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- Arkose Pop Corn : de la grimpe, du ciné et une bonne dose d’adrénaline
Les chaussons bien ajustés, le popcorn en embuscade : bienvenue à Arkose Pop Corn . Le 15 mars, Arkose inaugure son tout premier festival mêlant escalade et cinéma à Issy-les-Moulineaux . Une soirée où les prises s’enchaînent aussi bien sur le mur que sur grand écran. Au programme : des grimpeurs de haut vol à rencontrer sur les tapis, des films qui filent des frissons, et une ambiance qui risque de vous happer plus sûrement que l'algorithme de TikTok à 2h du mat’. Du beau monde sur les tapis Dès 16h, Arkose Issy se transforme en aire de jeu pour une session de grimpe en présence de figures incontournables de la communauté . Des grimpeurs qu’on ne présente plus… mais qu’on va quand même présenter. Mejdi Schalck : vice-champion du monde de bloc 2023, jeune prodige qui ne cesse de grimper – au propre comme au figuré. Solenne Piret : quadruple championne du monde de para-escalade, dont chaque mouvement respire la fluidité et l’engagement. Caroline Sinno : grimpeuse engagée de haut niveau, que l’on croise à Fontainebleau toute l’année, qu’il fasse 30° ou que les crash-pads gèlent sur place. Caroline Ciavaldini : ex-membre de l’équipe de France et spécialiste du trad, elle trace sa propre voie dans l’escalade, loin des sentiers battus. Autant dire que ça vaut le coup de venir chaussons aux pieds. D’autant plus que nous avons eu l’occasion d’échanger à plusieurs reprises avec Caroline Sinno et Caroline Ciavaldini , et on vous le dit sans détour : prenez le temps de les rencontrer, ça pourrait bien changer votre manière de grimper et d’appréhender l’escalade. Des films qui envoient du gros Quand la magnésie retombe, place aux projections. À 19h, la salle de projection du Palais des Sports située à 50 mètres devient le camp de base d’un cinéma 100 % grimpe . Loin des blockbusters hollywoodiens, ici c’est du brut, du vrai, du vertical. "Highball" – Caroline Sinno : quand dompter sa peur devient un art en soi. Un film qui sent bon le grès et l’engagement, avec Fontainebleau en toile de fond. "Kindness" – Caroline Ciavaldini : comment jongler entre maternité et escalade sans faire de compromis. "Es Pontas" – Mejdi Schalck : l’ascension d’un mythe en psicobloc, avec l’eau comme seul filet de sécurité. "Resistance Climbing" : l’escalade en Palestine, plus qu’un sport, un acte de résistance. Chaque film sera suivi d’un échange avec les grimpeurs , histoire d’entrer dans les coulisses de ces histoires qui donnent des fourmis dans les doigts et des envies de grès bien abrasif. Et après ? On grimpe ou on danse ? Pas question de plier crash-pad après la dernière projection. À 21h, la fête continue avec My Sweat Fab aux platines . DJ et producteur, il envoie des sets électrisants où house, bass music et beats percussifs se mêlent pour prolonger la soirée en musique. Et bonne nouvelle : on pourra continuer à grimper tout en profitant du son. Pour ne pas perdre trop d’énergie entre deux blocs ou deux pas de danse, le billet inclut un pack popcorn et une boisson. Parce que même les meilleurs grimpeurs ont besoin d’un ravito. Infos pratiques 📍 Lieu : Arkose Issy-les-Moulineaux (Issy Bloc + Palais des Sports) 📅 Date : 15 mars à partir de 16h 🎟 Billetterie : Arkose Pop Corn Avec le soutien d'Arkose
- Free Solo à l'anglaise : quand Big Ben devient le théâtre d'une ascension engagée
Londres, 8 mars 2025. L’aube est encore pâle sur Westminster quand un homme décide de s’offrir un réveil musclé : escalader Big Ben en free solo, le tout en brandissant un drapeau palestinien . Pas de baudrier, pas de corde, juste un manteau noir, une casquette vissée sur la tête et un keffieh en étendard. Une ascension aux allures de manifeste, qui va tenir la police en haleine et le public en émoi. Big Ben : solo intégral, full symbolique Il est 7h24 quand la Metropolitan Police reçoit l’alerte : un homme est en train de grimper la Tour Elizabeth, l’édifice qui abrite l’horloge la plus célèbre du monde. Sous ses pieds, pas de granite parfait ni de lignes sculptées par le temps, mais la façade néo-gothique du Parlement britannique , avec ses arêtes tranchantes et ses prises douteuses. Très vite, des images commencent à circuler sur les réseaux sociaux. On y voit l’homme progresser avec une assurance qui évoque les grimpeurs les plus audacieux – sauf que lui, il ne vise pas la cotation, mais la visibilité. Brandissant son drapeau palestinien, il transforme Big Ben en panneau publicitaire géant pour une cause qui secoue la planète . En bas, la foule se masse, et le soutien fuse : « Free Palestine ! » L’intéressé, perché à plusieurs dizaines de mètres du sol, ne semble pas pressé de redescendre. « Si vous vous approchez, je vais grimper encore plus haut », prévient-il, ajoutant au spectacle une touche de suspense. Un Hans Solo engagé, sans Millennium Falcon, mais avec une corniche comme siège de fortune. Une descente plus longue que prévu Les autorités ne tardent pas à déployer l’artillerie lourde. Pompiers, police, négociateurs : tout ce beau monde tente de le raisonner. Des nacelles sont envoyées pour lui parler, mais il campe sur sa position, tandis que la nuit tombe et que les températures dégringolent. On s’inquiète pour sa santé, d’autant que des témoins affirment voir du sang sur ses vêtements. Une blessure ? Un simple effet de lumière ? Impossible à dire. Finalement, après plus de 16 heures de siège vertical, il accepte l’offre de redescente assistée. Une nacelle l’embarque, direction le sol, où les policiers l’attendent de pied ferme. Quelques instants plus tard, l’annonce tombe : il est officiellement en état d’arrestation. Une sécurité en roue libre Au-delà du coup d’éclat, l’incident soulève une question autrement plus embarrassante pour le Parlement britannique : comment un individu a-t-il pu, sans trop de difficultés, escalader l’un des bâtiments les plus surveillés du pays ? Des vidéos montrent qu’il lui a suffi de franchir une clôture pour entamer son ascension, sans qu’aucun agent de sécurité ne l’intercepte. Dans une ère où le moindre drone suspect déclenche des protocoles anti-terroristes, voir un homme grimper un monument iconique sans entrave fait un peu désordre. Un porte-parole du Parlement s’est fendu d’un sobre « nous évaluons l’incident », manière élégante de dire « on s’est fait surprendre, mais on préfère ne pas trop l’ébruiter ». Free solo, free speech ? L’acte n’est pas sans précédent. En 2019, un militant d’Extinction Rebellion , grimé en Boris Johnson, s’était déjà offert un tour de Big Ben pour alerter sur l’urgence climatique. Cette fois encore, l’escalade a pris une tournure politique, en s’ancrant dans la vague de manifestations pro-palestiniennes qui secouent le Royaume-Uni et l’Europe depuis des mois . L’homme de Big Ben a-t-il réussi son coup ? Si son objectif était de faire parler, alors oui. S’il voulait réveiller les consciences, la question reste ouverte. Ce qui est certain, c’est qu’il a mis en lumière une faille de sécurité embarrassante, tout en rappelant que l’escalade, qu’elle soit sportive ou militante, reste une affaire de prise de risque. Et dans ce registre, lui aussi vient d’entrer dans l’histoire.
- Coupe du Monde IFSC 2025 : nouveau barème, nouveaux formats, nouvelle ère ?
La saison 2025 de la Coupe du Monde d’escalade va secouer les habitudes. L’IFSC a sorti son carnet de route et, au menu, quelques ajustements qui risquent de faire jaser. Nouvelle notation, remaniement des finales, recalibrage des demi-finales : l’ère du scratch et des tops à l’ancienne prend un petit coup de polish. Avec, en arrière-plan, une volonté affichée de rendre la discipline plus compréhensible, plus accessible, et— coïncidence ou pas —plus télégénique. Tour d’horizon des changements à venir. © David Pillet Bloc : Plus de monde, plus de points, moins de suspense ? D’abord, les demi-finales en bloc passent de 20 à 24 grimpeurs . Une réforme qui donne un peu plus d’air aux qualifications et ouvre la porte à quelques outsiders. L’argument officiel ? "Augmenter la diversité des nations représentées en finale." En coulisses, on comprend aussi que ça sert à équilibrer les formats avec la difficulté, qui alignera également 24 grimpeurs en demi-finale. Ensuite, les finales en bloc passent de 6 à 8 compétiteurs . Une harmonisation avec la difficulté qui n’a rien d’anecdotique : ça signifie plus de spectacle, mais aussi plus de chances pour les grimpeurs de s’incruster au sommet du tableau. Et plus d’athlètes en finale, c’est aussi plus de caméras qui s’agitent et plus de stories Instagram sur la diversité du circuit. Mais le gros morceau, c’est le changement radical du système de notation . Exit le décompte de tops, zones et essais façon vieille école. Désormais, place aux points, comme aux JO : 25 points pour un top 10 points pour une zone -0,1 point par essai supplémentaire Un flash, et c’est jackpot. Une grimpe propre et efficace permet de maximiser son score. Une grimpe hésitante, au contraire, ronge les points. Fini les tiebreaks alambiqués où l’on comptait les tentatives sur les zones, puis les tops, puis les zones à nouveau, puis la position du soleil à midi . Avec ce système, le classement devrait être limpide. Trop limpide ? La question que pose ce barème, c’est la place du suspense. La grimpe, ce n’est pas du patinage artistique, on ne donne pas des notes sur un enchaînement mais on compte des réussites. Là, on transforme une réussite en un score progressif, qui pourrait lisser les écarts entre les compétiteurs. Si un grimpeur s’arrache pour sortir un bloc difficile au bout de cinq essais, il marque 24,5 points. Celui qui le sort au premier en prend 25. Une demi-punition pour l’effort, une demi-récompense pour la persévérance. Reste à voir si ça tiendra la route en conditions réelles. Finales en bloc : un tapis roulant de grimpeurs Autre évolution, et pas des moindres : le format des finales change . Finie la procession solitaire où chaque athlète venait s’offrir sa parenthèse sous les projecteurs. Désormais, plusieurs grimpeurs évolueront simultanément sur scène . L’idée est simple : fluidifier le spectacle, éviter les temps morts, et "assurer un flux d’action continu" , dixit l’IFSC. Seuls le premier et le dernier grimpeur bénéficieront encore d’un passage individuel. Sur le papier, ça évite ces longues minutes de silence où l’on attend que le grimpeur suivant vienne se jeter sur le bloc. Dans la pratique, c’est une mini-révolution : les spectateurs sur place devront jongler entre plusieurs essais simultanés, et le livestream deviendra un ping-pong de plans serrés sur des grimpeurs en lutte . Un format à la "qualif", qui risque de diviser les puristes. Car si tout le monde grimpe en même temps, la tension d’un mano a mano sur le dernier bloc risque de disparaître. Pour l’instant, personne ne sait si ce sera un coup de génie ou un bordel visuel. Difficulté : Moins de place en demi, toujours autant en finale En parallèle, la discipline de la difficulté subit un petit régime minceur . Les demi-finales passent de 26 à 24 grimpeurs, sans qu’on sache très bien pourquoi (hormis l’alignement avec le bloc). Une coupe marginale, mais qui pourrait avoir son importance en fin de saison, là où les places en demi se jouent souvent à une prise près. En revanche, les finales ne bougent pas : on garde 8 grimpeurs et grimpeuses sur la voie ultime , comme d’habitude. Un statu quo qui montre que la difficulté a moins besoin de coups de peinture pour séduire. Un calendrier 2025 sous haute surveillance Toutes ces nouveautés seront mises à l’épreuve dès le 18 avril à Keqiao, en Chine , première étape d’une saison qui s’étendra jusqu’en septembre . Un crash-test grandeur nature pour voir si ces ajustements rendent effectivement la compétition plus fluide, plus claire et plus intense. Car au fond, ces réformes traduisent une ambition claire de l’IFSC : rendre l’escalade compétitive plus digeste pour les spectateurs extérieurs . Avec l’essor des JO, l’objectif est de simplifier les formats, harmoniser les disciplines et fluidifier les retransmissions . Quitte à perdre un peu du chaos organique qui faisait le sel des compétitions ? Les puristes grinceront des dents, les stratèges s’adapteront, et les grimpeurs, comme toujours, tenteront d’écrire l’histoire, point après point.
- Cairn : l’escalade en jeu vidéo atteint un nouveau sommet
Il y a presque un an, on vous parlait déjà de Cairn . À l’époque, c’était encore une silhouette dans la brume, une promesse d’ascension sans itinéraire défini. On savait juste que The Game Bakers , les artisans de Furi et Haven , travaillaient sur un jeu d’escalade qui voulait faire les choses autrement. Un an plus tard, l’horizon s’éclaircit : une démo est disponible, et l’expérience commence à se dévoiler . © The Game Bakers Et autant dire qu’on n’est pas sur une simple balade en falaise. Cairn ne veut pas juste être une simulation d’escalade, il veut faire ressentir ce que c’est que grimper . Avec tout ce que ça implique : l’effort, l’anticipation, l’incertitude. Loin des ascensions automatiques et des assistances invisibles, ici, chaque mouvement se joue à la main, au millimètre, avec une attention quasi obsessionnelle portée au placement du corps. Mais Cairn , ce n’est pas juste une question de prise. C’est aussi une question d’ambiance, de narration silencieuse et de survie dans un environnement qui ne vous veut ni du bien ni du mal – il est là, c’est à vous de vous en accommoder. Et si l’escalade est aussi belle dans Cairn , c’est qu’elle est passée entre les mains de Mathieu Bablet, maître en architectures impossibles et en décors vivants. Là-haut, seul.e L’histoire nous place dans la peau d’Aava, une grimpeuse dont la mission est simple sur le papier : atteindre un sommet encore jamais conquis. Mais ici, pas question d’avancer sans réfléchir. Cairn fait partie de ces jeux qui exigent de comprendre leur logique avant de pouvoir avancer . Chaque main, chaque pied doit être positionné à la main, en tenant compte de l’équilibre du corps et de la fatigue qui s’accumule. L’énergie n’est pas infinie, et la moindre erreur coûte cher. Chuter, ce n’est pas juste recommencer, c’est sentir que l’on a mal joué, que l’on a surestimé son endurance, sous-estimé une prise. © The Game Bakers Mais ce n’est pas tout : Cairn va plus loin en intégrant des mécaniques de survie . Parce que grimper, c’est aussi gérer son corps. Faim, soif, température corporelle… il faut composer avec ces paramètres sous peine de ne jamais voir le sommet. Ramasser des plantes, trouver de l’eau, économiser ses forces deviennent des enjeux aussi cruciaux que le placement des mains. Et quand la fatigue devient trop grande, il faut bivouaquer. Chercher un endroit sûr, monter sa tente, cuisiner ce qu’on a pu trouver, réparer son équipement. Un moment de répit avant de repartir vers l’inconnu, un dernier regard vers ce qui reste à gravir. L’empreinte de Mathieu Bablet S’il y a bien une chose qui distingue immédiatement Cairn , c’est son esthétique. Et pour cause : on retrouve derrière la direction artistique Mathieu Bablet , génie de la BD qui nous a déjà offert Shangri-La , Carbone & Silicium et Adrastée . Un artiste en pleine effervescence, dont le prochain album, Silent Jenny , est attendu pour août 2025. Son style, reconnaissable entre mille, habite chaque recoin du jeu. Les montagnes ne sont pas juste des blocs de roches inertes, elles ont une présence, une aura, un poids. Les ciels, souvent immenses, oscillent entre sérénité et menace sourde. Chaque détail semble réfléchi pour faire ressentir l’environnement, plutôt que simplement l’illustrer. © The Game Bakers Mathieu Bablet n’est pas du genre à faire dans le décor figé. Dans ses BD, les villes sont des personnages à part entière, les ruines racontent des histoires, chaque ligne a du sens. Dans Cairn , cette approche donne naissance à un univers immersif, où l’on grimpe autant pour atteindre le sommet que pour comprendre ce que ce lieu a à dire . Une démo pour s’échauffer Avec cette démo , Cairn nous laisse entrevoir ce qu’il a dans le ventre. Et le verdict est clair : c’est exigeant, mais gratifiant. On passe d’abord par une phase d’apprentissage dans une salle d’escalade , histoire d’assimiler les bases, avant d’être lâché sur une vraie paroi. Une heure de jeu qui donne déjà un aperçu du rythme, de la tension, et de ce qui nous attend. Pour l’instant, l’aspect survie est encore discret, mais on sent que le jeu ne va pas se contenter d’être un simple simulateur de grimpe. Les mécaniques de gestion des ressources et du bivouac laissent entrevoir un équilibre à trouver entre l’instinct de progression et la nécessité de se préserver. La date de sortie complète reste encore floue , mais une chose est sûre : Cairn est bien parti pour être l’expérience d’escalade la plus aboutie jamais vue en jeu vidéo. © The Game Bakers Dernière prise avant le sommet Alors, Cairn , sommet ou mirage ? Difficile à dire pour l’instant, mais ce qui est certain, c’est que The Game Bakers ont pris un risque. Celui de proposer un jeu qui ne fait aucune concession, qui demande du temps, de la patience et de la réflexion . On pourrait se demander si ce parti-pris séduira un large public. Mais après tout, Cairn n’est pas là pour plaire à tout le monde. Il est là pour parler aux passionnés, aux têtus, à celles et ceux qui savent que chaque ascension est une histoire en soi. La démo a ouvert la voie. Maintenant, on attend la suite. Parce que si ce que l’on a vu jusqu’ici est représentatif de l’expérience finale, alors Cairn pourrait bien marquer un vrai tournant dans la manière dont le jeu vidéo représente l’escalade. Et rien que pour ça, on est prêt à s’accrocher.
- FFCAM : Huit ans d’ascension, avant un nouveau sommet ?
Le 15 mars 2025, la FFCAM entre dans une nouvelle ère. À Chalon-sur-Saône, lors de son assemblée générale, la fédération tournera la page d’une présidence à trois têtes . Sylvie Guérin, Rémy Mullot et Nicolas Raynaud, qui a dirigé la FFCAM pendant huit ans avant d’opter pour une gouvernance partagée en 2023, ne se représenteront pas. Un moment charnière, alors que la montagne continue de muter sous l’effet du changement climatique, de l’évolution des pratiques et des dynamiques politiques. © FFCAM En huit ans, la fédération a pris de l’ampleur : plus de licenciés, plus de clubs, plus d’actions environnementales, plus de refuges rénovés . Mais cette montée en puissance s’est faite dans un équilibre précaire, entre gestion des flux en montagne, enjeux écologiques et réformes internes. L’heure est au bilan. Une fédé qui grimpe, mais jusqu’où ? On ne pourra pas leur reprocher d’avoir laissé la FFCAM végéter. Depuis 2017, la fédération a connu une croissance nette : +22 % de licenciés (115 000 en 2024). +23 % de clubs (445 aujourd’hui). +600 % de groupes féminins (21 en 2024 contre 3 en 2016). +102 % de mineurs inscrits. Les chiffres traduisent une dynamique réelle. La FFCAM a su séduire de nouveaux pratiquants, rajeunir son public et s’ouvrir à des profils plus variés . Un développement porté par un gros travail sur l’offre : des écoles de jeunes plus nombreuses, un accès facilité aux pratiques, et une mise en avant des initiatives locales à travers un maillage renforcé des clubs et des comités régionaux. Mais plus de monde en montagne, c’est aussi plus de défis à gérer. « On est pris en tenaille entre une montagne qui s’écroule en haut et prise d’assaut par le bas », résume Nicolas Raynaud. Car si la montagne attire, elle se transforme aussi sous l’effet du réchauffement climatique. La FFCAM a dû adapter son approche : sensibilisation, formation, encadrement… tout en jonglant avec la contradiction inhérente à la popularisation des pratiques outdoor : protéger sans interdire . © Jean-François Chabert Des refuges à rénover, et vite Un des chantiers majeurs de ces deux olympiades a été la rénovation des refuges. Enjeu patrimonial, mais surtout écologique et économique. Depuis 2017, la FFCAM a mené un plan décennal ambitieux pour moderniser ses infrastructures : 8 refuges totalement rénovés, dont le Col de la Vanoise et Temple Écrins. 3 chantiers en cours (Brèche de Roland, Sancy, Arrémoulit). 5 sites en phase d’études avancées. 2 projets abandonnés. Le nerf de la guerre : rendre ces structures plus autonomes énergétiquement, réduire leur impact et les adapter à l’évolution de la fréquentation. Mais entre financements aléatoires et complexité de rénovation en site isolé, le dossier reste sensible. Pour l’instant, l’effort est tangible, mais il reste du chemin à parcourir. © Jocelyn Chavy Structuration fédérale : l’ère du professionnalisme ? La gouvernance Raynaud a aussi marqué un tournant organisationnel. Loin d’être une simple association de bénévoles passionnés, la FFCAM a consolidé son fonctionnement avec : La création d’antennes régionales à Chambéry et Toulouse. Un recrutement accru de chargés de développement. La mise en place d’une équipe de direction salariée. Des évolutions qui traduisent un passage à une gestion plus professionnelle, dans un contexte où la fédération doit composer avec des enjeux institutionnels grandissants . En 2022, la FFCAM a décroché la délégation pour l’escalade sur glace. Un symbole : après des décennies à être perçue comme la fédération des alpinistes et randonneurs, elle s’est affirmée comme un acteur du sport structuré. Les liens avec la FFME et la FFS se sont renforcés, et la fédé s’est imposée comme un interlocuteur clé sur les politiques montagne. Mais cette reconnaissance a un prix : celui d’une place à défendre, dans un paysage fédéral en constante recomposition. Le passage de relais : continuité ou rupture ? La nouvelle équipe qui prendra les rênes en mars 2025 hérite d’une fédération en pleine expansion, mais qui doit encore prouver qu’elle peut assumer ses ambitions sans se heurter aux contradictions du secteur. Si ces dernières années ont permis de structurer l’offre et d’augmenter la base de pratiquants, les défis à venir ne seront pas plus simples : Quelle stratégie pour gérer l’afflux de pratiquants sans saturer les milieux naturels ? Comment poursuivre la modernisation des refuges sans alourdir la charge financière ? Jusqu’où aller dans la professionnalisation sans perdre l’âme associative ? Le bilan des huit dernières années est là : la FFCAM a pris du volume, structuré son action et consolidé son ancrage dans le paysage montagnard. Mais toute ascension a son point critique. À la prochaine équipe de savoir jusqu’où pousser l’altimètre, et à quel prix. Pour découvrir des contenus dédiés aux professionnels de l’escalade, rendez-vous sur www.vertigemedia.fr/pro , votre espace exclusif pour tout savoir sur le marché de l’escalade.
- Un tirage pour grimpeurs : quand l’escalade se met au tarot
Vous pensiez que l’escalade était déjà un vaste terrain d’expérimentations spirituelles, entre flashs mystiques et chutes introspectives ? Attendez de voir ce que Daniel McNeil et Peggy Flavin vous réservent : un jeu de cartes pour grimpeurs qui mêle art, oracle et un soupçon d’auto-analyse existentielle . Le Skybound Traveler vient de se lancer sur Kickstarter, et autant vous prévenir tout de suite : ici, on ne parle pas de tirer au clou, mais de tirer les cartes. © Skybound Traveler Un tarot vertical, ou le destin en chaussons Daniel McNeil, écrivain et mentor, et Peggy Flavin , artiste et guide de haute montagne, ont passé des années à concocter un jeu de 52 cartes, chacune illustrant une facette de l’escalade. Le Crux , L’Assurage , Le Départ , Le Rappel … Chaque carte fonctionne comme un miroir de nos propres ascensions et descentes, que ce soit sur une paroi ou dans la vie . Le guide accompagnant le deck dissèque les symboles, questionne nos nerfs, nous invite à voir les nœuds bien serrés comme des métaphores de nos angoisses, et les prises franches comme des bouées d’espoir. Et soyons honnêtes : qui parmi nous n’a jamais senti, suspendu à une prise fuyante, que la vie elle-même tenait à un fil bien trop fin pour être honnête ? Oracle et grimpeurs : même combat Si ce Skybound Traveler parle aux grimpeurs, il ne s’arrête pas aux salles et aux falaises. McNeil l’assure : « Même ceux qui ne grimpent pas adorent ce jeu. Tout le monde sait ce que signifie atteindre un sommet. Tout le monde est déjà tombé . » Et c’est peut-être là la force de ce projet : rendre l’escalade accessible non pas par la gestuelle, mais par le symbole . Parce que finalement, la dalle et le doute, c’est un combat universel. Là où le jeu frappe fort, c’est dans sa capacité à mêler introspection et second degré. The Jug (la grosse prise qui sauve) interroge notre rapport à la sécurité et au lâcher-prise. The Knot (le nœud) joue avec la frontière entre attachement et entrave. The Dyno parle du grand saut, celui qu’on hésite à tenter, celui qui, s’il passe, ouvre la voie à autre chose. © Skybound Traveler Autrement dit, McNeil et Flavin ont réussi à encapsuler en un jeu de cartes ce que la grimpe nous murmure déjà sous les doigts : parfois, il faut se lancer sans savoir si ça va tenir. Un pari sur la communauté Comme toute bonne voie en dalle, le projet tient sur un équilibre précaire : celui du financement participatif. Objectif Kickstarter : 21 700 dollars , de quoi couvrir les frais de production, d’expédition et d’illustration. En gros, s’ils vendent 500 jeux, ils rentrent dans leurs frais. Et pour convaincre les contributeurs de serrer la prise (ou plutôt de sortir la carte bleue), ils ont tout prévu : 20 dollars pour un sticker et un marque-page illustré, 45 dollars pour précommander le jeu de cartes et son guide, et des packs plus costauds allant jusqu’à 299 dollars pour les collectionneurs, incluant des posters signés et une mention dans le guide. Et pour les grands princes, il est même possible de donner sans contrepartie, juste pour le plaisir de voir ce projet s’accrocher aux prises du réel. Si le tarot des grimpeurs trouve son public, McNeil espère le voir atterrir en boutique, et peut-être même ouvrir la voie à d’autres éditions. Parce que, après tout, l’escalade n’est pas qu’un sport, c’est une langue. Une syntaxe faite de tensions et de relâchements, de moments suspendus et d’impulsions soudaines . Ce jeu de cartes, en fin de compte, c’est un dictionnaire pour ceux qui veulent apprendre à la parler autrement. Alors, prêts à voir ce que les cartes vous réservent ? 🧗♂️✨ 📌 Kickstarter ouvert jusqu’au 4 avril : Skybound Traveler
- Kirby’s Lessons for Falling (in Love) : tomber amoureuse, tomber de haut, mais toujours se relever
L’amour, c’est comme l’escalade : on s’y lance avec excitation, on s’accroche, on perd pied, on chute, on se fait mal… mais on recommence. Kirby’s Lessons for Falling (in Love) , la nouvelle BD de Laura Gao, est une histoire queer où la grimpe devient le miroir parfait des vertiges du cœur . Parce qu’on ne tombe jamais vraiment dans le vide, et que l’équilibre ne tient parfois qu’à un fil. Kirby Tan, grimpeuse hors pair, contrôle tout sur un mur. Elle sait où poser ses pieds, comment répartir son poids, quand relâcher la pression et quand serrer plus fort. Mais quand une blessure l’éjecte des compétitions, elle se retrouve parachutée dans le club de journalisme de son lycée, à gérer une rubrique de conseils amoureux aux côtés de Bex Santos, experte en cristaux et en compatibilités astrales. C’est absurde, c’est irrationnel, c’est tout ce que Kirby déteste… et pourtant, l’idée d’une alchimie entre elles commence à s’imposer. Mais aimer qui elle veut, ce n’est pas aussi simple que choisir une prise sur un mur d’escalade . Parce qu’il y a sa famille. Parce qu’il y a son éducation. Parce qu’il y a cette peur du regard des autres, du rejet, de la chute libre. Avec ce récit où la découverte de soi passe par le vertige du sport et du cœur , Laura Gao signe une BD à la fois intime et universelle, qui parle de force et de fragilité, de contrôle et d’abandon, de ces moments où l’on se retient et de ceux où l’on finit par lâcher prise. L’amour et l’escalade, une même école de la chute Laura Gao n’a pas choisi l’escalade au hasard. Ce sport, elle l’a découvert dans une période de sa vie où elle avait besoin d’un exutoire. Son premier roman graphique, Messy Roots , parlait déjà de quête identitaire et d’appartenance. Cette fois, elle pousse la métaphore encore plus loin : qu’est-ce que tomber signifie vraiment ? Dans une interview pour Climbing , elle explique : « En escalade, on tombe tout le temps. Mais on y retourne, encore et encore. Pourquoi ? Parce qu’on sait que la chute fait partie du jeu. Et je me suis dit : c’est pareil pour l’amour. Si tomber fait si mal, pourquoi on continue d’essayer ? » Kirby, son héroïne, est une grimpeuse au mental d’acier. Mais quand il s’agit d’émotions, c’est une autre histoire. Son attirance pour Bex est un terrain inconnu, glissant, instable. L’amour ne se calcule pas comme un enchaînement de mouvements sur une voie . Il surprend, il dérange, il remet tout en question. Et surtout, il se heurte à des murs invisibles : ceux qu’on érige autour de soi, et ceux que la société nous impose. Car au-delà de la romance, Kirby’s Lessons for Falling (in Love) raconte aussi une adolescence queer dans ce qu’elle a de plus complexe . Pas de coming-out grandiose ou de déclaration cathartique : juste une fille qui découvre, à son rythme, que l’amour qu’elle ressent ne rentre pas forcément dans les cases qu’on lui a données. Un regard queer, un regard neuf Laura Gao n’écrit pas une histoire où l’identité queer est un obstacle à surmonter. Elle l’écrit comme une réalité, une partie de la vie, avec ses incertitudes, ses hésitations, et cette sensation permanente d’être en équilibre instable. Dès l’annonce de son livre, elle était claire : « J’ai longtemps regretté le manque de médias queer pour les filles asiatiques. Alors je me suis dit : fuck it, je vais en écrire un. » Et ça se sent dans Kirby’s Lessons for Falling (in Love) . Kirby n’a pas de modèle à suivre, elle avance à tâtons, sans scénario préécrit. Comme tant d’autres avant elle, elle doit jongler entre son identité, son héritage culturel et ses propres désirs. Elle sait qu’aimer une fille, dans son entourage, ne sera pas sans conséquences . Son éducation religieuse, sa famille, son environnement… tout lui souffle qu’elle est sur une pente glissante. Et pourtant, comme en escalade, elle grimpe. Elle essaie. Elle chute. Elle remonte. Laura Gao ne cherche pas à faire de son héroïne un symbole. Elle en fait une ado, avec ses contradictions, ses maladresses, ses erreurs . Kirby ne sait pas toujours comment verbaliser ce qu’elle ressent. Elle est dure avec elle-même, comme beaucoup de jeunes athlètes qui ont appris à performer avant d’apprendre à écouter leur cœur. C’est là que l’escalade devient bien plus qu’un décor : c’est la structure même du récit. L’apprentissage de Kirby passe autant par ses bras fatigués sur une prise que par ses hésitations face à Bex. Chaque mouvement, chaque chute, chaque hésitation est une leçon de vie. Un roman graphique à la verticale Si la thématique queer est essentielle, la force de Kirby’s Lessons for Falling (in Love) réside aussi dans son esthétique. Laura Gao n’est pas qu’une autrice talentueuse, c’est aussi une illustratrice qui joue avec les contrastes. Son dessin en noir et blanc, relevé de touches de couleur bien senties , crée un rythme visuel qui oscille entre tension et envolée. Les scènes d’escalade sont cinématographiques, parfois presque abstraites : des corps suspendus, des mains crispées, des regards qui s’accrochent. On grimpe avec Kirby, on ressent ses doutes, ses déclics, sa peur du vide. Et quand elle chute, on chute avec elle. Mais au-delà du sport, ce sont les silences et les regards qui frappent. Laura Gao sait capturer ces petits moments où tout bascule : une hésitation, une main qui frôle une autre, un regard qui s’attarde une seconde de trop. C’est dans ces détails que le récit trouve sa force. Pourquoi il faut lire Kirby’s Lessons for Falling (in Love) ? Parce que c’est une BD qui parle de l’adolescence sans la simplifier. Parce que c’est une histoire queer qui refuse de tomber dans les clichés . Parce que c’est une leçon sur la chute et la remontée, qui parlera à tous ceux qui ont déjà aimé, douté, hésité. Parce que l’escalade n’a jamais été aussi bien dessinée. Parce que ça fait du bien de lire une histoire où on ne tombe jamais vraiment dans le vide. Que vous soyez grimpeur ou non, que vous ayez déjà pris un vol (au mur ou en amour), Kirby’s Lessons for Falling (in Love) est un livre qui marque. Laura Gao réussit là où beaucoup échouent : parler d’identité, de passion, de famille et d’amour avec sincérité, avec nuance, avec du style . Et surtout, elle nous rappelle une chose essentielle : tomber, ce n’est pas échouer. C’est juste la preuve qu’on a osé essayer. D'autres lectures recommandées Marion Poitevin : Toujours plus haute, toujours plus forte Joseph Vallot : un savant au sommet du Mont-Blanc et de son époque L’Arête de l’éternité – L’odyssée perchée de Sandy Allan
- Les grimpeurs du Kentucky rachètent leur falaise pour grimper en paix
La prochaine fois que l'on vous dit que l’escalade est un sport d’oisifs qui ne pensent qu’à leur prochaine sortie en falaise, vous pourrez répondre qu’au Kentucky, les grimpeurs achètent des hectares à coups de millions . 290 hectares précisément, soit de quoi faire rentrer 545 terrains de foot – ou, pour les amateurs de chiffres plus verticaux, 22 kilomètres de falaises. L’affaire du siècle (ou du siècle prochain) C’est la Red River Gorge Climbers' Coalition (RRGCC) qui vient de frapper fort : 1,7 million de dollars sur la table pour récupérer un bout d’ancienne réserve naturelle d’Ashland Wildlife Management Area. Pourquoi ? Parce qu’un site emblématique de la région, The Zoo , s’est vu barrer l’accès en début d’année, rappelant aux grimpeurs que sans titre de propriété, une falaise, aussi mythique soit-elle, peut leur glisser entre les doigts. Sauf que cette fois, pas question de rester les bras ballants. La RRGCC, avec le soutien du Access Fund , s’est mise en quête de sauver les meubles – ou plutôt les cailloux. Résultat : Cave Fork Recreational Preserve, le petit dernier des sites sous protection de l’organisation. Il rejoint les autres terrains déjà rachetés au fil des ans, portant le total à près de 1 700 hectares dédiés à l’escalade . À qui profite le crime ? D’abord aux grimpeurs, bien sûr. Les secteurs fraîchement acquis comptent des noms qui font frémir : Monster Wall , Devil’s Kitchen , Outer Space ou encore Corn Flake (une voie qui croustille sous la dent ?). Mais aussi aux amateurs de biodiversité, car la zone abrite quelques colocataires à protéger : des chauves-souris de Virginie , des chauves-souris de l’Indiana , et même un petit poisson rare du Kentucky, le arrow darter , qui, lui aussi, aimerait bien ne pas finir écrasé sous du béton. Les fonds ont été réunis via un mélange de dons, prêts privés et subventions , avec notamment 600 000 dollars venant du Service des forêts des États-Unis et 350 000 dollars du programme de conservation des chauves-souris . Et si ça semble encore insuffisant, la RRGCC a déjà couvert plus de la moitié de sa dette. Et en France, on attend quoi ? Si acheter des falaises pour en garantir l’accès peut sembler un réflexe logique outre-Atlantique, l’idée fait encore figure d’OVNI en France. Ici, la plupart des sites de grimpe restent sous gestion publique ou sous convention avec des propriétaires privés. Mais ces conventions ne sont pas inébranlables et les dernières années ont montré qu'elles pouvaient voler en éclats, laissant des grimpeurs face à des interdictions soudaines et des sites orphelins. Derrière ces fermetures, plusieurs raisons : des problèmes de responsabilité juridique , des enjeux écologiques croissants, mais aussi parfois des conflits d’usage entre grimpeurs, randonneurs, chasseurs et collectivités locales. Des mairies, soucieuses de ne pas endosser les risques, préfèrent parfois mettre fin aux conventions plutôt que d’assurer la gestion des falaises sur leur territoire. La question qui fâche : et si on achetait nos falaises ? Le modèle américain pourrait-il s’exporter en France ? Rien n’est moins sûr. Si des fédérations ou associations de grimpeurs décidaient d’investir dans l’achat de terrains, elles devraient aussi assurer l’entretien, la mise en sécurité des sites et leur gestion à long terme , ce qui représente un défi financier et administratif conséquent. Pourtant, la logique est là : pourquoi dépendre d’acteurs tiers quand on pourrait posséder et gérer les sites nous-mêmes ? Si des grimpeurs du Kentucky parviennent à lever 1,7 million de dollars pour préserver leur terrain de jeu, la communauté française pourrait-elle en faire autant ? En attendant, du côté du Kentucky, les grimpeurs ont sécurisé leur terrain de jeu pour de bon . Ils pourront chuter en paix, en sachant que cette fois, personne ne viendra leur dire de plier bagage.
- Auto-enrouleurs TRUBLUE iQ rappelés : un risque de chute identifié
Risque de chute, blessure grave, rappel immédiat. Voilà ce qui résume l’alerte lancée par Head Rush Technologies, contraint de rappeler plusieurs centaines d’auto-enrouleurs TRUBLUE iQ et iQ+ après 109 signalements de dysfonctionnement et un accident ayant entraîné une fracture. Une faille critique : le mou qui tue L’auto-enrouleur, censé remonter sa sangle au fil de l’ascension et amortir une chute, ne rétracte parfois plus rien. Résultat : un grimpeur peut monter en pensant être assuré alors qu’il grimpe avec une corde molle. Et si ça lâche, c’est le sol qui arrête la chute. Les modèles concernés Sont rappelés tous les modèles suivants : TRUBLUE iQ LT (numéros de série iQ0041591 à iQ0044486) TRUBLUE iQ+LT (numéros de série iQP000401 à iQP000422) TRUBLUE iQ XL (numéros de série iQXL01283 à iQXL03425) TRUBLUE iQ+XL (numéros de série iQXLP0104 à iQXLP0215) Vendues entre mai 2023 et décembre 2024 sur le site de Head Rush Technologies, ces machines coûtaient entre 2 800 et 4 600 dollars. Si vous avez ces modèles en salle : stop immédiat Head Rush Technologies demande l’arrêt total de leur utilisation et leur retrait des voies. Un centre de service agréé doit être contacté pour organiser un renvoi et une mise à jour des pièces défectueuses, sans frais. Une piqûre de rappel sur la nécessité de redoubler de vigilance sur le matériel de sécurité. Source : United States Consumer Product Safety Commission Pour découvrir des contenus dédiés aux professionnels de l’escalade, rendez-vous sur www.vertigemedia.fr/pro , votre espace exclusif pour tout savoir sur le marché de l’escalade.
- Reel Rock en France : fin de voie pour un festival culte
Le Reel Rock Tour en France, c’est fini . Rideau, fin de la session, merci pour tout et à la prochaine. Sauf qu’il n’y aura pas de prochaine. Le festival de films d’escalade qui nous faisait vibrer une fois par an dans les salles obscures rejoint la longue liste des événements qui ont préféré troquer les projecteurs contre le streaming. Une disparition en plusieurs actes , entre mauvaise gestion, polémiques brûlantes et, surtout, une industrie du film d’aventure qui ne sait plus trop sur quelle prise se caler. © Seb Carniato Un festival qui se saborde à petit feu Reel Rock, c’était l’événement où l’on venait se prendre une claque visuelle en collectif. Des bras qui tétanisent en regardant une main tremblante chercher désespérément une réglette, des soupirs de soulagement quand un pied tient contre toute attente, des cris quand un jeté impossible passe par miracle. Une communion grimpeuse qui, chaque année, nous donnait envie de tout plaquer pour filer droit vers la falaise la plus proche. Mais voilà, les Américains ont décidé que les salles de cinéma, c’était so 2019 . Place à la VOD et aux abonnements mensuels. Dans le business model du 21e siècle, un spectateur en salle, c’est un spectateur qui paye une fois. Un abonné à une plateforme, c’est une rente. Et tant pis si l’essence même du festival – voir ces films collectivement, se nourrir des réactions du public, discuter dans le hall après la projection – passe à la trappe. En changeant la date de sortie de ses films et en réduisant à peau de chagrin le temps disponible pour organiser une tournée en salle , Reel Rock a petit à petit scié la branche sur laquelle il était assis. La France a tenté de s’accrocher avec une tournée à l’automne, puis une diffusion unique au printemps. Échec critique. Face à un public qui préférait mater les films depuis son canapé plutôt que de se déplacer pour une date unique, les organisateurs français ont dû lâcher la corde. Polémiques en série : la goutte de sueur en trop Si ce n’était qu’un problème de calendrier, peut-être que le Reel Rock Tour aurait pu survivre. Mais ces dernières années, le festival s’est aussi pris les pieds dans le tapis des polémiques . Exemple parfait : Death of Villains , un film qui met en avant Joe Kinder, grimpeur qui traîne une belle casserole derrière lui – une affaire de harcèlement envers Sasha DiGiulian , qui lui a coûté ses sponsors et sa réputation . Son grand retour à l’écran, accompagné de Kai Lightner, a fait grincer des dents : une plateforme qui met en avant l’éthique et l’aventure humaine ne devrait-elle pas être un peu plus regardante sur les figures qu’elle choisit de glorifier ? Autre dossier brûlant : The Cobra & The Heart , où l’on retrouvait Thomasina Pidgeon, qui a ouvertement défendu un homme condamné pour viol avant de se raviser en mode "oups, j’avais pas toutes les infos". Pas suffisant pour calmer les critiques, qui pointaient une absence totale de prise de position de Reel Rock face aux polémiques qui s’accumulaient. Face à ça, la maison-mère a choisi la stratégie du silence gêné et du "désolé si vous vous sentez offensés". Une communication molle qui, plutôt que de rassurer, a achevé d’agacer un public déjà méfiant. Reel Rock, ou l’art de perdre son public Le Reel Rock Tour en France ne s’éteint pas en héros. Pas de standing ovation, pas d’applaudissements nourris. Juste une fin de partie tristement prévisible. À force de rogner sur ce qui faisait son essence – la rencontre, la communauté, la magie du grand écran – et de ne jamais vraiment assumer ses choix éditoriaux, le festival s’est tiré une balle dans le pied. Ou plutôt, il a zippé sur un pied-main mal calé et s’est écrasé en bas du bloc.
- Orpierre, la corde trop courte et la chute sans fin
Les parois d’Orpierre ont vu passer des générations de grimpeurs. Elles ont entendu les encouragements, les soupirs d’effort, les éclats de rire entre deux essais. Mais en avril 2024, elles ont aussi entendu un cri. Un cri brutal, suivi du silence. Une corde qui ne descend pas assez bas, une chute que rien n’arrête. Une gamine de 16 ans, partie grimper avec son club, qui ne rentrera jamais . Dix mois plus tard, la justice s’en empare. Le 15 mai prochain, l’ancien président du Club Alpin Français (CAF) de Roanne, son responsable escalade et l’association elle-même seront jugés pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Gap . Le dossier est lourd. L’audience sera longue. Les juges vont devoir reconstituer une tragédie où tout ce qui aurait dû être en place ne l’était peut-être pas. Un sport où la rigueur est une question de vie ou de mort ne pardonne pas les failles. Un après-midi qui tourne au drame 18 avril 2024, secteur des Blaches, Orpierre. Un groupe d’adolescents du CAF de Roanne participe à un stage d’escalade, encadré par huit bénévoles. Ils sont vingt, entre 14 et 17 ans. L’ambiance est celle de toutes les sorties en falaise : de la concentration, des encouragements, une routine bien rodée. Puis, tout bascule. Une grimpeuse chute. Quinze mètres. Trop haut pour espérer s’en sortir indemne. Polytraumatisée, inconsciente, elle est prise en charge par les secours de haute montagne et héliportée vers l’hôpital de Grenoble. Elle succombera quelques jours plus tard . Des questions qui restent en suspens L’enquête, menée par la gendarmerie de Briançon et le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne (PGHM), a exploré toutes les pistes. Un possible problème de matériel a été évoqué par certains confrères journalistes , notamment l’utilisation d’une corde qui n’aurait pas été adaptée à la hauteur de la voie. Une information que la procureure n’a pas souhaité commenter, préférant en réserver la discussion au tribunal. Mais une chose est certaine : la justice estime que des fautes ont été commises. Le Parquet de Gap considère les charges assez graves pour renvoyer les responsables devant le tribunal. Ce procès devra clarifier les responsabilités, dire si un manquement dans l’encadrement a eu lieu , et si oui, à quel niveau. Des sanctions déjà lourdes Avant même l’audience, des mesures ont été prises. Le Conseil Départemental de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative (CDJSVA) a suspendu quatre encadrants, deux pour un an, les deux autres pour deux ans . Puis, la préfecture de la Loire a frappé plus fort : 15 ans d’interdiction d’encadrement pour ces quatre personnes . Une décision sans précédent, qui a poussé le club à restreindre encore plus son fonctionnement. Le CAF de Roanne est également interdit d’organiser des stages de plus de trois jours pendant cinq ans. Le coup est dur. Le club perd des membres, les stages sont annulés, l’encadrement est sous pression. Cette année, aucun stage n’aura lieu, en hommage à la victime. L’escalade, un sport qui ne tolère aucune erreur L’escalade est un sport où chaque détail compte. Un nœud mal fait, un baudrier mal vérifié, une corde mal installée, et la sanction est immédiate. Il n’y a pas de filet de sécurité dans le vide. Ce 15 mai, le tribunal de Gap devra répondre à une question essentielle : qu’est-ce qui a conduit à cette chute fatale ? Une erreur de matériel ? Un problème d’encadrement ? Un enchaînement de négligences ? L’audience ne rendra pas la vie qu’une chute a fauchée, mais elle devra dire qui portera la responsabilité de ce drame.
- Quand le débat sur le voile quitte les terrains et envahit les tribunes
Un simple vote, et voilà le Sénat propulsé en plein tournoi de joutes verbales. Le 18 février, la chambre haute a adopté une proposition de loi interdisant les signes religieux ostensibles dans les compétitions sportives. Officiellement, il s'agit de "préserver la neutralité des terrains". Officieusement, c’est un coup de pied bien placé dans un nid de frelons. Car avant même le scrutin, l’opposition était déjà montée au filet. Deux tribunes, deux fronts : d’un côté, des associations et personnalités dénoncent une loi discriminatoire et contraire aux principes du sport. De l’autre, des collectifs sportifs engagés refusent de voir leurs coéquipières exclues et appellent à une mobilisation plus large. Une tribune qui sonne comme un avertissement Le premier pavé dans la mare est signé Amnesty International , l’Anestaps et Basket Pour Toutes , entre autres. Publiée sur Le Nouvel Obs , la tribune rappelle un point clé : selon l’Observatoire de la Laïcité, la neutralité ne s’applique qu’à l’État, pas aux citoyennes venues jouer un cinq contre cinq ou s’élancer sur une piste d’athlétisme. Les signataires dénoncent une loi qui ne fait qu’ajouter des obstacles aux femmes déjà sous-représentées dans le sport. "Interdire le voile, c’est restreindre l’accès au sport, précariser des clubs, briser des vocations." En clair : on prend la laïcité comme prétexte et on saborde l’objectif officiel de féminisation du sport. La tribune souligne aussi l’exception française. Aux JO de Paris, la France était la seule à interdire le hijab à ses athlètes. Un choix qui tranche avec la position du Comité international olympique, de la FIFA et des Nations unies, qui eux autorisent le couvre-chef sportif. Deuxième tribune, changement de ton Là où la première tribune joue la carte de l’argumentaire construit, la seconde, publiée par Les Dégommeuses , appelle à une opposition frontale . "Non à l’islamophobie dans le sport" : pas de pincettes, pas de nuances, mais une ligne claire. La proposition de loi est qualifiée de "liberticide", d’"obsession islamophobe", et d’un énième prétexte pour exclure une partie des sportives. L’appel est plus direct : banderoles, prises de position, refus de jouer sans ses coéquipières voilées… L’idée, c’est que l’opposition ne se limite pas aux pétitions et aux coups de gueule sur Twitter, mais se ressente directement sur le terrain. Dans les vestiaires, sur les terrains d’entraînement, dans les tournois amateurs. Et l’escalade dans tout ça ? Si certaines fédérations oscillent entre la prudence et le silence radio, la FSGT, elle, a pris position. Lors de sa dernière assemblée régionale parisienne dédiée à l’activité montagne-escalade, elle a voté contre toute interdiction du voile en compétition . Un choix en cohérence avec son ADN : celui d’un sport populaire, inclusif, où l’on grimpe sans exclure. Ce n’est donc pas un hasard si Céline Machado, co-présidente de la FSGT, figure parmi les signataires de la tribune publiée sur le site du Nouvel Obs . Dans le camp des opposants à cette loi, la FSGT n'est pas qu’un simple spectateur du débat : elle en incarne l’un des contrepoids les plus nets, s’alignant sur une vision du sport comme espace d’émancipation plutôt que de restriction. Pourtant, ce positionnement n’est pas forcément partagé par l’ensemble du monde vertical. Si la FFME reste muette sur le sujet, certaines salles privées invoquent des raisons de sécurité pour refuser le voile. Un flou qui, jusque-là, permettait à l’escalade d’échapper aux polémiques. Mais avec un débat qui se radicalise et une loi qui risque d’être adoptée, la discipline pourra-t-elle encore s’en tenir à cette neutralité de façade ? Dans un climat où chaque fédération doit choisir son camp, la ligne de crête devient de plus en plus fine. Le match continue Le texte doit encore être examiné par l’Assemblée nationale. Mais une chose est sûre : le sport, cet éternel terrain de jeu, est devenu un terrain de lutte . Et dans cette partie où la ligne entre laïcité et discrimination est de plus en plus floue, il y aura forcément des chutes.