2024, le constat est sans appel : seulement 13 % des films projetés dans ces événements étaient sous-titrés . Un chiffre maigrelet qui grince aux oreilles de la loi du 11 février 2005 , censée garantir l’égalité d’accès aux lieux publics. À l’origine de cette sonnette d’alarme, le collectif Silence, on grimpe ! , fondé par Arnaud Guillemot, sourd profond de naissance et militant engagé. Une prise de conscience en altitude En 2022, le bilan était encore plus accablant : aucun des 40 festivals répertoriés n’intégrait de sous-titres à leurs films en français. Il aura fallu deux ans de sensibilisation acharnée pour que certains festivals commencent à grimper – timidement – sur la corde de l’inclusion . En 2024, 12 événements ont pris des mesures. Un progrès certes, mais qui reste largement insuffisant. « Depuis 2023, quelques festivals ont su se mobiliser pour élargir leurs publics, mais ce n’est plus acceptable que la majorité reste inaccessible », martèle Arnaud Guillemot. Malgré des avancées, la communication des festivals pêche par un manque de clarté. 75 % des événements ne mentionnent pas ou insuffisamment les films accessibles sur leurs supports : pas de logo VFST, pas de mention explicite. Résultat ? Un public méfiant qui ne se déplace tout simplement pas. © Delphine Danielou Des montagnes à gravir pour 2025 Si certains festivals continuent de jouer les Saint-Bernard endormis, d’autres montrent la voie. Femmes en Montagne , par exemple, a fait figure de pionnier en 2024 en proposant des interprètes en Langue des Signes Française (LSF) pour tous ses débats . Un coup de piolet salué par le collectif, mais qui reste isolé. En réponse à une lettre ouverte publiée à l’automne dernier, une dizaine d’organisateurs ont annoncé des actions concrètes dès cette année : sous-titrage intégral des films, mentions claires sur les affiches, et même des expérimentations sur la transcription en direct des échanges. Ces mesures pourraient enfin donner un écho aux voix oubliées. « Lorsque l’environnement est adapté, le handicap n’existe plus », rappelle sobrement un membre de Silence, on grimpe ! Une inclusion encore trop discrète Au-delà des chiffres, l’enjeu est culturel. Rendre les festivals accessibles, c e n’est pas seulement une obligation légale, c’est une question de respect et d’enrichissement collectif . Les films de montagne célèbrent l’exploration, l’audace, le dépassement de soi. Ironie du sort, ces valeurs semblent s’arrêter à la porte des salles de projection. Tant que l’inclusion ne sera pas une évidence, des millions de passionnés resteront sur la touche, privés d’une expérience qui devrait pourtant leur appartenir. Peut-être est-il temps que les festivals, si prompts à raconter des histoires de sommets gravis, se lancent dans leur propre ascension : celle d’une véritable accessibilité. © Sandrine Chiarena Silence, on grimpe !, mais cette fois pour tous 2025 pourrait marquer un tournant. Avec des engagements en hausse et une prise de conscience plus affirmée, l’espoir est permis. Mais comme le rappelle Arnaud Guillemot, le chemin est encore long. « Nous sommes là pour accompagner les festivals, mais il est temps que les promesses se traduisent en actes. » Une invitation à grimper ensemble, sans laisser personne au pied de la falaise. Alors, festivals de films de montagne, prêt(e)s à vous hisser vers de nouveaux horizons ?
- Les gagnants des Trophées de la Verticalité sont...
Ce samedi 11 janvier, une foule dense et curieuse s’est amassée autour du podium du Salon de l’Escalade . Au programme : la remise des Trophées de la Verticalité , nouvelle initiative destinée à récompenser celles et ceux qui, avec leurs idées bien accrochées, redéfinissent les contours de l’escalade. Dans un milieu où chaque prise compte, ces quatre distinctions – Écologie, Contenu, Inclusion et Innovation – ne sont pas de simples médailles en chocolat. Elles saluent des projets ambitieux, des visions inspirantes, et surtout, des gens qui grimpent là où d’autres hésitent encore . Et pour remettre ces prix, un jury aussi divers que pertinent : Laury-Anne Cholez (Reporterre), Florine Leplatre (FSGT), Noémie Le Govic (Suunto) et… votre humble serviteur, rédacteur en chef de Vertige Media. Bref, ça sentait le magnésium intellectuel. © Salon de l'Escalade OneTopo : le topo 2.0 décroche le Trophée Innovation On l’a tous vécu : le topo papier. Cet objet à mi-chemin entre le Graal et la relique encombrante. On l’adore, jusqu’au jour où il manque une page, où il disparaît dans la poussière de la bagnole, ou pire… où il est obsolète. OneTopo , c’est tout l’inverse : géolocalisé, toujours à jour, éthique, et pensé pour redistribuer ses gains aux acteurs locaux . Avec OneTopo, plus besoin de partir à l’aveugle sur une falaise inconnue ou de se demander si cette voie est bien une 6c+ ou juste une mauvaise blague. En bref, c’est le topo réinventé pour une génération qui swipe plus qu’elle ne tourne des pages. The Roof Rennes : l’inclusion, mais pas par-dessus la jambe À The Roof Rennes , on ne grimpe pas seulement pour la perf’. Ici, l’escalade est un prétexte à autre chose : casser les codes, ouvrir des voies au sens propre comme au figuré, et faire tomber quelques barrières bien solides. On commence par l’égalité femme-homme : des ouvreuses aux commandes, des compétitions sans interférences patriarcales (oui, ça existe), et des formats qui renversent les conventions. Mais ce n’est qu’une prise parmi d’autres. Deux fois par semaine, la salle coupe la musique et baisse la lumière pour accueillir des personnes à haute sensibilité sensorielle. On y croise aussi des grimpeurs en situation de handicap, des initiatives pour les plus précaires (douches, café, escalade), et des événements para-climbing qui mettent tout le monde sur un pied d’égalité. Ici, l’inclusion n’est pas une belle promesse : c’est une routine. Andrea : un camion, trois vies, et une philosophie Nina Caprez, Jérémy Bernard et leur fille n’ont pas choisi la voie facile – et c’est tant mieux. À bord de leur camion Andrea , ils sillonnent des régions perdues pour partager leur passion. Avec un pan d’escalade amovible, ils proposent un spectacle itinérant qui mêle sport, exploration, et engagement . Andrea, c’est plus qu’un projet : c’est une manière de vivre. Une invitation à se reconnecter à l’essentiel, là où la falaise devient un lieu de rencontre, et le sport, un prétexte pour raconter des histoires qui touchent. Uppossible : l’écologie en mouvement Quand Eline Le Menestrel parle de développement durable, elle le fait en pédalant. Avec son collectif Uppossible, elle parcourt l’Europe à vélo pour promouvoir une escalade écoresponsable . Des spectacles itinérants, des ateliers, et une volonté farouche de prouver qu’une pratique respectueuse de la planète est à la portée de tous. L’idée ? Chaque grimpeur peut contribuer, à son échelle, à limiter son impact. Parce qu’après tout, qu’est-ce qu’un projet impossible si ce n’est une idée qui attend qu’on y croit ? En récompensant ces projets, les Trophées de la Verticalité montrent que l’escalade peut être une source d’inspiration, un levier de changement. Et si cette première édition marque un pas décisif, elle nous rappelle aussi qu’à l’heure où certains grimpeurs cherchent encore leur voie, d’autres la tracent pour eux.